Né au palais de Troyes le 30 mai 1201, Thibaud est le fils posthume de Thibaud III et de
Blanche de Navarre, petite fille, par son père, de Garcia V, roi de Navarre 1134-1150 et par
sa mère, d’Alphonse VII, roi de Castille, de Galice, de Léon et des Asturies 1126-1157. Il fut
élevé à la cour de France grâce à la protection accordée par son parrain Philippe-Auguste et
devint un des princes les plus remarquables et les plus attachants de son siècle. Comte de
Champagne à sa naissance, il est seigneur d'un puissant fief de la France médiévale et roi de
Navarre en même temps. Ainsi le jeune comte, alors âgé de 13 ans, participe à la bataille de
Bouvines à la tête de son armée de Champagne en 1214.
La minorité de Thibaud IV (1201-1222) est marquée par la régence ferme de Blanche de
Navarre face aux prétentions de Philippine, fille aînée du comte Henri II, et de son mari
Erard de Brienne. En 1216, ce dernier envahit la Champagne et réclame l'héritage de sa
femme. Par sa fidélité de vassale, Blanche sait intéresser Philippe-Auguste à sa cause en
même temps qu'elle parvient à faire intervenir la papauté. En 1218, joignant ses forces à
celles de l'empereur Frédéric II, elle assiége le duc de Lorraine près de Nancy, le fait
prisonnier, puis, se retournant contre les autres partisans d'Erard, elle les soumet les uns
après les autres. En 1220, Blanche de Navarre négocie le mariage de son fils avec la
comtesse Gertrude de Metz. Deux ans plus tard, quelques jours après son adoubement, l'un
des premiers actes de Thibaud IV, débarrassé de toute tutelle, sera de solliciter de la papauté
l'annulation de son mariage avec Gertrude. En 1223, le comte de Champagne épousera
Agnès de Beaujeu, cousine germaine de Louis VIII.Devenu majeur, Thibaud est
particulièrement actif dans les conflits qui animent les grands féodaux contre la royauté
capétienne. En 1226, il se brouille avec le roi de France Louis VIII à l'occasion de la
croisade albigeoise dont il désapprouve le but officieux : annexer le Languedoc de son cousin
Raymond VII à la Couronne de France. Le 30 juillet, l'armée champenoise abandonne l'ost
royale devant Avignon, Thibaud IV arguant que son service de quarante jours est achevé.
Lorsque le roi de France mourra à Montpensier au mois de novembre, certaines rumeurs
iront jusqu'à l'accuser d'avoir empoisonné le roi.
L'attitude de Thibaud IV lors de la croisade albigeoise est l'occasion pour les barons et la
régente Blanche de Castille de lui refuser l'accès de Reims et sa place au sacre de Louis IX
(29 novembre 1226), place tenue par Blanche de Navarre. L'affaire albigeoise trouve son
terme lors de la conférence qui se tient à Meaux de décembre 1228 à janvier 1229 entre les
représentants des légats et de la régente et Raymond VII de Toulouse, en présence de Thibaud
IV qui sert de médiateur. Dix ans plus tard, le comte de Champagne sera de nouveau
confronté au problème de l'hérésie cathare, sur ses propres terres cette fois. Poussé par le
pape et l'inquisiteur général Robert le Bougre, Thibaud IV fera brûler 183 hérétiques le 13
mai 1239 sur la cime du Mont-Aimé.
Thibaud considère comme une déclaration de guerre son éviction du sacre de Louis IX. Avec
son ami le comte Henri de Bar, il rejoint les rangs d'une coalition de mécontents dirigée par
Henri III d'Angleterre contre Blanche de Castille, coalition qui rassemble Pierre Mauclerc,
duc de Bretagne et Hugues de Lusignan, comte de la Marche. Dès 1227 cependant, Thibaud
se rallie au camp des Capétiens. La partie est dès lors perdue pour les conjurés qui se
soumettent au traité de Vendôme. En 1228, Pierre Mauclerc reprend la lutte contre la
régente. Venant au secours de Blanche de Castille, Thibaud met le siège devant le château de
Bellême où s'est retranché le duc de Bretagne qui finit par se rendre (janvier 1229). Furieux
contre Thibaud IV, les troupes de Pierre Mauclerc, de Philippe Hurepel et de Enguerrand de
Coucy envahissent la Champagne en juillet 1230. C'est à cette occasion que le comte octroie
aux villes de Troyes, Vitry, Provins, Epernay, Sézanne et Vertus des chartes communales en
même temps qu'il renforce leurs fortifications. Défait devant Provins, Thibaud ne doit son