Stratégie thérapeutique Stratégie thérapeutique La contraception d’urgence chez l’adolescente D.P. Lévy*, A. Ulmann** points FORTS ▲ Le principal mode d’action de la contraception d’urgence, quelle que soit sa formulation, est le blocage transitoire du pic ovulatoire. ▲ La contraception d’urgence progestative (Norlevo®) est efficace, sans contre-indication, et presque sans effets secondaires. ▲ Plus Norlevo® est pris tôt (dans les 12 heures qui suivent) après le rapport non protégé, plus il est efficace. ▲ Norlevo® peut être délivré sans prescription médicale, et gratuitement pour les mineures. ▲ Les deux principales circonstances de prise de la pilule du lendemain sont les accidents de préservatifs et les oublis de pilule contraceptive. ▲ L’information concernant la contraception d’urgence, ses délais d’utilisation et ses modalités de prise est encore très mal diffusée aux adolescents dont l’accès aux professionnels de santé reste problématique. ▲ Les deux principales causes d’échec de Norlevo® sont la prise en période péri-ovulatoire immédiate et le retard dans la prise des comprimés. ▲ L’association de Norlevo® au préservatif masculin semble être une solution adaptée pour la contraception des adolescents. L a contraception d’urgence (ou contraception postcoïtale, ou du lendemain) correspond à l’utilisation après un rapport sexuel non protégé d’un médicament ou d’un dispositif intra-utérin pour empêcher une grossesse de se développer. Elle peut être utilisée dans les 72 heures qui suivent le rapport sexuel à risque pour les pilules, et jusqu’au cinquième jour après l’ovulation pour le stérilet. Un rapport “à risque” est un rapport sans contraception efficace, oubli de pilule ou accident de préservatif. Cette méthode ne peut être utilisée de façon régulière et son utilisation répétée doit conduire à la prescription d’une contraception fiable et adaptée. La situation de l’adolescente vis-à-vis de la contraception d’urgence est particulière par de nombreux aspects. L’activité sexuelle * Unité de gynécologie endocrinienne, Hôtel-Dieu, Paris. ** Laboratoire HRA Pharma, Paris. 184 Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 4, juillet/août 2003 est le plus souvent épisodique et irrégulière, ne justifiant pas à ses yeux les contraintes d’une prise de contraception quotidienne. Les oublis de pilule sont fréquents et plus risqués en termes de probabilité de grossesse que dans les autres tranches d’âge. La fréquence des maladies sexuellement transmissibles impose l’utilisation d’une contraception à type de barrière, qui doit être associée au message contraceptif général délivré aux adolescents. “L’accident” de préservatif correspond en réalité le plus souvent à une non-utilisation, et parfois à une erreur d’utilisation. L’accès de l’adolescente à l’information en matière de contraception, à la contraception d’urgence elle-même, et à un suivi gynécologique adapté pose des problèmes également très spécifiques à cet âge. En effet, une très grande majorité d’adolescents n’ont jamais entendu parler de la pilule du lendemain, ne savent pas quelle attitude adopter en cas d’oubli de pilule estroprogestative et n’ont jamais bénéficié d’une démonstration de l’utilisation correcte d’un préservatif. L’âge médian du premier rapport sexuel a peu varié en France, il est de 17 ans pour les filles comme pour les garçons. Tandis que plus de 85 % des adolescents déclarent avoir utilisé un préservatif lors de leur premier rapport, la proportion des mineures maintenant ensuite une méthode contraceptive efficace et régulière est moins bien connue et semble être considérablement plus faible. Le rôle de la famille et du niveau d’éducation sont des éléments déterminants dans la bonne utilisation d’une méthode contraceptive chez les adolescents, qu’il s’agisse du préservatif, de la pilule ou de la pilule du lendemain. Les échecs de la contraception sont particulièrement fréquents chez les adolescents. L’absence totale de contraception est également plus fréquente (près de 10 % chez les adolescentes ayant une activité sexuelle, contre 3,6 % des adultes). Dans le rapport de Michelle Uzan publié en 1998, 25 % des adolescentes prises en charge pour IVG à Bondy n’avaient aucune contraception, 22 % déclaraient un échec de préservatif et moins de 3 % un oubli de pilule (1). Jusqu’à 30 % des demandes d’IVG chez les adolescentes correspondent à un “échec” du préservatif utilisé comme seul moyen contraceptif. Le nombre des IVG chez les adolescentes en France est en augmentation lente depuis 1990, alors même que le nombre global des IVG pratiquées diminue régulièrement et que l’utilisation d’une méthode contraceptive fiable s’est largement diffusée dans la population des femmes en âge de procréer. Environ 220 000 IVG sont effectuées chaque année dont 10 % concernent des femmes de moins de 20 ans et 6 000 sont mineures (2). Le nombre de conceptions chez l’adolescente est en baisse, mais quand elles surviennent, les grossesses aboutissent plus souvent à une IVG, avec plus de 65 IVG pour 100 conceptions en 1994. La disponibilité sans prescription médicale (depuis décembre 2001) d’une contraception d’urgence progestative (lévonorgestrel) efficace et sans contre-indication, et la gratuité de la contraception d’urgence par Norlevo® pour les mineures (depuis janvier 2002) devraient permettre d’adapter la prise en charge contraceptive de l’adolescente à ses demandes spécifiques. Le but ultime de cette prise en charge étant de diminuer le nombre d’IVG entre 15 et 25 ans. Le mécanisme d’action de la contraception d’urgence Le mécanisme d’action de la contraception d’urgence demeure mal connu. L’efficacité de la pilule du lendemain, quelle que soit sa formulation, est très probablement multifactorielle. Le blocage du pic ovulatoire apparaît comme le mécanisme principal de l’efficacité de la contraception d’urgence et justifie l’attribution du terme “contraception” à ce type de méthode. On sait en effet que les progestatifs comme le lévonorgestrel à la dose de 750 µg agissent en bloquant l’ovulation (3). Par ailleurs, on sait que la fécondation ne peut se produire que si des spermatozoïdes sont au voisinage de l’ovocyte au moment où celui-ci est expulsé, et donc seulement si le rapport sexuel a eu lieu avant le début de l’ovulation. Si le rapport sexuel a lieu le lendemain, ou a fortiori dans les jours qui suivent l’ovulation, la fécondation est peu probable. Un rapport au début de la période ovulatoire doit être considéré comme potentiellement fécondant. Cela explique que la contraception d’urgence ne puisse être efficace à 100 % car, si une femme l’utilise dans la période précédant immédiatement le déclenchement de l’ovulation, le produit n’aura pas le temps d’agir et la fécondation pourra avoir lieu. Enfin, il est probable qu’une dose unique de 1,5 mg de lévonorgestrel permette aussi le blocage efficace de l’ovulation (4). Les autres mécanismes d’action souvent évoqués sont totalement hypothétiques et non démontrés. Il s’agit de l’interférence avec le processus de fécondation : on sait que les progestatifs ralentissent la migration des spermatozoïdes jusque dans la cavité utérine par modification de la glaire cervicale. Il est également possible que les progestatifs aient un effet sur la fécondation elle-même. On a aussi évoqué un effet délétère des progestatifs sur le fonctionnement du corps jaune en tout début de grossesse. Enfin, il pourrait exister une interférence avec l’implantation de l’œuf fécondé dans la cavité utérine sous l’effet des progestatifs à fortes doses qui rendraient l’endomètre impropre à la nidation (5). Ce mécanisme est toutefois douteux quand on sait que les conditions hormonales nécessaires à l’implantation de l’embryon sont remarquablement peu stringentes, comme l’a bien montré la préparation de l’endomètre au don d’ovocyte. L’efficacité de la contraception d’urgence Les études de la littérature comportant un nombre suffisant de femmes indiquent que le taux d’échecs de la méthode est inférieur à 5 % (6, 7). Les échecs sont significativement moindres avec les méthodes utilisant le lévonorgestrel seul qu’avec celles utilisant l’association estroprogestative de type Yuzpe classique. Cette efficacité est confirmée par les données obtenues lors de la comparaison des deux méthodes de contraception d’urgence sur une large cohorte de patientes (6, 8). Toutefois, il est important de préciser que l’efficacité de la contraception d’urgence est trop faible pour en recommander l’usage régulier sans autre méthode contraceptive associée. La contraception d’urgence est d’autant plus efficace qu’elle est utilisée rapidement après le rapport non protégé : l’efficacité baisse de près de 10 % au bout de trois jours après le rapport (9). Ce fait a contribué à autoriser la délivrance de Norlevo® sans prescription médicale, et gratuite pour les mineures, afin d’éviter les retards de prise souvent dus à la difficulté d’obtention d’un rendez-vous avec un médecin. Une étude récente a toutefois montré que l’administration d’une pilule du lendemain estroprogestative au-delà du délai de 72 heures après le rapport non protégé conservait plus de 70 % d’efficacité entre 72 et 120 heures (10). Il est ici essentiel de souligner l’importance d’une information détaillée et pratique de l’adolescente, voire d’une provision par avance du produit, au cours de la consultation de gynécologie ou de médecine générale en dehors du contexte d’urgence (11). Stratégie thérapeutique Stratégie thérapeutique Les produits disponibles Il y a quelques années, la méthode la plus fréquemment employée était l’administration, en deux prises, de fortes doses de contraceptifs oraux estroprogestatifs dans les 72 heures suivant le rapport non protégé. En France, il était habituel de prescrire deux fois deux comprimés de Stédiril® (50 µg d’éthinylestradiol associés à 0,5 mg de norgestrel) à 12 heures d’intervalle. D’une façon générale, cette méthode était efficace puisqu’elle évitait plus de 70 % des grossesses non désirées, au prix toutefois d’importants effets indésirables (nausées et vomissements dans 5 à 25 % des cas). Il existe actuellement un produit dédié à la contraception d’urgence correspondant à cette formulation, Tétragynon® (quatre comprimés contenant 50 µg d’éthinylestradiol associés à 250 µg de lévonorgestrel). Cette pilule du lendemain impose le respect des contre-indications habituelles aux estrogènes. Depuis 1999, il existe également une spécialité qui ne contient qu’un progestatif, Norlevo® (deux comprimés à Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 4, juillet/août 2003 185 Stratégie thérapeutique Stratégie thérapeutique 750 µg de lévonorgestrel). Une étude faite sous l’égide de l’OMS en 1998 a montré que le lévonorgestrel seul, administré en contraception d’urgence, était plus efficace et significativement mieux toléré que l’association éthinylestradiol-lévonorgestrel (6). C’est l’absence d’éthinylestradiol qui confère à Norlevo® ses avantages les plus significatifs : une excellente tolérance (les vomissements sont très rares), une absence de contre-indications, vasculaires et métaboliques notamment, en dehors d’une allergie au lévonorgestrel ou à certains excipients de la spécialité. Ces avantages ont permis aux pouvoirs publics d’autoriser la délivrance de Norlevo® sans ordonnance médicale. Depuis 1999, plus de 5 millions de femmes ont eu recours à Norlevo®, sans souci majeur de pharmacovigilance (12). À côté des méthodes hormonales par voie orale, certains gynécologues inséraient en urgence un stérilet, technique très efficace mais qui ne peut être appliquée à toutes les femmes et comportant un risque d’infection et de stériTableau I. Conduite à tenir en cas d’oubli de pilule. Oubli de pilule de moins de 12 heures Efficacité contraceptive conservée ➜ Prendre la dernière pilule oubliée. ➜ Continuer les comprimés restants à l’heure habituelle. Oubli(s) supérieur(s) à 12 heures – quel que soit le dosage et la composition de la pilule estroprogestative ; – quel que soit le nombre de comprimés oubliés ; – quelle que soit la semaine de l’oubli. ➜ Prendre la dernière pilule oubliée. ➜ Continuer les comprimés suivants à l’heure habituelle. ➜ Prendre des précautions contraceptives supplémentaires jusqu’au premier comprimé de la plaquette suivante (préservatif). ➜ De plus, utiliser la contraception d’urgence systématiquement si un rapport sexuel a eu lieu dans les 5 jours précédant l’oubli. ➜ En cas d’absence de règles à la fin de la plaquette, reprendre la plaquette suivante et faire un test de grossesse à la fin de la première semaine de cette nouvelle plaquette. Oubli de micropilule progestative de moins de 3 heures Efficacité contraceptive conservée ➜ Prendre la dernière pilule oubliée. ➜ Continuer les comprimés restants à l’heure habituelle. Oubli de micropilule progestative de plus de 3 heures ➜ Prendre la dernière pilule oubliée. ➜ Continuer les comprimés suivants à l’heure habituelle. ➜ Prendre des précautions contraceptives supplémentaires jusqu’au premier comprimé de la plaquette suivante (préservatif). ➜ De plus, utiliser la contraception d’urgence systématiquement si un rapport sexuel a eu lieu dans les 5 jours précédant l’oubli. ➜ En cas d’absence de règles, faire un test de grossesse. 186 Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 4, juillet/août 2003 lité ultérieure. Un stérilet peut être posé jusqu’au dixneuvième jour du cycle et jusqu’à cinq jours après la date présumée de l’ovulation quand les cycles sont réguliers. L’insertion d’un stérilet en urgence chez une adolescente susceptible d’avoir de fréquents rapports non protégés ou des partenaires multiples n’est cependant pas une méthode adaptée parce qu’elle est le plus souvent encore nullipare et qu’il est important de protéger sa fertilité future. Modalités d’utilisation On peut utiliser la contraception d’urgence après tout rapport sexuel non protégé, quelles que soient les circonstances : absence de contraception, utilisation d’une méthode peu efficace (retrait, méthode des températures), échec de contraception (préservatif). Les motifs d’utilisation les plus souvent invoqués sont la rupture de préservatif, une erreur lors de son utilisation (au moment de l’enlever notamment) et les oublis de pilule. Rappelons que les échecs de contraception sont une cause non négligeable d’IVG : environ 10 % des motifs d’IVG en France, actuellement en augmentation inquiétante chez les adolescentes (13). Les oublis de pilule sont très fréquents, plus de 12 % des femmes indiquent avoir oublié au moins une fois leur pilule dans les six derniers mois (14). La période la plus risquée lors d’un oubli de pilule est la première semaine de la plaquette, car c’est à ce moment que s’établissent les mécanismes permettant le blocage de l’ovulation. Il n’y a pas de recommandation univoque sur la conduite à tenir en cas d’oubli de pilule. Il ne faut pas hésiter à employer la contraception d’urgence en même temps qu’est continuée la pilule en cours, jusqu’à l’arrivée des règles suivantes, sans oublier que les rapports suivant la prise de pilule du lendemain devront être protégés par des préservatifs (tableau I). D’une façon générale, tout rapport non protégé doit pouvoir conduire à l’utilisation d’une contraception d’urgence chez une femme qui ne désire pas de grossesse. La charge hormonale représentée par l’utilisation de produits sans estrogènes est modérée et ne doit pas être un frein à leur usage, même si la patiente les utilise plusieurs fois au cours d’un même cycle menstruel. La prise de Norlevo® ne doit pas entraîner l’interruption de la plaquette de pilule en cours d’utilisation. Les effets secondaires de la contraception d’urgence La prise des spécialités contenant des estrogènes s’accompagne de nausées et de vomissements importants. Les estrogènes sont contre-indiqués chez les femmes ayant des facteurs de risque cardiovasculaire associés comme une obésité, un diabète, une hypertension, une dyslipidémie, des antécédents thromboemboliques notamment. Tel n’est pas le cas des spécialités ne contenant pas d’estrogène, dont l’efficacité et la tolérance sont par ailleurs meilleures. Le principal effet secondaire de Norlevo® est la survenue de saignements dans les jours qui suivent immédiatement la prise. Ceux-ci ne doivent pas être confondus avec les règles, qui arrivent en général à la date normalement prévue. Une question souvent posée concerne le risque des progestatifs à forte dose employés par inadvertance en cas de grossesse débutante. Les données de la littérature disponibles, reposant sur plus de 30 ans d’emploi du lévonorgestrel sous forme de contraception microprogestative ou d’implant, montrent que ce dernier n’est pas tératogène. Le risque potentiel de survenue d’une grossesse extra-utérine (GEU) est également souvent évoqué lors de l’usage du lévonorgestrel. Cette possibilité reste théorique, par analogie avec l’emploi des micropilules contraceptives, suspectées d’augmenter le risque de GEU. L’expérience avec Norlevo® indique que parmi les cas d’échec de la méthode, le nombre de GEU ne semble pas plus élevé que dans la population générale (15). Cela étant, comme toujours en matière de contraception, la survenue d’une GEU est toujours possible (16). D’un point de vue pratique, chez une femme qui a utilisé une contraception d’urgence, il faut y penser systématiquement devant des métrorragies durables, associées ou non à des douleurs abdominales ou à des symptômes de grossesse et savoir pratiquer un test de grossesse. L’intérêt de la contraception d’urgence chez l’adolescente La formulation de choix chez l’adolescente est certainement Norlevo® (tableau II). Il peut être obtenu sans ordonnance en pharmacie. Il est dispensé gratuitement aux mineures qui en font la demande en France depuis janvier 2002. Enfin, il est remboursé quand il est prescrit après 18 ans. Il a très peu d’effets secondaires et peut éventuellement être pris à plusieurs reprises sans risque. Il doit maintenant être administré en une seule prise (à 1,5 mg) dans les 72 heures qui suivent le rapport sexuel non protégé. Reste le problème de la diffusion de l’information aux adolescent(e)s pour qui l’accès à la pilule du lendemain demeure souvent problématique. La fréquence et la tonalité d’urgence des questions anonymes posées par les mineurs sur les sites Internet consacrés à la contraception en sont le reflet indirect (17). Les raisons possibles des échecs de contraception chez l’adolescente sont une fécondité élevée, un coût élevé, les difficultés d’accès à la prescription médicale, le besoin de confidentialité, les craintes multiples associées à l’examen gynécologique et à la prise de pilule. Mais ces éléments ne semblent pas suffisants pour rendre compte d’une augmentation des chiffres d’IVG chez l’adolescente au cours de la dernière décennie. La plupart des enquêtes indiquent Tableau II. Norlévo® : modalités pratiques. Quand et comment utiliser Norlevo® ? ✓ Prendre les deux comprimés à la fois* dans les 72 heures qui suivent le rapport non protégé ; plus ces comprimés sont pris tôt, plus la contraception d’urgence est efficace. ✓ Norlevo® n’est pas une contraception pour le reste du cycle et des préservatifs doivent être utilisés en cas de nouveaux rapports (tableau I). ✓ Des saignements peuvent se produire dans les jours qui suivent la prise de Norlevo®, ce ne sont pas des règles, ils sont sans gravité et ne signifient pas que la pilule du lendemain n’est pas efficace. ✓ Les règles surviennent dans la majorité des cas à la date prévue. ✓ En cas de retard de règles de plus de 5 jours par rapport à la date prévue, effectuer un test de grossesse. ✓ Il est plus pratique d’avoir déjà une boîte de Norlevo® à disposition au moment du rapport non protégé puisque plus on prend les deux comprimés tôt, plus c’est efficace. Il est souvent difficile de trouver une pharmacie ouverte dans l’urgence, surtout pendant le week-end. ✓ Norlevo® n’est pas conçu pour être une contraception régulière. Celle-ci doit être discutée et choisie avec votre médecin, que vous pouvez consulter à cette occasion. ✓ Ne pas hésiter à demander au médecin ou au pharmacien des informations supplémentaires concernant Norlevo®. ✓ Ne pas hésiter à partager ces informations avec le partenaire qui peut être responsable avec vous de la contraception efficace au sein du couple. Stratégie thérapeutique Stratégie thérapeutique * Nouvelle AMM (juin 2003), recommandant l’usage des deux comprimés en même temps. que le moyen contraceptif de prédilection cité par les jeunes pour les premiers rapports sexuels est encore le préservatif. Cette donnée est peut-être rapportée aux efforts de prévention et d’éducation contre les MST, très amplifiés par la survenue de l’épidémie de sida dans le milieu des années 1980. Le préservatif est en effet particulièrement bien adapté à une activité sexuelle occasionnelle, irrégulière et souvent non planifiée. L’accès au préservatif est également plus facile pour les adolescents : information plus souvent dispensée dans la famille ou à l’école, anonymat des distributeurs et des supermarchés, nombreux lieux de distribution gratuite bien connus des jeunes, même si son coût demeure prohibitif pour beaucoup. La gratuité de la pilule du lendemain pour les mineures est susceptible de modifier profondément le mode de prévention des grossesses chez l’adolescente. En effet, ce type de contraception s’adapte, comme le préservatif, à l’activité sexuelle occasionnelle des jeunes. Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 4, juillet/août 2003 187 Stratégie thérapeutique Stratégie thérapeutique Ainsi, promouvoir l’association préservatif et contraception d’urgence auprès des adolescents semble logique pour plusieurs raisons : – pas de prescription médicale nécessaire ; – accès facilité aux mineurs ; – absence de contre-indication ; – bon moyen d’impliquer les garçons dans la démarche contraceptive. Expliquer l’intérêt de la contraception d’urgence est par ailleurs souvent un bon point de départ pour le discours éducatif car d’emblée situé dans la réalité de l’urgence et de l’inquiétude qui ont souvent déjà été vécues par les jeunes couples. La prescription par avance de ce type de contraception constitue un outil préventif immédiatement clair et intelligible aux yeux des adolescents (11). Elle est aussi le prétexte “technique” pour aborder les questions plus angoissantes liées à l’acte sexuel lui-même et à son déroulement. Car la demande réelle, masquée derrière celle de la contraception, est souvent beaucoup plus intime, et bien plus difficile à formuler. Si l’on n’accède pas à cette demande au cours de la consultation, le discours éducatif et préventif ne sera pas entendu et donc pas efficace. Enfin, l’information concernant la contraception d’urgence est encore trop mal diffusée, alors même que son accès a été grandement facilité pour les jeunes en France. La consultation médicale, les pharmacies, les infirmeries scolaires et les centres de planification familiale sont très certainement les lieux où cette information pourrait être dispensée le plus tranquillement et en toute confidentialité. L’accès facile et anonyme à des sites Internet consacrés à la contraception semble également être particulièrement bien adapté aux adolescents (18). La circonstance traumatisante d’une IVG ne peut être celle d’une information correctement intégrée en vue d’une contraception ultérieure efficace parce qu’acceptée. Il est également possible que certains passages à l’acte que constituent des rapports sexuels non protégés puissent être “rattrapés” par la présence à disposition d’une boîte de Norlevo®. Références 1. Uzan M. Rapport sur la prévention et la prise en charge des grossesses des adolescents. Ministère de l’Emploi et de la Solidarité, 1998. 2. De Guibert-Lantoine C, Leridon H. Contraception in France : an assessment after thirty years of liberalization. Population. English selection 1999 ; 2 : 89-114. 3. Durand M, del Carmen Cravioto M, Raymond EG et al. On the mechanisms of short-term levonorgestrel administration in emergency contraception. Contraception 2001 ; 64 : 227-34. 4. Johansson E, Brache V, Alvarez F et al. Pharmacokinetic study of different dosing regimens of levonorgestrel for emergency contraception in healthy women. Human Reprod 2002 ; 17 : 1472-6. 5. Raymond EG, Lovely LP, Chen-Mok M et al. Effect of the Yuzpe regimen of emergency contraception on markers of endometrial receptivity. Hum Reprod 2000 ; 15 : 2351-5. 6. Task force on postovulatory methods of fertility regulation. Randomized controlled trial of levonorgestrel versus the Yuzpe regimen of combined oral contraceptives for emergency contraception. Lancet 1998 ; 352 : 428-33. 7. Gainer E, Mery C, Ulmann A. Levonorgestrel-only emergency contraception : real-world tolerance and efficacy. Contraception 2001 ; 64 : 17-21. 8. Von Hertzen H, Piaggio G, Ding J et al. Low dose mifepristone and two regimens of levonorgestrel for emergency contraception : a WHO multicentre randomized trial. Lancet 2002 ; 360 : 1803-10. 9. Piaggio G, von Hertzen H, Grimes DA et al. Timing of emergency contraception with levonorgestrel or the Yuzpe regimen. Lancet 1999 ; 353 : 721. 10. Ellertson C, Evans M, Ferden S et al. Extending the time limit for starting the Yuzpe regimen of emergency contraception to 120 hours. J Obstet Gynecol 2003 ; 101 : 1168-71. 11. Blanchard K, Bungay H, Furedi A, Sanders L. Evaluation of an emergency contraception advance provision service. Contraception 2003 ; 67 : 343-8. 12. Laboratoire HRA Pharma : données internes, 2003. 13. Bouchard B. Grossesses et IVG chez les adolescentes : des chiffres préoccupants. Médecine/sciences 2001 ; 17 : 350-1. 14. Aubeny E, Buhler M, Colau JC et al. Oral contraception : patterns of noncompliance. The Coraliance study. Eur J Contracept Reprod Health 2002 ; 7 : 155-61. 15. Gainer E, Méry C, Ulmann A. Progestogen-only emergency contraception. J Fam Plann Reprod Health Care 2003 ; 29 : 60. 16. Furlong LA. Ectopic pregnancy when contraception fails. A review. J Reprod Med 2002 ; 47 : 881-5. 17. Gainer E, Sollet C, Ulmann M et al. Surfing on the morning after : analysis of an emergency contraception website. Contraception 2003 ; 67 : 195-9. 18. www.piluledulendemain.com ; www.filsantejeunes.com ; www.pilado.com. Agenda Agenda Seizièmes Entretiens du centre Jacques Cartier 28 et 29 novembre 20 03 Syndrome métabolique Journées thématiques de l’ALFEDIAM Société française d’endocrinologie Société française de cardiologie Nouvelle société française d’athérosclérose Lieu : École normale supérieure de Lyon, amphithéâtre Charles Mérieux, 46, allée d’Italie, 69007 Lyon. Responsables scientifiques : François Berthezène et Jean-Pierre Després. Renseignements inscription : Centre Jacques Cartier, 86, rue Pasteur, 69365 Lyon Cedex 07. 188 Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 4, juillet/août 2003