La Lettre d'Oto-Rhino-Laryngologie • N° 344-345 - janvier-juin 2016 | 5
ÉDITORIAL
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L’augmentationde l’incidence descancers oropharyngées induits par le papillomavirus
(HPV), des cancers de la langue chezlesjeunes patients ou des cancers des VADS de la
femme âgée n’a pas fait l’objet d’une diffusion d’information suffisante et il arrive encore
trop souvent que ces patients, même s’ils consultent rapidement, soient l’objet d’un retard
diagnostic préjudiciable.
Enfin, l’accès aux spécialistes, qu’ils soient ORL ou maxillo-faciaux, pose problème
sur l’ensemble du territoire, avec des délais d’obtention des rendez-vous qui s’allongent
sensiblement d’année en année, que ce soit dans le secteur privé ou à l’hôpital public :
36jours pour un ORL dans l’étude IFOP-JALMA de 2014 (allongement de 7jours par
rapport à 2011). Ces délais sont 2 fois plus longs en province qu’en région parisienne,
voire davantage dans certaines régions particulièrement défavorisées (plus de 57jours
pour le Nord-Pas-de-Calais, la Normandie, le Centre), ces difficultés n’étant, par ailleurs,
pas directement corrélées à la démographie médicale.
Dans un contexte global d’aggravation des conditions économiques dans les milieux
les plus défavorisés et d’allongement des délais d’accès aux spécialistes, qu’ils soient
hospitaliers ou du secteur privé, il est à craindre que les délais de diagnostic ne s’aggravent
encore dans les années qui viennent.
Dans ce contexte causal multifactoriel, quels sont les leviers d’action possibles ?
➤Faciliter le recours au système de soins des populations les plus défavorisées en informant
les patients sur les procédures, souvent complexes, d’accès à la CMU, en informant les
personnels d’établissement sanitaires et sociaux (centres d’examen desanté, CHRS, EPAD,
MDPH) et les travailleurs sociaux du terrain surlessymptômes initiaux.
➤Favoriser la communication et l’information bilatérales entre spécialistes d’organe
etmédecin généraliste. Le médecin traitant est sans conteste l’un des rouages majeurs de
l’entrée et du parcours dans le système de soin. Il est celui qui peut dépister et/ou suspecter
une lésion cancéreuse chez un patient à risque, et qui a un accès direct auxpatients
en situation de précarité afin d’accélérer le processus de prise en charge.
➤Développer l’information grand public, notamment lors de la campagne Makesense
“Prendre le cancer à la gorge” etauprès des médias régionaux et nationaux.
➤Enfin, diffuser l’information concernant les patients “sans facteur de risque”
et l’augmentation alarmante d’incidence des tumeurs induites par les infections à HPV .
Pour en savoir plus
• Rode A. Le “non-recours”
aux soins des populations
précaires. Constructions et
réceptions des normes. Thèse
pour le Doctorat de Science
politique. Université Pierre
Mendes-France - Grenoble II,
2010. HAL Id: tel-00488403
https://tel.archives-ouvertes.
fr/tel-00488403
• Observatoire JALMA
de l’accès aux soins.
Edition 2014 http://www.
jalma.com/wp-content/
uploads/2014/01/Observa-
toire-de-lacces-aux-soins_
Edition-2014.pdf
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