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vie professionnelle
Vie professionnelle
Quel est le travail effectué
par les hépato-gastroentérologues
dans les hôpitaux généraux ?
Les données du livre blanc
B. Nalet*
Que fait-il ?
De ce document, nous
avons extrait les données
La plus grande partie de
e livre blanc de l’hépato-gastroentérologie est un
concernant l’activité des
son activité se déroule dans
ouvrage collectif qui a mobilisé pendant près de
hépato-gastroentérologues
le cadre de l’hospitalisation
(HGE) des hôpitaux génétraditionnelle. Il fait la
deux ans les hépato-gastroentérologues français,
raux.
visite au moins deux fois la
libéraux, hospitaliers et hospitalo-universitaires. Les buts
semaine mais également le
Cette activité a pu être cerdu livre blanc étaient d’évaluer les atouts de la
week-end. Il passe de 10 à
née grâce à deux enquêtes
qui avaient été adressées
spécialité, d’en définir les enjeux et de formuler des pro- 20 heures dans son service
pour une activité clinique.
aux praticiens des services
positions pour la discipline. Ce livre a permis de présen- Il a une activité moins
d’hépato-gastroentérologie
de France. Il y a eu des
ter les acteurs médicaux, leur organisation et de mesurer importante en hospitalisation de moins de 24 heures
réponses individuelles de
chaque praticien hospitalier les activités et les services rendus. L’une des particularités (58 % des praticiens). Il
et une réponse de chaque
de ce document est de faire le point sur les activités des consulte en moyenne deux
demi-journées par semaine
responsable de service.
hépato-gastroentérologues libéraux et hospitaliers.
(500 consultations
Ainsi, 664 services de gasannuelles). Il a parfois une
troentérologie ont été
activité libérale (un tiers
recensés à travers la France.
des praticiens). Il réalise en
Dans cette enquête, 35 %
moyenne 600 endoscopies par an, se pasdes praticiens (237) ont répondu.
sionne pour la pathologie biliaire puisqu’il
Une enquête plus ciblée sur un échantillon
fait souvent de l’endoscopie interventionde ces services a permis de mieux cerner
nelle (54 % des praticiens) ou de l’échol’activité dans le cadre de l’hospitalisation
endoscopie (64 % des praticiens). En
ou des consultations. Le taux de réponse
Qui est-il ?
revanche, il fait peu d’examens (moins de
a été important pour les centres hospitaC’est généralement un homme (84 %
100 par an). Il effectue souvent des poncliers de plus de 300 lits (64 %). En
d’hommes, 16 % de femmes). Dans 28 % des
tions biopsie hépatiques (un praticien sur
revanche, il a été faible pour les centres
cas, il a été qualifié avant 1980 et dans 64 %
deux). Toutefois, il est peu attiré par l’échohospitaliers de moins de 300 lits (24 %).
avant 1990. Quinze pour cent de ces praticiens
graphie abdominale (11 %) et par les exploIl est donc difficile de conclure sur l’acticesseront
leur
activité
dans
les
10
ans
et
25
%
rations fonctionnelles digestives (10 %).
vité des HGE des petites structures hospidans
les
15
ans.
Dix à 15 heures par semaine sont consatalières.
Il travaille plus souvent à temps plein qu’à
crées à ses activités techniques.
temps partiel (13 %). Plus rarement
Il assure des astreintes qui sont parfois
(14 %), il est assistant spécialiste ou PAC.
exclusivement d’endoscopie (un tiers). Il
Il exerce dans un établissement de 100 à
est d’astreinte de 5 à 10 jours par mois dans
300 lits dans 26 % des cas. Il travaille dans
les deux tiers des hôpitaux. Il se déplace
un établissement de 300 à 600 lits dans
souvent la nuit mais moins de cinq fois par
*Service de gastroentérologie,
47 % des cas, dans un établissement de
mois. Il donne aussi des avis au service des
centre hospitalier de Montélimar.
plus de 600 lits dans 25 % des cas.
urgences (5 à 10 avis par semaine).
L
L’hépato-gastroentérologue
d’un hôpital général
Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (16) - n° 1 et 2 - janvier-février 2002
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Il garde une âme de chercheur et participe
très souvent à des études multicentriques,
initiées par des sociétés scientifiques. Il ne
perd pas son goût pour l’écriture. Il a
publié comme coauteur un ou deux articles
par an dans les 5 dernières années (un tiers
des praticiens). Il participe régulièrement
à des réunions de formation continue en
France ou à l’étranger. Il lui arrive fréquemment d’animer des réunions (80 %
des praticiens).
Où travaille-t-il ?
Il travaille dans un cas sur deux dans un
service d’hépato-gastroentérologie, dans
10 % des cas dans un service de gastroentérologie, et dans 44 % des cas dans
un service de médecine à orientation.
Quelquefois, son service est regroupé
avec d’autres dans le cadre d’une fédération (28 %). Dans son service, il est le seul
temps plein (35 %). L’effectif est de deux
temps plein dans 45 % des services, et
plus rarement de trois temps plein ou plus
(20 %).Un service sur deux a au moins
un praticien à temps partiel. Son service
a une capacité de 20 à 30 lits (un service
sur deux). Il voit entre 1 000 et
3 000 patients par an dans ce cadre. La
durée moyenne de séjour des malades est
généralement inférieure à 6 jours (54 %).
Le taux d’occupation est supérieur à 70
% dans deux cas sur trois et supérieur à
90 % dans le tiers restant.
Il dispose de deux lits d’hospitalisation de
jour. Dans ces structures, il a une activité
très variable allant de 100 à plus de
1 000 séances par an. La moyenne est
située aux alentours de 500 séances par an.
Il pratique l’endoscopie dans sa structure
d’hospitalisation dans 70 % des cas et
avec ses collègues, il fait entre 1 000 et
3 000 actes par an en moyenne. Son unité
d’endoscopie est dotée d’automates
laveurs désinfecteurs des endoscopes
dans 3 cas sur 4. Il dispose rarement d’un
appareil d’échographie (26 %) ou d’un
médecin anesthésiste affecté à son activité d’endoscopie (30 % des cas). Il pratique rarement l’endoscopie haute sous
anesthésie (25 % des cas). Il réalise les
coloscopies et les actes interventionnels
biliaires le plus souvent avec l’aide d’un
anesthésiste (trois quarts des examens).
S’implique-t-il dans les missions
de santé publique hospitalière ?
Il a une activité importante de cancérologie digestive. Dans son service, 19 % des
patients sont hospitalisés pour tumeur, et
la chimiothérapie y est pratiquée dans
70 % des cas. Dix pour cent de ses consultants relèvent de la cancérologie.
Il prend en charge des patients atteints
d’hépatite C. La file active de patients
dans son service est inférieure à 100 dans
50 % des cas et supérieure à 100 pour les
autres. Il voit en moyenne 50 nouveaux
patients par an. Cependant, peu de moyens
lui sont fournis pour cette activité spécifique. Seuls 15 % des services ont reçu des
moyens en vacation ou en secrétariat.
Il a très souvent une activité d’alcoologie
et prend en charge les sevrages de façon
régulière. Cette activité correspond à 5 %
de ses consultations et des hospitalisations
de son service.
Quels patients prend-il en charge
et pour quelle pathologie ?
En hospitalisation, il soigne des patients
qui sont adressés par le médecin généraliste (29 %), le service des urgences
(22 %) ou la consultation du service
(10 %). Il voit peu de patients adressés par
un HGE libéral (4 %). Il reconvoque assez
souvent les patients pour une hospitalisation (20 %). Il hospitalise surtout pour des
actes diagnostiques et thérapeutiques
(1 patient sur 2). Un patient sur quatre est
hospitalisé dans le cadre de l’urgence.
L’hépatologie non tumorale (20 %), la
pathologie tumorale (15 %) et les
urgences (15 %) expliquent 49 % des
hospitalisations en CHG. Après l’hospitalisation, il renvoie le patient au médecin généraliste (50 %). Il le réhospitalise
parfois (14 %) ou le revoit en consultation (11 %). En consultation, il fait sur-
Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (16) - n° 1 et 2 - janvier-février 2002
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tout des consultations cliniques (62 %). Il
soigne une population relativement jeune
(âgée de 24 à 60 ans dans 64 % des cas),
qui vient le voir pour la première fois dans
1 cas sur 2, et qui est adressée par le médecin généraliste dans 37 % des cas.
Les maladies du foie non tumorales
(18 %), la pathologie œso-gastroduodénale (23 %) et les troubles fonctionnels
digestifs (13 %) motivent plus de la moitié de ses consultations. Il fait peu de proctologie (7 %).
La comparaison entre les enquêtes de
consultation libérale et hospitalière montre
que l’HGE libéral voit plus souvent des
patients venant de chez le médecin généraliste (54 versus 37 %) et par recours
direct (34 versus 26 %). Dans les consultations libérales, les troubles fonctionnels
digestifs, la proctologie et la pathologie
œso-gastroduodénale non tumorale représentent 60 % des consultations.
Conclusion
L’activité de l’HGE des CHG est très polyvalente. Elle est dominée par la clinique
en hospitalisation, la prise en charge des
urgences, les actes techniques et les
consultations. Les faibles effectifs de
temps plein rendent difficile la continuité
des soins. Les maladies du foie, les
urgences et les tumeurs représentent 50 %
de son activité. Malgré une activité de
soins très prenante et une charge administrative de plus en plus lourde, il reste très
impliqué dans la recherche clinique et
l’enseignement.
Le renouvellement des effectifs des services d’HGE des CHG est préoccupant.
Un quart des praticiens partira en retraite
dans les 10 ans à venir. Le remplacement
sera problématique. Avec la mise en place
des 35 heures, on peut se poser de nombreuses questions sur la possibilité de pouvoir répondre à la demande sans cesse
croissante des patients, notamment pour
les urgences digestives.
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