
La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXVI - no 4 - juillet-août 2011 | 149
ARTICLE ORIGINAL
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étaient HPV-6 (10/46 ; 21,7 %) et HPV-11 (4/46 ;
8,7 %) ; ces 2 génotypes étaient le plus souvent
retrouvés dans des lésions papillomateuses. Deux
génotypes HPV-16 à haut risque oncogénique ont
été détectés au niveau d’hyperplasies malpighiennes
de l’oropharynx et du plancher buccal.
Distribution des génotypes HPV dans les
carcinomes épidermoïdes
La prévalence du HPV dans les carcinomes épider-
moïdes était de 14,0 % (6/43). Cinq échantillons
contenaient du HPV-16 (11,6 % ; 5/43) et 1 du
HPV-6 (2,3 % ; 1/43). En ne considérant que les carci-
nomes de l’oropharynx (27 échantillons incluant la
base de la langue et les amygdales), la prévalence
atteignait 18,5 % (5/27).
Discussion
Dans cette étude, le HPV a été détecté dans 24,7 %
des biopsies. Il était présent dans 34,7 % des tumeurs
bénignes et dans 14,0 % des carcinomes épider-
moïdes de la sphère ORL. À titre de comparaison,
une méta-analyse récente fait état d’une prévalence
orale du HPV de 4,5 % chez des patients ne présen-
tant aucune lésion (13).
Jusqu’à présent, peu d’études ont évalué la prévalence
du HPV dans les tumeurs bénignes des VADS, et les
résultats varient suivant les protocoles utilisés. Une
prévalence de 30 % a été observée sur 46 lésions orales
précancéreuses et dont l’ADN avait été recueilli par
grattage superficiel des lésions (14). Ce mode opéra-
toire présente l’inconvénient de n’étudier que les
cellules superficielles de la lésion et fait courir un risque
de contamination par la possible présence d’ADN de
HPV dans les tissus sains adjacents. Une autre étude
a mis en évidence une prévalence du HPV de 78,6 %
dans des hyperplasies épithéliales de la sphère ORL (15).
Le HPV avait été recherché sur 28 biopsies incluses en
paraffine à l’aide d’une PCR nichée ayant l’inconvénient
d’une trop grande sensibilité et pouvant être à l’origine
d’une surestimation par contamination. L’utilisation
de fragments de biopsie frais semble être le meilleur
procédé pour l’étude de la prévalence du HPV.
Dans cette étude, HPV-6 et 11 sont les 2 génotypes
le plus fréquemment rencontrés dans les tumeurs
bénignes. HPV-16 n’a été retrouvé que dans 2 hyper-
plasies malpighiennes de l’oropharynx et du plancher
buccal. Ces patients doivent être suivis attentive-
ment car ils présentent un risque accru de déve-
lopper des lésions malignes dans les prochains mois.
La prévalence du HPV dans les carcinomes épider-
moïdes des VADS est de 14 % et de 18 % en ciblant
l’oropharynx. Une récente étude française a montré
une prévalence similaire de 13 % (sur 231 cas de
carcinomes) [16]. Ces valeurs sont légèrement
inférieures à celles décrites par A.R. Kreimer et
al. (25,9 %, 5 046 carcinomes) [7]. L’augmentation
de la prévalence au niveau de l’oropharynx pourrait
s’expliquer par la présence simultanée de cellules
pavimenteuses et de tissu lymphatique, structure
similaire à celle observée au niveau de la jonction
endocol-exocol du col de l’utérus. La présence de
cryptes amygdaliennes faciliterait également l’accès
du HPV aux cellules basales.
Dans le groupe des carcinomes épidermoïdes, le
HPV-16 est majoritaire et détecté dans 5 des 6 prélè-
vements positifs. La méta-analyse de A.R. Kreimer
et al. fait état d’une prévalence du HPV-16 de 86,7 %
dans les carcinomes de l’oropharynx. Le HPV-6 a
été retrouvé dans l’analyse d’un carcinome, mais
son implication est très peu probable.
Conclusion
Dans le sud-ouest de la France, la prévalence du HPV
dans les carcinomes épidermoïdes de l’oropharynx
est inférieure à celle décrite dans la méta-analyse
de référence de A.R. Kreimer et al. D’autres études
sont néanmoins nécessaires afin d’augmenter le
nombre de biopsies recrutées et de confirmer ces
résultats. Sans surprise, les génotypes HPV-6 et
11 sont les plus fréquemment retrouvés dans les
tumeurs bénignes papillomateuses (papillomatoses
laryngées majoritairement), et HPV-16, dans les
carcinomes de l’oropharynx. ■
P.S. : H. Fleury informe que la société Roche Diagnostics a fourni
gracieusement les réactifs de génotypage HPV.