congrès RÉUNION ERS (European Rhinologic Society) et ISIAN (International Symposium of Infection & Allergy of the Nose) 2008 : compte-rendu J.F. Papon* Maris, Crète, du 15 au 19 juin 2008 L’ERS et l’ISIAN 2008 ont été très riches en communications, les principaux thèmes abordés étant la chirurgie du nez et des sinus, les allergies, les pathologies infectieuses et les pathologies inflammatoires naso-sinusiennes. Symposium sur la sinusoplastie (d’après les communications de H.L. Levine, Cleveland ; J. Rowe Jones, Brighton ; et P. Castel Nuovo, Brescia) * Service ORL, hôpital Henri-Mondor, Créteil. La sinusoplastie consiste à dilater avec un ballonnet l’ostium du ou des sinus pathologiques. Son intérêt réside dans son caractère peu invasif, qui épargne la muqueuse nasale et n’entraîne pas de phénomène de cicatrisation. Le principe de cette technique, introduite en 2005, repose sur la mise en place par voie endoscopique d’un cathéter dans le sinus à traiter. La position intrasinusienne du cathéter est contrôlée par amplification de brillance. Le cathéter sert ensuite de guide pour positionner un ballonnet radio-opaque au niveau de l’ostium. Le ballonnet est “non compliant”, ce qui va entraîner une dilatation de l’ostium lors de son gonflement. Le ballonnet est retiré immédiatement après l’insufflation. Les auteurs ont rapporté les résultats d’une étude d’efficacité et d’innocuité (CLEAR Study). Dans cette étude, les critères pris en compte ont été le score de symptômes naso-sinusiens (SNOT 20) et le score radiologique de Lund-Mackay. Les indications étaient des rhinosinusites chroniques en échec de traitement médical pour lesquelles une chirurgie était recommandée. La caractérisation exacte de ces sinusites n’est cependant pas précisée dans cette étude. Quatrevingt-quinze patients (307 sinus) ont été étudiés, avec 12 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 315 - octobre-décembre 2008 un recul moyen de 24 semaines. Parmi ces patients, 52 % ont été traités par sinusoplastie associée à un geste classique (unciformectomie, résection du récessus frontal, ethmoïdectomie), et 48 % exclusivement par sinusoplastie. Les résultats de cette étude montrent que, pour 81 % des patients, la dilatation ostiale s’est maintenue dans le temps, et que 84 % des patients ont éprouvé une amélioration des symptômes. Les autres indications qui ont été rapportées sont les céphalées d’origine rhino-sinusienne (pneumatisation de la cellule de l’ager nasi) ou la dilatation de sténose postchirurgicale du canal naso-frontal. D’après ces auteurs, cette technique semble pouvoir être utilisée dans certains cas bien sélectionnés. Cependant, elle nécessite une irradiation du patient, puisque la mise en place du cathéter se fait sous amplificateur de brillance ; de plus, le coût du matériel semble assez élevé, puisqu’il s’agit d’un matériel à usage unique. Des études de plus grande envergure semblent donc nécessaires, avec une meilleure caractérisation de la pathologie, pour juger de l’intérêt de cette technique. Prise en charge des épistaxis dans la maladie de Rendu-Osler (d’après la communication de V.J. Lund, Londres) Le Pr V.J. Lund a présenté son expérience auprès de 198 patients atteints de la maladie de Rendu-Osler. Les épistaxis avaient débuté durant l’enfance dans 54 % des cas, et les patients avaient reçu de nombreux traitements, parmi lesquels la photocoagulation au laser, le traitement hormonal, la septo-dermoplastie et l’exclusion de la fosse nasale. La photocoagulation au laser est réalisée par laser Nd-YAG, KTP ou Argon, le but étant d’obtenir un blanchiment des télangiectasies. Ce type de traitement peut être réalisé à la demande et a permis de réduire les saignements dans congrès RÉUNION 74 % des cas. Le principe du traitement hormonal par voie générale repose sur la présence de récepteurs estrogéniques dans la muqueuse nasale qui pourrait induire une métaplasie squameuse de l’épithélium. L’éthynilestradiol est prescrit à la dose de 0,25 à 1 mg par jour, ce qui implique des effets indésirables particulièrement gênants chez les hommes (baisse de la libido, gynécomastie, etc.). Des traitements par progestérone ont également été testés, mais le recul est trop court pour que l’on puisse juger de leur innocuité. Les traitements hormonaux par voie générale ont permis d’obtenir une réduction des saignements dans 72 % des cas. La septodermoplastie consiste quant à elle en l’exérèse de la muqueuse septale, qui est remplacée par une greffe de peau mince. Elle est réalisée d’un côté puis, si nécessaire, de l’autre côté quelques mois plus tard. Elle permet une diminution des épistaxis dans 83 % des cas, mais son efficacité semble diminuer avec le temps, des télangiectasies se développant au niveau des berges de la greffe. L’association du laser et de la septo-dermoplastie semble également intéressante, la septo-dermoplastie permettant de réduire significativement le nombre de séances de laser. Enfin, l’exclusion nasale est fondée sur la réalisation d’une incision vestibulaire circonférentielle qui est ensuite suturée sur ellemême ou en V/Y. Elle peut être réalisée de façon uni- ou bilatérale et a permis de faire disparaître le saignement dans 93 % des cas. La persistance du saignement était due à celle d’un pertuis au travers de la suture. Actualités sur les mécanismes physiopathologiques de la rhino-sinusite infectieuse chronique ➤➤Le Pr J.N. Palmer (Philadelphie) a décrit le rôle potentiel des biofilms dans la rhinosinusite chronique. Les biofilms se définissent comme une communauté structurée de bactéries enfermées dans une matrice protectrice. Ils se caractérisent par une résistance bactérienne aux défenses de l’hôte et par une diminution de sensibilité aux antibiotiques. Il a été suggéré que les sinus d’un nombre important de patients souffrant de rhino-sinusite chronique ou récurrente pouvaient être porteurs de biofilms. La formation du biofilm peut être comparée à celle des coraux marins : des bactéries libres flagellées se fixent au niveau de la surface de l’épithélium nasal et entraînent une diminution du battement ciliaire permettant à d’autres bactéries de les rejoindre et de se fixer à elles ; une matrice se forme et le biofilm se met à croître. L’état des connaissances ne permet pas encore de dire si les biofilms dans les sinus sont réellement pathogènes ou si, au contraire, ils pourraient empêcher la colonisation des sinus par des microorganismes plus pathogènes. Les traitements des biofilms ont pour but de prévenir l’attachement des bactéries, de favoriser leur détachement lorsqu’elles ont adhéré à un support, ainsi que de faciliter la fragmentation du glycocalyx et le développement d’une surface résistante à la formation du biofilm. Parmi les thérapeutiques connues, on peut citer les lavages des fosses nasales, les antibiothérapies locales, les corticothérapies locales. Cependant, leur efficacité n’a pas été prouvée dans l’éradication des biofilms. Un traitement original pourrait reposer sur des agents mucoactifs comme le surfactant, qui semble pouvoir inhiber la formation des biofilms et les éradiquer in vitro. ➤➤Le Pr P. Gevaert (Gand) a présenté une synthèse sur le rôle des superantigènes bactériens au cours des rhinosinusites chroniques. La présence d’IgE spécifiques de certaines entérotoxines de Staphylococcus aureus a été mise en évidence dans le tissu de patients atteints de rhinosinusite chronique. Ces entérotoxines pourraient se comporter comme un superantigène qui stimule directement les récepteurs des lymphocytes T, entraînant une activation massive de ces cellules responsable d’une modification de la réponse immunitaire, avec libération de cytokines pro-inflammatoires, augmentation de la quantité et de la durée de vie des éosinophiles et libération de chémokines. Parmi les thérapeutiques, une étude aurait montré une efficacité versus placebo de la doxycycline à raison de 100 mg par jour pendant 20 jours, celle-ci ayant permis de diminuer le score des symptômes rhinologiques, d’augmenter la perméabilité nasale et de diminuer certains marqueurs d’inflammation (MMP 9, ECP, MPO, IgE). ➤➤Le Pr J.S. Lacroix (Genève) a traité du rôle potentiel du staphylocoque doré dans la rhinosinusite chronique. Dans une première étude portant sur 29 patients atteints de rhinosinusite chronique récidivante, il a montré la présence intracellulaire du staphylocoque doré chez 18 patients. Ces derniers ont plus de traitements antibiotiques, des symptômes rhinologiques plus persistants et davantage de récidives que les patients non porteurs de staphylocoque intracellulaire. Cependant, certains de ces mêmes patients sont totalement asymptomatiques. Dans une seconde étude, il a analysé les La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 315 - octobre-décembre 2008 | 13 GSKEDC congrès RÉUNION prélèvements effectués chez 237 patients opérés soit pour rhinosinusite chronique soit pour septoplastie, et a détecté la présence intracellulaire du staphylocoque doré chez 40 % d’entre eux. Parmi ces porteurs, 40 % étaient symptomatiques. Il a ensuite analysé les toxines de staphylocoque chez les patients atteints de rhinosinusite chronique et chez les patients sains, et a mis en évidence la présence de deux exotoxines (P et Q) chez les patients atteints, absentes chez les témoins. Cependant, il n’a pas retrouvé de corrélation entre les toxines et le phénotype des patients souffrant de rhinosinusite chronique (présence ou absence de polype, d’asthme ou de maladie de Widal), non plus qu’avec la sévérité des symptômes. ➤➤Le Pr F. Ebbens (Amsterdam) a abordé le rôle des agents fongiques au cours de rhinosinusites chroniques. Tout d’abord, elle a rappelé que les champignons étaient présents dans le nez ou les sinus de quasiment toute la population. Les modalités de passage à une forme pathologique ne sont pour l’instant pas connues, et trois hypothèses sont actuellement à l’étude : une différence d’espèce fungique chez les patients porteurs sains et chez les patients atteints de rhinosinusite chronique, la présence d’une quantité plus importante d’agent fungique ainsi qu’une réponse immunitaire anormale chez les patients atteints de rhinosinusite chronique. Enfin, les traitements des rhinosinusites chroniques par antifungiques systémiques ou oraux n’ont pas fait la preuve d’une efficacité significative, y compris dans des études en double aveugle avec placebo. Une étude d’immunothérapie sans placebo aurait montré une certaine efficacité. ➤➤Pour finir, le Pr N. Cohen (Philadelphie) a développé les anomalies des fonctions ciliaires dans les rhinosinusites chroniques. L’épithélium nasal a pour propriété de contenir environ 80 % de cellules ciliées qui, par leur battement, assurent une épuration muco-ciliaire permanente. Pour ce qui est des rhinosinusites chroniques, il a été émis l’hypothèse que certaines bactéries (Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus, Haemophilus influenzae, Staphylococcus epidermidis) et certains virus (virus respiratoire syncytial) pouvaient avoir une action ciliotoxique. Les études sur les rhinosinusites chroniques aboutissent à des résultats discordants, puisque la clairance mucociliaire est soit maintenue, soit diminuée. Cependant, l’une d’elles a montré que la clairance muco-ciliaire était significativement augmentée 1 mois et 6 mois après chirurgie des sinus. Une étude de l’ultrastructure ciliaire a mis en évidence une augmentation des anomalies des cils en microscopie électronique au 14 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 315 - octobre-décembre 2008 cours des rhinosinusites chroniques. Enfin, l’auteur a rapporté les résultats d’une étude intéressante de la stimulation du battement ciliaire in vitro : lorsque les cellules ciliées sont exposées à l’ATP, la fréquence du battement ciliaire augmente de 50 % chez les sujets contrôles et dans la polypose naso-sinusienne, ce qui n’est pas le cas dans les cellules issues de patients souffrant de rhino-sinusite chronique. L’auteur conclut qu’il y aurait potentiellement une diminution du battement ciliaire au cours des rhinosinusites chroniques, et surtout une absence d’adaptation du battement qui pourrait participer à la stagnation des micro-organismes. Antibiothérapie au long cours dans les rhinosinusites infectieuses chroniques (d’après la communication de V.J. Lund, Londres) Les macrolides en traitement de fond ont des propriétés antibactériennes (bactériostatiques) mais surtout anti-inflammatoires (diminution des cytokines proinflammatoires et du nombre de leucocytes et augmentation de la clairance muco-ciliaire). Le Pr V.J. Lund a présenté une étude portant sur 90 patients atteints de rhinosinusite chronique pour lesquels une intervention chirurgicale était envisagée. Ces patients ont été randomisés entre un traitement par chirurgie puis macrolides avec lavage de fosses nasales et un bras macrolides seuls pendant trois mois avec corticothérapie locale et lavage de fosses nasales. Dans les deux groupes, il y a eu une amélioration des scores des symptômes rhinologiques et des scores de qualité de vie ainsi que, chez les patients asthmatiques, une amélioration de l’asthme. Ces bénéfices étaient identiques dans les deux groupes ; la seule différence notée concernait le volume des cavités nasales, significativement plus important chez les patients opérés que chez les patients traités exclusivement par macrolides. Les auteurs de cette étude concluent à l’efficacité d’un traitement par macrolides au long cours dans les rhinosinusites chroniques. Cependant, la dose à utiliser (demi-dose ?), la durée du traitement (traitement de trois mois ou traitement séquentiel six jours par mois pendant trois mois) et la prescription pré- ou postopératoire en cas de chirurgie posent encore question. Les effets indésirables des macrolides sont principalement gastro-intestinaux, et il n’a pas été mis en évidence de développement d’une résistance bactérienne dans ce type de prescription. ■ AVAM PHAR des s Appa traitem adéqu Posol dans Enfan Insuff Riton impor cliniqu voies enfan effica penda systé d’inte métab nourr Ulcér DURE D’IDE Prix : MARC Cede inform