idéologiques ou théologaux derrière les options économiques. Ce traité ne veut pas trancher – même
si nous considérons les propositions de Bernard Friot comme une option pour sortir de l'impasse,
même si nous les présentons en tant que telles – il veut cadrer, poser des enjeux. Il s'agit plus de
poser des questions que d'apporter des réponses. À terme, cependant, comme l'impéritie des élites
invalide la foi envers ce qu’elle s'obstinent à nommer de l'économie, envers le contrôle des
populations par le pouvoir, envers la violence sociale objectivée et naturalisée, il s'agit de construire
une nouvelle science économique qui soit susceptible aussi bien de jauger le devenir de l'économie
que de prendre des décisions efficaces pour le modifier en vue de pouvoir poser des actes
individuels et collectifs, en vue de créer une prospérité générale qui abrite les talents, la créativité,
l'inventivité, la patience, la qualification des individus et des groupes.
L'économie telle que nous l'avons brièvement définie, telle que nous avons l'ambition de la
construire, doit aussi bien instruire le dossier de l'état des choses que permettre de poser des actes
libérateurs au quotidien. L'économie, c'est la science des lois du foyer, étymologiquement, c'est
l'ensemble des principes, des pratiques qui pensent la prospérité générale. Nous comprenons
l'ensemble de ces lois comme une logique inhérente aux actes individuels et collectifs. Elles ne
doivent pas se poser comme extérieur mais s'évaluent au contraire en fonction de ce qu'elles
servent : notre commune puissance humaine. Ce n'est en aucun cas un ramassis de lois
approximatives qui entendent augmenter le retour sur investissements de tristes sires avides.
L'avidité est un principe anti-économique puisqu'elle détermine les actes, puisqu'elle restreint la
puissance, puisqu'elle substitue à cette puissance un pouvoir forcément extérieur, forcément hostile à
celles et ceux sur qui il s'exerce, à la puissance individuelle et collective. Avec cette approche
intuitive de l'économie, nous pouvons facilement en esquisser une définition. L'économie est l'étude
de la production qui implique les humains et l'instruction des décisions qui modifient cette
production. Cette définition doit être assortie d'un horizon : l'économie doit servir à faire
fonctionner le foyer au mieux, à nous rendre puissants, prospères et passionnés. Il ressort de cette
définition issue de notre cadre de pensée que l'économie est de toute façon politique puisqu'elle
implique des décisions sur le vivre ensemble, qu'elle est de toute façon métaphysique puisqu'elle
interroge en tant que science les désirs communs, les aspirations communes. Une science
économique ne pourra en aucun cas nier les caractères politiques et métaphysique, l'engagement qui
l'habitent faute de sombrer dans une imposture sophistiquée plus ou moins crédible.
Le texte du tractatus œconomicus peut décourager au final non seulement à cause de l'aridité du
propos mais aussi à cause de l'ampleur de l'ouvrage. Pour alléger le propos et pour permettre une
lecture à plusieurs niveaux, nous avons émaillé le texte de cinquante-deux notes (la table des notes
se trouve dans la colonne de droite en bas) qui peuvent être lues indépendamment du texte même si
elles constituent souvent des étapes importantes dans le texte. Par ailleurs, nous avons résumé les
passages mathématiques ardus de telle sorte que les lecteurs rétifs à cette discipline ne se
découragent pas et nous avons formulé de temps en temps des assertions tirées de notre réflexion.
Les résumés et les assertions se trouvent dans des encadrés.