Act. Méd. Int. - Psychiatrie (21), n° 6, juin 2004 135
d’écoute dichotique. La nicotine sembl e
donc bien améliorer, en tout cas chez les
patients fumeurs, la performance dans
des tâches de mémoire de travail et d’at-
tention sélective, en augmentant l’activa-
tion et la connectivité fonctionnelle entre
des régions cérébrales qui sont concer-
nées par l’accomplissement de la tâche.
Mo t s - c l é s :Fonction cérébrale – Schizo-
phrénie – Nicotine – Attention – Mémoire.
Conscience de la pathologie au début
de l’expression de la psychose :
un suivi sur un an
Toronto (Canada)
La prise de conscience de la patholo-
gie (insight) peut être définie comme
la conscience d’être atteint d’une mala-
die mentale, celle de ses conséquences
sociales et celle de la nécessité de suivre
un traitement. Des études antérieures ont
observé que 50 à 80 % des patients schi-
zophrènes ne sont pas conscients d’avoir
un problème de santé mentale. Pe u
d’études, cependant, ont porté sur la
conscience que les patients ont de leur
trouble et sur ses conséquences poten-
tielles au début de la psychose. Pourtant,
à cette période, le risque de suicide et
de dépression est élevé, et pourrait être
relié au niveau de conscience que les
patients ont de leur propre état. Des
chercheurs canadiens se sont intéressés
à la conscience de la pathologie chez
cent quatre-vingts patients qui ve n a i e n t
d e vivre leur première expérience psy-
ch o t i q u e (Mintz A, Addington J A d d i n g t o n
D. Insight in early psychosis: a 1-year
fo l l ow- up. Sch i z o - p h renia Research
2 0 0 4 ; 6 7 : 2 1 3 - 7 ) . La conscience du troubl e
a été évaluée après trois, six et douze
mois de traitement. La prise en charge
des patients incluait une pharmacothéra-
pie, mais aussi une large gamme d’inter-
ventions psychosociales pour les patients
et leur famille. Les résultats d é m o n t r e n t
que 64 % des patients témoignent d’une
claire conscience de leur problème lors
du premier épisode de la pathologie, et
79 % après un an de suivi. Ces résultats
sont en contradiction avec deux études
antérieures consacrées au premier épiso-
de, qui révélaient que moins de la moitié
de l’échantillon avait une conscience
claire du trouble. Dans l’étude présente,
une conscience claire était associée avec
une psychopathologie moins sévère. Des
analyses de corrélation ont montré que
la conscience avait une association néga-
t ive avec les symptômes positifs ou
négatifs, mais qu’elle avait une associa-
tion positive avec les symptômes dépres-
sifs à l’admission. La conscience s’amé-
liorait en même temps que les symp-
tômes positifs. Malheureu-sement, une
bonne prise de conscience était aussi
reliée à un nombre accru de tentatives de
suicide avant la première admission. Ces
deux dernières observa t i o n s tendraient à
renforcer l’hypothèse selon laquelle les
d é f icits de prise de conscience de la mala-
die pourraient résulter d’une forme de
défense psychologique. Les auteurs n’ont
pas trouvé d’association entre la conscien-
ce et la cognition. Ces résultats s o n t
encourageants, car ils suggèrent q u ’ ave c
une intervention précoce, la prise d e
conscience peut être maintenue et amé-
liorée pour la majorité des patients dès
leur premier épisode psychotique.
Mots-clés : P r emier épisode psychotique
– Psychose – Conscience de la pathologie
–Insight – Dépression.
Testostérone,comportement
antisocial et dominance sociale
chez les adolescents
L o n d res (Grande-Bretagne), Atlanta et
Durham (États-Unis)
L’ e xistence de différences entre les
s e xes, en ce qui concerne les form e s
et la fréquence des comportements agr e s-
s i f s , la prise de risque et la violence
s exuelle, a stimulé les recherches sur le
rôle de la testostérone dans les comport e-
ments sociaux. Les résultats obtenus ont
révélé une situation plus complexe que
prévu. L’adolescence constitue pour les
chercheurs une période d’étude priv i l é-
giée pour déterminer les relations entre
testostérone et comportement antisocial.
En effet, les taux de testostérone circu-
lante augmentent de façon drastique à
cette période, et il se trouve que les com-
p o r tements antisociaux augmentent eux
aussi pendant cette étape de la vie. Une
équipe anglo-américaine a étudié cette
relation auprès d’un échantillonnage de
près de 800 jeunes Américains, âgés
de 9 à 15 ans ( R o we R, Maugham B,
Wotthman C, Costello J, A n g old A .
Te s t o s t e ro n e, antisocial behavior, and
social dominance in boys: pubertal
d evelopment and biosocial intera c t i o n .
Biol Psychiatry 2004;55:546-52). C e t t e
recherche a été menée à l’occasion d’une
étude longitudinale de grande enve r g u r e
sur les troubles psychiatriques des
e n fan ts et des adolescents, la GSMS
( G r eat Smoky Mountain Study). Un des
parents (habituellement la mère) remplis-
sait un questionnaire, et l’enfant passait
é galement des entretiens avec un spécia-
liste. Les évaluations incluaient la mise
en évidence de troubles du comport e-
ment avec les échelles du DSM IV et un
diagnostic psychiatrique, ainsi que les
mesures des taux sanguins de testostéro-
ne, l’état d’avancement de la pubert é ,
l ’ é val uation des comportements de
dominance sociale et des éventuels com-
p o r tements de déviance chez les proches.
L’augmentation attendue des taux de tes-
tostérone a eff e c t ivement été observ é e .
Les chercheurs ont également constaté
une augmentation des comport e m e n t s
antisociaux non physiquement agr e s s i f s
( v andalisme, pyromanie, vol, etc.). O n
o b s e r vait une relation signifi c a t ive entre
la testostérone et ces comport e m e n t s
antisociaux non physiquement agr e s -
sifs, ainsi qu’avec la dominance sociale.
Revue de pre s s e