styles de vie font leur temps et il y a beaucoup de styles de vie opposés qui se
juxtaposent au mode de vie conventionnel de l’establishment. En outre, il y a
le mode de vie du scientifique, de l’artiste, du philosophe, de l’ascète…Ainsi,
tout comme chacun de nous sélectionne son propre système de pensée et
s’identifie avec, nous choisissons notre propre style de vie et celui-ci devient
le seul mode de vie authentique dans le monde.
Permettez-moi de vous donner un exemple. Shankara était un intellectuel
brillant, un métaphysicien et un ascète du 9ème siècle ap. J.-C., en Inde. Dans
sa jeunesse, il renonça au monde, dans sa quête de la vérité et il développa une
philosophie par laquelle il ne croyait pas au principe féminin. Il le rejeta,
parce qu’il avait renoncé aux femmes et qu’il était un solitaire établi dans la
conscience de l’absolu. Convaincu que dans sa propre vie, il pouvait se passer
du principe féminin au sens humain du terme, il n’en avait pas besoin non
plus au sens divin du terme. Nous avons plus ou moins tendance à penser à
Dieu selon notre nature humaine et tel était son enseignement – pas
d’acceptation du besoin, du pouvoir ou de la valeur du féminin. C’était sa
mission de parcourir toute l’Inde en propageant le message de la pure
Conscience, sans la réalité de l’énergie de l’amour.
Un jour, après avoir débattu avec d’autres philosophes, il rentra chez lui. En
raison de tous les efforts qu’il avait produits durant toute la journée, il se
sentait terriblement fatigué, mais il lui restait encore quelques kilomètres à
parcourir. Il se sentait si fatigué et il avait si soif qu’il souhaitait
désespérément rencontrer quelqu’un qui lui donnerait un peu d’eau. Juste à ce
moment-là, il aperçut une mare toute proche, mais il était tellement fourbu
qu’il ne put effectuer les derniers pas pour atteindre le précieux liquide.
Juste alors, une belle villageoise qui se dirigeait vers la mare pour y puiser de
l’eau fraîche apparut avec une carafe. Shankara était enchanté et il lui
demanda : ‘’Auriez-vous la gentillesse de m’apporter un verre d’eau ? J’ai
tellement soif !’’ ‘’Certainement !’’, dit-elle. Après qu’il eut bu tout son soûl, il
se sentait vraiment bien et il regarda la femme d’un peu plus près. Et il
remarqua qu’elle était si belle et si charmante qu’il en tomba amoureux ! Il
était tellement pris par cet amour tout neuf qu’il bondit sur ses pieds et qu’il
s’apprêta à l’embrasser, mais celle-ci eut un mouvement de recul et elle dit :
‘’Shankara ! Tu ne crois pas en Maya, n’est-ce pas ? Tu ne crois pas au
principe féminin !’’ et elle disparut.
Ce fut la seconde conversion de Shankara. Sa première conversion était sa foi
totale en Brahman, la pure Conscience, l’Esprit, qui n’a rien à voir avec
l’amour. Sa seconde conversion fut sa foi en la réalité de l’énergie de l’amour.