tique de Pierre Duhem2 ‒ qui est le principal ouvrage dans la littérature se-
condaire que nous avons consulté. Cela nous servira dans le même temps à
justifier l’emploi de ces mots.
Au sens général, nous dirons que le réalisme est la doctrine selon la-
quelle il est possible d’atteindre un certain degré de connaissance de la réa-
lité. Si Pierre Duhem n’emploie qu’assez peu le terme, en revanche, il l’as-
simile régulièrement à la prétention d’expliquer la réalité3. Toutefois, sans
prétendre parvenir à une explication, l’attitude qui vise à une meilleure
compréhension de la réalité, à en dégager une connaissance toujours plus
approchée, peut, elle aussi, être qualifiée de réaliste. Car dans ce cas, il y a
une analogie, quoique imparfaite, entre cette connaissance et ladite réalité ;
et ce qu’il y a d’analogue dans la première est véritable, parce qu’intime-
ment lié à la seconde, au réel. Établissons néanmoins une restriction : le
réalisme qui concerne notre auteur a trait à la portée de la science, précisé-
ment de la théorie physique. En ce sens, nous distinguerons au cours de
notre mémoire deux réalismes : l’un que nous qualifierons de scientifique
et méthodique, car le physicien en ce cas cherche délibérément à dévoiler
la réalité en construisant la théorie ‒ c’est le type de réalisme auquel s’op-
pose Duhem et qui nous intéressera particulièrement dans le premier cha-
pitre ‒, l’autre, que nous rattacherons à la métaphysique, qui est le réa-
lisme en général, mais dont la forme n’est pas évidente lorsqu’il s’applique
au champ de la physique théorique, ce qui fait l’ambiguïté de la position de
Duhem.
2. J.-F. STOFFEL, Le phénoménalisme problématique de Pierre Duhem, p. 23-27.
3. P. DUHEM, La Théorie physique : Son objet et sa structure (abrégé en TP), Paris, Chevalier &
Rivière éditeurs, 1906, chapitre I, section I, p. 5-8.