
coûts engagés pour entretenir une équipe. Ces coûts ne produisent pas
d’effet de productivité, mais ils réussissent ou ne réussissent pas à créer une
marque qui produit un effet d’échelle sur les spectateurs potentiels des
événements sportifs engageant ce club.
De plus le football est un spectacle dont l’enjeu est la victoire. Il met en
scène deux clubs qui sont à la fois en coopération et en conflit pour produire le
spectacle. C’est le produit joint de leur activité commune dont l’enjeu est de se
différencier par le résultat sportif. Sur une succession de matches, constituant
une saison sportive, le destin des clubs est plus incertain que celui des entre-
prises dans un secteur concurrentiel. Cette incertitude est aggravée, dans le
football européen, par le système de ligue ouverte avec promotion-relégation
des clubs entre divisions hiérarchiques, alors que cette incertitude est faible
dans le système de ligue fermée des sports professionnels nord américains,
un club continuant à jouer dans cette ligue d’année en année quelque soit son
classement les saisons précédentes. En ligue ouverte, l’accession à des com-
pétitions européennes ou à l’opposé la relégation en division inférieure pour
les clubs participant aux championnats nationaux constituent des discontinui-
tés qui affectent les situations financières, bien plus que des variations de
parts de marché dans les secteurs concurrentiels qui ne sont pas soumis à des
innovations intenses. Quant aux start ups innovantes, elles ne sont justement
pas introduites en bourse sur les marchés standard. Elles sont évaluées et
financées par du venture capital.
Il est donc difficile à première vue de saisir l’avantage d’une introduction
en bourse sur des marchés publics, hormis de donner aux supporters l’illu-
sion d’une participation au capital, alors qu’il s’agit de dons déguisés. S’il
s’agit de renforcer le capital des clubs, le private equity est bien plus adapté
dans un tel secteur qui souffre principalement d’une mauvaise gouvernance.
Les fonds de private equity se donnent justement pour mission de restruc-
turer des entreprises sous performantes et de les revendre avec profit.
D’ailleurs Manchester United, le club le plus solide financièrement, a été
retiré de la cote. On peut soutenir que la mise sur le marché boursier des
entreprises, après que la réorganisation ait eu lieu, est nécessaire à la réa-
lisation de la plus-value. C’est alors la valorisation pour introduction en
bourse qui est le problème intéressant. Comment valorise-t-on une entre-
prise de football qui n’a pas déjà un prix de marché ? Cette question est
pertinente aussi lorsque les propriétaires de l’entreprise la revendent à un
autre fonds de private equity sans qu’il y ait de cotation publique.
L’avantage de la valorisation publique de cette activité de spectacle doit
aussi être considérée du point de vue des investisseurs institutionnels. On
peut soutenir qu’elle élargit les opportunités de diversification, surtout si les
rendements dans cette branche sont peu corrélés avec le cycle économique
du fait de sa spécificité. Pour examiner la pertinence de cette question, il faut
étudier le marché secondaire des cours boursiers dans la mesure où un tel
marché existe depuis le début des années 1990 au Royaume Uni, étoffé
ensuite par l’adjonction de quelques clubs non britanniques épars dans
d’autres pays. Mais, même si l’analyse montrait que ce marché a une cer-
taine efficience, ce qui est douteux, sa taille est lilliputienne vis-à-vis de la
capitalisation boursière mondiale sur laquelle opèrent les grands investis-
seurs institutionnels.
Bourse et Football
———————————————————————————————————————————————————
257
REP 118 (2) mars-avril 2008
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Tours - - 205.227.90.63 - 14/10/2013 09h58. © Dalloz
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Tours - - 205.227.90.63 - 14/10/2013 09h58. © Dalloz