Des préjugés sociaux, partis pris
et prises de décision
Banaji et Geenwald ont démontré l’exis-
tence d’un biais lié au sexe lorsque des sujets
ont à exprimer un jugement de célébrité sur
des personnages donnés. Ils ont constaté
que, pour des personnages ayant déjà été
présentés une fois aux sujets, les noms mas-
culins étaient considérés comme plus
célèbres que les noms féminins. Il existerait
donc une différence dans les critères d’éva-
luation, les hommes bénéficiant de critères
plus larges que les femmes pour l’estima-
tion de leur célébrité, observation confirmée
par la suite par A. Buchner et ses collabo-
rateurs.
Dans un autre ordre d’idées, D. Poole et
S. Lindsay rapportent les résultats d’une série
d’expériences au cours desquelles de jeunes
enfants participaient à des interactions en tête
à tête avec un homme dénommé
“Mr Science”. Après quoi, les enfants rece-
vaient de la part de leurs parents des infor-
mations erronées concernant les expériences
de Mr Science. Interrogés par la suite, les
enfants donnaient souvent des réponses
erronées. Lors d’entretiens libres, les enfants
de 3 à 8 ans rapportaient souvent comme véri-
diques des événements qui leur avaient été
suggérés, incluant des souvenirs d’attouche-
ments corporels ambigus. Un questionne-
ment plus dirigé amenait encore une aug-
mentation de tels faux souvenirs, en
particulier chez les enfants les plus jeunes.
Des instructions contrôlant la source de l’in-
formation permettaient de réduire les faux
souvenirs chez les enfants les plus âgés, mais
pas chez les plus jeunes. L’instauration d’une
procédure d’entraînement à contrôler la
source des informations, lorsqu’elle est mise
en place au début de l’entretien, permet de
réduire les témoignages erronés des enfants
les plus âgés, en réponse à un entretien libre
ou à des questions directes. Les enfants plus
jeunes, quant à eux, ne retirent pas de béné-
fice de cet entraînement. Ce type d’influence
doit donc être pris en compte pour distinguer
la remémoration réelle d’agressions physiques
dans l’enfance de possibles faux souvenirs.
De l’interprétation des expressions
La reconnaissance de l’expression du
dégoût semble médiée par deux substrats
neuroanatomiques distincts : en effet, cer-
tains travaux démontrent que la maladie
de Huntington peut entraîner une pertur-
bation disproportionnée de la capacité à
reconnaître l’expression faciale du dégoût.
Par ailleurs, des études de résonance
magnétique nucléaire montrent que les
expressions faciales du dégoût mettent en
œuvre des zones cérébrales (l’insula et le
putamen) différentes de celles activées par
les expressions faciales d’autres émotions.
Toutefois, l’interprétation de ces études ne
sera pas la même selon que l’on considé-
rera qu’elles ont permis d’identifier un
système spécialisé de mise en œuvre des
signaux faciaux du dégoût, ou plutôt un
système supramodal qui serait impliqué
dans l’analyse des signaux de cette émo-
tion à partir de toutes les modalités sen-
sorielles. Des éléments de réponse sont
fournis par A. Calder et ses collaborateurs,
qui se sont intéressés au cas de NK, un
jeune homme de 25 ans souffrant d’une
atteinte de l’insula gauche et du ganglion
de la base gauche. NK montrait une per-
turbation des capacités à reconnaître tant
les signaux faciaux que vocaux du dégoût
et paraissait avoir une estimation person-
nelle réduite du dégoût. Les déficits de NK
suggèrent l’implication d’un système
supramodal permettant la reconnaissance
de l’expression du dégoût à partir de
modalités multiples.
D’autres travaux démontrent que les
hommes attribuent de façon erronée un
contenu sexuel à la manifestation d’un
simple comportement amical de la part des
femmes. On suppose que cette fausse
interprétation des expressions fait partie
de la constellation de facteurs qui pour-
raient entraîner un certain nombre de pro-
blèmes, le plus grave étant le viol.
R. Mehiel et ses collaborateurs ont quant
à eux cherché à mettre en évidence une
éventuelle différence liée au sexe dans les
attributions d’intentions à autrui concer-
nant d’autres types de motivation. Ils ont
ainsi pu constater que les sujets masculins
avaient plus tendance que les femmes à
considérer les autres comme affamés,
cependant qu’aucune différence liée au
sexe n’était observée dans l’attribution de
l’expression de la crainte.
Mémoires des événements agréables
et traumatiques
Pour savoir si les expériences traumatiques
sont rappelées de manière plus ou moins
vive ou cohérente par rapport à d’autres
événements, les Drs Hyman et Byrne ont
comparé l’évaluation par les individus de
leurs souvenirs concernant des expé-
riences traumatisantes ou des expériences
agréables. Ils se sont ainsi intéressés aux
souvenirs de lycéens ayant vécu une expé-
rience traumatisante et à des enfants sui-
vant une psychothérapie pour des pro-
blèmes reliés à un traumatisme. Dans tous
les cas, les expériences traumatiques sont
rappelées de manière moins vivaces que
les expériences agréables.
Déficits de l’initiation de l’action,
de la mémoire et de la métamémoire
dans la schizophrénie
La difficulté à initier la pensée et le com-
portement est une caractéristique fonda-
mentale de la schizophrénie. Ces symptômes
sont habituellement difficiles à traiter et
contribuent à la mauvaise insertion sociale
et professionnelle des patients. S. Caissie et
ses collaborateurs ont cherché à mettre en
évidence le rôle des instructions explicites
dans l’initiation d’une tâche simple. Les
sujets avaient à presser sur l’un ou l’autre de
deux boutons pour signaler la présence ou
l’absence d’une lettre donnée. L’hypothèse
était que les individus schizophrènes seraient
perturbés dans la situation pour laquelle les
liens entre le stimulus et la réponse n’ont pas
été clairement définis. C’est effectivement
ce qui s’est vérifié : les patients semblaient
avoir des difficultés particulières pour initier
un comportement donné en l’absence d’ins-
tructions explicites.
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congrès congrès
Écho des congrès