UNIVERSITÉ D’ETAT D’HAITI (UEH) CAMPUS HENRY CHRISTOPHE DE LIMONADE (CHCL) Faculté des Lettres, Sciences Humaines et Sociales (FLSHS) Option : PSYCHOLOGIE I Session : S1/L3 Devoir remis au professeur CICERON James dans le cadre du cours de Psychopathologie Sujet : Analyse du film Blue Jasmine et Rapport concernant. Réalisé par : Kenson DEROSAN Robens DOLY Stanley PIERRE Valbrun Fritzner JEAN–GILLES Jameson Limonade, Août 2016 Plan I- Introduction II2.1- Présentation du film 2.1.1- Résumé du Film 2.2- Présentation du personnage principal Histoire sociale de l’actrice principale 2.3- Etiologie de la maladie et Justification 2.4- Sémiologie et symptomatologie en rapport avec le cas 2.5- Analyse sur son comportement avec autrui 2.6- Catégorisation du trouble en question 2.7- Interprétation de la prise de médicaments 2.8- Elaboration d’un diagnostic différentiel 2.9- Diagnostic définitif 3.0- Prévision d’une thérapie plus efficace. III- Conclusion IV- Bibliographie Introduction Les effets du vieillissement (physiques, psycho-comportementaux, fonctionnels), les soucis de réalisation, l’inquiétude face aux contraintes de la vie résultent d'une interaction de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et culturels, dont les influences respectives varient selon les individus. De même, pour les personnes à disposition génétique préparée, l'avancée en âge n'engendre pas un processus de changement uniforme et linéaire, mais présente une diversité d'évolutions en fonction des psychologies individuelles, de l'état de santé, des attentes de l'environnement et des parcours sociaux et institutionnels aboutissant à de sévères dysfonctionnements mentaux appelés « Troubles ». En effet, le terme trouble mental implique malencontreusement une distinction entre les troubles « mentaux » et les troubles « physiques », ce qui est un anachronisme réducteur du dualisme esprit/corps. Il existe une littérature importante pour démontrer qu'il y a beaucoup de « physique » dans les troubles « mentaux » et beaucoup de « mental dans les troubles « physiques ». Voilà pourquoi les troubles mentaux ont été définis par des concepts variés comme étant un désaccord conflictuel dérivé au niveau l’axe spirituel d’un humain. Sur ce, il serait donc difficile voire impossible de les énumérer tous (nous ne sommes pas en train de reproduire un manuel de DSM). Voilà pourquoi on se limiterait de citer quelques-uns dont : l’hystérie, la schizophrénie, les troubles paranoïdes, les dépressions, les troubles Bipolaires etc… Dans le cadre du devoir qui nous nous a été exigé et dont le plus grand intérêt réside dans l’observation comportementale anormale d’un personnage fascinant mis en scène par Woody ALLEN à travers le film titré « Blue Jasmine ». Appréhender et repérer le trouble concerné, décrire les troubles associées par une pronostic apparente de leur symptomatologie, connaître les aspects quantitatifs et qualitatifs de la victime et définir une démarche dynamique dans l'élaboration d’un diagnostic définitif et la mise en place des traitements appropriés constituent les objectifs principaux auxquels nous devons fournir un rapport détaillé. 2.1- Présentation du film Le film sur lequel repose l’essence de ce devoir est apparu en 2003 sur le titre émouvant de « Blue Jasmine ». Réalisé par Woody Allen, ce film a gagné un oscar et un golden globe pour l’originalité de la meilleure actrice. La scène se déroule à travers les banlieux de San Francisco et mettant en relief la vie d’une jeune femme, jadis très riche, mariée à un riche homme d’affaire (businessman). Sombrée dans le d’espoir après une dépression nerveuse dûe par l’arrestation de son mari escroc qu’elle dénonça elle-même et obnubilée par la perte de ses richesses. Jasmine, obsédée par le prestige de sa classe sociale d’antan, refuse d’accepter sa nouvelle situation et part vivre avec sa sœur en quête d’une nouvelle vie, mais tout ne se passa pas comme prévu. Jasmine sombre dans le noir, parle toute seule et déconne d’un instant à l’autre. Est-elle troublée ou socialement désemparée ? 2.1.1- Résumé du Film Le film traduit la retrouvaille de deux sœurs suite à la faillite de celle qui a longtemps connu le luxe en se mariant à un businessman riche, et qui voit son monde s’effondrer quand Monsieur (Alec Baldwin) est séquestré pour fraude et qu’elle est restée seule, ruinée et appauvrie. Elle se résigne momentanément à replier chez sa sœur (Sally Hawkins), la pauvre, la vulgaire et surtout la perverse. Tout le film se déroule selon ces deux problématiques : Comment surmonter le choc de classes d’un côté et la rupture amoureuse de l’autre côté. Issu de deux mondes différents et ayant des vécus distincts, chacune des deux sœurs utilise sa méthode ; Jasmine en se mentant aux autres, sa sœur en se mentant à elle-même. L’actrice, après maintes tentatives qui se révèlent vaines pour surmonter ses problèmes à travers sa personnalité mutilée, sombre dans le chaos. 2.2- Présentation du personnage principal et Histoire sociale L’actrice est une jeune femme de haute société et très éduquée qui voyage pour aller chez sa sœur en première classe dans un avion. Elle exprime un attrait loquace pour son voisin qui feigne de la comprendre. A la descente de l’avion, la vieille qui, apparemment était sa correspondance, avoua que non et que la femme parlait toute seule, de plus elle s’adressa à sa sœur plus tard en pensant qu’elle parlait à une autre personne. Alors on comprend vite qu’elle a un trouble mental. On observe chez elle, des hallucinations, des vacillements d’humeurs, des hésitations, des imprévisions et des flots exagérés de paroles (monologie anormale/logorrhée), de l’anxiété, des sentiments de tristesses et des difficultés de concentration. Elle présente sa première crise lorsque son mari lui promet de la larguer pour une autre plus jeune qu’elle. Cette nouvelle attisa sa tristesse et sa haine au point de dénoncer son mari au FBI pour fraude. A chaque seconde du film, ses hallucinations deviennent plus fréquentes et plus graves. Elle converse avec ellemême. Ces moments sont liés à des souvenirs sous formes de flashs back des moments quand elle était encore avec son mari, dans des endroits fantasques. Nous pensons que ces moments de folies ne sont que des répercussions d’un choc économique et social : Elle est devenue pauvre et donc transitée d’une caste à une autre en un peu de temps et cela a visiblement un effet sur sa santé. Ce qui aggrave son malaise c’est le déni qui le porte à ignorer sa maladie ; elle cherche à s’en débarrasser seule, pratiquant l’automédication en prenant des pilules pour calmer ses crises en pensant que ses problèmes de santé sont les conséquences directes du stress qu’elle a subi avant la séquestration de son mari. La particularité de Jasmine est très explicite et cela se traduit par son appartenance sociale d’antan. En effet, elle a vécu très longtemps mêlée a la haute société, elle n’hésite pas de critiquer les personnes qu’elle estime moins importantes qu’elle. En revanche, c’est la société autour d’elle qui la juge lors de ses épisodes en public alors qu’elle n’arrive pas à s’en débarrasser. Sa maladie n’a pas seulement un effet sur ses opinions sur autrui mais aussi comment elle les traite. Elle manipule sa sœur pour qu’elle largue son petit ami pour un homme de plus haute société, elle ment à un homme qui veut l’épouser et elle humilie les gens qui lui sont inférieurs au niveau social. Aimant mieux de dépendre de l’argent des autres, elle n’arrive pas à garder un poste de travail pendant longtemps et déteste travailler. Jasmine a une particularité exceptionnelle. Devenir pauvre quand on se vautrait dans le luxe, déçu par un homme sur qui on comptait le plus sur un point de vue affectif, finir sa vie chez ceux qu’ils dénigraient, l’histoire de Jasmine est intimement liée avec sa maladie. . 2.3- Etiologie de la maladie et Justification Selon les Dr Chantal Henry & Dr Christian Gay, à travers leur exposé sur le sujet1, la psychose maniaco-dépressive est connue comme une maladie à déterminisme complexe associant des facteurs de vulnérabilité génétique et des facteurs environnementaux. L'existence d'une vulnérabilité génétique vis-à-vis de la maladie maniaco-dépressive est établie depuis longtemps. Elle repose sur l'observation d'une augmentation du risque de présenter la maladie chez les apparentés de premier degré (10%) en comparaison à sa fréquence dans la population générale (1%). Les études de jumeaux donnent également des arguments en faveur d'un déterminisme génétique. Chez les jumeaux monozygotes (100% des gènes en commun) les deux jumeaux seront atteints dans 65% des cas, contre seulement 20% chez les jumeaux dizygotes. Cependant, jusqu'à ce jour aucun gène majeur n'a été trouvé et il est vraisemblable que cette affection est probablement hétérogène dans son expression clinique comme dans son déterminisme génétique. Sur ce terrain génétique, de nombreux facteurs psycho-environnementaux sont susceptibles de précipiter la survenue d'accès thymiques ou le déclenchement de la maladie. Ainsi, les événements traumatiques précoces peuvent favoriser l'émergence du trouble ou le rendre plus sévère. De nombreux facteurs de stress peuvent également être responsables du déclenchement des épisodes. En effet, dans le cas de Jasmine nous ne connaissons pas vraiment la cause de ce trouble chez elle c’est-à-dire savoir si elle a une racine génétique néanmoins on sait ce qui exactement l’a déclenché. Jasmine a sa première crise lorsque son mari lui dit qu’il va la quitter pour une autre plus jeune qu’elle. En déduire que son trouble est le résultat d’un problème multifactoriel autrement dit psychosocial tels les antécédents familiaux qui précèdent à son dégringolade ; elle a reçu un choc émotionnel (antécédent psychologique), une déception amoureuse quand son mari lui avoua ses intentions, le départ inévitable de son fils (facteur socio-affectif). Le fait que Jasmine ait été privée du soutien social de son mari devenu escroc (facteur social), et a été ainsi démunie de son luxe (facteur socio-culturel) et qu’elle est obligée de séjourner chez sa minable sœur qu’elle a qualifiée de plouc et vivant dans la pénurie sociale (facteur de stress), tout cela a vraisemblablement contribué à façonner l’ampleur de sa maladie. De plus, l’individualisme de 1 1 Dr Chantal Henry , Dr Christian Gay, Maladie maniaco-dépressive ou troubles bipolaires,2004. cette société et les préjugés entourant la maladie mentale (facteurs socio-culturels) ont su favoriser l’enracinement de sa défaillance. 2.4- Sémiologie et symptomatologie en rapport avec le cas Selon le DSM IV, les symptômes en rapport avec les psychoses tels les troubles bipolaires et les troubles de personnalités sont très étendus et sont proches l’une de l’autre. D’après nos observations, les premières manifestations du malaise de Jasmine sont en rapport avec sa dépression nerveuse déclenchée tout suite après l’avènement ayant détruit son empire de luxe. Plus tard, elle présentait des épisodes maniaques intermittentes avec sa dépression. Dans le cas de notre devoir, nous nous contenterons de nous limiter aux différents symptômes manifestés par Jasmine c’est-à-dire dépressifs et maniaques. Jasmine, à travers ses interventions, a fait preuve de dysfonctionnement d’abord au niveau de l’humeur. On a observé une augmentation d’idées de grandeur folles [séquences :51’49-50’’& 1.03’16-25’’, elle a manipulé sa sœur de larguer son petit ami trop pauvre], logorrhée (flots exagérés de paroles) [séquences : 01’36’’ dans l’avion avec la vieille], engagement accru dans des activités orientées vers un but ou agitation psychomotrice, et plus grande communicabilité que d'habitude ou désir de parler constamment [Elle le fait avec les enfants, séquence :1.09’57’’]. La fuite des idées ou sensations subjectives que les pensées défilent, et une difficulté à se concentrer [Séquence : 42’08’’]. La distractibilité (son attention est trop facilement attirée par des stimulus extérieurs sans importance ou insignifiants, ex : le jeu des enfants) [Séquence :1.01’07’’]. L’augmentation de l'activité orientée vers un but (social, professionnel, scolaire ou sexuel) ou agitation psychomotrice [elle a voulu apprendre l’informatique]. Engagement excessif dans des activités agréables mais à potentiel élevé de conséquences dommageables (Jasmine se lance sans retenue dans des dépenses inconsidérées (payer son porte faix au-delà des convenances séquence : 05’20’’), ou des investissements commerciaux déraisonnables (se payer une place de première classe pour son voyage), elle donnait des pourboires importantes) comme elle le relate dans la séquence ; 1.10’’25’’]. De plus, Elle s’engage spontanément des conversations prolongées avec des inconnus dans des lieux publics [séquence : dans l’avion 01’36’’]. Il existe typiquement une augmentation de son estime de soi, pouvant aller d'une confiance aveugle en soi-même à des idées de grandeur caractérisées, parfois franchement délirantes (le producteur l’a bien montré en faisant paraitre ces scènes ensemble ou en parallèle [à son arrivée à San Francisco, ses regards dédaigneux de la maison où habitait sa sœur est très visible, séquence 5’00’’]. Jasmine donne son avis sur des sujets pour lesquels elle n’a aucune compétence particulière [Elle se feigne d’être une décoratrice d’intérieur dans le but de plaire au mec qui l’a plu, Séquence :58’02’’]. L'expression verbale maniaque de Jasmine est typiquement pressante, bruyante, rapide et difficile à interrompre. Elle parle sans interruption, parfois pendant des heures, sans tenir compte du désir des autres de s'exprimer [La vielle relate la loquacité incessante de Jasmine à celui qui venait la chercher à l’aéroport, séquence :03’11’’] et même toute seule [séquence : 38’00’’]. Son discours est riche en jeux de mots et cocasseries inadaptées et cela lui prévaut un charisme théâtral énorme guidé par un maniérisme spectaculaire par lequel ses monologies étranges exaltent l’appréhension des passants [Séquence :38’02’’]. Il existe souvent, chez elle, une fuite des idées révélée par le flot presque continu de son discours rapide, avec des changements brusques d'un sujet à un autre. Lorsque la fuite des idées devient importante, le discours de Jasmine devient désorganisé et incohérent. Nous notons également des épisodes au cours desquels Jasmine s’hallucine constamment au sein de son anxiété et fait souvent preuve d’une incapacité à concentrer comme si la sérénité à laquelle elle est en quête est seulement externe [Séquence :45’01’’]. Il est possible que Jasmine ait pu manifester d’autres symptômes révélateurs de sa maladie. Cependant ce prélèvement de symptômes a été fait au niveau des plus fondamentaux. 2.5- Analyse sur son comportement avec autrui Son comportement à l’égard des autres ne se diffèrent pas de la mode bourgeoise. Issue d’une classe riche et passant toute sa vie presque à côtoyer des gens de haute estime, l’existence pour elle du mode de vie des autres n’appartenant pas à sa classe n’a pas de sens. Elle l’a prouvé en dénigrant sa sœur pour sa basse classe sociale, son niveau économique et surtout pour ses pauvres mecs de compagnie au point même de la manipuler afin de le changer contre un ingénieur son. Il a passé en dérision son patron dans le cabinet de dentiste dans lequel elle travaille pendant un temps. Envers elle-même, elle refuse d’accepter sa maladie et se contente d’avaler des antidépresseurs en pensant qu’elle est juste stressée. Et pour contracter un mariage, elle préfère dissimuler sa vérité en se faisant passer pour autrui. Socialement elle déteste travailler, préférant de se dépendre de l’argent d’autrui. Elle est obstinée qu’à une préoccupation : Comment mener une vie d’indigent lorsqu’on a toujours vécu dans une tour de cristal faste et agréable ? 2.6- Catégorisation du trouble en question Au gré d’un pronostic, on verrait que les symptômes de Jasmine caractérisent des troubles divers. Les uns caractérisent à la fois des indices des troubles de personnalité et d’humeur, les autres caractérisent des troubles psychotiques associés. En effet, les troubles bipolaires sont caractérisés par la survenue généralement répétée d'épisodes dépressifs, maniaques, hypomanes ou mixtes, séparés par des périodes au cours desquelles les sujets sont a priori indemnes de dysfonctionnement psychique majeur. Les troubles de l’humeur ont été baptisés successivement psychose maniaco-dépressive, maladie maniacodépressive puis selon les classifications actuelles troubles bipolaires. Il s’agit d’une pathologie fréquente dont la prévalence sur la vie entière au sein de la population générale est estimée à environ 1 à 2%. Son déterminisme est complexe, il associe des facteurs de vulnérabilité génétique et des facteurs environnementaux. En conséquence, muni du DSM IV on a pu déceler en Jasmine une psychose liée à son humeur dépressive, donc Jasmine présente un trouble de l’humeur appelé trouble bipolaire ou psychose maniaco-dépressive. 2.7- Interprétation de la prise de médicaments Au prime abord, Jasmine même étant consciente de ses délires n’arrive pas à se convaincre de la grièveté de sa maladie. Allusionnant ses déficiences comportementales à un état de stress élevé, elle s’adonne aveuglement à l’automédication. Comme le montre les séquences [36’20’’36’52’’], son impatience dépassée envers une dame qui n’arrive pas à choisir un rendez-vous lui obligea d’exprimer sa colère à l’égard de celle-ci et préféra de sortir pour prendre ses médicaments tout en ordonnant son à être à se souvenir de ce cours de yoga dont elle faisait partie, qui sait si ce n’était pas dans le but de gérer sa colère ? Elle n’avait pas eu entièrement tort car le stress est une composante de base de sa dépression. Presqu’à chaque circonstance embarrassante insupportable, Jasmine prenne ses pilules (Séquences :39’08’’ quand son patron lui invita à prendre un verre). Elle essaya d’associer les pilules à de l’alcool afin de s’en débarrasser mais cela empire à chaque moment [séquence : 44’18’’]. Quand impatiemment, aux séquences 1.00’49’’, elle attendait l’appel de l’homme qu’elle a rencontré et que sa sœur lui lança que c’est parce cet homme a su découvrir ses mensonges, elle se défend avec rage tout en se consolant sur ses médicaments. Jasmine tente elle-même de se défaire de mal qui le ronge en prenant des médicaments peut-être qu’elle a achetés selon les prescriptions ou pas d’un médecin. Cette prise de médicaments s’avère abusive et très dangereuse car elle peut en découler des incidences secondaires. 2.8- Elaboration d’un diagnostic différentiel Les troubles mentaux sont souvent limitrophes et se manifestent à une tierce près d’une façon similaire. Dans de tels cas, le spécialiste doit recourir aux méthodes que profèrent le diagnostic différentiel. Dans le cas de Jasmine et après des consultations effectives au près du DSM, voilà l’issu du résumé de notre diagnostic différentiel. Parmi les psychoses à manifestations similaires ou presque, soulignons les troubles de personnalités dont le Borderline et le Schizoïde, la schizophrénie et les troubles de l’humeur dont les troubles bipolaires (I & II), troubles dépressifs (« dépression unipolaire »), etc. Cependant au niveau des troubles de l’humeur, peuvent survenir des symptômes proches des différents épisodes du trouble bipolaire. Voici notre considération différentielle : Trouble de l'humeur induit par une substance se distingue d'un Épisode mixte par le fait qu'une substance (p. ex., une substance donnant lieu à abus, un médicament, ou l'exposition à une substance toxique) est considérée comme liée étiologiquement à la perturbation de l'humeur Des symptômes semblables à ceux d'un Épisode mixte peuvent être précipités par la prise d'une substance donnant lieu à abus (p. ex., des symptômes mixtes maniaques et dépressifs qui surviennent uniquement dans le contexte d'une intoxication à la cocaïne doivent être diagnostiqués comme un Trouble de l'humeur induit par la cocaïne, avec caractéristiques mixtes, et avec début pendant une intoxication). Des symptômes semblables à ceux d'un Épisode mixte peuvent également être précipités par un traitement antidépresseur comme un médicament, la sismothérapie ou la photothérapie. Ces Épisodes sont aussi diagnostiqués comme des Troubles de l'humeur induits par une substance (p. ex., Trouble de l'humeur induit par l'amitriptyline, Avec caractéristiques mixtes ; Trouble de l'humeur induit par la sismothérapie, Avec caractéristiques mixtes). Cependant, le jugement clinique est essentiel pour déterminer si c'est le traitement qui est en cause ou si un Épisode maniaque primaire survient alors que le patient est sous traitement. Des Épisodes dépressifs majeurs avec humeur irritable prédominante et des Épisodes maniaques avec humeur irritable prédominante peuvent être difficiles à différencier d'Épisodes mixtes. Ce diagnostic différentiel nécessite la recherche clinique soigneuse de l'existence simultanée des symptômes caractéristiques à la fois d'un Épisode maniaque complet et d'un Épisode dépressif majeur complet (en dehors du critère de durée). Le Trouble : déficit de l'attention/hyperactivité et un Épisode mixte sont tous deux caractérisés par une activité excessive, un comportement impulsif, des troubles du jugement et un déni des troubles. Le Trouble : Déficit de l'attention/hyperactivité se différencie de l'Épisode mixte par son début typiquement précoce (c.-à-d. avant l'âge de 7 ans), son évolution chronique plutôt qu'épisodique, l'absence d'un début et d'une fin nets, et l'absence d'expansivité et (l'élévation d’humeur ou de caractéristiques psychotiques. Les enfants souffrant d'un Déficit de l'attention/hyperactivité présentent également parfois des symptômes dépressifs comme une faible estime de soi et une faible tolérance à la frustration. Si les critères sont présents pour les deux troubles, le déficit de l'attention/hyperactivité doit être diagnostiqué en plus du Trouble de l'humeur : Les critères sont réunis à la fois pour un Épisode maniaque et pour un Épisode dépressif majeur et cela presque tous les jours pendant au moins une semaine. B. La perturbation de l'humeur est suffisamment sévère pour entraîner une altération marquée du fonctionnement professionnel, des activités sociales ou des relations interpersonnelles, ou pour nécessiter l'hospitalisation afin de prévenir des conséquences dommageables pour le sujet ou pour autrui, ou il existe des caractéristiques psychotiques. C. Les symptômes ne sont pas dus aux effets physiologiques directs d'une substance (p. ex., substance donnant lieu à abus, médicament ou autre traitement) ou d'une affection médicale générale (p. ex., hyperthyroïdie). N.-B. : Des Épisodes (l'allure mixte clairement secondaires à un traitement antidépresseur somatique (médicament, sismothérapie, photothérapie) ne doivent pas être pris en compte pour le diagnostic de Trouble bipolaire 1. Nous sommes appelés à la prudence car en élaborant ce diagnostic il peut y avoir la présence de quelques traits de trouble de la personnalité pendant les épisodes de Trouble de l'humeur présente par le sujet. En effet, Ces Troubles peuvent en s'accompagner de caractéristiques symptomatiques temporaires évoquant des traits de personnalité, tel est le cas de l’actrice dont nous sommes convenus d’observer. Cela a rendu difficile l'évaluation rétrospective du mode de fonctionnement durable de Jasmine. Puisque des modifications de la personnalité apparaissent et persistent après l'exposition de Jasmine à un stress extrême, un diagnostic d'Etat de Stress post-traumatique doit être considéré. Chez une personne présentant un Trouble lié à l'utilisation d'une substance, il est important de ne pas fonder un diagnostic de Trouble de la personnalité seulement sur des comportements résultant d'une intoxication ou d'un sevrage à une substance, ou sur des comportements en rapport avec une dépendance à une substance (p. ex., des comportements antisociaux). Lorsque des modifications durables de la personnalité résultent directement de l'effet d'une affection médicale générale (p. ex., une tumeur cérébrale), on doit considérer le diagnostic des Troubles de la personnalité doivent être distingués des traits de personnalité qui n'atteignent pas le seuil d'un Trouble de la personnalité. Les traits de personnalité ne justifient un diagnostic de Trouble de la personnalité que s'ils sont rigides, mal adaptés, persistants et source d'une altération significative du fonctionnement ou d'une souffrance subjective. Néanmoins, on sait que la Personnalité borderline est souvent observée en même temps que des troubles de l'humeur. Le tableau de la Personnalité borderline, considéré à un instant donné, peut ressembler à un épisode d'un Trouble de l'humeur ; En conséquence, nous nous observons que le mode de comportement présenté par Jasmine n’a pas eu un début précoce et une longue évolution et nous nous contentons d’éliminer ce tableau instantané de Personnalité borderline. Les hallucinations de Jasmine lui donnent l’allure d’un schizophrène coupé avec la réalité. Cependant, l’aspect de temps a une grande importance dans ce cas. Elle s’hallucine instantanément. Elle ne présente pas d’idéalisation de son moi ni de délires de persécutions. On peut en conclure qu’en dépit de la présence de ces quelques symptômes schizophréniques, Jasmine n’est pas schizophrène. 2.9- Diagnostic définitif Pour qu’un diagnostic de trouble bipolaire soit posé, il faut qu’il y ait eu au moins un épisode dépressif caractérisé et un épisode maniaque ou hypomaniaque. Épisode hypomaniaque ou maniaque Épisode dépressif (CIM-10) • Humeur dépressive, tristesse • Perte d’intérêt • Fatigue ou perte d’énergie • Trouble de l’appétit •Troubles du sommeil • Ralentissement/agitation psychomotrice • Sentiment d’infériorité • Sentiment de culpabilité inappropriée • Difficultés de concentration • Idées noires, pensées de mort • Anxiété • sentiments de perte d'espoir • Vacillement d’humeurs •Augmentation de l’activité ou agitation physique • Augmentation du désir de parler •Difficultés de concentration, distractibilité • Réduction du besoin de sommeil •Augmentation de l’énergie sexuelle, manque d’intérêt pour le sexe •Achats inconsidérés, ou autre types de conduites insouciantes ou irresponsables •Augmentation de la sociabilité ou familiarité excessive • Logorrhée (flots exagérés de paroles) • Hallucination, Fuite des idées ou sensations subjectives que les pensées défilent Fiche de Jasmine : Prélèvement symptomatologique. Symptômes bipolaires OUI NON Humeur dépressive, tristesse Réduction du besoin de sommeil X Symptômes bipolaires OUI Discours rapide et, hésitantes Idées de grandeur folles NON Difficultés de concentration Tonus psychomoteur Anxiété et Stress Anorexie/boulimie X Sentiments de perte d'espoir Idées de suicide X Hallucinations Hyperactivité Dépenses inconsidérées Grande appétit de parler Notre diagnostic a été basé sur une analyse fonctionnelle qui a impliqué : Un recueil d’objets et de faits Une hypothèse de travail cohérente Et nous avons choisi une cible thérapeutique prioritaire Considérant la symptomatologie présentée par Jasmine, et ayant à la base le DSM IV comme guide, on conclut que ce cas, empiré à la suite de la dépression nerveuse déclenchée après ses énormes pertes et sa déception amoureuse, a atteint les limites d’un trouble bipolaire non spécifié. 3.0- Prévision d’une thérapie plus efficace Le modèle théorique actuel pour expliquer les troubles bipolaires est biopsychosocial : interactions complexes entre vulnérabilité génétique, modifications des systèmes de régulation du stress sous des influences environnementales diverses. Ainsi, la prise en charge de Jasmine sera pluridisciplinaire. Avant même la prise des traitements médicamenteux, Jasmine devrait aller voir un psychiatre ou un psychologue clinicien pouvant l’aider. Cependant arrivée à ce stade, pour une meilleure thérapie plus efficace j’aurais conseillé à Jasmine de : Querir une prise en charge ambulatoire dans un centre d’accueil à temps partiel, un hôpital de jour ou un atelier thérapeutique peut parfois être utile. Utiliser des stabiliseurs d’humeurs pour ses épisodes aigus maniaques, mixtes et hypomaniaques tels le lithium, divalproate de sodium ou valpromide (Dépamide®), ou certains neuroleptiques dits atypiques (olanzapine (Zyprexa®), rispéridone (Risperidal ®), aripiprazole (Abilify®). Les recherches plus récentes ont permis d’ajouter d’autres médicaments à la liste des stabilisateurs de l’humeur, entre autres des nouveaux anticonvulsivants et des antipsychotiques atypiques de la nouvelle génération. La sismothérapie (ou traitement par les électrochocs) permet aussi de stabiliser l’humeur. Eléments clés du traitement Les médicaments sont nécessaires surtout pendant la phase aigüe et de maintien. Elle devra, en outre, recourir à la psychoéducation pour améliorer son état et prévenir les complications. La psychothérapie aide les patients et leur famille à composer avec les pensées, les émotions et les comportements problématiques de façon constructive. On met l’emphase sur la détection précoce et le traitement des épisodes ; la modification des niveaux d’activité et de stress et la résolution de problèmes. Jasmine devra consulter un psychothérapeute cela pourrait l’aider à réduire ses stress. Elle pourrait adhérer à un groupe de soutient. Les groupes offrent de l’aide et une compréhension qui peut promouvoir la stabilité au long cours. Les participants rapportent qu’ils se sentent acceptés par le groupe, que les pairs peuvent les aider à suivre le plan de traitement et qu’ils peuvent partager leurs expériences avec des gens qui ont déjà eu le même type d’expérience. La singularité du traitement des troubles bipolaires est que la maladie, comme son nom l’indique, possède deux pôles. Les deux pôles s’opposent l’un à l’autre à bien des égards et requièrent des stratégies thérapeutiques propres. Pour la manie, le traitement médicamenteux occupe l’avant plan. Pour la dépression bipolaire, des interventions psychothérapeutiques et médicamenteuses devraient être initiées dès le départ. Sur le plan psychothérapeutique, les thérapies cognitives comportementales et les stratégies interpersonnelles, c.-à-d. visant à construire des activités positives et à modifier les cognitions et le comportement interpersonnel, ainsi que l’implication des proches du patient se sont avérées être particulièrement efficaces. Pour la prévention de futurs épisodes maniaques et dépressifs, la thérapie du rythme social et la thérapie systémique jouent également un rôle essentiel parmi les interventions psychothérapeutiques, servant à rythmer le comportement circadien, à identifier les signes d’alerte précoces et à réagir en conséquence, et à gérer le fardeau pesant sur les proches. L’adhérence médicamenteuse revêt une importance centrale. Il est déterminant d’avoir des perspectives à long terme dans le traitement des troubles bipolaires, car il s’agit d’une maladie chronique pouvant persister à vie. Des études menées avec des jumeaux ont montré que ces troubles sont en grande partie causés par des composantes génétiques. Toutefois, le déclenchement et l’évolution des troubles sont largement conditionnés par des facteurs sociaux et psychologiques, c.-à-d. par des interactions gènes-environnement et par des composantes épigénétiques. Conclusion Les problèmes de santé mentale affectent la société tout entière et ne se restreignent pas à une petite portion isolée de celle-ci. Ils constituent donc un obstacle majeur au développement mondial. Aucun groupe humain n’est épargné par les troubles mentaux, mais le risque est plus élevé chez les personnes démunies, les sans-abri, les chômeurs, les personnes ayant un bas niveau d’instruction, les victimes de violence, les immigrants et les réfugiés, les populations indigènes, les enfants et les adolescents, les femmes maltraitées et les personnes âgées délaissées. En effet, Pour tous les individus, la santé mentale, physique et sociale sont des aspects fondamentaux de la vie, intimement liés et étroitement interdépendants. Lorsque l’on a pris conscience de cette corrélation, il devient évident que la santé mentale est d’une importance vitale pour le bien-être général des individus, des sociétés et des pays. Malheureusement, dans la plupart des régions du monde, la santé mentale et les troubles mentaux n’ont pas la même importance que la santé physique, tant s’en faut. En fait, les problèmes mentaux ont été en grande partie négligés et ont suscité très peu d’intérêt. Et ceci tend à amplifier la dégénération des maladies tel le cas de Jasmine interprétée par l’actrice Cate Blanchette En guise de conclusion, nous devons souligner l’ampleur que reflète la réalité du film. Dans certaines sociétés dont Haïti, les gens font peu de cas des maladies mentales et n’en soucient guère. Alors avant même de passer à l’incontournable, les gens sont priés de consulter un spécialiste approprié afin d’éviter les complications.