Q U E S T I O N S / R É P O N S E S ? Y a-t-il un intérêt au dosage des folates sériques dans le suivi des polyarthrites rhumatoïdes traitées par méthotrexate ? Le dosage répété des folates sériques n’est pas indiqué en pratique courante. Il n’a pas été démontré de corrélation avec la réponse clinique ou la tolérance. Le suivi du volume globulaire moyen sur la NFS, qui est, elle, indiquée dans la surveillance du traitement, permet une évaluation indirecte de l’effet antifolique du méthotrexate. Des dosages de folates intra-érythrocytaires (mais qui ne sont pas de pratique courante) ont été effectués par quelques équipes. J. Kremer, à l’ACR 98, avait pu montrer, à partir du suivi prospectif à deux ans de 25 polyarthrites rhumatoïdes, que les bons répondeurs sous méthotrexate voyaient leur taux de folates intra-érythrocytaires diminuer au fil du temps alors que les mauvais répondeurs avaient une évolution inverse. Il faut également signaler que, dans ce travail, les taux de départ étaient plus élevés dans le groupe des bons répondeurs ultérieurs que dans les autres groupes. D. Wendling ? Quelle est la meilleure méthode pour rechercher une infection génito-urinaire à Chlamydia trachomatis ? La recherche d’un foyer génito-urinaire à C. trachomatis est justifiée quand sont évoquées une arthrite réactionnelle ou une spondylarthropathie indifférenciée. On utilisait jusqu’à présent des méthodes directes avec mise en culture ou recherche d’antigènes bactériens par des techniques immuno-enzymatiques sur des prélèvements génitourinaires. L’inconvénient de ces techniques est essentiellement leur assez faible sensibilité (surtout pour la culture) et la nécessité de réaliser des prélèvements “agressifs” (frottis urétral). Depuis 1997, des techniques de détection de l’ADN de C. trachomatis par amplification génique (PCR) sont à la nomenclature (B80 à B100). Cette nouvelle méthode, très sensible et spécifique, s’effectue sur le premier jet urinaire ou sur des prélèvements urétro-vaginaux chez la femme, permettant ainsi d’éviter un frottis urétral. La plupart des laboratoires utilisent actuellement cette méthode. J. Sibilia La Lettre du Rhumatologue - n° 262 - mai 2000 Pouvez-vous me dire quelle attitude adopter vis-à-vis d’un patient sous Néoral® 200 mg/j (environ 2,5 mg/kg/j) pour polyarthrite rhumatoïde et dont la femme est enceinte depuis un mois ? Faut-il surveiller particulièrement la grossesse ? ? Il n’a pas été décrit d’effet mutagène du Néoral® dans les études précliniques. Il n’y a pas non plus d’effet tératogène démontré chez l’animal comme chez l’homme. Donc, a priori, il n’y a aucun problème chez votre patient et chez sa femme. Il faut la rassurer. Il n’y a aucune surveillance particulière à effectuer. B. Combe Un de mes patients a présenté une éruption cutanée non fébrile après une morsure de tique. La sérologie de Lyme est négative. D’autres germes que Borrelia burgdorferi peuvent-ils être transmis par des tiques ? ? Plusieurs autres espèces de Borrelia (Borrelia hispanica, Borrelia duttonii...) peuvent être transmises par une morsure de tique. Cependant, les réactions sérologiques croisées entre ces différentes espèces font que la probabilité d’une sérologie négative est peu vraisemblable. Plus fréquemment, on observe des sérologies faiblement positives, y compris lors des infections à Borrelia burgdorferi, du fait des variations antigéniques entre les souches européennes et les souches américaines à partir desquelles les sérodiagnostics ont été développés. Ces faibles taux sérologiques peuvent rendre délicate l’affirmation d’une infection aiguë, mais il ne s’agit pas de sérologies authentiquement négatives. D’autres infections peuvent être transmises par des tiques : les ehrlichioses, majoritairement dues à Ehrlichia chaffensis, et les babésioses, induites par Babesia microti. Ehrlichia peut être responsable de fièvre, céphalées, myalgies, rashs cutanés divers, thrombocytémie, leucopénie et élévation des transaminases. Le territoire géographique de l’ehrlichiose recouvre approximativement celui des borrélioses. La babésiose est une parasitose rare qui affecte essentiellement les sujets immunodéprimés. Elle se traduit par une fièvre et une anémie parfois profonde. Il 47 Q U E S T I O N S / R É P O N S E S faut cependant noter que les cas d’ehrlichiose et de babésiose rapportés en Europe demeurent exceptionnels. T. Schaeverbeke Un patient atteint d’une spondylarthropathie HLA B27 positive peu évolutive du point de vue rhumatologique est gêné par des complications oculaires : il fait, en effet, des uvéites à répétition (plusieurs épisodes par an), qui maintenant réagissent mal aux traitements locaux et même à la corticothérapie générale. Que peuton lui proposer ? ? Dans une telle situation d’uvéite HLA B27 récidivante, il semble qu’un traitement par salazopyrine soit capable de réduire la fréquence des épisodes d’uvéite, comme cela avait été suggéré par un travail de l’équipe de Cochin. D’autre part, en cas d’uvéite sévère, plusieurs études ouvertes ont démontré un effet positif du méthotrexate, avec en particulier un effet d’épargne cortisonique. D. Wendling ? Dans un syndrome de Gougerot-Sjögren, le syndrome sec est-il obligatoirement objectivable par le test de Schirmer ? Si oui, la xérophtalmie s’exprime-t-elle de façon strictement bilatérale ? Par définition, les différents critères diagnostiques utilisés justifient la mise en évidence d’un syndrome sec objectif. Les tests oculaires (rose Bengale, test de Schirmer) sont plus faciles à réaliser et à interpréter que les tests buccaux (test au sucre, mesure du flux salivaire), ce qui explique qu’ils soient plus souvent utilisés. Dans un syndrome de Gougerot-Sjögren constitué, le test de Schirmer est constamment anormal. En revanche, dans un syndrome de Gougerot-Sjögren débutant, l’hyposécrétion ne peut être que modérée. Cela s’observe particulièrement quand la maladie est révélée par un signe clinique extraglandulaire (lésion cutanée, atteinte pulmonaire, atteinte neurologique...) ou par un signe biologique (cytopénie, hypergammaglobulinémie...). Dans ce cas, c’est la présence d’un marqueur diagnostique (anti-Ro/SSA) et surtout la mise en 48 évidence d’un infiltrat lymphoïde glandulaire significatif qui permettent le diagnostic. Quel que soit le stade de la maladie (sauf dans les formes sèches très évoluées), il est possible d’observer une asymétrie de sécrétion lacrymale, avec dans certains cas (assez rares) un œil franchement sec et un autre ayant une sécrétion résiduelle considérée comme normale. Ces différentes constatations ont des conséquences pratiques : un test de Schirmer (qui peut se faire facilement au cabinet) doit être réalisé de façon bilatérale avec une mesure objective à cinq minutes. Ce test peut être normal (du moins au début) dans un syndrome de Gougerot-Sjögren qui commence par un signe extraglandulaire, mais, dans ce cas, il faut bien sûr d’autres critères pour poser le diagnostic. J. Sibilia ? Peut-on aller en vacances au Sénégal lorsque l’on souffre d’une polyarthrite rhumatoïde traitée par corticoïdes et méthotrexate ? Les voyages au Sénégal imposent une vaccination contre la fièvre jaune, et il est naturel de se poser la question des possibilités de vaccination contre cette arbovirose dans la mesure où elle utilise un vaccin “vivant”. En effet, une “immunosuppression notable” contre-indique ce vaccin. Pour la corticothérapie, on considère habituellement qu’elle ne contre-indique pas la vaccination tant que la posologie présente (et des trois derniers mois) est inférieure à 15 mg/j. Lors du traitement par méthotrexate, il n’existe pas de règle définissant l’importance de l’immunosuppression ; on peut penser que le risque de complication est faible en l’absence de lymphopénie et de pathologie infectieuse passée, mais on ne peut pas garantir l’absence de risque. Aussi, c’est au cas par cas que les possibilités de vaccination, et donc d’autorisation de voyage, doivent être discutées avec le médecin du centre de vaccination et de conseil aux voyageurs. A. Saraux Nous souhaitons que cette rubrique favorise les échanges. Faites-nous parvenir vos critiques, vos questions. Les auteurs et/ou le comité de rédaction y répondront. La Lettre du Rhumatologue - n° 262 - mai 2000