1 Réanimation des personnes âgées : des critères d´admission trop variables Catherine Holué La politique d´admission des personnes âgées en service de réanimation est très variable d´un hôpital à l´autre : tel est le principal enseignement de l´étude ICE-CUB (1), dont les premiers résultats ont été présentés à l´occasion du 37 ème Congrès national de la Société de Réanimation de Langue Française (Srlf). «L´évolution démographique et l´amélioration de l´espérance de vie nous conduisent à admettre de plus en plus de personnes âgées en réanimation, malgré les restrictions budgétaires auxquels tous les services de l´hôpital sont soumis. Aujourd´hui, 12% des admis en réanimation ont 80 ans ou plus en Ile-de-France, mais ce pourcentage varie de 2 à 20% selon les établissements», affirme le Pr Bertrand Guidet, président de la Srlf. Afin de mettre en lumière le travail de «filtrage» des patients âgés opéré par les urgentistes puis par les réanimateurs, l´étude prospective ICE-CUB a été menée durant une année dans 15 hôpitaux franciliens, et a inclus 2646 patients présentant au service d´urgences une indication théorique d´admission en réanimation. Il est apparu que le processus de «tri» intervient à deux niveaux : 75% des patients n´ont pas été proposés par les médecins urgentistes, et parmi les patients proposés, seuls 50% ont finalement été admis (soit 330 patients). Le taux d´admission ajusté variait de plus de deux entre deux établissements. «La sélection est drastique aux urgences : pour huit personnes âgées, deux sont proposées en réa et une seule est admise. L´état des six autres est jugé pas assez grave dans 50% des cas, trop grave dans 25% des cas. Or, la mortalité est tout de même de 8% pour les premiers et ne dépasse pas 60% pour 2 les seconds, ce qui témoigne des erreurs de jugement. Par ailleurs, alors que le taux d´admission des personnes âgées varie de 8 à 35%, ces variations ne semblent pas avoir d´impact sur la mortalité globale de l´établissement», précise le Pr Guidet. Pour harmoniser les pratiques, les médecins réanimateurs demandent l´élaboration de recommandations sur l´orientation des personnes très âgées. Et rappellent qu´en période de pénurie de lits, «ces patients passent après les plus jeunes». «Mais la réanimation n´est pas seule en mesure d´absorber tous les besoins croissants de la population, et des filières de soins doivent prendre le relais lorsque les conditions du patient le permettent. C´est le cas des soins de suite et de réadaptation pour la Bpco, dont le nombre de lits est malheureusement insuffisant pour une pathologie chronique qui en 2020 sera la 3ème cause de mortalité», commente la Srlf. (1) «Réanimation» vol.17, pp 790-801, décembre 2008.