la dysplasie, le carcinome in situ, puis le carcinome invasif.
L’auteur a étudié 28 patients dont il a cherché les altérations géné-
tiques (perte d’hétérozygotie, mutation de P53). Les analyses ont
été effectuées sur la muqueuse buccale normale, sur la tumeur,
et sur les marges de résection chirurgicale. Les altérations de nature
génétique sur les prélèvements réalisés autour de la tumeur étaient
de l’ordre de 30 % des cas. L’auteur s’est également intéressé à
la survenue des seconds cancers. À partir d’une série de 10 patients
présentant un second cancer, il a pu montrer la même origine cellu-
laire monoclonale dans 6 cas sur 10. Cela évoque un même pré-
curseur prénéoplasique, ce qui pourrait être un argument supplé-
mentaire en faveur de la notion de champ de cancérisation.
●P. Ceruse (France) a étudié la valeur pronostique de Cyfra 21-1
comme marqueur tumoral des cancers de la tête et du cou. L’auteur
a étudié le taux sanguin de ce marqueur chez 300 patients qui pré-
sentaient tous un carcinome épidermoïde des VADS non traité.
Soixante-trois pour cent des patients étaient NO et la répartition
en fonction du T était homogène. L’auteur a montré que le taux
de Cyfra 21-1 était en relation avec le volume tumoral et que la
survie chutait avec la diminution des taux sériques de ce mar-
queur (p < 0,001). Il semble donc que Cyfra 21-1 soit un mar-
queur pronostique indépendant.
●J. Kaanders (Pays-Bas) a étudié l’influence de l’hypoxie comme
facteur prédictif de l’évolution des cancers. L’étude concernait
43 patients, qui ont bénéficié, avant biopsie tumorale, de l’injection
de pimonidazole et d’iododéoxyuridine. Une analyse microscopique
a ensuite été réalisée, avec analyse de la densité vasculaire et détec-
tion des marqueurs préinjectés. Le contrôle locorégional était signi-
ficativement inférieur chez les patients qui avaient une tumeur
hypoxique et à faible densité vasculaire. L’auteur a montré, dans
cette étude, toute la valeur de cette technique, en particulier l’injec-
tion de pimonidazole et l’analyse microscopique de la densité
vasculaire. Il a suggéré que leur utilisation soit plus large, pour pou-
voir prendre en compte cet élément avant la décision thérapeutique.
IMAGERIE
Le thème de l’imagerie était également au centre des préoccupa-
tions de ce congrès.
●T. Atula (Finlande) a étudié l’intérêt d’un scanner du corps
entier chez des patients présentant un carcinome épidermoïde des
VADS. Ceux-ci étaient tous susceptibles de bénéficier d’un traite-
ment à visée curative. L’étude prospective a inclus 100 patients.
Le scanner a été effectué des apex pleuraux jusqu’au niveau infé-
rieur des reins. Quatre-vingts patients étaient évaluables, deux
patients sur trois ont présenté une tumeur T3-T4 et 60 % ont pré-
senté une extension ganglionnaire. L’examen a montré des méta-
stases à distance dans deux cas et un anévrysme aortique dans un
cas. Le scanner du corps entier a eu un impact pour trois patients
seulement (3,8 %). Il n’est donc pas préconisé en routine. Cet
examen doit, pour l’auteur, être réalisé dans des situations parti-
culières guidées par des manifestations cliniques ou par la radio-
graphie thoracique standard.
●R. Ljumanovic (Pays-Bas) a étudié l’extension ganglionnaire
et son influence sur la survenue de métastases dans une population
de 311 patients qui présentaient un cancer des VADS. Un examen
IRM était effectué avec et sans injection de produit de contraste.
L’extension ganglionnaire au niveau des différents segments cer-
vicaux était présente dans 56 % des cas. Elle était ipsilatérale
chez 158 patients et controlatérale chez 76. Une métastase à dis-
tance était découverte dans 50 cas sur 311 (17 %), le plus souvent
au niveau thoracique. L’auteur a donc confirmé, ce qui est large-
ment prouvé à présent, que l’importance de l’extension ganglion-
naire associée à une rupture capsulaire est un facteur de risque
de survenue de métastases à distance.
●S. Libak (Norvège) s’est intéressé au rôle de l’échographie et
de la scintigraphie dans le bilan des cancers des VADS, à propos
de 118 patients. La scintigraphie montrait 34 anomalies, mais une
seule était en rapport avec une métastase. De même, l’échographie
manifestait de très nombreuses anomalies, le plus souvent sans
relation avec le cancer des VADS. Une seule fois, il s’agissait d’une
métastase. L’auteur a conclu à l’inutilité de l’échographie abdo-
minale ainsi que de la scintigraphie osseuse systématique.
●R. De Bree (Pays-Bas) s’est intéressé à la place de la tomo-
graphie par émission de positons (TEP) et du scanner thoracique
dans le bilan des cancers des VADS. Une étude effectuée préa-
lablement a montré que le scanner est un moyen fiable et simple
de chercher les métastases à distance, mais également les locali-
sations tumorales bronchiques associées. Cette étude a été pour-
suivie et 80 patients ont présenté initialement un scanner normal.
Le suivi de ces patients a montré que 18 (21 %) ont développé
une métastase à distance dans un délai d’un an. Ces métastases
ont été essentiellement pulmonaires (11 fois sur 18), mais égale-
ment osseuses, hépatiques et cérébrales.
La TEP a également été évaluée. L’auteur a mené une étude pros-
pective avec 78 patients présentant tous un carcinome des VADS.
Le suivi était de 16 mois. Cet examen a permis de détecter les
métastases à distance au niveau du foie, des poumons, mais égale-
ment des tumeurs synchrones, essentiellement au niveau thora-
cique. Il existait également 7 faux positifs. Il est intéressant de noter
que, dans le groupe de 67 patients dont la TEP était normale,
18 % ont ultérieurement développé une métastase à distance. La
proportion est identique (20 %) pour le scanner. La TEP permet
donc, comme le scanner, de détecter la survenue de métastases à
distance. Elle pose également le problème de la méthodologie de
suivi et du coût, ce qui semble devoir faire l’objet d’une étude future
de la part de l’auteur.
●X. Geets (Belgique) a conduit une étude sur la régression tumo-
rale en cours de radiothérapie et sur la sélection de la méthode
d’évaluation (IRM ou scanner). Il a étudié 18 patients : 9 présen-
taient un cancer de l’oropharynx et 9 autres du larynx ou de l’hypo-
pharynx. Les patients ont bénéficié d’une nouvelle imagerie après
46 Gy. Les auteurs ont montré que l’IRM permet une meilleure
discrimination du tissu tumoral résiduel par rapport à l’inflam-
mation. La TEP a également été utilisée, mais l’inflammation
radio-induite constituait un facteur de confusion important. Cette
étude pourrait avoir un intérêt en ce qui concerne la réduction des
volumes d’irradiation en cours de traitement, ce qui diminuerait
également la toxicité. L’auteur souhaite néanmoins évaluer cette
attitude sur des séries plus importantes.
●S. Hervé (France) a étudié l’intérêt de la TEP pour le suivi des
cancers de la tête et du cou traités par irradiation. Il a étudié
ACTUALITÉ
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no289-290 - janvier-février 2004