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Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (16) - n° 1 et 2 - janvier-février 2002
De ce document, nous
avons extrait les données
concernant l’activité des
hépato-gastroentérologues
(HGE) des hôpitaux géné-
raux.
Cette activité a pu être cer-
née grâce à deux enquêtes
qui avaient été adressées
aux praticiens des services
d’hépato-gastroentérologie
de France. Il y a eu des
réponses individuelles de
chaque praticien hospitalier
et une réponse de chaque
responsable de service.
Ainsi, 664 services de gas-
troentérologie ont été
recensés à travers la France.
Dans cette enquête, 35 %
des praticiens (237) ont répondu.
Une enquête plus ciblée sur un échantillon
de ces services a permis de mieux cerner
l’activité dans le cadre de l’hospitalisation
ou des consultations. Le taux de réponse
a été important pour les centres hospita-
liers de plus de 300 lits (64 %). En
revanche, il a été faible pour les centres
hospitaliers de moins de 300 lits (24 %).
Il est donc difficile de conclure sur l’acti-
vité des HGE des petites structures hospi-
talières.
L’hépato-gastroentérologue
d’un hôpital général
Qui est-il ?
C’est généralement un homme (84 %
d’hommes, 16 % de femmes). Dans 28 % des
cas, il a été qualifié avant 1980 et dans 64 %
avant 1990. Quinze pour cent de ces praticiens
cesseront leur activité dans les 10 ans et 25 %
dans les 15 ans.
Il travaille plus souvent à temps plein qu’à
temps partiel (13 %). Plus rarement
(14 %), il est assistant spécialiste ou PAC.
Il exerce dans un établissement de 100 à
300 lits dans 26 % des cas. Il travaille dans
un établissement de 300 à 600 lits dans
47 % des cas, dans un établissement de
plus de 600 lits dans 25 % des cas.
Que fait-il ?
La plus grande partie de
son activité se déroule dans
le cadre de l’hospitalisation
traditionnelle. Il fait la
visite au moins deux fois la
semaine mais également le
week-end. Il passe de 10 à
20 heures dans son service
pour une activité clinique.
Il a une activité moins
importante en hospitalisa-
tion de moins de 24 heures
(58 % des praticiens). Il
consulte en moyenne deux
demi-journées par semaine
(500 consultations
annuelles). Il a parfois une
activité libérale (un tiers
des praticiens). Il réalise en
moyenne 600 endoscopies par an, se pas-
sionne pour la pathologie biliaire puisqu’il
fait souvent de l’endoscopie intervention-
nelle (54 % des praticiens) ou de l’écho-
endoscopie (64 % des praticiens). En
revanche, il fait peu d’examens (moins de
100 par an). Il effectue souvent des ponc-
tions biopsie hépatiques (un praticien sur
deux). Toutefois, il est peu attiré par l’écho-
graphie abdominale (11 %) et par les explo-
rations fonctionnelles digestives (10 %).
Dix à 15 heures par semaine sont consa-
crées à ses activités techniques.
Il assure des astreintes qui sont parfois
exclusivement d’endoscopie (un tiers). Il
est d’astreinte de 5 à 10 jours par mois dans
les deux tiers des hôpitaux. Il se déplace
souvent la nuit mais moins de cinq fois par
mois. Il donne aussi des avis au service des
urgences (5 à 10 avis par semaine).
*Service de gastroentérologie,
centre hospitalier de Montélimar.
Quel est le travail effectué
par les hépato-gastroentérologues
dans les hôpitaux généraux ?
Les données du livre blanc
B. Nalet*
vie professionnelle
Vie professionnelle
Le livre blanc de l’hépato-gastroentérologie est un
ouvrage collectif qui a mobilisé pendant près de
deux ans les hépato-gastroentérologues français,
libéraux, hospitaliers et hospitalo-universitaires. Les buts
du livre blanc étaient d’évaluer les atouts de la
spécialité, d’en définir les enjeux et de formuler des pro-
positions pour la discipline. Ce livre a permis de présen-
ter les acteurs médicaux, leur organisation et de mesurer
les activités et les services rendus. L’une des particularités
de ce document est de faire le point sur les activités des
hépato-gastroentérologues libéraux et hospitaliers.
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Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (16) - n° 1 et 2 - janvier-février 2002
Il garde une âme de chercheur et participe
très souvent à des études multicentriques,
initiées par des sociétés scientifiques. Il ne
perd pas son goût pour l’écriture. Il a
publié comme coauteur un ou deux articles
par an dans les 5 dernières années (un tiers
des praticiens). Il participe régulièrement
à des réunions de formation continue en
France ou à l’étranger. Il lui arrive fré-
quemment d’animer des réunions (80 %
des praticiens).
Où travaille-t-il ?
Il travaille dans un cas sur deux dans un
service d’hépato-gastroentérologie, dans
10 % des cas dans un service de gas-
troentérologie, et dans 44 % des cas dans
un service de médecine à orientation.
Quelquefois, son service est regroupé
avec d’autres dans le cadre d’une fédéra-
tion (28 %). Dans son service, il est le seul
temps plein (35 %). L’effectif est de deux
temps plein dans 45 % des services, et
plus rarement de trois temps plein ou plus
(20 %).Un service sur deux a au moins
un praticien à temps partiel. Son service
a une capacité de 20 à 30 lits (un service
sur deux). Il voit entre 1 000 et
3000 patients par an dans ce cadre. La
durée moyenne de séjour des malades est
généralement inférieure à 6 jours (54 %).
Le taux d’occupation est supérieur à 70
% dans deux cas sur trois et supérieur à
90 % dans le tiers restant.
Il dispose de deux lits d’hospitalisation de
jour. Dans ces structures, il a une activité
très variable allant de 100 à plus de
1000 séances par an. La moyenne est
située aux alentours de 500 séances par an.
Il pratique l’endoscopie dans sa structure
d’hospitalisation dans 70 % des cas et
avec ses collègues, il fait entre 1 000 et
3000 actes par an en moyenne. Son unité
d’endoscopie est dotée d’automates
laveurs désinfecteurs des endoscopes
dans 3 cas sur 4. Il dispose rarement d’un
appareil d’échographie (26 %) ou d’un
médecin anesthésiste affecté à son acti-
vité d’endoscopie (30 % des cas). Il pra-
tique rarement l’endoscopie haute sous
anesthésie (25 % des cas). Il réalise les
coloscopies et les actes interventionnels
biliaires le plus souvent avec l’aide d’un
anesthésiste (trois quarts des examens).
S’implique-t-il dans les missions
de santé publique hospitalière ?
Il a une activité importante de cancérolo-
gie digestive. Dans son service, 19 % des
patients sont hospitalisés pour tumeur, et
la chimiothérapie y est pratiquée dans
70 % des cas. Dix pour cent de ses consul-
tants relèvent de la cancérologie.
Il prend en charge des patients atteints
d’hépatite C. La file active de patients
dans son service est inférieure à 100 dans
50 % des cas et supérieure à 100 pour les
autres. Il voit en moyenne 50 nouveaux
patients par an. Cependant, peu de moyens
lui sont fournis pour cette activité spéci-
fique. Seuls 15 % des services ont reçu des
moyens en vacation ou en secrétariat.
Il a très souvent une activité d’alcoologie
et prend en charge les sevrages de façon
régulière. Cette activité correspond à 5 %
de ses consultations et des hospitalisations
de son service.
Quels patients prend-il en charge
et pour quelle pathologie ?
En hospitalisation, il soigne des patients
qui sont adressés par le médecin généra-
liste (29 %), le service des urgences
(22 %) ou la consultation du service
(10 %). Il voit peu de patients adressés par
un HGE libéral (4 %). Il reconvoque assez
souvent les patients pour une hospitalisa-
tion (20 %). Il hospitalise surtout pour des
actes diagnostiques et thérapeutiques
(1 patient sur 2). Un patient sur quatre est
hospitalisé dans le cadre de l’urgence.
L’hépatologie non tumorale (20 %), la
pathologie tumorale (15 %) et les
urgences (15 %) expliquent 49 % des
hospitalisations en CHG. Après l’hospi-
talisation, il renvoie le patient au méde-
cin généraliste (50 %). Il le réhospitalise
parfois (14 %) ou le revoit en consulta-
tion (11 %). En consultation, il fait sur-
tout des consultations cliniques (62 %). Il
soigne une population relativement jeune
(âgée de 24 à 60 ans dans 64 % des cas),
qui vient le voir pour la première fois dans
1 cas sur 2, et qui est adressée par le méde-
cin généraliste dans 37 % des cas.
Les maladies du foie non tumorales
(18 %), la pathologie œso-gastroduodé-
nale (23 %) et les troubles fonctionnels
digestifs (13 %) motivent plus de la moi-
tié de ses consultations. Il fait peu de proc-
tologie (7 %).
La comparaison entre les enquêtes de
consultation libérale et hospitalière montre
que l’HGE libéral voit plus souvent des
patients venant de chez le médecin géné-
raliste (54 versus 37 %) et par recours
direct (34 versus 26 %). Dans les consul-
tations libérales, les troubles fonctionnels
digestifs, la proctologie et la pathologie
œso-gastroduodénale non tumorale repré-
sentent 60 % des consultations.
Conclusion
L’activité de l’HGE des CHG est très poly-
valente. Elle est dominée par la clinique
en hospitalisation, la prise en charge des
urgences, les actes techniques et les
consultations. Les faibles effectifs de
temps plein rendent difficile la continuité
des soins. Les maladies du foie, les
urgences et les tumeurs représentent 50 %
de son activité. Malgré une activité de
soins très prenante et une charge adminis-
trative de plus en plus lourde, il reste très
impliqué dans la recherche clinique et
l’enseignement.
Le renouvellement des effectifs des ser-
vices d’HGE des CHG est préoccupant.
Un quart des praticiens partira en retraite
dans les 10 ans à venir. Le remplacement
sera problématique. Avec la mise en place
des 35 heures, on peut se poser de nom-
breuses questions sur la possibilité de pou-
voir répondre à la demande sans cesse
croissante des patients, notamment pour
les urgences digestives.
vie professionnelle
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