20 La Lettre du Psychiatre - Suppl. Les Actualités au vol. II - n° 1 - mars 2006
>Écho
des Congrès
manifeste une émotion de manière exa-
gérée (les pleurs pour les femmes, la
colère pour les hommes), sa crédibilité
en souffre. Ces observations ont des
implications évidentes et devraient être
prises en compte dans la préparation
des jurés d’un tribunal.
❯Waddill P, Arledge R, Mc Bride S. Context-
specific schemata affect judgments of witness
credibility. Psychonomic Society 2005;10:104.
ÉVOQUER LA FAMILIARITÉ
SANS LA REMÉMORATION :
UNE MODÉLISATION
DE L’EXPÉRIENCE DE “DÉJÀ VU”
Dallas (États-Unis)
La sensation de “déjà vu” est une
contradiction forte entre une sensation
subjective de familiarité et un senti-
ment objectif de nouveauté. Une hypo-
thèse explicative à la survenue de ces
impressions est que l’individu pourrait
avoir déjà expérimenté tout ou seule-
ment une partie des aspects de l’expé-
rience incriminée dans une occasion
précédente. Mais la remémoration expli-
cite de cette situation précédente est
absente, cependant que les représenta-
tions de la mémoire implicite (qui se
fait à l’insu du sujet) déclenchent un
sentiment de familiarité. A. Brown et
E. Masch ont cherché à savoir si une
exposition préalable et superficielle à la
photographie d’un endroit donné pou-
vait par la suite influencer une per-
sonne, et l’amener à croire qu’elle a
effectivement visité cet endroit parti-
culier. Les stimuli utilisés étaient des
photos de scènes se passant sur un
campus inconnu (parce qu’il était plau-
sible que les étudiants participant à
l’expérience aient effectivement visité
cet endroit). Lors d’une brève présenta-
tion de ces photographies représentant
des scènes d’un campus inconnu, les
étudiants devaient localiser sur chaque
photo l’existence d’un petit marquage
blanc en forme de croix. La moitié des
photos étaient ordinaires et l’autre moi-
tié d’entre elles présentaient des carac-
téristiques uniques. Les photos étaient
présentées à une, deux ou trois
reprises. Une à trois semaines, plus
tard, on montrait aux mêmes étudiants
des photos du campus inconnu ainsi
que des photos de leur propre campus.
Ils avaient à juger s’ils avaient déjà
visité cet endroit, et quantifier leur
conviction (tout à fait sûr, probable-
ment, possible, jamais vu). Les résul-
tats montrent que la présentation préa-
lable et superficielle de localisations
non familières augmentait la croyance
que les sujets avaient ultérieurement
d’avoir effectivement visité ces empla-
cements. Si les participants étaient plus
confiants dans leur impression d’avoir
visité les lieux typiques, l’effet de l’ex-
position préalable ne dépendait cepen-
dant ni du caractère typique du lieu
inconnu, ni du délai écoulé entre la
présentation initiale et le test final.
Près de la moitié des participants indi-
quaient avoir ressenti une sensation de
“déjà vu” lors de l’expérience…
❯Brown A, Marsh E. Evoking familiarity without
recollection: modeling the “déjà vu” experience.
Psychonomic Society 2005;10:132.
VRAIS ET FAUX SOUVENIRS
AUTOBIOGRAPHIQUES
CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES
Miami (Floride)
Les souvenirs autobiographiques
constituent un ensemble d’expériences
et de souvenirs utiles aux chercheurs
qui tentent d’identifier les caractéris-
tiques essentielles de la mémoire qui
permettraient de préciser si un souve-
nir est vrai ou faux. Par ailleurs, les
types de conscience associés à la remé-
moration, à savoir la
remémoration
consciente
lors de laquelle le sujet se
souvient explicitement de certaines
caractéristiques de l’expérience, et le
simple sentiment de
familiarité
(le
sujet se souvient seulement qu’il a vécu
cet événement, sans pouvoir rien en
dire de plus), fournissent des informa-
tions concernant l’expérience subjective
accompagnant la remémoration. Selon
les hypothèses actuelles, certaines
composantes de la mémoire comme le
“quoi” et le “qui” sont des composantes
plus essentielles des souvenirs autobio-
graphiques que le “où” et le “quand”.
Les auteurs de cette présentation ont
cherché à préciser dans quelles condi-
tions des souvenirs altérés peuvent être
considérés comme véridiques chez des
adultes âgés (70 ans en moyenne). Ils
leur ont présenté des informations rela-
tives à seize événements, dont huit
étaient basées sur des souvenirs décrits
par les participants un an auparavant.
Quatre de ces souvenirs étaient authen-
tiques. Pour quatre autres, un des élé-
ments avait été modifié. Les altérations
avaient été réalisées soit en paraphra-
sant le souvenir, ce qui signifie que
l’essentiel du souvenir était correct,
soit en insérant un détail incorrect
(l’activité, le participant, la localisation
ou la composante temporelle) qui
modifiait le souvenir. Les participants
devaient évaluer si ce souvenir était
identique ou non à celui qu’ils avaient
décrit un an auparavant. Les résultats
montrent que la mémoire autobiogra-
phique est remarquablement bonne
après un délai relativement long. Tou-
tefois, des souvenirs altérés sont volon-
tiers sélectionnés comme “véritables”
lorsqu’ils ont été paraphrasés. En outre,
le fait d’altérer la composante tempo-
relle entraînait plus de faux souvenirs
que celui d’altérer ces autres dimen-
sions liées à l’événement de base que
sont l’activité, le participant ou la loca-
lisation.
❯Dijkstra K, Misirlisoy M. Remember and know
judgments for true and false memories in auto-
biographical memories. Psychonomic Society
2005;10:76.
PERCEPTION DE L’ÂGE
SUR LES VISAGES
Bradley (États-Unis)
Les visages véhiculent un certain
nombre d’informations, notamment le
sexe, l’état émotionnel et l’âge. La
perception de l’âge joue un rôle impor-
tant dans beaucoup de situations, par