
144  |  La Lettre du Psychiatre • Vol. VI - n° 5 - septembre-octobre 2010
ÉDITORIAL
Références bibliographiques
1. Fann JR, Thomas-Rich AM, Katon WJ et al. Major 
depression after breast cancer: a review of epide-
miology and treatment. Gen Hosp Psychiatry 2008; 
30(2):112-26.
2. Gilbody SM, House AO, Sheldon TA. Routi-
nely administered questionnaires for depression 
and anxiety: systematic review. BMJ 2001;322 
(7283):406-9.
3. Chida Y, Hamer M, Wardle J, Steptoe A. Do stress-
related psychosocial factors contribute to cancer 
incidence and survival? Nat Clin Pract Oncol 2008; 
5(8):466-75.
matique ne suffit pas, en l’absence d’un réel effort organi-
sationnel, pour rendre accessibles aux patients des prises en 
charge psychologiques adaptées et validées, qu’elles soient 
médicamenteuses ou psycho thérapeutiques (2). 
Les articles de P. Rouby et N. Bendrihen montrent comment 
celles-ci sont à concevoir de façon complémentaire et non alter-
native. La prise en charge psychothérapeutique n’intervient que 
lorsque le patient est prêt à s’y engager afin de prolonger et 
d’enrichir le mouvement de relance émotionnelle et cognitive 
généré par les antidépresseurs. Elle ne se substitue pas à 
l’étape de repérage diagnostique assurée par l’équipe oncolo-
gique. La bonne organisation des soins doit être intégrative – la 
prise en charge médicale incluant l’évaluation systématique 
d’une symptomatologie dépressive, ce qui permet de faire un 
diagnostic précis et précoce des épisodes dépressifs majeurs ; 
mais elle doit aussi être collaborative – par réelle coopération 
précoce avec une équipe de psycho-oncologie à même de rendre 
accessibles à l’ensemble des patients des traitements médica-
menteux et psycho thérapeutiques adaptés et, si possible, validés. 
Cependant, le problème posé par la dépression en cancéro-
logie dépasse largement un souci humaniste, au demeurant 
légitime, d’attention portée à la souffrance psychologique des 
malades. L’impact potentiellement large des troubles dépressifs 
est rappelé par l’article de W. Rhondali : ils ont des effets sur la 
morbidité somatique, la qualité de vie mais aussi sur la relation 
de soins, l’information, les choix thérapeutiques… Autant de 
points cruciaux dans le parcours des patients, qui contribuent 
à rendre indispensable leur prise en charge. 
Rappelons à ce sujet que l’étude des liens entre dépression 
et incidence des cancers, ou dépression et progression de 
ceux-ci, reste une question scientifique ouverte, même si le 
mythe psychogénétique est bien ancré dans les croyances, 
renforcé qu’il est par un flou conceptuel considérable entre 
dépression, détresse, événements de vie, stress perçu, etc.
Jusqu’à la récente méta-analyse de Y. Chida et al. (3), la plupart 
des études épidémiologiques concluaient à une absence de 
preuve en termes d’incidence du cancer, mais à une possible 
association à un moins bon pronostic de celui-ci – les études ne 
contrôlant pas toujours certains facteurs confondants comme 
la localisation ou la sévérité de la pathologie cancéreuse, le 
recouvrement entre symptômes dépressifs et symptômes 
somatiques, ou certains médiateurs potentiels comme la 
moins bonne compliance au traitement du patient déprimé, 
l’hygiène de vie, etc. La méta-analyse de Y. Chida, qui pose 
plus clairement la question de ces différents biais, comme 
celle des biais potentiels de publication positive, apporte des 
résultats sensiblement différents. Elle conclut à un lien faible et 
douteux entre dépression et progression du cancer (OR : 1,08 ; 
IC
95
 : 1,02- 1,15 ; p = 0,01), alors qu’elle retrouve globalement 
un risque accru de 30 % (OR : 1,29 ; IC
95
 : 1,14-1,46 ; p < 0,001) 
pour l’incidence des cancers chez les patients qui ont été 
déprimés, surtout lorsque la durée cumulée des épisodes 
s’allonge. La médiation potentielle de cet impact passe proba-
blement en partie par des facteurs comme l’hygiène de vie 
ou l’accès aux soins, mais certaines hypothèses de recherche 
existent autour de médiateurs biologiques comme des facteurs 
génétiques, neuro-endocrines ou immunologiques. 
La dépression reste à l’évidence un facteur d’inégalité face au 
cancer, parmi de nombreuses autres caractéristiques psycho-
logiques permanentes ou transitoires qui font des patients des 
individus pas toujours aussi rationnels, acteurs et participants 
que l’évoque le discours social… et, à l’heure où les inégalités 
sociales sont dénoncées par le Plan cancer, permettre la prise 
de conscience de ces facteurs d’inégalité psychologique est un 
objectif fort pour la psycho-oncologie*. Nous souhaitons que 
cette mise au point puisse éclaircir certains enjeux et acquis, 
et qu’elle permette de soutenir l’intérêt de la communauté 
cancérologique pour la prise en compte quotidienne de cet 
enjeu majeur.  ■
* Le prochain congrès de la Société française de psycho-oncologie, qui se 
tiendra à Paris les 8-9-10 novembre prochains, aura pour thème “Inégalités 
psychiques et cancer”. 
Inégalités et Cancers :
Les enjeux psychiques
8-9-10 novembre 2010 - Maison Internationale - CIUP - Paris 14ème  
Inscrivez-vous : www.sfpo.fr 
SFPO
27 Congrès
de la Société Française 
de Psycho-oncologie
ème