La Lettre du Gynécologue - n° 315 - octobre 2006
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ayant une tumeur de stade apparemment précoce. En effet,
selon les résultats, le traitement adjuvant peut être évité. La
stadification doit inclure une cytologie ou un lavage périto-
néal, une omentectomie et des biopsies péritonéales multiples
(1, 2). La stadification ganglionnaire a été jugée facultative car
le bénéfice d’un tel examen est toujours controversé.
Le second critère d’inclusion concernait l’utilisation de la
chimiothérapie. L’une des principales différences entre les
études publiées concernant les résultats cliniques chez les
patientes ayant une tumeur de stade supérieur à IC, nous
avons préféré inclure uniquement les patientes ayant reçu une
chimiothérapie adjuvante pour une tumeur de stade supérieur
à IC. L’intérêt du traitement adjuvant chez les patientes ayant
une tumeur de stade IC fait toujours l’objet de débats dans
la littérature. Néanmoins, dans la présente étude, nous avons
décidé de ne sélectionner que les dossiers des patientes ayant
une tumeur de stade > IC traitées par chirurgie conservatrice
suivie d’un traitement adjuvant afin d’être assurés qu’une réci-
dive ultérieure ne serait pas liée à l’absence éventuelle de trai-
tement adjuvant. Une seule patiente de la présente étude a été
exclusivement traitée par chirurgie pour une tumeur de stade
IC (cas n°9 dans le tableau). Ce cas est largement détaillé
dans la section “résultats”. Bien que cette tumeur ait pu être
initialement classée comme une tumeur de stade IA ou IC,
elle a été considérée par l’équipe traitante comme une tumeur
de stade IC en raison de sa rupture peropératoire (absence
de cytologie péritonéale lors de la chirurgie initiale). Il s’agit
du seul cas de tumeur de stade IC qui n’ait pas été traité par
chimiothérapie adjuvante dans la présente étude. En outre, les
caractéristiques de la récidive (récidive à 48 mois) observées
dans ce cas n’étaient probablement pas liées à l’absence éven-
tuelle de traitement adjuvant au cours du traitement initial.
Dans l’étude italienne, 11 patientes sur 19 ayant une tumeur de
stade IC n’ont pas reçu de traitement adjuvant (3). Dans celle
de Schilder et al. (5), 2 des 10 patientes ayant une tumeur de
stade IC ont été traitées exclusivement par chirurgie. Le type
de chimiothérapie utilisé est également important. Le traite-
ment de référence est une chimiothérapie à base de platine.
Lors de l’étude publiée par Schilder et al. (5), 5 des 19 patien-
tes ont reçu un traitement adjuvant comportant du melphalan
en monothérapie. Dans la présente série, les patientes traitées
selon des schémas autres qu’une chimiothérapie à base de pla-
tine ont été exclues.
Le dernier critère d’inclusion important, et probablement l’un
des plus importants, est l’analyse histologique centralisée de
la tumeur ovarienne effectuée par le même anatomopatholo-
giste (les patientes étaient exclues si les lames histologiques de
la tumeur initiale n’étaient pas disponibles). Dans la série de
Schilder et al. (5), les lames histologiques ont été examinées
par une anatomopathologiste dans chacun des huit centres
participant à cette étude multicentrique. L’examen centralisé
final n’a été effectué que dans les cas douteux en termes de
définition du type histologique ou du grade de la tumeur. Dans
la présente étude, la classification de 4 patientes examinées a
été revue et elles ont été considérées comme présentant une
tumeur à la limite de la malignité. La classification du grade de
la tumeur a été revue chez une patiente. Un examen anatomo-
pathologique centralisé est probablement essentiel. dans les
études rétrospectives sur les tumeurs ovariennes
Nos résultats confirment, à l’instar de ceux des études italienne
et américaine, que le traitement conservateur pourrait être pro-
posé sans risque chez les patientes ayant une tumeur de stade
IA grade 1. À la différence des autres études, et même si le nom-
bre de patientes ayant une tumeur de stade supérieur à IC est
faible, le fait qu’elles aient toutes développé une récidive semble
suggérer qu’il ne faille pas proposer ce traitement à des patien-
tes ayant une tumeur de stade supérieur à IC. Ce résultat n’a
pu être expliqué par l’absence de traitement adjuvant, l’absence
de stadification complète chirurgicale (diagnostic erroné d’une
tumeur d’un stade plus avancé) ou une chimiothérapie incor-
recte, étant donné que tous ces éléments faisaient partie de nos
critères d’inclusion. En outre, la majorité des tumeurs récidi-
vantes ont concerné l’ovaire restant (8 sur 10 récidives invasi-
ves). L’ovaire épargné est donc le site de la première récidive
chez la majorité des patientes. Ce résultat n’a pas été aussi évi-
dent lors des deux autres études : seulement deux récidives sur
cinq étaient localisées sur l’ovaire épargné dans l’étude italienne
et trois sur cinq dans l’étude américaine (3, 5, 6).
Nous avons également observé que la SSR de la tumeur de
stade IA grade 2 a été très différente de celle rapportée dans
la littérature après chirurgie radicale, même si le nombre de
ces patientes est faible dans la présente étude. Dans la litté-
rature, la survie des patientes atteintes de ce type de tumeur
varie de 77 à 94 % alors que, lors de notre étude, la SSR chez
les patientes ayant une tumeur de stade IA grade 2 n’a été que
de 70% (11-14). Dans les études italienne et américaine, res-
pectivement deux patientes sur huit et deux patientes sur six
ayant une tumeur de stade IA grade 2 ont présenté une réci-
dive (3, 5, 6). Ainsi, dans les trois principales études portant
sur la chirurgie conservatrice, le risque de récidive semble
augmenter après chirurgie conservatrice chez les patientes
ayant une tumeur de stade IA grade 2. Une chimiothérapie
adjuvante systématique chez ces patientes n’a pas d’indication
formelle, mais un tel traitement pourrait-il réduire le risque
de récidive après chirurgie conservatrice ? Dans la présente
étude, 2 patientes sur 4 ayant une tumeur récidivante de stade
IA grade 2 ont reçu un traitement adjuvant et, dans l’étude ita-
lienne, les deux patientes ayant une récidive ont reçu 6 cures
de chimiothérapie à base de platine (6).
Lors de notre étude rétrospective, seule une des 3 patientes
ayant une tumeur de stade IA grade 3 a développé une réci-
dive. Le nombre de patientes ayant une tumeur de stade IA
grade 3 est cependant trop faible pour émettre une conclu-
sion définitive sur ce sous-groupe de patientes. En outre, deux
d’entre elles présentaient une très petite tumeur borderline
de grade 3 ou endométrioïde (avec une composante à cellules
claires pour l’une d’elles). Ce point (faible taille de la tumeur) a
expliqué pourquoi certaines patientes ont été traitées exclusi-
vement par la chirurgie pour une tumeur de stade IA grade 3,
alors que de telles patientes reçoivent habituellement un traite-