La Lettre du Cardiologue - n° 387 - septembre 2005
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tral : d’une part, en stimulant les récepteurs α2-adrénergiques (clo-
nidine) et, d’autre part, en agissant sur les récepteurs aux imidazo-
lines. La rilménidine agit sur le récepteur aux imidazolines de type
I1,mais elle entraîne une sédation liée aux propriétés agonistes des
α2-adrénergiques centraux. D’autres dérivés imidazoliniques ont
été synthétisés pour ne garder que la propriété agoniste I1. Il s’avère
néanmoins qu’il existerait une synergie d’action entre les récep-
teurs I1et les récepteurs α2-adrénergiques centraux. Des études sont
en cours pour étendre l’utilisation de cette famille pharmacologique
à d’autres situations d’hyperstimulation sympathique (arythmies au
décours de l’ischémie myocardique, insuffisance cardiaque).
C. Julien (faculté de pharmacie, Lyon) a rappelé que le système
nerveux sympathique est également l’une des composantes
majeures du baroréflexe. Les variations de pression artérielle peu-
vent être analysées par des méthodes spectrales ou en utilisant la
transformée de Fourrier. Cette composante sympathique du baro-
réflexe peut être modélisée. C. Sévoz-Couche (U677, Paris) nous
a montré que, au cours des réactions de défense de type agression,
la stimulation 5HT3présynaptique permet la libération de GABAA
qui inhibe la bradycardie réflexe liée à l’augmentation de pression
artérielle. En revanche, au cours des réactions passives au stress
(douleurs viscérales), la bradycardie baroréflexe est potentialisée
par la stimulation des récepteurs 5HT2. M. Pelat (U660, Créteil) a
étudié la variabilité de la fréquence cardiaque chez des souris obèses
(délétion en récepteur aux LDL et/ou à la leptine). L’analyse de la
fréquence cardiaque a montré que l’hypercholestérolémie ou le défi-
cit en leptine sont responsables d’une hypertension artérielle. L’ad-
jonction d’une hypertriglycéridémie aboutit à des altérations de la
variabilité de la fréquence cardiaque. Au niveau central, C. Llo-
rens-Cortes (U691, Paris) a montré, en bloquant l’aminopepti-
dase A, que l’action hypertensive de l’administration intracérébro-
ventriculaire d’angiotensine II nécessite sa conversion en
angiotensine III. L’inhibition centrale de l’aminopeptidase N a per-
mis de bloquer le catabolisme de l’angiotensine III et a produit une
hypertension artérielle. Cette action centrale serait médiée par les
récepteurs AT1centraux de l’angiotensine II.
Nouvelles cibles dans le diabète de type 2 : du mécanisme au
traitement (avec le soutien des laboratoires Takeda)
Modérateurs : M. Marre (Paris) et P. Henry (Paris)
Le risque de mortalité cardiovasculaire est multiplié par un fac-
teur 3-4 en cas de diabète de type 2 (P. Henry,hôpital Lariboi-
sière, Paris) et la maladie coronaire est plus sévère. La prise en
charge des patients diabétiques (contrôles de la pression artérielle
et de la glycémie, utilisation d’inhibiteurs des enzymes de conver-
sion [IEC] ou d’antagonistes des récepteurs AT1de l’angioten-
sine II et de statines) permet de réduire la fréquence des événe-
ments graves, mais cela reste insuffisant. Il apparaît également
que le syndrome métabolique multiplie par 4 ou 5 le risque car-
diovasculaire. R. Fressonnet (hôpital Lariboisière, Paris) a rap-
pelé que le diabète de type 2 est un facteur de risque majeur de
complications sévères de macroangiopathies et que celles-ci
débutent avec l’hyperglycémie. En revanche, la durée du diabète
de type 2 n’est pas prédictive des lésions de macroangiopathie,
contrairement à la microangiopathie. Les lésions commenceraient
précocement avec le syndrome métabolique et l’insulinorésistance.
E. Cosson (E0107,Paris) s’est appliqué dans ce contexte à mesu-
rer la rigidité artérielle, qui constitue un facteur de risque car-
diovasculaire. Pour ce faire, il a mesuré la vélocité de l’onde de
pouls chez le rat ZDF (Zucker Diabetic Fatty). Ce paramètre est
augmenté au cours du développement de ces animaux, mais n’est
pas significativement différent par rapport aux animaux contrôles.
D’un point de vue pharmacologique et thérapeutique, M. Marre
(hôpital Bichat, Paris) a rappelé l’existence d’un système rénine-
angiotensine (SRA) au niveau des cellules bêtapancréatiques et
le fait qu’une perfusion d’angiotensine II supprime la phase pré-
coce d’insulinosécrétion. Ainsi, le blocage du SRA permet de
réduire le risque de survenue d’un diabète en améliorant la sécré-
tion d’insuline et en agissant probablement au niveau du trans-
port du glucose (GLUT 4). Ces effets seraient la conséquence de
l’inhibition de l’action de l’angiotensine II, mais également de
la bradykinine lorsque des IEC sont utilisés. V. Gaillard (U684,
Nancy) a utilisé des rats ayant reçu de fortes doses de vitamine
D3 et de nicotine pour induire des calcifications artérielles. L’ad-
ministration de pioglitazone a permis de réduire la vélocité de
l’onde de pouls et de restaurer la filtration glomérulaire ainsi que
le débit sanguin rénal. Enfin, J. Girard (U567, Paris) a exposé
les futures cibles thérapeutiques dans le diabète de type 2. Le glu-
cagon-like peptide 1 (GLP-1) favorise l’exocytose d’insuline et
réduit la sécrétion de glucagon ainsi que la prise alimentaire.
Cependant, des progrès sont à réaliser dans la forme d’adminis-
tration. Il a également cité, entre autres, les inhibiteurs des tyro-
sines phosphatases 1B et les activateurs d’AMP kinase. De nom-
breuses pistes pharmacologiques prometteuses sont à l’étude.
Bêtabloquants, NO et insuffisance cardiaque. Du mécanisme
au traitement (avec le soutien des laboratoires Menarini)
Modérateurs : A. Cohen-Solal (Clichy) et C. Boulanger (Paris)
A. Cohen-Solal (hôpital Beaujon, Clichy) a présenté les résultats
des principaux essais réalisés dans l’insuffisance cardiaque mon-
trant que les bêtabloquants diminuent la mortalité, la mort subite
et la durée d’hospitalisation, avec une amélioration des symp-
tômes et un effet favorable sur le remodelage. L’effet bénéfique
des bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque serait dû princi-
palement à leur effet bradycardisant, qui prévient la diminution
de la force contractile du muscle cardiaque. S’y ajoutent des effets
antirénines, antiapoptotiques, antioxydants, combinés à la res-
tauration de la machinerie calcique. L’augmentation de la pro-
duction de NO endothélial par certains bêtabloquants comme le
nébivolol contribuerait aussi à leur effet bénéfique, alors que l’ef-
fet sympathomimétique de certains composés de cette classe serait
néfaste. B. Rozec (U533, Nantes) a ensuite exposé les activités
bêta3 agonistes du nébivolol, un antagoniste bêta1-adrénergique.
Le nébivolol relaxe des artères isolées par un mécanisme dépen-
dant du NO endothélial et des récepteurs bêta3-adrénergiques. Il
a aussi été montré que les microvaisseaux coronaires humains
expriment le récepteur bêta3-adrénergique au niveau de l’endo-
thélium et se relaxent sous l’effet du nébivolol par un mécanisme
dépendant du NO. L’expression du récepteur bêta3-adrénergique
endothélial serait augmentée au cours de l’insuffisance cardiaque.
C. Heymes (CRCL, U689, Paris) a ensuite exposé les différentes
isoformes de NO synthases exprimées dans le cœur et leur rôle
respectif dans l’insuffisance cardiaque. L’expression et l’activité
de la NOS neuronale de type 1 sont augmentées dans le cardio-
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