téine DEC-205 (1, 5). Ces marqueurs sont relativement spéci-
fiques, et utiles pour l’identification des DC, dans la mesure où
ils sont exprimés préférentiellement, ou à haute densité, par les
DC, mais la plupart sont partagés avec des sous-populations
macrophagiques ou lymphocytaires. La molécule CD83 est, par
exemple, faiblement exprimée par certains lymphocytes B acti-
vés. Au sein des DC, les LC sont les seules à exprimer la
E-cadhérine et l’Ag de homing CLA (cutaneous lymphocyte
associated antigen). On peut, par ailleurs, obtenir in vitro des
quantités importantes de DC humaines à partir de progéniteurs
sanguins ou médullaires, ou de monocytes périphériques, à
l’aide de cytokines, dont le GM-CSF et l’IL4. En modulant ces
cytokines, il est également possible d’obtenir des DC à un stade
de maturation précis, pour réaliser des études fonctionnelles.
Des lignées murines sont également disponibles (14, 15).
Les DC sont aptes à modifier séquentiellement leur phénotype
afin de pouvoir exercer leurs diverses fonctions. Au stade imma-
ture, les DC sont parfaitement équipées pour l’internalisation
des Ag : récepteurs au Fc des immunoglobulines (FcγR et
FcεR), récepteurs aux fractions du complément et récepteurs
au mannose. Plusieurs modes d’internalisation sont possibles :
macropinocytose, endocytose par récepteurs ou phagocytose
(4, 16-18). À ce stade, les DC synthétisent de fortes quantités
de molécules du CMH et les stockent dans des compartiments
vésiculaires intracytoplasmiques (19). Elles expriment faible-
ment, à leur surface, ces molécules du CMH, de même que les
molécules de coactivation des lymphocytes T.
Le phénotype des DC se modifie au cours de leur migration,
après capture d’un Ag. Les cellules perdent leur activité pha-
gocytaire. Les molécules du CMH, initialement stockées en
position intracellulaire, sont massivement exportées, et expri-
mées à très haute densité à la surface cellulaire, associées aux
peptides antigéniques (7). L’expression à leur surface des molé-
cules de costimulation des lymphocytes (B7.1, B7.2) augmente
fortement, de même que celle des récepteurs au TNF comme
le CD40. Des cytokines et des chimiokines sont synthétisées
en grande quantité. À ce stade de cellules matures, les DC sont
donc aptes à jouer leur rôle de cellules présentatrices d’Ag.
RÉPONSE DES DC À UNE AGRESSION MICROBIENNE
La lignée des DC est extrêmement réactive aux stimuli antigé-
niques de nature microbienne, et ce dès le stade de progéniteur.
Des aérosols antigéniques viraux ou des bactéries tuées indui-
sent un recrutement considérable de DC immatures dans l’épi-
thélium respiratoire du rat, dès les premières heures de l’ino-
culation, selon une cinétique au moins aussi rapide que l’afflux
de polynucléaires (20). Liu et MacPherson ont montré que
l’administration par voie orale de LPS recrutait des DC au
niveau digestif, et augmentait le nombre de DC circulant dans
le canal thoracique (21). Lors de l’injection par voie systémique
de LPS, les organes profonds (rein, cœur) se voient également
très vite infiltrés de DC immatures (22).
On a longtemps cru que les DC étaient incapables d’internali-
ser des micro-organismes, ce qui les distinguait des macro-
phages. On sait aujourd’hui que les DC, à un stade immature,
sont bien phagocytaires. Cette capacité est rapidement perdue
in vitro, ce qui explique les errances initiales (4, 18). L’inter-
nalisation d’une grande variété de micro-organismes par des
DC a été démontrée in vitro : virus (VIH-1, rougeole, voir ci-
dessous), bactéries (Listeria monocytogenes, BCG), parasites
(Leishmania major), levures (Saccharomyces cerevisiae) (18,
23-25). Vérifier ce phénomène in vivo est difficile. De rares
études ont pu visualiser, in situ, des DC infectées naturellement.
Frankel et coll. ont montré que le rétrovirus VIH-1 se répliquait
dans des syncitia d’origine dendritique, sous l’épithélium des
amygdales et des végétations adénoïdes (26). À l’étage diges-
tif, Hopkins et Kraehenbühl ont pu identifier des DC chargées
de Salmonella typhimurium dans les plaques de Peyer, dans un
modèle d’infection murine par voie orale (27). Des observa-
tions similaires ont été faites par notre équipe concernant le
pathogène intracellulaire Listeria monocytogenes, dans un
modèle d’anse intestinale ligaturée chez le rat (Pron et coll.,
manuscrit soumis). Nous avons, de plus, montré que des DC,
chargées de Listeria,pouvaient être détectées dans les ganglions
mésentériques, et ce dès les temps précoces de l’infection. Cela
conforte l’hypothèse selon laquelle les DC pourraient véhicu-
ler certains agents pathogènes intracellulaires dans l’organisme.
Il est généralement admis que les DC, chargées d’Ag micro-
biens, migrent vers le ganglion drainant et induisent une réponse
cellulaire T spécifique. Ce concept se fonde principalement sur
des données obtenues avec des Ag non microbiens, ou des aller-
gènes.
On sait que, par exemple, l’application d’un allergène sur la
surface cutanée provoque un rapide afflux de LC en cours d’ac-
tivation dans les vaisseaux lymphatiques du derme et dans les
ganglions lymphatiques drainants (28). Ces cellules sont
capables, si on les isole, d’induire, en coculture avec des lym-
phocytes T in vitro, une réponse immunitaire vis-à-vis de l’al-
lergène. Une des rares démonstrations expérimentales portant
sur un agent infectieux concerne Schistosoma mansoni, un hel-
minthe dont les larves pénètrent l’organisme par voie percuta-
née. Il a été montré que l’acquisition de l’immunité protectrice
T CD4+ anti-Schistosoma chez le cobaye était strictement
dépendante d’un recrutement efficace et massif de LC au site
cutané de l’inoculation, et qu’elle était associée à la présence
en nombre accru de DC dans les ganglions drainant le territoire
(29).
Les DC de la muqueuse intestinale migrent vers les ganglions
mésentériques, dans lesquels elles s’arrêtent. Des auteurs ont
effectué, chez le rat, une lymphadénectomie mésentérique
totale, et laissé se reconstruire la circulation lymphatique en
quelques semaines (8). La canulation du canal thoracique sous-
diaphragmatique leur a permis de collecter la lymphe mésen-
térique, non “filtrée” par les ganglions mésentériques. Ces
auteurs ont pu montrer que le flux de DC dans la lymphe crois-
sait considérablement en réponse à l’administration d’Ag
solubles par voie orale. Isolées, ces DC sont capables de sti-
muler une réponse T in vitro vis-à-vis de l’Ag ingéré par l’ani-
mal (8). De plus, isolées, puis réinjectées dans le coussinet plan-
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 8 - octobre 1999
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