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La Lettre du Gynécologue - n° 284 - septembre 2003
Rubrique coordonnée par T. Thomas, Saint-Étienne
Le ranelate de strontium
e strontium est un cation bivalent
dont l’affinité pour l’os est connue
de longue date. La mise en évidence
d’une action originale sur le remode-
lage osseux a justifié la réalisation
d’études cliniques afin d’évaluer
l’effet de ce nouvel agent pharmaco-
logique dans l’ostéoporose postméno-
pausique.
Le strontium est absorbé par l’intestin
de façon passive et active, et cette
absorption est réduite en présence de
calcium. Le strontium se distribue dans
le squelette, à la surface du cristal
osseux, de façon proportionnelle aux
taux plasmatiques. On estime que le
strontium se substitue à un ion calcium
sur dix au sein du cristal osseux. À
l’arrêt du traitement, le contenu osseux
en strontium diminue rapidement
(environ 50% en six semaines).
UNE ACTIVITÉ DE DÉCOUPLAGE ?
Dans le modèle de la rate ovariecto-
misée, le strontium réduit la perte
osseuse induite par la carence hormo-
nale, en particulier en zone trabécu-
laire, en diminuant la résorption
osseuse, alors que la formation osseuse
reste élevée. Chez le rat normal rece-
vant du ranelate de strontium pendant
deux ans, il est observé une augmen-
tation des propriétés mécaniques
osseuses, en particulier des vertèbres
et du fémur, associée à une augmenta-
tion du diamètre osseux. Lors de tests
en compression, la résistance verté-
brale augmente de manière dose-
dépendante. Aucun trouble de la miné-
ralisation n’a été observé dans ces
diverses études. Chez le rat en crois-
sance, la stimulation de la formation
osseuse semble liée à une réplication
augmentée des cellules ostéoprogéni-
trices. Ainsi, par un mécanisme molé-
culaire restant à déterminer, le stron-
tium pourrait avoir sur les cellules
osseuses une activité de découplage,
favorisant la formation et réduisant la
résorption osseuse.
Deux études de phase II ont été récem-
ment publiées. Chez des femmes
récemment ménopausées, le ranelate
de strontium, à la dose de 1 gramme
par jour, prévient la perte osseuse
rachidienne et fémorale observée dans
le groupe placebo. Chez des femmes
ménopausées ostéoporotiques ayant
déjà des fractures vertébrales, le stron-
tium, à la dose de 2 grammes par jour,
est capable d’augmenter la densité
minérale osseuse (DMO) avec un gain
annuel de 7 % au rachis. Une part de
l’augmentation de la DMO est arté-
factuelle, liée au poids atomique du
strontium, et des formules de correc-
tion ont été calculées ; toutefois, ces
estimations n’ont qu’un intérêt théo-
rique, et, dans la pratique clinique, la
valeur densitométrique mesurée peut
être prise en compte comme preuve
d’effet pharmacologique de la molé-
cule.
L’ÉTUDE SOTI
Le bénéfice clinique du strontium a été
démontré par l’étude SOTI (Spinal
Osteoporosis Therapeutic Interven-
tion), randomisée en double aveugle
versus placebo, testant son efficacité et
sa tolérance à la dose de 2 grammes par
jour pendant trois ans chez 1649 femmes,
d’environ 70 ans, ayant des fractures
vertébrales prévalentes. La réduction
du risque de présenter une nouvelle
fracture vertébrale a été de 41% en
trois ans et de 49 % dès la première
année. L’augmentation non corrigée de
la DMO du rachis a été de 12%. Il n’y
a pas eu d’effet indésirable plus impor-
tant dans le groupe strontium que dans
le groupe placebo, en dehors d’un
excès de diarrhée (6% versus 3,6%
pour le groupe placebo) survenant
essentiellement en début de traitement.
Contrastant avec ces effets cliniques,
les marqueurs biologiques classiques
du remodelage osseux ont peu varié ;
leur analyse détaillée est en cours
d’étude.
EN CONCLUSION
Le ranelate de strontium à la dose de 2
grammes par jour (sachet quotidien) a
démontré son effet préventif des frac-
tures vertébrales ostéoporotiques. La
variation densitométrique est très
ample et pourra peut-être être utilisée
dans le suivi des traitements. La place
de ce nouveau traitement dans la prise
en charge de l’ostéoporose reste à
déterminer entre les agents antirésor-
beurs (bisphosphonates, SERM, estra-
diol) et les agents ostéoformateurs
(tériparatide).
Ch. Roux
Service de rhumatologie,
hôpital Cochin, Paris.
http://www.grio.org
L
C o n g r è s
Journée nationale contre l’ostéoporose, le 18 octobre 2003 à
l’initiative du Groupe de recherche et d’information sur
les ostéoporoses (GRIO), organisée dans une quinzaine de
villes françaises.
Nice, 14-17 novembre 2003 : IOF Fourth European
Symposium on Clinical & Economical Aspects of
Osteoporosis and Osteoarthritis.
Paris, 16 janvier 2004 : XVIIIeJournée scientifique du GRIO.
Rio de Janeiro, 14-18 mai 2004 : IOF World Congress on
Osteoporosis.
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