TRAITEMENT DIFFICILE
l’air expiré est un examen simple et non invasif, dont la fré-
quente positivité est une découverte de ces dernières années.
L’échographie abdominale n’a que rarement sa place en pre-
mière intention, sauf si un doute existe sur une anomalie pan-
créatique ou urinaire. Dans tous les cas, l’examen doit être
orienté, car l’échographie ne doit en aucun cas être un examen
systématique devant les douleurs abdominales récidivantes
chez l’enfant.
Il existe un consensus pour ne pas recommander la réalisation
d’une endoscopie digestive haute systématiquement chez tous
les enfants présentant des DAR. Compte tenu de l’hétérogénéité
de ce symptôme, une telle démarche aurait un rapport coût/bénéfice
très mauvais. Cependant, peu d’études se sont intéressées à
définir les critères de réalisation d’une endoscopie digestive
haute devant les DAR. Voici quelques situations où une endo-
scopie digestive peut être indiquée: douleurs abdominales loca-
lisées constamment dans la région épigastrique, s’accompa-
gnant d’une sensibilité à la palpation, de douleurs nocturnes ou
rythmées par l’alimentation, d’antécédents familiaux d’ulcère,
avec, pour certains, des nausées et/ou vomissements et/ou une
perte pondérale, enfin lorsqu’il y une hémorragie digestive (2).
En cas de suspicion d’œsophagite peptique ou de pathologie gas-
troduodénale ulcéreuse associée à une infection à H. pylori,il
faut envisager une endoscopie digestive haute avec des biopsies
gastriques perendoscopiques pour une analyse histologique et
une culture bactérienne à la recherche de cette infection.
DOULEURS ABDOMINALES CHRONIQUES
D’ORIGINE ORGANIQUE
•Les maladies inflammatoires de l’intestin, notamment la
maladie de Crohn, peuvent se présenter sous la forme de dou-
leurs abdominales chroniques comme seul symptôme pendant
une durée relativement longue (3). Ce diagnostic doit toujours
être envisagé. Les signes associés qui pourront permettre de
faire suspecter le diagnostic sont une perte de poids, un aphte
buccal, une fièvre, une anémie et un retard de croissance, des
épisodes diarrhéiques à répétition, des épisodes douloureux
articulaires, la survenue d’un érythème noueux. La recherche
d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin se fait par
la recherche de sang dans les selles, la recherche d’une hypo-
protéinémie et de signes biologiques d’inflammation (NFS,
CRP, VS, fibrine), enfin et plus récemment, il semble que le
dosage sérique des anticorps antinucléaires cytoplasmiques
(pANCA) et des anticorps antisaccharomyces (ASCA) permet
de guider le diagnostic. La moindre suspicion justifie la mise
en œuvre d’une exploration endoscopique, coloscopie et fibro-
scopie haute, compte tenu de la fréquence des lésions du tractus
digestif supérieur chez l’enfant.
• La maladie ulcéreuse est chez l’enfant relativement rare. Les
atteintes plus diffuses de la muqueuse gastrique sont beaucoup
plus fréquentes. Ces gastrites sont le plus souvent liées à une
infection à H. pylori dont l’aspect endoscopique est très
fréquemment caractéristique, sous la forme d’une gastrite
nodulaire, et dont l’association avec des douleurs abdominales
chroniques se révèle désormais très fréquente (4). Clinique-
ment, la localisation épigastrique des douleurs est un argument
d’orientation de valeur et doit faire discuter, en cas de douleurs
persistantes, la pratique d’une fibroscopie œso-gastroduodénale.
Chez un enfant infecté par H. pylori,la responsabilité du germe
dans les symptômes, et plus encore dans les douleurs abdomi-
nales récidivantes, est largement débattue (5). C’est en effet le
plus souvent à l’occasion de telles douleurs que le diagnostic
d’infection à H. pylori est posé. Ces douleurs d’intensité variable
sont observées chez 38 à 78% des patients infectés selon les
séries (4, 6). La localisation épigastrique est pour certains bien
corrélée avec l’infection (5) tandis qu’inversement, chez des
enfants souffrant de douleurs récidivantes à localisation épigas-
trique, une gastrite à H. pylori est identifiée dans plus de la
moitié des cas (7). La forte incidence de l’infection chez les
enfants souffrant de douleurs abdominales récidivantes et celle
de telles douleurs au cours de l’infection à H. pylori ne prou-
vent cependant pas qu’il existe une relation de causalité entre
les douleurs et infection (5) et une méta-analyse de 45 études
cliniques (7) n’a pas établi un lien évident entre douleurs abdo-
minales et infection à H. pylori,montrant le besoin urgent
d’études prospectives randomisées en double aveugle rigou-
reuses en pédiatrie.
• L’œsophagite, associée ou non à une hernie hiatale, est très
fréquente chez le nourrisson mais beaucoup plus rare chez le
grand enfant. Les éléments d’orientation clinique sont souvent
disparates (la notion de pyrosis, par exemple, est souvent diffi-
cile à faire préciser), mais ce sont surtout les antécédents de
RGO dans la petite enfance qui permettront de guider le dia-
gnostic et conduiront à réaliser une endoscopie.
• L’intolérance au lactose, longtemps négligée, est décrite,
selon les études, chez 40 et 70% des enfants souffrant de dou-
leurs abdominales à répétition (8). Chez environ la moitié des
enfants présentant ce type d’intolérance, les douleurs abdomi-
nales disparaissent lors de la suppression du lactose ou avec le
remplacement du lait par du yaourt, qui, grâce à l’action des
ferments lactiques est dénué de lactose (9, 10). L’intolérance au
lactose est liée à la disparition progressive, dès l’âge de 2 ans,
de la lactase au sommet des villosités duodéno-jéjunales. Elle
est génétiquement déterminée et survient avec une particulière
fréquence dans les populations originaires du bassin méditerra-
néen. Elle autorise généralement la consommation d’une petite
quantité de lactose et n’entraîne que peu de troubles à l’âge
adulte. En revanche, lorsqu’elle survient dans la petite enfance,
lorsque la charge en lactose dans l’alimentation est encore
importante, elle peut être une cause importante de douleurs
abdominales. La recherche d’une intolérance au lactose s’effectue
grâce à un examen simple et non invasif, le test respiratoire au
lactose ou test à l’hydrogène expiré (8). En cas d’intolérance au
lactose, on observe, 2 à 3 heures après l’absorption d’une dose
de charge de lactose, un taux élevé d’hydrogène dans l’air expiré
(4). La lactose agit ainsi comme puissant stimulant du dévelop-
pement d’une flore fermentaire, responsable de DAR et de
La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 3 - vol. V - mai-juin 2002
140