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Au contraire, priver pour des raisons arbitraires, liées par exemple à l’âge, ou par le cortège d’idées
négatives véhiculées par le mot cancer, est contraire au principe de justice distributive
Tout retard d’admission en réanimation est une perte de chance pour le patient. Plus on admet un
patient tard par rapport à son indication, plus on allonge sa durée de séjour, et plus on diminue ses
chances de survie (Surmortalité reconnue chez les admis tardivement). Un bon service de réanimation
doit toujours avoir des places vides, afin de pouvoir accueillir un patient qui en aurait vraiment besoin.
Une étude avait montré que dans 92% des non-admissions, le motif invoqué était l’absence de lits
disponibles. C’est évidemment faussé par le fait que des services « choisissent » leurs patients en
invoquant ce motif, leur permettant de ne pas avoir à justifier ce choix de sélection qui pourrait paraitre
déplacé pour certains. Néanmoins, la sélection à l’entrée de la réanimation est indispensable à son
efficacité.
La littérature a montré qu’il n’y a pas de relation directe entre l’âge et les chances de survie après
admission en réanimation.
L’admission en réanimation n’est pas une fuite en avant. Ce ne doit pas être une réponse automatique
dépourvue de délibération en amont.
Au niveau de la collectivité, le débat porte sur l’allocation juste de moyens limités.
L’accès aux soins intensifs nécessite un degré de sévérité suffisant, mais également un potentiel
suffisant de récupération. En pratique il est difficile de savoir quel patient devrait bénéficier
d’un séjour en réanimation. Des recommandations de non-admission basées sur des diagnostics
précis ont été émises par les sociétés de spécialistes en soins intensifs mais sont inapplicables.
On n’a pas de liste claire sur les contre-indications de prise en charge en réanimation.
En pratique on ne retrouve peu ou pas de recommandations écrites sur les admissions en réanimation.
Par ailleurs il n’y a souvent pas de décision collégiale tracée dans les dossiers (CR : souvent, un refus
d’admission se fait par téléphone…).
Qui prend en charge les malades refusés ? 10% des décès se font aux urgences.
La décision d’arrêt des thérapeutiques :
Dans le cadre de la loi Léonetti apparait la possibilité pour le malade de prendre des décisions
concernant les thérapeutiques dont il bénéficiera. Cette loi proscrit également toute obstination
déraisonnable (CR : la loi a également permis de réduire le temps de mise en place des soins).
La décision d’arrêt des thérapeutiques (LATA) a évidemment un impact majeur sur la durée de séjour.
Toute sa difficulté repose sur le fait que l’on doive prendre une décision en incertitude, ce qui
caractérise l’ensemble de l’art médical.
Le patient est souvent absent de cette décision. Néanmoins, dès qu’on a la possibilité de demander au
patient, il faut le faire. Il faut se souvenir que l’on traite des gens et non des maladies (CR : de manière
générale, le patient se prononcera sur ses positions si on lui laisse le temps de se prononcer).
Exemple : un jeune pompier polytraumatisé. Son père dit qu’il n’aurait probablement pas voulu vivre
ainsi. La décision a été réglée en demandant simplement au patient ce qu’il en pensait, puisqu’il était