Foncteur de Picard d’un champ algébrique 543
Théorème 1.2 Soient S un schéma localement noethérien, et Xun S-champ algé-
brique propre, plat, et cohomologiquement plat en dimension zéro. Alors le champ de
Picard Pic(X/S)est quasi-séparé (donc est algébrique au sens de [34]).
Nous étudions ensuite la composante neutre du foncteur de Picard. Le résultat des
EGA sur la composante connexe des fibres le long d’une section [29, (15.6.5)] que
l’on utilise usuellement pour la définir ne s’applique pas tel quel lorsque PicX/Sest
un espace algébrique. Notre premier travail a donc été de généraliser ce résultat au
cas des espaces algébriques afin de s’assurer que la construction habituelle fournirait
bien un sous-espace algébrique ouvert Pic0
X/Sdu foncteur de Picard.
Une fois la composante neutre définie, nous nous posons la question de sa propreté
sur S. Nous aboutissons au résultat suivant, qui généralise les résultats analogues pour
les schémas.
Théorème 1.3 Soit Xun S-champ algébrique propre et plat. On suppose que X
est à fibres géométriquement normales et géométriquement intègres, et que Pic0
X/S
est un ouvert de PicX/Sde type fini sur S. Alors PicX/Sest un S-espace algébrique
séparé et Pic0
X/Sest propre sur S.
Nous montrons d’abord le théorème sur un corps (cf. 4.3.1). La démonstration
repose sur une étude des Z-torseurs sur un champ normal : nous commençons par
montrer que si Xest un champ algébrique localement noethérien et normal alors le
groupe H1(X,Z)est trivial.
Enfin, nous illustrons le texte en étudiant le foncteur de Picard de quelques champs
algébriques classiques : l’espace de modules des courbes elliptiques, les espaces pro-
jectifs à poids, le champ des racines nièmes d’un faisceau inversible, et les courbes
tordues d’Abramovich et Vistoli.
Revue de la cohomologie lisse- étale
Le défaut de fonctorialité du topos lisse-étale des champs algébriques est main-
tenant bien connu : si f:XYest un morphisme de champs algébriques,
le foncteur f−1n’est pas toujours exact. Ceci a pour conséquence fâcheuse que la
« machine » SGA4 ne s’applique pas toujours et qu’il faut par conséquent travailler un
peu plus finement pour obtenir un certain nombre de propriétés d’apparence pourtant
élémentaire sur la cohomologie lisse-étale des champs algébriques. Ce travail a été fait
en grande partie par Olsson et Laszlo pour le cas des faisceaux quasi-cohérents (voir
[40]) ou des coefficients finis (voir [33]). Mais les faisceaux abéliens qui ne jouissent
pas d’une telle structure ont pour l’instant été laissés de côté.
Or le faisceau abélien que l’on rencontre le plus souvent lorsque l’on s’intéresse
au foncteur de Picard n’est pas quasi-cohérent : il s’agit de Gm. Nous avons donc été
amené à démontrer au fil de nos travaux diverses propriétés. Leur nombre croissant
nous a finalement conduit à les regrouper dans un chapitre à part. Cette annexe est donc
une sorte de « fourre-tout » cohomologique qui, bien loin de prétendre à l’exhaustivité,
se contente au contraire de répondre aux strictes exigences des autres chapitres. Nous
espérons tout de même que nous aurons ainsi contribué à combler une lacune de la
littérature existante.
Je remercie chaleureusement Laurent Moret-Bailly pour la patience et la dispo-
nibilité dont il a su faire preuve dans son travail de direction, et pour les relectures
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