Le cœur en anesthésie-réanimation 77
à un traitement anticoagulant, est administré pour prévenir les complications
thrombo-emboliques [1, 2, 5, 8, 10].
9. MÉCANISME
Les études et observations antérieures ont établi ce qui suit [1-14, 20-25].
Il n’y a pas d’obstacle à l’éjection du ventricule gauche sur l’angiographie [1-14].
Le syndrome de tako-tsubo n’est pas expliqué par l’obstruction des artères
coronaires sus-épicardiques [1-14,21]. Ce n’est ni une cardiopathie rythmique,
ni une myocardite aigue, ni une péricardite aigue, ni une valvulopathie [1-14, 21].
Le territoire akinétique ne correspond pas à un territoire artériel coronaire [1-
14, 21]. Seuls trois patients [1,4 %] sur les 212 premiers patients publiés ont
eu un spasme spontané d’une artère coronaire au cours de la coronarographie
[1,2,5,8,10]. Le test de provocation pharmacologique d’un spasme coronarien a
été positif chez vingt-quatre (28,6 %) des 84 patients publiés ayant eu ce test [1-
14]. Les taux plasmatiques de noradrénaline, adrénaline, neuropeptide sont plus
élevés chez les patients hospitalisés pour syndrome de tako-tsubo que chez les
patients hospitalisés pour un infarctus du myocarde [1]. Le nombre de séquences
radiologiques nécessaires pour qu’un produit de contraste administré dans les
artères coronaires atteigne la microcirculation coronarienne a été plus important
chez des patients porteurs d’un syndrome de tako-tsubo que chez des patients
témoins, témoignant ainsi d’une altération de la microcirculation coronarienne
au cours du syndrome de tako-tsubo [22]. Un trouble du métabolisme d’un
acide gras marqué et de la captation cellulaire du F-18 fluorodeoxyglucose a été
mis en évidence dans les cardiomyocytes du territoire akinétique des patients
porteurs d’un syndrome de tako-tsubo, montrant une altération secondaire du
métabolisme cellulaire chez ces patients [23, 24]. Les revues les plus récentes
suggèrent que le trouble micro-circulatoire a induit le trouble métabolique [17].
Le stress lié à l’immobilisation chez le rat active le système sympathique
adrénergique, entraîne un sus décalage du segment ST sur l’ECG et une
ballonnisation transitoire du ventricule gauche [19]. Cet état est prévenu par les
blocages adrénergiques α et β [19]. Il existe une haute prévalence du syndrome
de tako-tsubo chez la femme ménopausée [1-14]. Les œstrogènes ont prévenu
la survenue d’un syndrome de tako-tsubo chez les rates ovariectomisées dans
les modèles expérimentaux [19]. Un polymorphisme des gènes affectant la
réponse périphérique aux catécholamines a été mis en évidence, confirmant que
la réponse cardiaque vis-à-vis du stress est individuelle [16, 17]. Des biopsies
myocardiques ont été réalisées chez des patients atteints de ballonnisation
apicale transitoire du ventricule gauche [1, 25]. A la phase aigue, elles ont montré
l’absence de génome viral, la présence dans le cytoplasme des cardiomyocytes
de vacuoles remplies de glycogène évoquant une privation énergétique, la
«désorganisation en bandes» des protéines contractiles des cardiomyocytes,
actine et myosine, l’absence de mort cellulaire ou de lésions irréversibles, une
prolifération collagène et de quelques cellules inflammatoires (macrophages
et T-lymphocytes) dans les espaces interstitiels [1, 25]. Ces altérations avaient
disparu après régression des signes de la maladie [25]. Des lésions identiques
ont été constatées chez l’animal de laboratoire soumis à une perfusion prolongée
de catécholamines [19].