Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 3
Introduction
Tous les ans depuis 1995, les conférences internationales sur le changement
climatique se succèdent mais n’abordent qu’à la marge l’impact de l’alimentation
sur le climat, alors que LA question de demain sera la capacité ou non
de l’Humanité à se nourrir.
Les conséquences prévisibles du réchauffement sur la production agricole, la pêche et
l’élevage sont telles que nous ne pouvions rester inactifs. Avec plusieurs chefs, l’AJEC 21
(l’Association des journalistes énergie climat) et l’Ademe, nous avons lancé une action
intitulée « Bon pour le Climat ». Cette démarche de sensibilisation aux impacts directs
des changements climatiques sur l’alimentation vise les restaurateurs, les traiteurs,
les hôteliers, mais aussi tous les consommateurs.
D’ores et déjà, les rendements de céréales et de certaines grandes cultures stagnent.
Avec un écart de température de 2 ou 3 degrés, sans parler des sécheresses ou des
inondations, de l’accroissement de la violence des phénomènes climatiques, c’est tout le
système alimentaire qui sera remis en question. (Une agriculture qui, elle-même, n’est pas
innocente !) L’accroissement de la température des océans conjugué à une acidification
croissante, menace nombre d’espèces commerciales et de biotopes nécessaires à leur
reproduction.
Plus de végétal que d’animal
Pour nous, un plat qui privilégie le végétal, cuisiné avec des produits locaux et de saison,
est considéré comme « Bon pour le climat ». Quelle est la pertinence de cette approche et
quelles en sont les limites ? Quels sont les impacts réels de l’élevage et de la pêche sur le
climat (la pêche elle-même étant victime du réchauffement) par rapport à la production de
légumes ? Quels sont les impacts respectifs des différentes formes d’agriculture ? Quel est
le modèle d’agriculture, de pêche et d’élevage le plus compatible avec l’objectif préconisé
d’un réchauffement limité à 2°C ?
Des produits d’origine locale…
Logiquement, nous voulons favoriser la production et la consommation locales. Mais les
réseaux de (la grande) distribution sont ainsi organisés que nous ne pouvons négliger la
problématique du dernier kilomètre. Les circuits courts tant vantés ont-ils toujours un
meilleur bilan carbone ? Quel est l’impact des différents modes de transport des produits ?
Même s’il est probable que l’acheminement d’un produit se fera de façon multimodale,
comment évaluer le bilan des différents modes de transport : camion, train, bateau,
avion ? Qu’en est-il de la viande, rouge à fort impact, ou blanche et des volailles ?
Une production locale de poulets en batterie est-elle préférable à une production en
plein air, bio ou label rouge ou AOC venant de plus des 200 kilomètres maximum
habituellement retenus dans une approche locavore. D’ailleurs cette approche est-elle
réaliste ou faut-il la pondérer ?
Fini de jouer !
“Il faut changer
nos habitudes
alimentaires sans
attendre que cela
s’impose à nous.”