La Lettre du Gynécologue - n° 315 - octobre 2006
Dossier
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Le stade II
La conservation de l’utérus n’est plus licite au stade II pour la grande
majorité des auteurs. C’est dire que la fertilité à partir des
gamètes de la patiente n’est envisageable qu’au prix d’un prêt
d’utérus. Il nous semble cependant possible de congeler le
cortex ovarien accessible et d’apparence saine chez les patien-
tes jeunes désireuses de préserver leur fertilité. À partir du
stade III du cancer épithélial de l’ovaire, les préoccupations
ne se situent plus au niveau de la fertilité. La CPTO ne nous
semble donc pas licite dans ce contexte.
Les tumeurs borderline de l’ovaire
Pour les mêmes raisons que dans les tumeurs épithéliales non
borderline, le cortex ovarien d’apparence saine sur l’ovaire
enlevé peut être congelé, toujours par précaution au cas où
un problème surviendrait sur l’autre ovaire.
Dans les stades Ib et Ic et en cas de désir de préservation de
la fertilité, trois attitudes ont été proposées :
– annexectomie bilatérale en préservant l’utérus pour per-
mettre le don d’ovocytes ;
– annexectomie unilatérale du côté où la tumeur est la plus
volumineuse et kystectomie controlatérale ;
– kystectomie bilatérale.
Dans ces situations, la CPTO pourrait nous aider à orienter
notre attitude. La kystectomie seule dans le but de préserver
la fertilité est bien souvent un échec. En effet, elle doit être
large dans le cas d’une tumeur borderline, aboutissant à une
réduction importante du stock folliculaire et à des phéno-
mènes d’adhérences compromettant la fertilité spontanée.
On sait par ailleurs que ces ovaires opérés sont souvent peu
ou pas répondeurs lors des stimulations pour fécondation
in vitro (FIV). Il nous semble donc préférable de congeler le
cortex périlésionnel de ces patientes, plutôt que de laisser
en place un fragment ovarien dont la surveillance devra être
minutieuse et la rentabilité en termes de grossesses faible,
voire inexistante.
Dans les stades II et III, la conservation utérine n’est pas
recommandée. Cependant, la survie reste très bonne. L’infer-
tilité a donc de grandes chances d’être un problème majeur
pour ces femmes après leur maladie. La CPTO d’apparence
saine permettrait à ces patientes de garder la possibilité de
recourir à une mère porteuse.
Les tumeurs germinales et stromales de l’ovaire
Contrairement aux tumeurs épithéliales, les tumeurs ger-
minales et stromales de l’ovaire surviennent le plus souvent
chez la femme jeune et l’enfant, c’est dire que la préservation
de la fertilité est bien souvent au centre des débats.
Pour les stades Ia, la place de la CPTO est la même que
pour le cancer épithélial, elle ne doit concerner que le cortex
d’apparence saine de l’ovaire atteint.
En cas de tumeurs bilatérales (Ib), notamment en cas de
dysembryome, il est classique de proposer une annexectomie
bilatérale. Cependant, certaines tentatives de traitement
conservateur ont été faites en se contentant d’une tumo-
rectomie sur au moins l’un des deux ovaires. Cette attitude
est risquée et la cryopréservation du cortex ovarien d’ap-
parence saine sur les deux ovaires est une alternative qui
paraît moins risquée, comme nous l’avons évoqué pour les
tumeurs borderlines.
Certaines tentatives de traitement conservateur à des stades
ultérieurs ont été rapportées, notamment pour des stades
III rétropéritonéaux, voire péritonéaux sans atteinte utérine,
ni de l’autre ovaire. Dans ces situations à risque, la CPTO
présenterait naturellement moins de danger. Il nous semble
licite d’en informer la patiente pour qu’elle puisse réaliser un
choix en connaissance de cause.
LE CANCER DU COL DE L’UTÉRUS
Le cancer du col aux stades précoces
(IA, IB et IIA)
Dans le cas de figure qui nous intéresse, le cancer de la femme
jeune désireuse de préserver sa fertilité, l’option chirurgie
seule est la moins agressive pour la fonction ovarienne. Ce
d’autant plus qu’il est bien établi que la conservation des
ovaires ne grève pas la survie dans les cancers du col aux
stades précoces. La chirurgie permet de préserver au mieux
les ovaires tandis que la chimiothérapie et surtout la radio-
thérapie sont beaucoup plus agressives inutilement d’un point
de vue carcinologique sur la fonction ovarienne.
Tant que la chirurgie seule est proposée comme traitement,
il n’y a pas lieu de cryopréserver du tissu ovarien.
Cependant, sur la pièce de trachélectomie ou d’hystérectomie
ou sur le curage, un envahissement paramétrial ou ganglion-
naire peut être découvert. Dans cette situation, il est classique
d’adjoindre une radiothérapie. La transposition ovarienne
dans la gouttière pariéto-colique est alors recommandée
pour préserver la fonction ovarienne. Nous connaissons les
limites de la transposition ovarienne. La cryopréservation
d’un ovaire et la transposition de l’autre constituent une
alternative permettant de préserver la fonction ovarienne
à court terme et la fertilité ultérieure.
Le cancer du col aux stades avancés
(à partir du stade IIB)
À partir du stade IIB, la plupart des auteurs abandonnent le
traitement chirurgical au profit de l’association radiothéra-
pie-chimiothérapie. Chez la femme jeune, des tentatives de
préservation de la fonction ovarienne par transposition ont
été réalisées jusqu’au stade III. Là encore, il nous paraît alors
licite de faire une CPTO de l’un des deux ovaires.
Le cancer du corps de l’utérus
Le cancer du corps de l’utérus est devenu le cancer pelvien
le plus fréquent de la femme dans les pays industrialisés.
On distingue deux types principaux de cancer du corps
utérin, les adénocarcinomes de l’endomètre et les sarcomes
utérins.