neurs ou microprocesseurs embarqués dans une multitude d’objets
(ex : accéléromètres dans les smartphones), les étiquettes dite « intelli
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gentes » de type RFID, ou encore les réseaux sans fil de type Wi-Fi,
Wimax et autres.
Derrière une apparente uniformité, deux conceptions des objets
ainsi modifiés apparaissent dans ces recherches et tentatives d’inno-
vations. Conceptions qui posent une première difficulté au chercheur.
La première conception s’est donnée pour but de disséminer le plus
possible d’électronique, d’informatique, et – pour reprendre les termes
des concepteurs – de communication ou d’intelligence, dans les objets
usuels du quotidien. L’autre est plus problématique puisque, avec l’idée
de technologie calme, elle appelle tout simplement à une certaine dispa-
rition des artefacts, à un effacement de l’infrastructure technique et
matérielle.
Les sciences sociales, et plus particulièrement les sciences de
l’information et de la communication, sont fondées à investir ce
champ d’innovation – et ceci à plus d’un titre. Mais une recherche
sur ce thème (effectuée dans le cadre d’une thèse soutenue fin 2010)
ne peut revendiquer son inscription au sein des sciences sociales
qu’à condition de satisfaire à certains impératifs, particulièrement
visibles lors de la construction de l’objet de recherche : questionne
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ments sur la distance prise avec le sens commun, les pressions d’appli
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cation, sur la réflexivité, ou encore la charge critique contenue dans tel
ou tel positionnement épistémologique. Parmi ces interrogations,
celle portant sur la place à accorder aux objets « concrets », à l’aspect
« technique » et « matériel » du phénomène, nous paraît centrale et en
mesure d’éclairer quelques spécificités d’une recherche en sciences de
l’information et de la communication (SIC). Cette centralité est redoublée
par une autre difficulté, propre à ce sujet de recherche : ces objets
communicants sont marqués par une sorte de manque de « réalité » ou
de « concret » dû à leur existence sous forme essentiellement de projet
de recherche, de discours anticipatoires ou prospectifs, de prototypes
parfois, et bien plus rarement d’objet massivement commercialisés.
Cette réflexion sur la place du « technique » – pris dans sa
dimension aussi bien instrumentale-rationnelle que sociale-symbo-
lique – à l’intérieur d’un objet de recherche en sciences sociales,
couplée à une double exigence de montée en généralité de notre
propos et de mise à distance du champ observé, nous a incité à
modifier l’appellation même des objets concrets faisant l’objet de
notre investigation. La formule TIC interconnectées (ou mise en inter-
connexion des TIC) est donc venue remplacer les différents vocables