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VA-HIT : protection par la
hausse du HDL, non par la
baisse des TG
Les résultats précédemment publiés
de VA-HIT avaient montré une diminution
de 22 % des risques cardiovasculaires
chez des hommes coronariens américains
grâce au gemfibrozil 1 200 mg par jour,
en parallèle à une augmentation de 6 % du
HDL et à une diminution de 30 à 50 % des
TG. Le point important de cette étude était
qu’à l’entrée, les patients avaient un LDL-C
moyen de 1,11 g/l, donc proche de la cible
des recommandations américaines en pré-
vention secondaire, des TG peu élevées,
en moyenne à 1,62 g/l, et un HDL-C bas,
en moyenne à 0,32 g/l. Aucune modifica-
tion du taux de LDL-C n’avait été induite
par le traitement. Restait à savoir la part
relative de l’augmentation du HDL et de
la baisse des TG dans cette diminution du
risque cardiovasculaire. Dans cette publi-
cation, des analyses statistiques concluent
qu’une augmentation du HDL de 0,05 g/l
permet une diminution de 11 % du risque
cardiovasculaire. La baisse des TG n’est
pas statistiquement associée à l’effet
bénéfique observé. Par ailleurs, la hausse
du HDL n’explique que 23 % de l’effet
protecteur du gemfibrozil : cela suggère
l’implication d’effets pléiotropes de la
molécule, notamment via la stimulation
de récepteurs nucléaires, les PPAR, dépas-
sant la simple hausse du HDL. Les résul-
tats de cette étude ont certaines limites : la
population est exclusivement masculine,
les résultats ne peuvent donc pas être
extrapolés aux femmes. Une forte propor-
tion de la population était diabétique ou
intolérante aux hydrates de carbone à
l’entrée (environ 40 %), conférant aux
patients un profil de risque particulière-
ment élevé. Enfin, les patients dont les TG
excédaient 3 g/l à l’entrée ont été exclus,
ce qui correspond environ à 15 % des
patients en prévention secondaire.
Néanmoins, cette étude est la première à
démontrer qu’une intervention sur le HDL
sans modification du LDL diminue le
risque cardiovasculaire et confirme donc
la place des fibrates en prévention secon-
daire, lorsque le patient associe LDL peu
élevé et HDL bas. Reste à savoir si une
intervention portant uniquement sur le
HDL, sans baisse des TG, dans une popu-
lation de patients à HDL bas isolé, donne-
rait le même type de résultats. Il n’existe
pas pour l’instant de molécule agissant
spécifiquement sur le taux de HDL.
– Robins S et al. Relation of gemfibrozil treat-
ment and lipid levels with major coronary
events. JAMA 2001 ; 285 : 1585-91. S.G.
Les effets tensionnels de la
gestion du stress chez
l’hypertendu
Lorsque survient une hypertension
artérielle, le premier coupable désigné par
les patients et souvent leurs médecins
pour expliquer leur état est le “stress”. Si
certaines données de la littérature indi-
quent une relation entre le stress de la vie
professionnelle mesuré par des échelles
adéquates et le niveau de la pression arté-
rielle, d’autres études ne retrouvent soit
pas de relation soit même une relation
négative entre le stress de la vie quoti-
dienne et le niveau tensionnel. De plus, les
études qui ont évalué les effets sur la baisse
tensionnelle d’une intervention de type
“gestion du stress” n’ont le plus souvent
pas montré une efficacité supérieure à
celle du groupe contrôle. Ainsi, dans les
recommandations du JNC 6, il est précisé
que les données de la littérature ne sont
pas en faveur de l’utilisation des tech-
niques de relaxation pour traiter l’hyper-
tension artérielle permanente ou pour pré-
venir l’apparition d’une hypertension
artérielle. Le travail mené par une équipe
de psychologue de Vancouver offre la
possibilité d’une étude de très bonne qua-
lité méthodologique pour répondre à la
question des bénéfices des techniques de
gestion du stress chez l’hypertendu. Un
groupe de 60 hypertendus sélectionnés sur
les données d’une MAPA des 24 heures
supérieure en moyenne à 140/90 mmHg
ont été randomisés pour bénéficier d’une
prise en charge psychologique complète
d’une heure par semaine sur 10 semaines
comprenant : une thérapie cognitive et de
biofeedback, une gestion de l’anxiété et une
lutte contre les comportements de type A.
Cette thérapeutique était proposée à tous les
patients soit immédiatement après la rando-
misation, soit secondairement après une
période d’abstention de 10 semaines. La
MAPA était réalisée avant, puis après l’in-
tervention. Alors que certains critères de
la psychologie du patient se sont modifiés
avec la prise en charge, il est aussi obser-
vé une baisse tensionnelle entre les deux
groupes. Alors que la baisse est compa-
rable dans les deux groupes lorsqu’elle est
évaluée à la consultation, une différence
significative est notée sur l’évaluation de
la pression artérielle par la MAPA. La
baisse tensionnelle est plus importante
lorsque les patients bénéficient de la prise
en charge psychologique. L’amplitude de
la PAS/PAD sur la moyenne de 24 heures
est de - 6,1/- 4,3 dans le groupe actif et de
0,9 à 0,0 dans le groupe contrôle. Une cor-
rélation significative est retrouvée entre la
baisse de la PAS et un indicateur de stress
psychologique.
Commentaire : La sélection de patients
hypertendus et l’utilisation de la MAPA
permet de conclure à l’action hypotensive
d’une prise en charge comportementale
spécialisée dans la gestion du stress.
L’amplitude de cette effet reste toutefois
quantitativement modeste et devrait conduire
àne réserver cette (lourde) prise en charge
thérapeutique qu’aux patients chez qui une
faible baisse tensionnelle sera suffisante
pour atteindre l’objectif tensionnel.
– Linden W et al. Individualized stress mana-
gement for primary hypertension: a randomi-
zed trial. Arch Intern Med 2001 ; 161 : 1071-
81. X.G.
revue de presse
Sophie Gonbert, Xavier Girerd
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