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DESCARTES, Discours de la méthode, 4eme partie
Résumé de la 4ème partie :
Le contexte : Dans la 3ème partie, Descartes a exposé sa « morale par provision », autrement les 4 règles à respecter
pour bien agir et être heureux en attendant de dégager des principes moraux rationnels. Ces 4 règles sont : 1) la
modération, le respect des usages de l’endroit où on se trouve 2) la persévérance (aller jusqu’au bout de son projet,
et ne pas changer constamment d’avis, sauf erreur manifeste) 3) la maîtrise des désirs (il faut changer ses désirs
plutôt que l’ordre du monde) et 4) l’exercice de la réflexion (passer sa vie à « cultiver sa raison »).
Un nouveau sujet, la métaphysique : Descartes commence en annonçant qu’il va désormais s’intéresser à la
métaphysique (le domaine de ce qui est au-delà de la nature : D., l’origine du monde, l’immortalité de l’âme…).
- Remarquons la posture de Descartes : il dit hésiter à parler de ces choses « si métaphysiques et si peu
communes » car « elles ne seront peut-être pas au goût de tout le monde ». Il semble qu’il soit ironique.
- Ce qui motive Descartes à en parler : voir si son raisonnement est assez solide. Ainsi qu’il l’a expliqué en
première partie, il publie son discours afin que ses lecteurs lui fassent des critiques (qui permettraient de
consolider ses positions) : « afin qu’on puisse juger si les fondements que j’ai pris sont assez fermes ». Nous
voyons que Descartes refuse tout dogmatisme (qui consiste à imposer une théorie sans justification) et qu’il
fait appel à l’esprit critique de son lecteur (pour Descartes, tous les hommes ont une raison égale).
- Descartes affirme être « contraint d’en parler » pour cette raison. En réalité, derrière cette modestie affichée,
et quête désintéressée de la vérité, nous pouvons penser que Descartes est persuadé d’avoir raison : c’est ce
qui le pousse à exposer sa théorie.
Une nouvelle méthode, le doute radical : Or, dans le domaine métaphysique, il faut opter pour une méthode
radicalement différente : alors que dans le domaine moral et pratique, il valait mieux être prudent, et se fier aux
conseils des plus sages, même si on ne peut les justifier, dans le domaine métaphysique, il faut procéder à un doute
radical.
- Sera considéré comme faux tout ce qui est un tant soit peu douteux.
- Le but est de parvenir à quelque chose d’absolument certain, « entièrement indubitable ».
- Descartes va alors procéder au fameux doute méthodique (il procède par étape, méthodiquement) et
hyperbolique (il remet tout en question), qui conduira au fameux « cogito », je pense en latin, qui abrège la
célèbre formule : « je pense donc je suis ».
Il passe par 3 étapes : qu’est-ce qui peut être considéré comme certain ?
Les sens nous trompent quelquefois : on ne peut donc faire confiance à nos sensations (vue,
ouïe, toucher…).
Les raisonnements peuvent également être erronés (ce sont des paralogismes). Or Descartes
ne pense pas avoir un esprit supérieur aux autres, et affirme se tromper comme les autres :
il faut donc rejeter « toutes les raisons que j’avais prises auparavant pour démonstrations »,
autrement dit toutes les sciences, et même les mathématiques.
Il n’est pas facile de distinguer un rêve de la réalité (combien de fois avons-nous cru, en
rêvant, que nous sommes éveillés ?). Donc il faut considérer toutes nos représentations
toutes les choses qui m’étaient jamais entrées en l’esprit ») sont des illusions. Le doute
est devenu hyperbolique.
Subsiste cependant une certitude : puisque je pense que tout est faux, moi, qui le pense, suis quelque
chose. « Et remarquant que cette vérité : je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée, que toutes
les plus extravagantes suppositions des sceptiques n’étaient pas capables de l’ébranler, je jugeai que
je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais. »
Les différences avec le doute méthodique des méditations métaphysiques : Descartes, 4 ans plus tard,
reconduira le même raisonnement, mais avec quelques différences :
Il remet en cause les sens.
Puis toutes nos représentations (c’est l’argument du rêve), donc tout ce qui existe : rien ne
me prouve que mes pensées correspondent à quelque chose de réel.
Mais les mathématiques, en raison de leur évidence et de leur simplicité, semblent résister
à l’épreuve du doute : Descartes fait alors l’hypothèse du Malin Génie (Dieu, infiniment
bon, ne peut vouloir me tromper), qui peut s’amuser à nous tromper à chaque instant : peut-
être que 5 et 7 ne valent pas 12 ! Il faut donc aussi rejeter les mathématiques. C’est cet
argument qu’on ne retrouve pas dans le Discours : Descartes se contente de remarquer, sans
faire appel à l’hypothèse du Malin Génie, que nos démonstrations sont parfois fausses, pour
rejeter toutes les vérités mathématiques.
Que suis-je ? Puis Descartes va déterminer ce que je suis :
- Je ne suis pas un corps, puisque je doute de tout ce que je vois, du monde.
- Je suis en revanche une substance pensante, qui n’est rien de matériel.
Une substance est ce qui n’a besoin que de soi-même pour exister.
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- Par conséquent l’esprit est différent du corps (dualisme). Il survit à la mort du corps, il est plus facile à
connaître que le corps. Pourquoi ? Parce que nous avons un accès immédiat à nos pensées, par notre
conscience.
L’évidence claire et distincte, critère de la vérité : La découverte de ce premier principe implique une certaine
conception de la vérité : Descartes s’interroge sur « ce qui est requis à une proposition pour être vraie et certaine »,
autrement dit, sur le critère de la vérité : c’est l’évidence qui caractérise ce qui est vrai. C’est la raison pour laquelle
la vérité est accompagnée de certitude, c’est-à-dire une conviction, un sentiment d’assurance : « je jugeai que je
pouvais prendre pour règle générale que les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement sont
toutes vraies », même si ce n’est pas toujours facile de savoir lesquelles nous concevons distinctement. Il ne faut
donc pas confondre l’évidence avec la fausse évidence des préjugés : ses critères sont la clarté et la distinction
(alors que les préjugés sont confus).
La preuve de l’existence divine : Puisque je doute, je suis un être imparfait. Or, comment expliquer que je puisse
penser la perfection ? D’où me vient cette idée ? D’une nature plus parfaite que la mienne (le parfait ne pouvant,
logiquement provenir de quelque chose de moins parfait).
- S’agit-il des éléments (ciel, terre, lumière, chaleur, etc…) ? Non, car elles n’ont rien de supérieur à moi. Je
peux même penser en être le créateur.
- Je ne peux tenir l’idée de parfait du néant : car le néant ne peut être source du parfait.
- Cette idée ne peut venir que de Dieu, être absolument parfait.
- En tant qu’être existant imparfait, je dois dépendre de quelque chose de plus parfait. Car « si j’eusse été seul
et indépendant de tout autre », j’aurais été moi-même un être parfait, « infini, éternel, immuable, tout
connaissant, tout puissant », etc… Or, ce n’est pas le cas, donc mon existence dépend de Dieu.
- Quelle est la nature de Dieu ? Dieu n’a aucune imperfection : le doute, l’inconstance, la tristesse », etc…Il n’a
rien de corporel : il est un être purement spirituel.
- Les choses moins parfaites, spirituelles ou corporelles, dépendent de Dieu à chaque instant : c’est la thèse de
la création continuée.
Seconde preuve de l’existence divine :
- Quelles sont les autres vérités dont nous pouvons être certain ? L’espace des géomètres est une étendue (tout
ce qui a une largeur, longueur, profondeur) indéfinie. Il est divisible à l’infini. Contrairement à l’espace des
scolastiques, qui est un lieu possédant des forces occultes (le « pouvoir », l’ « énergie »), l’espace cartésien
est purement géométrique et mathématique, une « grandeur », une « figure ».
- L’évidence des démonstrations mathématiques ne prouve pas l’existence de leurs objets. Par exemple, rien ne
prouve que le triangle existe, même si je peux donner sa définition (la somme de ses angles est égale à 180°).
- En revanche, l’existence est comprise dans la définition d’un Être parfait : donc Dieu existe nécessairement.
Pourquoi nous pensons qu’il est plus difficile d’étudier l’esprit que la matière :
- La plupart pensent qu’il est très difficile de connaître la nature de Dieu ou de notre âme, et qu’il est plus facile
de connaître les choses sensibles. C’est parce qu’ils utilisent leur imagination (qui convient pour penser les
choses matérielles) plus que leur entendement (qui convient pour ce qui est spirituel). Or, utiliser son
imagination pour tenter de comprendre les vérités métaphysiques, c’est comme vouloir entendre ou sentir
avec ses yeux. Nous ne pouvons comprendre, accéder à la vérité, qu’avec notre entendement.
- Les vérités qui viennent d’être établies : l’existence de ma pensée, je suis de la pensée, l’existence de Dieu,
sont bien plus certaines que le fait qu’on ait un corps, qu’il y ait une Terre, des astres... Nous avons une
certitude morale de l’existence des corps matériels, et non une certitude métaphysique. En effet, on ne peut
prouver leur existence, mais puisqu’on peut prouver celle de Dieu, alors on peut être assuré moralement qu’il
ne nous trompe pas lorsque nous percevons ces corps matériels (mon corps, le monde autour de moi…) : Dieu
est le garant de la véracité de toutes mes pensées.
La fin du doute méthodique : Descartes sort alors du doute : « les rêveries que nous imaginons étant endormis ne
doivent aucunement nous faire douter de la vérité des pensées que nous avons étant éveillés », autrement dit, le
fait de rêver, d’avoir des illusions, ne nous empêchent pas d’avoir des pensées vraies. Il est donc possible
d’atteindre la vérité. Pour cela, « nous ne nous devons jamais laisser persuader qu’à l’évidence de notre raison »,
c’est-à-dire à qu’il ne faut se fier qu’à l’évidence (la clarté et la distinction) de nos pensées rationnelles, et non à
l’imagination (nous imaginons bien des chimères, chèvres à tête de lion, qui n’existent pourtant pas), aux
sensations, à ce que disent les autres, même plus savantsNous voyons alors la modernité de Descartes : chacun
est capable de trouver la vérité en lui-même, sans avoir besoin de l’obtenir d’un plus savant que lui, de la tradition.
« Toutes nos idées ou notions doivent avoir quelque fondement de vérité », car sinon, Dieu ne les auraient pas
mises en nous.
Textes très important à connaître : au début de la 4ème partie,
- de « j’avais dès longtemps remarqué que… à le premier principe de la philosophie que je cherchais ».
- puis de « puis, examinant avec attention … à elle ne laisserait pas d’être tout ce qu’elle est ».
- de « après cela, je considérai en général… à celles que nous concevons distinctement ».
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