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par Sarah Dauchy “Dépression et cancer”
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La Lettre du Psychiatre Vol. VI - n° 5 - septembre-octobre 2010 | 143
Vol. VI - N° 5 - septembre-octobre 2010
Sommaire
ÉDITORIAL
ÉDITORIAL 143
Dépression et cancer
Depression and cancer
S. Dauchy
ACTUALITÉS SCIENCES 145
Revue critique de la littérature
E. Bacon
DOSSIER THÉMATIQUE 151
Dépression et cancer
Coordonnateur : S. Dauchy
La dépression, une pathologie fréquente à dépister
systématiquement
Depression, a frequent pathology to screen systematically
M. Reich
La dépression : quels impacts chez le patient atteint
de cancer ?
Depression: what impact in patients with cancer ?
W. Rhondali
Quelques visages de la perte et de la dépression
dans la pratique cancérologique
Several faces of loss and depression in oncology
N. Bendrihen
Utilisation des antidépresseurs en oncologie :
actualités en matière de traitement pharmacologique
Use of antidepressants in oncology: an update
P. Rouby
LETTRE OUVERTE 172
Le
niqab
, l’hymen et la communauté
A. Ayouch Boda
EN PLUS…
Nouvelles de l’industrie pharmaceutique I 176
À lire I 177
Dépression et cancer
Depression and cancer
S. Dauchy*
* Psychiatre, chef du département de soins de support, insti-
tut de cancérologie Gustave-Roussy, Villejuif.
L
association des thématiques
dépression et cancer reste
dactualité. La prévalence de
la dépression concerne toujours un à
trois patients sur dix en moyenne et
elle est toujours aussi mal reconnue (1).
Ce diagnostic, qui résiste à l’évaluation
intuitive, est améliorable par une
formation des acteurs, la bonne connais-
sance des facteurs de risque et l’utilisation
systématique d’échelles, qui permettent
au moins de mieux reconnaître la
population potentiellement déprimée.
Larticle de M. Reich fait le point des
connaissances en ce domaine. Mais la
simple implantation d’un repérage systé-
144 | La Lettre du Psychiatre Vol. VI - n° 5 - septembre-octobre 2010
ÉDITORIAL
Références bibliographiques
1. Fann JR, Thomas-Rich AM, Katon WJ et al. Major
depression after breast cancer: a review of epide-
miology and treatment. Gen Hosp Psychiatry 2008;
30(2):112-26.
2. Gilbody SM, House AO, Sheldon TA. Routi-
nely administered questionnaires for depression
and anxiety: systematic review. BMJ 2001;322
(7283):406-9.
3. Chida Y, Hamer M, Wardle J, Steptoe A. Do stress-
related psychosocial factors contribute to cancer
incidence and survival? Nat Clin Pract Oncol 2008;
5(8):466-75.
matique ne suffit pas, en l’absence d’un réel effort organi-
sationnel, pour rendre accessibles aux patients des prises en
charge psychologiques adaptées et validées, qu’elles soient
médicamenteuses ou psycho thérapeutiques (2).
Les articles de P. Rouby et N. Bendrihen montrent comment
celles-ci sont à concevoir de façon complémentaire et non alter-
native. La prise en charge psychotrapeutique n’intervient que
lorsque le patient est prêt à s’y engager afin de prolonger et
d’enrichir le mouvement de relance émotionnelle et cognitive
généré par les antidépresseurs. Elle ne se substitue pas à
l’étape de repérage diagnostique assurée par l’équipe oncolo-
gique. La bonne organisation des soins doit être intégrativela
prise en charge médicale incluant l’évaluation systématique
d’une symptomatologiepressive, ce qui permet de faire un
diagnostic pcis et précoce des épisodespressifs majeurs ;
mais elle doit aussi être collaborative – parelle coopération
précoce avec une équipe de psycho-oncologie à me de rendre
accessibles à lensemble des patients des traitements médica-
menteux et psycho thérapeutiques adaptés et, si possible, valis.
Cependant, le problème posé par la dépression en cancéro-
logie dépasse largement un souci humaniste, au demeurant
gitime, d’attention portée à la souffrance psychologique des
malades. L’impact potentiellement large des troubles pressifs
est rappepar l’article de W. Rhondali : ils ont des effets sur la
morbidi somatique, la quali de vie mais aussi sur la relation
de soins, l’information, les choix thérapeutiques Autant de
points cruciaux dans le parcours des patients, qui contribuent
à rendre indispensable leur prise en charge.
Rappelons à ce sujet que l’étude des liens entre dépression
et incidence des cancers, ou dépression et progression de
ceux-ci, reste une question scientifique ouverte, même si le
mythe psychogénétique est bien ancré dans les croyances,
renforcé qu’il est par un flou conceptuel considérable entre
dépression, détresse, événements de vie, stress perçu, etc.
Jusquà la cente méta-analyse de Y. Chida et al. (3), la plupart
des études épidémiologiques concluaient à une absence de
preuve en termes d’incidence du cancer, mais à une possible
association à un moins bon pronostic de celui-ci – les études ne
contrôlant pas toujours certains facteurs confondants comme
la localisation ou la sévérité de la pathologie cancéreuse, le
recouvrement entre symptômes dépressifs et symptômes
somatiques, ou certains médiateurs potentiels comme la
moins bonne compliance au traitement du patient déprimé,
l’hygiène de vie, etc. La méta-analyse de Y. Chida, qui pose
plus clairement la question de ces différents biais, comme
celle des biais potentiels de publication positive, apporte des
résultats sensiblement difrents. Elle conclut à un lien faible et
douteux entre dépression et progression du cancer (OR : 1,08 ;
IC
95
: 1,02- 1,15 ; p = 0,01), alors qu’elle retrouve globalement
un risque accru de 30 % (OR : 1,29 ; IC
95
: 1,14-1,46 ; p < 0,001)
pour l’incidence des cancers chez les patients qui ont été
déprimés, surtout lorsque la durée cumulée des épisodes
s’allonge. La médiation potentielle de cet impact passe proba-
blement en partie par des facteurs comme l’hygiène de vie
ou l’accès aux soins, mais certaines hypothèses de recherche
existent autour de médiateurs biologiques comme des facteurs
génétiques, neuro-endocrines ou immunologiques.
La dépression reste à l’évidence un facteur d’inégaliface au
cancer, parmi de nombreuses autres caractéristiques psycho-
logiques permanentes ou transitoires qui font des patients des
individus pas toujours aussi rationnels, acteurs et participants
que l’évoque le discours social… et, à l’heure les inégalités
sociales sont dénoncées par le Plan cancer, permettre la prise
de conscience de ces facteurs d’inégalipsychologique est un
objectif fort pour la psycho-oncologie*. Nous souhaitons que
cette mise au point puisse éclaircir certains enjeux et acquis,
et qu’elle permette de soutenir l’intérêt de la communauté
cancérologique pour la prise en compte quotidienne de cet
enjeu majeur.
* Le prochain congrès de la Société française de psycho-oncologie, qui se
tiendra à Paris les 8-9-10 novembre prochains, aura pour thème “Inégalités
psychiques et cancer”.
Inégalités et Cancers :
Les enjeux psychiques
8-9-10 novembre 2010 - Maison Internationale - CIUP - Paris 14ème
Inscrivez-vous : www.sfpo.fr
SFPO
27 Congrès
de la Société Française
de Psycho-oncologie
ème
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