R evue de presse Un nouveau test de détection de la tuberculose : validation du test ELISPOT dans les tuberculoses extrapulmonaires ■ La survenue d’une tuberculose sous antiTNF a démontré aux rhumatologues que les techniques de dépistage des infections latentes dont nous disposions étaient largement imparfaites. De nouveaux tests immunologiques ont donc été développés (ELISPOT et ELISA QuantiFERON®), permettant de mieux révéler la présence d’une immunité antimycobactérienne en différenciant l’immunité postvaccinale et l’immunité liée à l’exposition à Mycobacterium tuberculosis. Une étude publiée récemment a évalué la sensibilité et la spécificité d’ELISPOT chez 72 patients présentant une tuberculose extrapulmonaire. Le diagnostic était établi par un groupe d’experts selon une classification en quatre catégories : – tuberculose confirmée (n = 22), en cas de cultures ou de PCR (Polymerase Chain Reaction) positive pour Mycobacterium tuberculosis ; – tuberculose probable (n = 10), chez les patients dont l’état s’est amélioré sous l’effet du traitement antituberculeux et présentant soit un granulome sur la biopsie, soit un tableau compatible avec le diagnostic de méningite tuberculeuse, ou encore un tableau évocateur de pleurésie tuberculeuse ou de tuberculose urogénitale ; – tuberculose possible (n = 5), chez les patients ne satisfaisant pas aux conditions mentionnées ci-dessus, mais chez qui le diagnostic de tuberculose ne pouvait être exclu ; – absence de tuberculose (n = 35), chez les patients pour lesquels cette affection avait été complètement exclue. Dans tous les cas, le diagnostic était établi en aveugle des deux tests évalués dans l’étude : d’une part, l’intradermoréaction (IDR) à 2 UI de tuberculine avec un seuil de positivité fixé à 10 mm 48 heures après l’injection et, d’autre part, le test ELISPOT T-SPOT.TB® réalisé sur sang total, en utilisant le seuil de positivité défini par le fabricant. Les résultats des patients atteints d’une tuberculose certaine (n = 22) ou probable (n = 10) étaient comparés à ceux des patients chez qui le diagnostic de tuberculose avait été écarté (n = 35), les patients du groupe tuberculose possible étant exclus. Les résultats de sensibilité et de spécificité d’une part, et de valeur prédictive positive et de valeur prédictive négative d’autre part, sont rapportés dans le tableau I et montrent principalement une meilleure sensibilité et une valeur prédictive supérieure d’ELISPOT par rapport à l’IDR. En termes de rapport de vraisemblance (likelihood ratio), lequel correspond au rapport de la probabilité d’avoir une tuberculose extrapulmonaire quand on a un test positif sur la même probabilité avant la Tableau I. IDR à 2 UI de tuberculine ELISPOT Sensibilité Nombre de patients avec test positif Nombre de patients avec tuberculose 47 % 94 % Spécificité Nombre de patients avec test négatif Nombre de patients sans tuberculose 86 % 88 % Valeur prédictive positive (VPP) Nombre de patients avec test positif et avec tuberculose Nombre de patients avec test positif 75 % 88 % Valeur prédictive négative (VPN) Nombre de patients avec test négatif sans tuberculose Nombre de patients avec test négatif 64 % 94 % Rapport de vraisemblance positif (LR+) Probabilité d’une tuberculose avec test positif Probabilité d’une tuberculose avant réalisation du test 3,28 7,73 Rapport de vraisemblance négatif (LR–) Probabilité d’une tuberculose avec test négatif Probabilité d’une tuberculose avant réalisation du test 0,62 0,07 La Lettre du Rhumatologue - n° 342 - mai 2008 LR-NN-342-0508.indd 7 Revue de presse Dirigée par le Pr B. Combe réalisation du test, la technique ELISPOT semble supérieure à l’IDR : l’observation d’un résultat positif en ELISPOT chez un patient augmente son risque d’avoir réellement une tuberculose d’un facteur 7,7, contre seulement 3,3 pour l’IDR. À l’opposé, un patient chez qui l’ELISPOT est négatif voit son risque d’avoir une tuberculose réduit d’un facteur 14,3 (1/­0,07). Cette étude semble donc confirmer la supériorité des techniques ELISPOT et renforce l’intérêt de l’étude conduite actuellement en France dans le cadre du soutien aux stratégies techniques innovantes et coûteuses (STIC) obtenu lors de l’appel d’offres 2006. Les résultats de celle-ci permettront de préciser sur des effectifs plus larges les qualités du test ELISPOT ainsi que celles du test ELISA QuantiFERON®. B. Fautrel, Paris » Kim SH, Choi SJ, Kim HB et al. Diagnostic usefulness of a T-cell based assay for extrapulmonary tuberculosis. Arch Intern Med 2007;167:2255-9. Les AINS et les manipulations vertébrales ont-ils un intérêt dans la lombalgie aiguë ? Le traitement de la lombalgie aiguë comprend habituellement les antalgiques, le maintien des activités compatibles avec la douleur, l’éducation lombaire (bénignité de la lombalgie, bon pronostic…), les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et, sous réserve d’un diagnostic certain de lombalgie commune, les manipulations vertébrales (MV). Toutefois, aucune étude n’a encore démontré l’intérêt des MV ou des AINS après la simple utilisation de paracétamol et la délivrance correcte d’informations sur la lombalgie. C’est pourquoi Hancock et al. ont évalué l’efficacité des MV, celle des AINS (100 mg de diclofénac en deux prises) et celle de leur association chez 240 patients souffrant d’une lombalgie modérée évoluant depuis moins de 6 semaines dans une étude multicentrique, contrôlée et randomisée contre placebo (MV placebo et AINS placebo) d’une durée de 12 semaines. Les patients atteints de lombalgie chronique ou présentant une lésion médullaire ou radiculaire, opérés du rachis depuis moins de 6 mois et ayant une contre-indication au paracétamol, aux AINS ou aux MV étaient exclus de l’étude. Dans un premier temps, 23/05/08 14:52:23 R evue de presse Revue de presse Dirigée par le Pr B. Combe tous les patients étaient traités avec du paracétamol (4 g/­j) et informés de la bénignité de l’affection par leur médecin généraliste. Deux jours plus tard, ils étaient randomisés en quatre groupes de 60 malades : AINS + MV ; AINS + MV placebo (ultrasons factices) ; AINS placebo + MV ; groupe contrôle (AINS placebo + MV placebo). Les traitements (AINS et MV) étaient prescrits jusqu’à disparition des symptômes, pour une durée maximale de 4 semaines. Les MV (2 à 3 séances par semaine, avec un maximum de 12 séances) étaient réalisées par des kinésithérapeutes expérimentés selon un protocole standardisé adapté à chaque patient. Le critère de jugement principal de cette étude était le nombre de jours écoulés avant la disparition des douleurs (EVA ≤ 1) et le nombre de jours écoulés avant une période de 7 jours consécutifs sans douleurs (EVA ≤ 1). Les quatre groupes étaient comparables (âge : 40,7 ± 15,6 ans ; ancienneté de la lombalgie : 9,1 ± 9,3 jours ; nombre d’épisodes de lombalgie précédant l’inclusion : 3,7 ± 6,4 ; douleur modérée EVA à 6,5 ± 1,7 ; handicap modéré). Environ 87 %, 72 % et 48 % des patients avaient utilisé respectivement au moins 1, 2 et 3 g/­j de paracétamol, et 87 %, 79 % et 54 % des patients avaient consommé respectivement 25, 50 et 75 mg/­j de diclofénac. En intention de traiter, il fallait en moyenne 13 jours (IC95 : 10-16) avec le diclofénac et 16 jours (IC95 : 14-18) avec le placebo pour observer la disparition de la douleur, sans différence significative (p = 0,056) entre les deux groupes (hazard-ratio : 1,09 ; IC95 : 0,841,42). De même, il fallait attendre 15 jours (IC95 : 13-18) avec les MV et autant (IC95 : 1219) avec les MV placebo pour que la douleur disparaisse, sans aucune différence significative entre les deux bras (hazard-ratio : 1,01 ; IC95 : 0,77-1,31). L’association diclofénac + MV ne réduisait pas davantage le nombre de jours écoulés avant la disparition des symptômes par rapport à la prise de diclofénac seul ou aux MV seules. Aucun des paramètres secondaires de l’étude (scores de mobilité et de handicap, appréciation globale) n’était significativement amélioré, pour aucune option thérapeutique et à aucun moment de l’évaluation (1, 2, 4 ou 12 semaines). Malgré certains biais (absence de double aveugle pour les MV, manque de puissance de l’étude…), cette étude démontre que la prescription d’AINS et la réalisation de MV n’apportent aucun bénéfice supplémentaire dans la prise en charge d’une lombalgie LR-NN-342-0508.indd 8 Tous les patients participants présentaient des DDD lombaires et devaient subir une laminectomie L4 et L5. Une IRM et des clichés dynamiques de profil ont été réalisés chez tous les patients. L’instabilité était définie par une translation de L4 sur L5 en prenant comme repère les corticales postérieures de L4 et de L5. La présence de liquide dans les AP était détectée en IRM en T2. Un indice était calculé en fonction de la largeur de l’AP et de l’importance de la présence de liquide articulaire. Toutes les images ont été lues deux fois à un mois d’intervalle par un lecteur indépendant. Cinquante et un patients, âgés en moyenne de 60 ans, ont été inclus dans l’étude (23 hommes et 28 femmes). La reproductibilité de la lecture de la présence de liquide dans les AP détectée en IRM était bonne, ainsi que celle de l’instabilité rachidienne lombaire évaluée sur des clichés de profil en charge du rachis lombaire en flexion et en extension (coefficient de corrélation intraclasse à 0,91 et 0,90 respectivement). La proportion de liquide articulaire était plus importante chez les patients présentant une instabilité (23 sur 27, soit 85,2 %) que chez ceux qui n’en avaient pas (5 sur 24, soit 20,8 %) [tableau II]. Une corrélation statistiquement significative entre l’indice d’épanchement et l’importance de la translation antérieure a été observée. Cette étude a certaines limites, dont les principales sont son caractère rétrospectif et l’absence de prise en compte de l’instabilité rachidienne rotatoire ou latérale. Néanmoins, cette étude conforte l’idée de l’importance de la participation des AP dans l’instabilité rachidienne lombaire et indique que la présence de liquide dans les AP pourrait en être un bon témoin. aiguë commune modérée, sous réserve de la prise de paracétamol à dose optimale et de la délivrance d’une information complète sur la lombalgie (concernant l’hygiène lombaire et permettant notamment de rassurer le patient…). Étant donné la prévalence de la lombalgie, les risques potentiels de ces traitements et leur coût, la prescription des AINS et des MV dans la lombalgie aiguë modérée pourrait être remise en question. Ce travail souligne par ailleurs l’importance de la relation médecin-malade pour rassurer le patient quant au devenir de la lombalgie aiguë commune. T. Lequerré, Rouen » Hancock MJ, Maher CG, Latimer J et al. Assessment of diclofenac or spinal manipulative therapy, or both, in addition to recommended first-line treatment for acute low back pain: a randomised controlled trial. Lancet 2007;370:1638-43. La présence de liquide dans les articulations interapophysaires postérieures serait un signe d’instabilité rachidienne lombaire ■ L’instabilité rachidienne lombaire et l’indication de l’arthrodèse restent des sujets de controverse. Traditionnellement, l’instabilité (ou hypermobilité) rachidienne lombaire est évaluée sur des clichés de profil en charge du rachis lombaire en flexion et en extension par le déplacement antéropostérieur d’une vertèbre (clichés dynamiques). Plusieurs études ont montré que la dégradation des articulations interapophysaires postérieures (AP) était associée à la détérioration discale dégénérative (DDD) et que ces deux facteurs contribuaient à l’instabilité rachidienne. La présence de liquide dans les AP pourrait témoigner d’une instabilité. Le but de cette étude était d’analyser l’association entre la présence de liquide dans les AP détectée en IRM et l’instabilité rachidienne lombaire évaluée sur des clichés de profil en charge du rachis lombaire en flexion et en extension. M. Marty, Créteil » Rihn JA, Lee JY, Khan M et al. Does lumbar facet fluid detected on magnetic resonance imaging correlate with radiographic instability in patients with degenerative lumbar disease? Spine 2007;32:1555-60. Tableau II. Association entre les deux paramètres. Instabilité rachidienne Pas d’instabilité rachidienne Total Épanchement des AP 23 5 28 (55 %) Pas d’épanchement des AP 4 19 23 (45 %) Total 27 24 51 (100 %) La Lettre du Rhumatologue - n° 342 - mai 2008 23/05/08 14:52:24 R evue de presse Sténose lombaire : résultats de l’étude SPORT comparant traitement chirurgical et traitement médical ■ La sténose du canal rachidien lombaire est l’une des premières causes de chirurgie lombaire après 65 ans. Les preuves de l’efficacité du traitement chirurgical par rapport à la poursuite du traitement médical sont faibles. L’essai SPORT (Spine Patient Outcomes Research Trial) a été mis en place pour comparer le traitement chirurgical et le traitement médical des lomboradiculalgies lombaires en rapport avec les hernies discales, les sténoses lombaires et les spondylolisthésis. Cet essai comprenait deux parties : un essai randomisé et le suivi d’une cohorte de patients. Seuls les résultats des patients ayant une sténose lombaire sans spondylolisthésis sont présentés dans ce travail. Pour être inclus dans l’essai, les patients devaient présenter une radiculalgie persistante ou une claudication de type neurologique depuis plus de 12 semaines, associées à une imagerie de sténose lombaire concordante à un ou plusieurs étages. Les patients ayant une instabilité définie par une translation de plus de 4 mm ou par une mobilité angulaire de plus de 10° sur des clichés en extension et en flexion du rachis lombaire ne pouvaient pas être inclus. Après explication, les patients avaient le choix de participer soit à la cohorte (traitement au choix du patient après information), soit à l’essai randomisé (traitement tiré au sort). Les patients étaient traités médicalement (traitement usuel, laissé à l’appréciation du médecin, incluant AINS, conseils, infiltrations, thérapie physique…) ou par laminectomie par voie postérieure, associée ou non à une arthrodèse instrumentée ou non. Tous les patients devaient être revus à 3, 6, 12 et 24 mois. Le critère principal d’évaluation comprenait la composante fonction physique et la composante douleur du SF-36 et une version américaine de l’échelle d’évaluation de la fonction Oswestry. Parmi les 654 patients ayant accepté d’être inclus, 289 ont participé à l’essai randomisé (138 assignés au traitement chirurgical et 151 au traitement médical) et 365 ont été inclus dans la cohorte (219 ont choisi la chirurgie et 146 le traitement médical). Parmi les patients opérés, 89 % ont subi une chirurgie de décompression simple et 11 % une chirurgie de décompression associée à une arthrodèse non instrumentée (6 %) ou instrumentée (5 %). La Lettre du Rhumatologue - n° 342 - mai 2008 LR-NN-342-0508.indd 9 Dans l’essai randomisé, l’adhésion au traitement n’a pas été bonne puisque seuls 63 % des patients assignés au traitement chirurgical ont été opérés dans les 12 mois suivant la randomisation et 42 % des patients assignés au traitement médical ont été opérés sur la même période. Une amélioration statistiquement significative de l’état clinique a été observée dans les deux groupes. L’analyse en intention de traiter, conduite chez les patients dont le traitement a été assigné par randomisation, a mis en évidence une différence statistiquement significative entre les deux groupes de traitement sur la composante douleur du SF36 à 24 mois. La différence, entre les deux groupes de traitement, du changement sur ce critère est de 7,8 (IC95 : 1,5-14,1) en faveur du groupe chirurgie. Les différences sur les changements pour les deux autres critères à 2 ans n’étaient pas statistiquement significatives. Une analyse prévue avant l’essai (sur les patients de la cohorte et ceux de l’essai randomisé), prenant en compte le traitement effectivement reçu, ajustée sur les variables d’inclusion et le moment de la réalisation de la chirurgie, montrait également des résultats nettement en faveur de la chirurgie à tous les temps et sur les trois composantes du critère principal. À 2 ans, la différence sur le score d’Oswestry (0 à 100) entre les deux groupes de traitement était de – 11,2 (IC95 : – 14,1-8,2) en faveur du groupe chirurgie. À l’inclusion, les patients qui avaient choisi la chirurgie étaient plus sévèrement atteints, de façon statistiquement significative, que ceux du groupe ayant opté pour le traitement médical. Les résultats de cette importante étude sont extrêmement informatifs et montrent l’intérêt du traitement chirurgical par rapport au traitement médical. Les biais et facteurs de confusion, que les auteurs ont bien essayé de contrôler, doivent être pris en compte dans l’interprétation. Pour l’essai randomisé, les principales limites sont le fort pourcentage de patients n’ayant pas respecté le traitement qui leur avait été assigné, la non-standardisation du traitement médical et l’absence de double aveugle. Pour la cohorte, les principales limites sont l’absence de randomisation, l’interférence de la préférence des patients dans les résultats et la non-standardisation du traitement médical. Revue de presse Dirigée par le Pr B. Combe Le traitement médical et la chirurgie constituent une alternative thérapeutique dans le traitement de la de la sténose lombaire. Les deux options s’accompagnent d’une amélioration de l’état des patients avec le temps sans, toutefois, que l’une ou l’autre donne des résultats totalement satisfaisants. Pour différentes raisons (persistance ou aggravation des symptômes, apparition de complications, modification des préférences des patients, etc.) un nombre important de patients finissent par accepter ou désirer la chirurgie. On peut regretter que les auteurs de cette étude (mais cela pourrait faire l’objet d’une nouvelle publication) n’aient pas fourni les éléments de bon pronostic du traitement médical d’une part et du traitement chirurgical d’autre part. La vraie question n’est-elle pas de déterminer, en cas de persistance de la claudication neurogène, le moment opportun de la chirurgie ? M. Marty, Créteil » Weinstein JN, Tosteson TD, Lurie JD et al. Surgical vs nonsurgical therapy for lumbar spinal stenosis. N Engl J Med 2008; 358:794-810. Excellente tolérance des anti-TNF chez les patients ayant un cancer évolutif ■ Nos connaissances sur le rôle du tumor necrosis factor (TNF) dans la cancérogenèse progressent. L’effet antitumoral qui lui vaut son nom, attribué principalement à un mécanisme vasculaire, est observé seulement lorsque le TNF est utilisé à fortes doses. A contrario, son effet protumoral, observé quand il est utilisé à “dose physiologique”, a maintenant été confirmé par de nombreuses études. Le TNF, comme d’autres cytokines pro-inflammatoires, est acteur de la promotion et de la progression locale et métastatique des cancers. Ainsi, alors que les taux plasmatiques de TNF sont indétectables chez le sujet sain, des concentrations de l’ordre du picogramme ont pu être décelées chez les patients présentant un cancer évolué. En s’appuyant sur le lien entre inflammation chronique et cancer, sur le rôle du TNF dans la promotion de cancers expérimentaux ainsi que sur la présence de TNF dans le sang et les tissus de patients cancéreux, les auteurs ont étudié le profil de tolérance et la réponse biologique à l’infliximab, anticorps monoclonal anti-TNF, chez des patients cancéreux. 23/05/08 14:52:24 Revue de presse R evue de presse Dirigée par le Pr B. Combe Les 41 patients inclus dans cette étude ouverte prospective étaient atteints de cancer solide avancé et/ou métastatique en échec ou échappement aux traitements classiques (établis) : cancers du côlon-rectum (12), de l’ovaire (8) ou du rein (4), mélanomes (3), autres types de cancer (14). Ils étaient répartis en deux groupes de traitement : infliximab 5 mg/­kg ou infliximab 10 mg/­kg, à S0, S2, S6 puis toutes les quatre semaines en fonction du profil de réponse thérapeutique et de tolérance. Cette étude nous apporte plusieurs informations intéressantes : • on n’a observé aucune accélération ou aggravation de la maladie chez ces 41 patients cancéreux sous anti-TNF ; • chez ces patients, tous potentiellement immunodéprimés par les chimiothérapies reçues, aucune infection n’a été rapportée ; • sept patients au cancer évolutif à l’inclusion dans l’étude ont vu leur maladie se stabiliser après les trois premières perfusions d’infliximab (3 dans le groupe 5 mg/­kg et 4 dans le groupe 10 mg/­kg), avec des durées de suivi allant jusqu’à 50 semaines ; • ces sept patients avaient tous un taux de TNF plasmatique non détectable à l’inclusion, alors qu’on retrouvait du TNF plasmatique chez 50 % des sujets dont la maladie a continué à progresser malgré l’infliximab ; • même s’il ne semble pas y avoir de relation dose-efficacité dans cette étude, les mesures de l’ “infliximabémie” tendent à privilégier la plus haute posologie. Savoir que les cancérologues envisagent de poursuivre ce type d’essais évaluant l’efficacité et la tolérance des anti-TNF dans le traitement de certains cancers est plutôt rassurant pour nous, rhumatologues. Il n’en reste pas moins que l’état actuel des connaissances nous contraint à rester vigilants au moment du bilan préthérapeutique et à arrêter un traitement anti-TNF en cours lors de la découverte d’une néoplasie. Thao Pham, Marseille. » Brown ER, Charles KA, Hoare SA et al. A clinical study assessing the tolerability and biological effects of infliximab, a TNFα inhibitor, in patients with advanced cancer. Ann Oncol 2008 (Epub ahead). Courrier des lecteurs Plaidoyer pour une dénomination rationnelle de notre spécialité, la RHUMATOLOGIE D epuis quelques années, nous assistons à un changement dans la dénomination de certains états ou professions, changement dont le but n’est pas clairement défini mais que voudraient nous imposer d’obscurs technocrates en mal de reconnaissance. C’est ainsi que les aveugles sont devenus des non-voyants, à bien distinguer des voyants (extralucides), et les facteurs des préposés (le préposé sonne toujours trois fois). Au supermarché, ce n’est plus à la caissière que vous tendez votre carte de paiement mais à l’hôtesse de caisse, et ce n’est plus la femme de ménage qui nettoie le sol mais la technicienne de surface. Et ne parlons pas des “rippeurs”, qui ramassent les sacs poubelles (d’ordures ménagères) ni des domestiques, qui sont devenus des gens de maison (domestique ➔ domus ➔ maison ➔ gens de maison). La liste n’est pas exhaustive, nous vivons vraiment une époque moderne ! Cependant, a contrario, si nous considérons la dénomination de notre spécialité, la rhumatologie, il est évident que celle-ci ne nous paraît pas conforme à ce qu’elle prétend désigner. En effet, cette appellation extrêmement imprécise ne reflète en rien la réalité de notre pratique et fait figure d’exception dans la nomenclature des différentes spécialités médicales, celles-ci étant nommées par référence à un organe précis : les cardiologues soignent le cœur, les neurologues le système nerveux, les dermatologues la peau, etc. Seules quelques spécialités se réfèrent à une pathologie : la cancérologie, la diabétologie ; mais il s’agit de pathologies ciblées, précises, sans équivoque possible. En rhumatologie, la pathologie concernée est le RHUMATISME. C’est un terme extrêmement vague, dont les définitions varient selon les auteurs et sont parfois contradictoires. Selon Littré, il s’agit de “douleurs qui siègent dans les muscles et les articulations et qui ne sont accompagnées ni de fièvre ni d’aucun caractère d’inflammation”. Pour Le Petit Larousse, la définition est très différente : c’est “une affection caractérisée par une fluxion douloureuse des articulations, des muscles et des viscères’’, ce qui est étymologiquement plus exact (rheumatismos ➔ fluxion). Certains pourront rétorquer qu’il existe deux grandes catégories de rhumatisme, les rhumatismes inflammatoires et les rhumatismes dégénératifs. Mais que faire alors de l’ostéoporose, des tendinopathies, de l’algodystrophie, de la traumatologie articulaire, qui sont des pathologies relevant régulièrement de notre pratique ? Devant cette imprécision terminologique, source importante de confusion auprès des patients et parfois auprès de nos confrères, il nous paraît opportun de remplacer le terme de RHUMATOLOGUE par un terme en adéquation avec notre pratique réelle. Tout comme le gastro-entérologue soigne l’estomac et l’intestin, le rhumatologue, qui soigne les os et les articulations, doit devenir OSTÉO-ARTHROLOGUE, le préfixe “ostéo” n’étant pas pour déplaire à certains. La rhumatologie est morte, vive l’OSTÉO-ARTHROLOGIE ! Dr André Chambat, ostéo-arthrologue, 81200 MAZAMET, [email protected] Agenda 9e Journée d’enseignement “La main rhumatologique” Le samedi 4 octobre 2008, à Paris (espace Saint-Martin) Cette journée d’enseignement est organisée par l’URAM de l’hôpital Lariboisière. Pour tout renseignement et toute inscription, s’adresser à Philippe Desquilbet Tél. : 06 76 95 73 99 – Fax : 01 49 95 86 31 E-mail : [email protected] 10 LR-NN-342-0508.indd 10 La Lettre du Rhumatologue - n° 342 - mai 2008 23/05/08 14:52:25