Préface
Sida : un mot terrible dont la représentation est devenue synonyme d’une “
mort annoncée ”. Plus que le cancer, on lui associe des notions de culpabilité ou
de péché.
Qu’un petit enfant soit atteint du sida apparaît alors comme une réalité
impossible à envisager, une situation à la limite inconcevable. Et pourtant les
faits et les chiffres sont là. Rien que dans notre pays, quelques centaines
d’enfants posent chaque année le problème de leur éventuelle contamination.
Celle-ci se confirmera, pour certains d’entre eux, qui entreront alors dans le
processus d’une longue maladie mortelle à plus ou moins long terme. La
situation épidémiologique est encore plus grave dans d’autres régions du globe,
notamment en Afrique noire où se déroule une véritable catastrophe médicale,
culturelle et sociale.
En l’absence de médicaments et de vaccins pleinement efficaces, nous devons
apprendre à vivre avec l’infection par le VIH et avec les malades, chacun d’eux
étant irréductible aux autres dans tous les aspects médicaux, sociaux,
économiques, psychologiques de sa maladie. “ Vivre avec ” signifie changer nos
conceptions et nos mentalités. Il est vrai que c’est très difficile tant cela met en
cause les certitudes les plus profondes qui ont imprégné chacun de nous et avec
lesquelles nous nous sommes construits. Chacun projette sur le terrain du sida
ses fantasmes et ses idées reçues.
La prise en charge des enfants infectés dépasse de beaucoup la pratique
médicale du diagnostic et de la prescription de soins. Outre son rôle technique
propre, le médecin qui par sa position bénéficie en priorité de l’information, a le
devoir de former et d’informer les autres intervenants. D’eux, il doit aussi
recevoir l’information en retour, l’assimiler, changer éventuellement son
message ou la façon de le transmettre.
Dans notre région comme dans beaucoup d’autres, s’est constituée une équipe
hospitalière spécialisée, destinée à organiser et à améliorer la prise en charge
des enfants concernés ou infectés par le VIH. Très vite, il s’est confirmé que
celle-ci passait obligatoirement par un ensemble de relais extrahospitaliers et
extramédicaux comprenant puéricultrices, enseignants, travailleurs sociaux,
bénévoles d’associations.