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dité, le score prédictif comprenait l’existence d’une pathologie septique, d’une maladie vasculaire,
d’une longue durée opératoire (> 3 heures) ou d’une démence. Le problème essentiel des compli-
cations postopératoires chez le malade âgé est le risque de perte d’autonomie du malade, respon-
sable d’un surcoût médical et social, et le risque d’aggravation des pathologies préexistantes (10,
11). Au total, trois analyses multivariées ont étudié les facteurs de risque de mortalité postopéra-
toire des malades âgés (6-8). Les maladies psychiatriques, rarement étudiées malgré leur fréquence
chez les personnes âgées, représentent pourtant un facteur de risque majeur, probablement à cause
de la perte d’autonomie et de la moindre participation du malade aux soins postopératoires parfois
lourds. Les maladies septiques augmentent la mortalité, car l’anesthésie et surtout la chirurgie favo-
risent la diffusion bactérienne, responsable de chocs septiques et de décès (12). Les maladies vascu-
laires sont un facteur de risque surtout pour la chirurgie digestive (7). La cirrhose, même asymp-
tomatique, augmente la mortalité, car l’anesthésie et la chirurgie peuvent décompenser l’ascite,
entraînant des infections d’ascite, des complications hémorragiques et des encéphalopathies, par-
fois létales (13). Certaines interventions, comme la chirurgie du pancréas, du foie, de l’œsophage
ou de l’estomac, sont associées à une mortalité élevée (8, 12-14). De même, une laparotomie explo-
ratrice (46 %) ou une chirurgie gastroduodénale (31 %) ont une mortalité plus élevée que la chi-
rurgie colorectale, biliaire, urogynécologique, vasculaire ou pariétale ( 20 %). Ce critère n’est
cependant pas un facteur de risque indépendant, probablement en raison de son interaction avec
les pathologies médicales intercurrentes.
• Une intervention longue, par exemple de plus de trois ou quatre heures, est également connue pour
être responsable de complications postopératoires, en général septiques, cardiovasculaires ou respi-
ratoires, sans toutefois augmenter systématiquement la mortalité (12). Ce constat, qui consiste à dire
que la morbidité n’est pas constamment associée à une augmentation de la mortalité postopératoire,
est en général vérifié en pratique chirurgicale courante chez les malades jeunes. Cependant, la phy-
siologie propre du malade âgé ne lui permet probablement pas de lutter contre les complications post-
opératoires aussi efficacement que le malade plus jeune, même lorsque les examens objectifs ne mon-
trent pas d’insuffisance majeure. Cela est particulièrement observé chez les malades du quatrième âge,
c’est-à-dire au-dessus de 85 ans, et définit ce que l’on pourrait appeler la “réserve” du malade âgé.
La littérature ne permet pas de confirmer cette analyse en raison de la subjectivité de cette donnée.
Mais l’expérience chirurgicale permet quand même de constater que la morbidité grave peut favori-
ser la mortalité chez les malades âgés. La chirurgie du malade âgé doit donc être simple, courte et
sans risque. L’antibioprophylaxie, répétée si nécessaire, doit être systématique et encore plus rigou-
reuse chez les malades âgés pour éviter les complications postopératoires, tout comme la prévention
médicale et/ou le traitement précoce postopératoires des défaillances d’organes.
• Quand une intervention en urgence est nécessaire, le risque opératoire doit être clairement exposé
au malade si possible, ou sinon à la famille (11). En cas de facteurs de risque, l’alternative médicale,
si elle existe, doit être proposée de manière à permettre le traitement premier, ou au pire l’améliora-
tion, des maladies associées. Il en est de même pour la chirurgie élective qui permet, elle, de se don-
ner plus de temps pour corriger les troubles potentiellement réversibles. Dans la littérature, d’autres
pathologies (rénale, respiratoire, neurologique, cardiaque) ou procédures (type d’anesthésie ou chi-
rurgie en urgence) sont associées à un risque plus élevé de morbidité et de mortalité postopératoires
(6-8). Ces études ne comparent pas ces critères à ceux précédemment cités, sauf en ce qui concerne
la cirrhose hépatique.