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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 4, juillet/août 2003
Stratégie thérapeutique
Stratégie thérapeutique
l’adolescente est en baisse, mais quand elles surviennent,
les grossesses aboutissent plus souvent à une IVG, avec
plus de 65 IVG pour 100 conceptions en 1994.
La disponibilité sans prescription médicale (depuis
décembre 2001) d’une contraception d’urgence proges-
tative (lévonorgestrel) efficace et sans contre-indication,
et la gratuité de la contraception d’urgence par Norlevo®
pour les mineures (depuis janvier 2002) devraient per-
mettre d’adapter la prise en charge contraceptive de l’ado-
lescente à ses demandes spécifiques. Le but ultime de
cette prise en charge étant de diminuer le nombre d’IVG
entre 15 et 25 ans.
Le mécanisme d’action
de la contraception d’urgence
Le mécanisme d’action de la contraception d’urgence
demeure mal connu. L’efficacité de la pilule du lendemain,
quelle que soit sa formulation, est très probablement
multifactorielle. Le blocage du pic ovulatoire apparaît
comme le mécanisme principal de l’efficacité de la
contraception d’urgence et justifie l’attribution du terme
“contraception” à ce type de méthode. On sait en effet
que les progestatifs comme le lévonorgestrel à la dose de
750 µg agissent en bloquant l’ovulation (3). Par ailleurs,
on sait que la fécondation ne peut se produire que si des
spermatozoïdes sont au voisinage de l’ovocyte au moment
où celui-ci est expulsé, et donc seulement si le rapport
sexuel a eu lieu avant le début de l’ovulation. Si le rapport
sexuel a lieu le lendemain, ou a fortiori dans les jours qui
suivent l’ovulation, la fécondation est peu probable. Un
rapport au début de la période ovulatoire doit être consi-
déré comme potentiellement fécondant. Cela explique
que la contraception d’urgence ne puisse être efficace à
100 % car, si une femme l’utilise dans la période précé-
dant immédiatement le déclenchement de l’ovulation, le
produit n’aura pas le temps d’agir et la fécondation pourra
avoir lieu. Enfin, il est probable qu’une dose unique de
1,5 mg de lévonorgestrel permette aussi le blocage effi-
cace de l’ovulation (4).
Les autres mécanismes d’action souvent évoqués sont
totalement hypothétiques et non démontrés. Il s’agit de
l’interférence avec le processus de fécondation : on sait
que les progestatifs ralentissent la migration des sperma-
tozoïdes jusque dans la cavité utérine par modification de
la glaire cervicale. Il est également possible que les pro-
gestatifs aient un effet sur la fécondation elle-même. On
a aussi évoqué un effet délétère des progestatifs sur le
fonctionnement du corps jaune en tout début de gros-
sesse. Enfin, il pourrait exister une interférence avec
l’implantation de l’œuf fécondé dans la cavité utérine
sous l’effet des progestatifs à fortes doses qui rendraient
l’endomètre impropre à la nidation (5). Ce mécanisme
est toutefois douteux quand on sait que les conditions
hormonales nécessaires à l’implantation de l’embryon
sont remarquablement peu stringentes, comme l’a bien
montré la préparation de l’endomètre au don d’ovocyte.
L’efficacité de la contraception d’urgence
Les études de la littérature comportant un nombre suffisant
de femmes indiquent que le taux d’échecs de la méthode
est inférieur à 5 % (6, 7). Les échecs sont significativement
moindres avec les méthodes utilisant le lévonorgestrel seul
qu’avec celles utilisant l’association estroprogestative de
type Yuzpe classique. Cette efficacité est confirmée par
les données obtenues lors de la comparaison des deux
méthodes de contraception d’urgence sur une large cohorte
de patientes (6, 8). Toutefois, il est important de préciser que
l’efficacité de la contraception d’urgence est trop faible
pour en recommander l’usage régulier sans autre méthode
contraceptive associée. La contraception d’urgence est
d’autant plus efficace qu’elle est utilisée rapidement
après le rapport non protégé : l’efficacité baisse de près
de 10 % au bout de trois jours après le rapport (9). Ce fait
a contribué à autoriser la délivrance de Norlevo®sans
prescription médicale, et gratuite pour les mineures, afin
d’éviter les retards de prise souvent dus à la difficulté
d’obtention d’un rendez-vous avec un médecin. Une étude
récente a toutefois montré que l’administration d’une
pilule du lendemain estroprogestative au-delà du délai de
72 heures après le rapport non protégé conservait plus
de 70 % d’efficacité entre 72 et 120 heures (10). Il est ici
essentiel de souligner l’importance d’une information
détaillée et pratique de l’adolescente, voire d’une provi-
sion par avance du produit, au cours de la consultation de
gynécologie ou de médecine générale en dehors du
contexte d’urgence (11).
Les produits disponibles
Il y a quelques années, la méthode la plus fréquemment
employée était l’administration, en deux prises, de fortes
doses de contraceptifs oraux estroprogestatifs dans les
72 heures suivant le rapport non protégé. En France, il
était habituel de prescrire deux fois deux comprimés de
Stédiril®(50 µg d’éthinylestradiol associés à 0,5 mg de
norgestrel) à 12 heures d’intervalle. D’une façon générale,
cette méthode était efficace puisqu’elle évitait plus de
70 % des grossesses non désirées, au prix toutefois d’im-
portants effets indésirables (nausées et vomissements
dans 5 à 25 % des cas). Il existe actuellement un produit
dédié à la contraception d’urgence correspondant à cette
formulation, Tétragynon®(quatre comprimés contenant
50 µg d’éthinylestradiol associés à 250 µg de lévonor-
gestrel). Cette pilule du lendemain impose le respect des
contre-indications habituelles aux estrogènes.
Depuis 1999, il existe également une spécialité qui ne
contient qu’un progestatif, Norlevo®(deux comprimés à