RÉFLEXION À PROPOS DES ASPECTS QUALITATIFS DE LA FORMATION INITIALE

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1er Forum International sur la formation et la recherche dans le secteur de
l’énergie et des mines
La formation dans la conduite du changement
RÉFLEXION À PROPOS DES
ASPECTS QUALITATIFS DE LA
FORMATION INITIALE
DES INGÉNIEURS ALGÉRIENS, À
L’HORIZON 2012
F. YOUCEF ETTOUMI
USTHB
Hôtel Hilton, 13 décembre 2004
Observation
Ce travail résulte d ’une petite veille
informative, effectuée après la tenue du
Premier Forum USTHB-Entreprises, le 27
Avril 2004, et en préparation des Ateliers
USTHB/ANDRU des 4, 5 et 6 Octobre
2004, portant sur les ‘ Contributions des
UST à la promotion du DD: Méthodes et
Pratiques ’.
LE CONTEXTE
•
•
•
L’adhésion de l’Algérie à l’organisation mondiale du commerce prévue pour
l’année 2005 et la signature des accords de partenariat avec l’UE sont deux
aspects du processus de l’insertion du pays dans l’économie de marché
mondialisée et globalisée.
Cette option implique une refondation complète des structures économiques de
production et de service, installées depuis 1962, et notamment celles de son
système d’enseignement supérieur scientifique et technique. Nos universités
scientifiques et technologiques doivent fournir les chercheurs, les ingénieurs et
les techniciens supérieurs, en qualité et en quantité requises, pour garantir, à
terme, la compétitivité de nos opérateurs économiques privés et publics.
Dans cette perspective, il est de notre devoir d’universitaire de nous interroger
sur l’évolution de notre système de formation des ingénieurs et des chercheurs
qui se trouve au centre des enjeux économiques et sociaux de l’économie des
savoirs et de l’innovation.
1er Forum International sur la formation et la recherche dans le secteur de l’énergie et des mines
COMPARAISON ENTRE L’ECONOMIE DE PRODUCTION ET
L’ECONOMIE DE MARCHE MONDIALISEE ET GLOBALISEE
économie de production
(1ère moitié du 20ème siècle)
options algeriennes 1965 – 1975
culture quantitative
économie de marche mondialisee et
globalisee
(Premier choc pétrolier 1973)
perspectives d’adhésion (2004) de l’Algerie à
l’OMC
culture qualitative
approche analytique
approche systémique
vision statique (systèmes simples)
vision dynamique (systèmes complexes)
pilotage d’organisations tayloriennes
pilotage adaptatif
(prise en compte des changements)
(type : maître – esclave)
pilotage réactif ou participatif
décision prise au sommet, exécution a la base
(concilier intégration et autonomie)
Évolution de la terminologie
économie de
concurrence
(qualité des biens
et de services)
L’économie de
marché mondialisée
globalisée
Décennie 80
Décennie 90
économie des savoirs
et de l’innovation
(compétitivité)
Décennie 2000
1er Forum International sur la formation et la recherche dans le secteur de l’énergie et des mines
2- Dans les pays dominants de l’économie des savoirs et de
l’innovation, ainsi que dans les pays émergents (Asie de Sud Est,
Amérique centrale et du Sud, Europe du Nord etc), :
–
La compétitivité des opérateurs économiques est indissociable de
la maîtrise des différentes expertises des ingénieries (capacité de
conception) des projets industriels et plus généralement des
programmes de développement durable.
–
En d’autres termes, pas l’autonomie de décision, en matière
économique, si le pays ne dispose pas des capacités nationales de
Recherche et Développement travaillant en étroite collaboration
avec des équipes d’ingénieries et de concepteurs (créateurs), dans
les secteurs stratégiques pour le devenir du pays.
3- Dans l’économie des savoirs et de l’innovation le critère de
compétences se substitue au critère de confiance lequel prévaut
dans l’économie des marchands.
Les organisations tayloriennes sont abandonnées depuis la
période du premier choc pétrolier (milieu des années 70).
Les nouvelles organisations sont apprenantes visent à
actualiser et à optimiser, de manière permanente, les
compétences des ressources humaines des entreprises porteuses
de progrès et productrices de richesses.
Quelques repères sur l’entreprise industrielle du
21ème siècle
1- Dans le contexte de concurrence qui prévoit à l’échelle internationale, la
performance et la compétitivité de l’entreprise industrielle des pays
performants, se construit sur les valeurs suivantes.
- Perspicacité et motivation des Managers (créateurs de l’entreprise et
ou dirigeants),
- Compétences et combativités de ses équipes de recherche et
d’ingénieries en charge :
# de l’intégration des innovations technologiques,
# des études de développement (économiques, technique et
financières),
# de la production,
# de la commercialisation,
# de la maintenance,
# de la gestion des systèmes d’information et de pilotage.
- Collaborations diverses avec les entreprises complémentaires, les
centres de recherche appliquée, les établissements d’enseignement supérieur
4. les universités scientifiques et technologiques
au niveau international
•
•
•
– Les UST assurent les formations initiales des futurs cadres intermédiaires
(Techniciens supérieurs), et cadres supérieurs (ingénieurs) ainsi que celles
des chercheurs. Sous l’effet des dynamiques impulsées par l’économie des
savoirs et de l’innovation, ces institutions d’enseignement supérieur et de
recherche scientifique, ont beaucoup évolué, durant les trois dernières
décennies.
Elles ont notamment abandonné les attitudes et comportements de type
académique fondés sur une relation quasi féodale entre le professeur (celui
qui sait) et son élève (l’ignorant).
De fait, les UST sont devenues des acteurs stratégiques des programmes et
projets de DD.
Il n’est pas un pays ou une région qui ait connu ou connaisse un
développement économique et social, au cours des 3 décennies, sans que des
structures d’ESRS contribuent de manière significative, à cet essor.
• Dans le contexte algérien de début du 21ème
siècle:
• il est urgent de " revisiter" les institutions d’ES qui
ont vocation à assurer la formation initiale des futurs
cadres scientifiques et techniques dont le pays va
avoir besoin durant la prochaine décennie, pour
construire son développement.
5. Notre problématique
• Quel ingénieur ?
• Pour quel développement ?
• Quel parcours de formation ?
6. La formation initiale de l’ingénieur
6.1 Point de vue des pays avancés concernant les tendances
relatives à la formation des “ artisans du futur ”
•
Face à l’internationalisation, les entreprises doivent accroître leur
réactivité face aux évolutions du marché.
•
Pour la pérennité des entreprises, les cadres et les ingénieurs doivent
développer leurs facultés d’anticipation et de souplesse pour
répondre au défi permanent d’adaptabilité.
•
Dans les entreprises compétitives, les services en charge du
recrutement accordent une attention particulière au futur cadre à
recruter, sur les deux champs d’observations suivants :
• celui des connaissances, scientifiques, technologiques et
managériales, et, des compétences de base d’un professionnel,
• celui des aptitudes comportementales concernant les
compétences sociales.
6.2 Les connaissances et les compétences
professionnelles du futur ingénieur
Rappel : OBTENIR un “ diplôme d’ingénieur n’a jamais signifié posséder les
expertises d’un ingénieur expérimenté.
Ces connaissances peuvent s’énumérer comme suit, pour un domaine d’activité
déterminé (informatique, mécanique, électronique, télécom, hydraulique, chimie etc).
•
connaissances scientifiques de base (mathématiques, physique, sciences de base,
etc),
•
connaissances techniques et technologiques propres au domaine de spécialité, et,
des NTIC,
•
connaissance en matière d’organisation, de préparation et de réalisation du travail
et des projets,
•
savoir solliciter son ingéniosité et son créativité,
•
savoir apprendre tout au long de la vie (professionnelle).
6.3 Les aptitudes comportementales
du futur ingénieur
Il s’agit principalement des capacités d’ordre social, telles
que :
•
savoir confiance en soi (valoriser ses points forts),
•
savoir se remettre en cause (condition du progrès),
•
savoir travailler en équipe (internationale),
•
savoir communiquer par écrit et oralement (maîtrise de plusieurs langues),
•
savoir prendre des risques (savoir choisir),
•
savoir, exercer l’autorité (savoir être juste),
•
avoir la volonté d’entre prendre (réaliser),
•
avoir l’intelligence des êtres et des situations (maturité).
6.4 Pour conclure
Les systèmes de formation initiale des ingénieurs les préparent :
•
à disposer d’une culture générale étendue et d’une réelle ouverture
d’esprit (curiosité),
•
à apprendre en permanence et enseigner à son tour,
•
au désir d’innover, d’agir, d’entreprendre et de créer,
•
à développer ses capacités pour communiquer, écouter, négocier, vendre
ses idées,
•
à s’appuyer sur une intelligence pratique des êtres et des situations,
•
et donc à asseoir une personnalité affirmée et une très grande
adaptabilité.
7. La problématique nationale
Comment établir les critères qualitatifs de la formation des
ingénieurs par les UST
Actuellement encore, et malgré la promulgation des textes législatifs
définissant les réformes de l’ESRS, les enseignements proposés par les
UST concernent essentiellement l’acquisition, par les étudiants,
des connaissances académiques dans les disciplines
scientifiques de base, nombre des enseignants adhérent à cette
approche réductrice de leur mission envers les étudiants.
Cette situation est à haut risque pour le devenir du pays, de ses
opérateurs économiques, et de ses collectivités territoriales.
Le problème d’actualité à résoudre par les UST nationales est bien celui
de l’EMPLOYABILITE de leurs diplômes et de leurs chercheurs.
• S’agissant de la formation des ingénieurs dont le pays a
besoin pour porter ses projets et programmes de DD, au
plan national et internationa, il apparaît urgent de préciser
les aspects qualitatifs de ce type de formation à
caractère hautement sensible.
• Tout comme, leurs futurs homologues des pays
avancés et ou des pays émergents, les ingénieurs
algériens, doivent acquérir les mêmes types de
compétences professionnelles d’une part, et, des
comportements sociaux analogues, d’autre part.
• Ce rapprochement des systèmes d’enseignement supérieur
algériens avec les normes internationalement admises, ne
signifie pas pour autant, la perte de nos valeurs sociales.
8. Contribution des opérateurs économiques publics et privés à la
formation initiale des ingénieurs
•
Dans le contexte actuel, et, face aux urgences inhérentes à l’insertion de l’Algérie dans
l’économie mondialisée, les UST doivent trouver auprès des opérateurs économiques
publics et privés les ressources et les compétences requises pour participer à
l’actualisation de leurs filières de formation d’ingénieurs.
•
De ce point de vue, le Premier Forum USTHB/ENTREPRISES, et, les Ateliers
USTHB/ANDRU qui lui ont succédé, ont illustré, avec force, les capacités de
mobilisation des entreprises publiques et privées, figurant parmi les leaders
stratégiques du programme économique de la période 2004-2009 (Energie :
Sonatrach – Sonelgaz, Télécommunications : ARPT, Algérie – Télécom, Câbleries des
Télécom, Eau :ABH, ANRH, ANB, ADE, ONA, Matériaux de construction : CETIM,
ARGILEX, Travaux publics : Dial Dragados, Mécanique : SNVI etc), conf. Patron.
•
Cette mobilisation conjointe des capacités des UST, et, des expertises et des
ressources des entreprises, demande à être traitée avec une grande attention, étant
donné les enjeux en cause.
•
Toutefois, l’intérêt manifesté par les parties concernées pour améliorer
l’employabilité des diplômés des UST, témoigne d’une prise de conscience salutaire
de la part des enseignants, des entreprises, et, bien sur des étudiants, futurs
cadres de l’économie nationale.
8.1 PRINCIPAUX APPORTS DES ENTREPRISES
AUX FORMATIONS INITIALES DES INGENIEURS
Cinq formes principales :
• Prestations de formation des experts des entreprises
(chercheurs et ingénieurs seniors) au titre des enseignements
techniques, technologiques, économiques et sociaux.
• Accueil et tutorat des étudiants en stage.
• Coparrainage des projets de fin d’études (PFE).
• Mise à disposition d’équipements pédagogiques aux didactiques.
• Enseignements facultatifs sur la conduite de projets et la
création d’entreprises.
De tels apports judicieusement comanagés sont de nature à
améliorer rapidement l’EMPLOYABILITE des ingénieurs en
favorisant, notamment, la diversification des profils selon les
besoins exprimés par les opérateurs économiques et les
collectivités territoriales.
•
Pour assurer le devenir des UST, et, l’amélioration de l’efficience du
système d’enseignement supérieur dédié aux futurs cadres et
ingénieurs, l’étude des modalités de structuration de partenariats
durables avec les organisations professionnelles et leurs entreprises
industrielles et de services, s’impose à tous comme une priorité.
•
Le processus est engagé depuis le Premier Forum USTHB-Entreprises,
nous rendrons compte régulièrement des résultats obtenus et des
perspectives prévus (conférer le dossier mémoire des Ateliers
USTHB/ANDRU des 4. 5 et 6 Octobre2004, concernant les apports des
UST à la promotion du développement durable).
8.2 COMMENT ORGANISER ET PILOTER LES
APPORTS DES ENTREPRISES INDUSTRIELLES ET
DE SERVICES AU CURSUS DES INGENIEURS
(FUTURS MASTERS).
•
Ces apports doivent être identifiés, reconnus et contractualisés dans
l’intérêt des étudiants et de la bonne gestion des UST. En ce sens, ils doivent
être contractuellement cogérés par les enseignants-chercheurs concernés,
les intervenants des entreprises, les représentants des départements de l’UST
et les managers des entreprises, et/ou, de leurs organisations
professionnelles.
•
Même si certains de ces apports des entreprises sont effectués à titre
gracieux, ils doivent être quantifiés et évalués, puis intégrés dans le
bilan annuel des contributions des opérateurs économiques à la mise en
œuvre des cycles de formation des ingénieurs.
•
La pérennité des partenariats UST- Entreprises, exige une transparence
de toutes les activités et contributions des entreprises au
fonctionnement des cycles de formations universitaires.
REMARQUES FINALES
•
Ce type de pratique existe et fonctionne dans la plupart des pays
performants
de
l’économie
des
savoirs
et
de
l’innovation.
Apparemment, il ne suscite pas de protestations véhémentes de la part
des Professeurs émérites intervenant dans ces UST, bien au contraire.
•
Très souvent d’ailleurs, nombre de nos concitoyens qui occupent des
postes dans ces universités, participe à ces formations d’ingénieurs
avec une réussite certaine.
•
Dans l’intérêt de nos étudiants, de ceux de notre économie, nos UST
vont devoir se résoudre à mettre en œuvre les réformes de l ’ESRS qui
sont indispensables à la création d’entreprises industrielles et de
services capables de produire des richesses et d’assurer la préparation
de l’après pétrole.
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