orient et grice - Espace Charles Morazé

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P R E M I E R E PARTIE
ORIENT ET G R I C E
CHAPITRE III
L’GGYPTE,
1.
CADEAU DU NIL
))
- DESCRIPTION DE L’fiOiYPTE
Z’egypte est situé6 dans le Nord-Est de l’Afrique, en pleine
zone désertique.
Un soleil de feu y brille : le climat y est un u été perpétuel D.
Les pluies sont très rares : plusieurs années peuvent s’écouler sans
qu’il tombe une goutte d’eau. Sans eau, pas de culture possible.
Heureusement, i’figypte est parcourue par le Nil.
Le Nil est le second fleuve du monde : il mesure 6500 kilomètres
de long, soit plus de six fois la distance Q vol d’oiseau de Nice b
Dunkerque. Lorsqu’il entre en egypte, il a déjh parcouru plus de
5000 kilomètres. Il chemine dans un long couloir bordé de falaises
au-del8 desquelles commence le désert. Puis la vallée s’ouvre comme
un éventail, et le fleuve s’achève par un large delta.
Tous les ans, de juin h octobre, le Nil se gonfle d’une énorme
masse d’eau : elle envahit toute la vallée, ne laissant émerger que
les hauteurs, sur lesquellm les villages sont comme autant de petits
îlots; elle charrie des alluvions fertiles, qui la d o r e n t en rouge, et
se déposent peu à peu. Lorsque le fleuve est rentré dans mn lit,
les paysans font saiis peine, sur cette terre humide et molle, plusieurs récoltes dans l’année. Ainsi les inondations, qui dans no6
régions sont des catastrophes, fournissent ici l’eau et le sol : deux
richesses, si l’on sait les utiliser.
Sans le Nil, il n’y aurait pas d’ggypte, mais un désert; grâce A
h i , elle est ((unparadis d’eau, de fruits, de fleura, entre deux déserts
torrides D (A. MORBT).Aussi lm anci6ns hgyptiens disaient -1’1s que
leur paya était un N cadeau du Nil 1). Ils ne s’expliquaient d’ailleurs
pas ces inondatisns, qui ge produisaient réguliiàrernsnt, et en
l’absence de toute pluie visible; ils considéraient le Nil comme un
dieu. Nous-mêmes ne connaiesona que depuis peu leur cawe : les
pluies abondantes qui tombent en été bien au Sud de l’agypte,
22
ïI.
bRI&NT
- COMMENT CONNAISSONS-NOUS L’ÉGYPTE ANCIENNE ?
Les voyageurs admirent en Égypte de nombreux monuments
anciens. E n creusant le sol, des savants ont retrouvé les ruines de
villes entières; ces fouilles fournissent aussi des poteries, des armes,
etc., fabriquées avec une grande habileté. Ce sont autant de témoignages de l’existence en figypte, à une époque reculée, d’hommes
civilisés. A quand remonte cette époque ? Quelle est l’histoire de ces
hommes?
11 y a un peu plus de cent ans, on ne pouvait encore répondre à
ces questions. Les monuments égyptiens sont couverts de signes,
que des Grecs anciens, ne sachant les lire, avaient pris pour des
gravures religieuses (hiéroglyphes, en grec). Pendant l’expédition de
Bonaparte en Égypte, un soldat découvrit une pierre, sur laquelle
était gravée, à la suite d’un texte égyptien, sa traduction en grec :
c’est la pierre de Rosette. Après plusieurs années d’efforts, un
savant français de génie, Champollion, aidé par la similitude entre
la langue copte moderne et l’ancien égyptien, reconstitua grâce A ce
texte l’écriture et le vocabulaire antiques (1822).
Voici pourquoi il eut tant de peine. L’écriture des figyptiens se
composa d’abord de dessins : pour écrire a le soleil 14 ils traçaient un
cercle; (( la lune D, un croissant. Il était plus dificile de représenter
des choses qu’on ne peut voir ni dessiner, comme les sentiments.
Les Êgyptiens perfectionnèrent leur écriture en indiquant par des
signes, non plus les objets eux-mêmes, mais les sons qui les exprimaient.
Prenons un exemple : le signe
représentait le hoyau,
instrument agricole fait de deux bâtons liés (signe figuratif) ; puis
on l’utilisa pour exprimer l’idée du lien entre deux personnes, de
l’amitié (signe d’idée) ; enfin, hoyau se disant et prononçant (( mer »,
ce signe désigna le son K mer 1) dans tous les mots où il se retrouvait (signe de son). Comme les Égyptiens continuaient à employer
ces trois systèmes, le même caractère peut avoir plusieurs sens
3
différents,
Lorsqu’on eut reconstitué l’écriture et le Vocabulaire égyptiens,
on découvrit peu A peu l’histoire de 1’Êgypte ancienne.
LE
C H E I K H EL BELED
(Ve dynastie).
m
LE
PRINCE
RAHOTEP
ET SON É P O U S E NEFERT
(Ive dynastie).
Ces statues en bois, conservées a u Musée
d u Caire, représentent des types égyptiens
ancaens; décrivez-les. Celle d u Cheikh a
perdu sa couche de peinture, qui appara%t
encore, noire sur le corps de Rahotep,
bistre sur celui de Nefert. Les yeux sont en
cristal de roche, incrustés dans le bois.
CAXTOUCIIESD E
PTOLÉMÉE
ET DE CLÉOPATRÉ’.
Dans les ovales, ou a cartouches n, sont
contenus les signes représmtant les noms
de Ptolémée et de Cléopdtre. Numérotés cicontre, on reconnalt un lion (4), un aigle (g),
une chouette (9,une main (IO),une bowhe
( I I ) , un escabeau (8), etc.
fale
*LI.
EE$*PWWEM UBITBNTS BE &‘BGU\PTB
De race blanche, ila rsnaakblaient beaucoup aux Ggyptiens
actuels. Au cours de fauitlsn, clea priyrans furent si frappés par la
ressemblance d’une ~tatw,miss I jour, avec leur chef de village,
qu’ils s’écrièrent: u Chailth 01 61eleé.I D (le maire du village), Ce
burnam est reste zi Ia statue (voir p, 28).
Une pcirtle dea aombreux kabitanta du Sahara et de l’Égypte
ge groupa dans Ir, vall& db Nil, lorsque ces régions, jusqu’alors
verdoyante8 et giboyauses,, de~ntrrntdésertiques (voir p. 5), Au
dbbut, ils n’osaient deicendre dmrts le fond de’la vêllhe, par çrainte
des inondations; i l p vivaimnt; moere de la chasse et de la aueillette, puiei il8 comrn@ne$rant41 cultiver. Peu A peuI ils perfsctionnèrgnt leurs inritrumants apbslw, éleverent de petite!a buttes sur
lesquelles ils établiaiaient leurri villages A l’abri de la mue, créêrent
des réservoirs et dm eaneux pour conserver l’eau du Nil et la
répartir sntrs les ~ h ~ t t ~ i p s ,
Tous ces progrès furent accomplis au cours d’une longue période
d’au moins l b 0 0 ans. Ils ne furent possibles que parce que ces
hommes unirent leurs effort8 : ils furent d’abord groupés en tribus,
ou nomes, dont chacune avait un signe de ralliement, souvent un
animal, comme le serpent, le faucon. Ces tribus avaient intérêt a
s’entendre pour se partager l’eau du fleuve ; certaines s’unirent,
parfois par la fwce, sou8 la direction d’un même chef. Ces groupements aboutirent 4 la formation de deux royaumes : celui du Delta
ou de Basse-Égypte; celui de la vallée ou de Haute-Égypte. Enfin,
vers 3200 avant Jésus-Christ, un roi de Haute-agypte réunit les
deux royaumes sous son autorité, et prit le titre de roi suprême ou
pharaon: Ménbs, nommé en tête des pharaons de la première en
date des 26 dynasties!
L’egypte est un (( cadeau du Nil )). Mais la civilisation égyptienne
est a u u i une victoire de la discipline.
TV.
- COUP D’CEIL SUR &’HISTOIRE DE L’BGYPTE
L’histoire de l’Égypte s’étend sur une très longue durée : le point
de depart du calendrier égyptien doit sans doute être placé en
THOUTMESIII
(XVIIIe dynastie).
(Muséedu Caire.)
Plus que la majesté d u dieu terrestre,
Phot. Giraudon.
LE
l’artiste s’est appliqué i rendre ici la u h a cité et la finesse de l’homme remarquable
que f M t Thoutmès I I I . Décrire lu coifure
d u pharaon.
P H A R A O N KHÉPHREN
(IVE dynastie).
(Musée du Caire.)
Statue taillée dans un seul bloc d’une pierre très dure, la diorzte. Elle a été retrouuée auec
huit autres d u même pharaolz dans le temple qlii se dresse a u Pied de sa pyramide. Khdphren
est représenté auec la barbiche Postiche qu’il port& aux jours de cérémonie.
Noter i ’ h pression de majesté qui se dégage de cette œuvre.
-
Dapihs Mufot et Davy, DBs clans PU$ ItnbplteJ,A Mlchel, &à.
FORMATION
DV
PSCHE~T.
A gauche, la mitre blanche d u roi de Haute-Égypie, avcc l’imtsigns de la déesde-orcmtour,
qui le protège. - A u centre, la coifie rouge du roi de Basss-Égypte, avec la déesoewrPent.A droite, le pschent, combznaison des d e w çouronnes du phurcton des deux ÉgyPfesréun&%
21)
O R I 12 NT
4241 av. J.-C., et il s’est écoulé cnviron 2700 ans de hlénés h la
conquête de l’egypte par les Pcrses (525), soit beaucoup plus que
de la naissance de Jésus-Christ à nos jours. De cette si longue
hiçtoire, nous ne savons que quelques faits, bien que, souvent, de
nouveaux textes viennent enrichir nos connaissances.
Au cours de cette immense période, il semble qiie la même série
d’événements se soit reproduite par trois fois. D’abord bien administrée par de puissants pharaons et leurs nombreux fonctionnaires, l’Égypte connaît une période de prospérité et de progrès.
Puis les prêtres enrichis par les dons du souverain, les gouverneurs
des provinces (qui sont souvent ses parents) deviennent de plus
en plus indépendants sur leurs tcrres. Le pharaon est alors mal
obéi ; c’est une décadence générale : mauvaise administration, dont
se ressent le travail agricole, divisions et guerres civiles, invasions
de peuples étrangers. Enfin la situation s’aggrave jusqu’h ce qu’un
pharaon énergique crée un nouvel Empire égyptien fortement
organisé. On distingue ainsi les périodes suivantes :
10 L’Ancien Empire de Memphis : de cette brillante époque
datent les trois célèbres Pyramides et le Sphinx, élevés entre 2800
et 2700 ( I V dynastie).
20 et 30 Le Moyen et le Nouvel Empire de Thèbes : les pharaons
transportent leur capitale h Thèbcs. Vers 1700, l’Égypte est
envahie par les Hyksôs. Mais voici les plus illustres pharaons :
Thoutmès I I I (XVIIIe dynastie) repousse les Hyksôs, et fait une
série de conquêtes en Syrie, Phénicie, et jusque sur les bords de
l’Euphrate; on a pu l’appeler le (( Napoléon égyptien )) (14801460). Plus tard, Ramsès I I (XIXe dynastie) lutte contre les
Hittites qui menacent l’ggypte (voir p. 46); il fait achever le
temple de Karnak, et creuser un canal unissant le Nil à la mer
Rouge (1300-1230).
Peu après Ramsès II, commence une nouvelle période de déchéance. Les pharaons affaiblis sont détrônés par les grands-prêtres
de Râ. L’Égypte divisée est envahie par des peuples étrangers :
Libyens, fithiopiens, Assyriens. Vers 600, le pharaon Psammétique
chasse ces derniers. Mais ce réveil est de courte durée : dès 523,
sous la XXVIe dynastie, l’Égypte est conquise par Cambyse, roi
des Perses. C’en est fait de son indépendance.
Le sort de l’Égypte dépendait donc en grande partie de la valeur
et de l’autorité du pharaon,
Phot Boniils
MOMIE DE
RAMSÈS
II.
(Musée du Caire.)
Spectacle impressionmant :après plus
de trois mille ans, le corps du grand
pharaon, qui mourut âgb de quatrevingt-dix ans environ, nous apparaît,
A rapproadmirablement conservé.
cher de la statue ci-contre.
-
Phot. Aiiderson.
RAMSÈS
II (XIXe dynastie).
(Musée de Turin.)
Tenant la houlette, insigne de son autorité, voici le pharaon Ramsès I I , jeune encore.
Comparer son attitude et son expression à celles de Khéphren.
D’api és Voret,
MISE EN
-
Le Ni1 et la ciuilisotion dflgptzenne, Renaissance du Liire, rd
PLACE DES BANDELETTES.
- que le voyageur grec Hérodote nous décrzt par a d - employés pour conserver les momies : aprés auozr macdré soixante-dix jours dans
Ces dessins montrent les procédés
&%YS
un bain de sel, le corps est entouré de
filtes bandeiddes endzlitcs de brtume et d’huiles antzseptiques, la tête est recouverte d’un masque.
-
MPRA~$-WOFFF,
&’Anfiquité (ci, 4e S*),
2
28
ORIENT
R&SUh@
-
-
1.
D~sammoaDE L’ÉGYPTE.
#iWk ,@a, PQW désertique,
l‘Égypte doit au Mi,long fleuve de 6500 h.
BU% o r n a d’&fi dguiières,
Q, et les aneieqs,
d‘être uge few~asis.Elle est un a sta&as du
incapables a‘eqgllquer ses inondations, f&&& de ae fleuve ui1 dieu,
II.
- (3Q-mCONNAISSONS-NOUS
$’
conndt son histoire que depuis la ree
éts1. rle 1’Qradtureet du
vocabulaire égyptiens par le JkmÇais ~baiLips~m,
h l’a&bdri! le pierre
de Rosette (1822). Les signes de cette Se&w@ou a Mdraglyphes 8)
reprbseatent tantôt des abjets, tantôt des iddes, tmt6t des ~PM,
III.
LESPREXXERS HABITANTS DE L1Éi41IpF$i, a@
p@e blanche,
assez semblables apx egyptiens modernes, ils s‘dt&&mt dasrs la vallée
du Nil, apprirent à y aultivep à l’aide de I’iFligatiap
p& en royawqesl ils fureipt eptln réunis sous 1’
e u e . Cette discipline repdit possibles les grands
IV. - COUP .D’CE& SUR L’HISTOIRE D’ÉE~PPTE. AU a o m d‘me
longue histoire (2700 ans), encore mal connue, Memphis, Thèbes
et Saïs furent successivement les capitales de l’Égypte. &es plus iilustres
pharaoss furent : Thsvtmèa TTT, vajOquew des HyWs, et & w s s i ~II,
défenseur de l’Égypte contre les Hittites. Des périodes de prospérité
et de décadence se succédèrent, sous des pharaons alternativement forts
ou débiles.
-
-
-
-
Quelles sont le8 conditions (de
sol, de climat) favorables 8 j’agricultupe 1 Qu’est-ce que l’irrigation 4
Pourquoi exige-t-elle une entente
eptre ceux qqi la pratiquent 1
2.
Qu’appelle-t-on un Gtat ? Quels
avantages les hommes ont-ils A se
grauper en États 1 Fourquai de
grandes socibtés ou des États peuvent-ils seuls entreprendre de tnés
gros travaux ?
1.
-
3.
-
Tracez un trait horizontal;
pprtez aux deux extrbmités les
dates 4241 et 525 av. J.-C., puis,
en respectant les intervalles, les
aqtres dates données dans le cours,
avec indication du fait auquel elles
se rapportent. Sur un second trait
de même longueur, partant de la
nqissance de J.-C., pbrtez, selon la
même échelle, quelques grapdes
dates de l’histoire de France.
CHAPITRE IV
‘
RELIGION ET MONUMENTS DE L’EGYPTE
1,
- LA
BELIGION É G Y P T I m E
Au cours de la longue histoire égyptienne, la religion subit .
de profondes transformations. Au début, chaque tribu adorait
. l’embléme de sa force : le soleil Râ, le bœuf Hapi, le faucon Horus,
1: chacal Anubis, la vache Hathor, Dans la tribu de Hapi, tods les
beufs étaient des animaux sacrés, qu’on ne pouvait tuer. Ces
dieux prirent peu 8 peu forme humaine (souvent encore avec une
tête d’animal), et le culte de deux d’entre eùX se répandit dans
I’Ggypte unifiée.
Le premier était Râ, le soleil, dont les Égyptiens observaient
l’effet sur la nature. R Quand tu donnes tes rayons, tmte la terre est
en fête ... t u es 18-haut tout seul, et des millions d’êtres vivèrit par
toi ... tt voir tes rayons, toutes Ies fleurs vivent ... tous les animaux
.sautent sur leurs pieds ... n (vieux poême égyptien). Aussi croyaiton que Râ avait créé tout ce qui existait. On ajoutait qu’il avait été
le premier roi d’Égypte, et que les pharaons étaient ses successeurs.
Incapables d’expliquer les inondations du Nil et la renaissance
de la végétation, les Égyptiens faisaient du fleuve un dieu três bon,
nommé Osiris: c’est lui qui apprit aux hommes 8 cultiver, tt travailler les métaux, à être plus heureux; mais son frêre Seth, dieu des
déserts, slempara de lui, e t coupa son corps en 14 morceaux; sa
femme Isis, les ayant retrouvés, les assembla par des bandelettes,
et parvint 8 le ressusciter. Osiris était vainqueur de la mort.
Successeur de Râ, le pharaon était un dieu. Lorsqu’il avait
achevé son séjour parmi les hommes, son âme mohtait au ciel, De
teinps h autre, elle revenait habiter son cadavre enveloppé de bandelettes ou momie ; alors le pharaon ressuscitait comme Osiris.
Plus tard, ies Gg3rptienens crurent que ce ppivilbge n’était pas
rdsërv&au seul pharaon. Tout htiirime pouvait reivitrre, A a6nditian
d’adorer Osiris, et d’&fi bon et juste comme lui. Par contre, un
30
ORIENT
monstre dévorait ceux qui s’étaient mal conduits. Ainsi, la religion
égyptienne avait acquis une valeur morale,
II.
- LES MONUMENTS fGYPTIENS
Ce€ examen de leur religion nous montre les Égyptiens hantés
par le problème de la mort. Le même souci religieux se retrouve dans
l’art égyptien : l’figypte ancienne ne nous a laissé que des tombes
et des temples. Les maisons et palais des vivants, moins solidement
construits, n’ont pas subsisté. Les principaux monuments égyptiens sont donc :
10 Des Temples : les plus beaux sont ceux de Râ à Louqsor et
Karnak, situés près de Thèbes, et réunis par une avenue de 3 kilomètres bordée de statues de béliers. C’étaient les demeures du dieu :
la foule des adorateurs se pressait devant la porte ou dans la vaste
cour. Seuls les prêtres et quelques fidèles étaient admis dans les
appartements de Râ, dont sa chambre était la pièce la plus secrète :
tous les matins, un prêtre y éveillait la statue du dieu par des chants
d’adoration, l’habillait comme un être vivant, lui présentait des
offrandes, puis se retirait à reculons en balayant la trace de ses
pas; avec lui, seul le pharaon pouvait entrer dans le sanctuaire.
20 Des Pyramides : c’étaient les tombeaux des pharaons. Il y en
a une quarantaine, dont les plus connues sont celles de Khéops,
Khéphren et Mycérinos, qui se dressent non loin de Memphis. Leurs
dimensions les rendent visibles de loin : celle de Khéops a 147 mètres
de haut sur 233 de large, soit un volume de 3 millions de mètres
cubes. A l’intérieur, d’étroites galeries mènent Ci de petites pièces
contenant des armes, des bijoux, des vases, etc. ; sur leurs murs, des
peintures représentent des scènes de la vie des Qgyptiens. Dans la
pièce la plus secrète sc trouvait la momie. L’âme di1 pharaon qui
revenait y vivre retrouvait ainsi tout ce dont elle avait besoin pour
se vêtir, se distraire. Dans un temple voisin de la Pyramide, où son
culte était célébré, un abondant repas lui était servi tous les jours.
Les objets de valeur, que contenait la Pyramide, excitant les convoitises, il fallait la garder : à ce but répond le Sphinx, ou plutôt
le pharaon représenté sous la forme d’un sphinx, qui monte la garde
devant son propre tombeau. Si, malgré tout, la Pyramide était vioMe, la momie enlevée, l’âme du pharaon devait trouver un autre
TEMPLED E LOUQSOR.
E n avant du temple,construat en partie sous Aménophis I I I (1411-137~j)>
un obélisque;
une
colonnade; au fond, la salle hypostyle (soutenue par des colonnes). - Dessiner, d’@vis
cette photographie, u+z plan de temple Égyptien.
l’autre se trouve à Paris, place de la Concorde. On distingzce dezlx cours séparées par
i
1
1
tntree
TOMS
les soins ont été pris
pwlr égd?dr les pilhrds. L'entrée étatait ftrmée par Nite
@erre encastrée dans la maponnerie. Les couloirs montant
d. droite et d gauche, de la
chambre du pharaon vers l'ext8lieur. r2eoadmecst bermetdie d
LES PYRAMIDES.
Voici, en bordure du desert (comparer le soi en liaut et en bas de la photographze),! es
t70@ pyramides, qui sont, d’avrilre en avant, celles de Khéofis (haute de 147 m.), d s
K m k r e n (136 m.) et àe Mycérznos ( 6 2 m.J. Près de celle-cz, les petztes pyranzzdes
de parents ou d’amis du pharaon. A droite de chaqzle pyramzde, vers le solezl levant,
IP?vlciqes du ismpte O@ baçt rem& le culte royal.
-
34
. O
ORIENT
nioycn de revenir sur la terre. Aussi le pharaon se faisait-il &lever
jusqu’à plusieurs dizaines de stat,ues, car les Égyptiens croyaient
que la statue d’un homme en reproduisait comme le (1 double n,
qu’elle contenait un peu de son âme, et ce, d’autant plus qu’elle
était plus ressemblante et vivante. Le sculpteur était donc un magicien que son désir de capter la vie amenait à faire œuvre d’art.
Nombre de ces monuments sont gigantesques. Les Égyptiens
aimaient faire grand. On est confondu à la pensée de ces innombrables blocs de pierre, hauts parfois comme une maison de cinq
étages, pesant jusqu’à 400 tonnes, qu’il fallait transporter sur de
longues dietances sans le secours d’aucune machine. L’historien
grec Hérodote estimait que, pour élever la pyramide de Khéops,
100 O00 hommes avaient dû travailler 3 mois par an pendant 30 ans.
Que de fatigues ont coûté ces admirables monuments !
III. - LA SOCIÉTÉ ÉOYPTIENNE
Si le peuple égyptien prenait tant de peine en faveur de ses morts,
sa vie à lui était rude, Il se composait surtout de paysans. Tout le
sol qu’ils cultivaient appartenait au pharaon, auquel ils devaient
fournir la plus grande partie de leur récolte; ils ne pouvaient quitter
leur terre que durant les mois d’inondation, pendant lesquels ils
étaient souvent employés à la construction des monuments. Leur
nourriture était frugale : quelques légumes, des galettes de blé ou
d’orge, un peu de poisson; ils habitaient de petites huttes. La crue
du Nil était-elle insuffisante, c’était la famine : L’enfant pleure,
le jeune homme languit, et le cœur du vieillard est défaillant; leurs
jambes sont sans force; ils s’accroupissent à terre en se croisant les
bras ... )) (ancien texte égyptien).
Dans leurs ateliers, les artisans travaillaient le cuivre, le bois
et l’ivoire apportés par les navires et les caravanes; ils en faisaient
des meubles, des bijoux, des armes, dont une grande partie était
livrée au pharaon. Au service du pharaon étaient aussi les soldats,
souvent des étrangers, qu’on récempensait en leur donnant un
((
petit champ.
Voici quelques hommes plus favorisés :les scribes, qui savent lire
et compter, connaiwmt le8 lois, sont employes dano l’administra-
L’AGRICULTURE
EGYPTIENNE
LE PA&.
Scènes de la vie agricole d’après des peintures d e tombeau. - Dicvire, en allant de
bas en haut, les diverses opérations (labourage à la charrue ou défonçage au hoyau;
moisson, chargement sur u n dne; pesage du grain, inscriptidn des quantités, vidage des
sacs dans les greniers).
Phot. Frbd. Boissonnas. Éd. P. Trembley.
LE PRESEST.
Photographie prise à l’époque où le Nil rmtre peu à p é u dans solt lit. La terre molle est
aussit6t labourée. Les procédés employés jadis et actuellement sont à peu près les mêmes.
C H A R h N T l E R S AU TRAVAlL.
Bas-relief d’un tdmbeau de I’époqtie memphite.
L’un équarrit 21% tronc, les autres sont à calzfourcho% sur la poutre qu’ils travaillent.
Les artisans, comme les paysans, sont vêtus d’un simple pagne en toile.
t
UK MARCRÉ S U R fA PLACÈ PUBLIQUE.
Be$-relief peint, tonibeau de I’époqite memphite:
l
Le&m k e u r s s o ~ dsc9OUpPiP
t
deou& leurs marchandises. Les acheteurs ogrent en paiem en?.
des pots remplrs de denrées, un collier, un é v e t a i l , &es bijoux, etc. :le commerce se fait $,ar
échange d’objets, la monnaie n’existant pas. On reconnatt les ménagères à leur étroite Y (ibe
de toile retenue par une bretelle.
Phot. Alinari.
SCRIBES.
(Musée de Florence.
Le bas-relief représente des scribes inscrivaltt les ordres du pitaraon, Air soumis et empressé.
Phot Giraudon.
LE
JUGEMENT DES MORTS.
(Musée du Louvre.)
Le mort, à drozte, comparatt devant Osiris, quz sdge à gauche; Horus et Awuliis
$èsm$ Varname, tandis qua Tliot inscrit le résultat. Devant Os.tras, la a Mangeuse D attend
qu'on lui livre l ' h i e , si slEe est condamnée. A l'extdme droite, les quarante-deux juges qui
assistent Oszris.
- Dmàn à l'encre rehaussé de couleur. Remarquer la varoété des attztudes.
3s
ORIENT
tion ; ce sont eux qui surveillent et dirigent les travaux des paysans
et des artisans. Les prêtres, groupés en collèges, se consacrent au
culte des dieux et du pharaon; les terres et les biens des temples,
les offrandes des fidèles leur permettent de vivre largement.
Au sommet de cette société se trouve le pharaon, dont les pri$res
et la sage autorité lui assurent les faveurs des dieux et la prospérité.
Osiris vivant, incarnation de Râ, ce dieu terrestre vit B l’écart,
dans son palais luxueux, entoure de serviteurs empressés B ses
volontés. Tous ses actes sont des cérémonies religieuses : avant de
manger, par exemple, il doit se purifier avec de l’eau et de l’hqile,
revêtir du linge frais. Lorsqu’il sort, porté sur un‘trône, la tête
coiffée du pschent, un sceptre e t UR fouet B la main, tout lemonde
doit se prosterner devant lui, (( flairer le sol D. Il est mattre absolu
dans son Empire, propriétaire de toutes les terres et de tous les
biens; son vizir et ses fonctionnaires ne sont que (( les yeux et les
oreilles du pharaon n. Après sa mort, il emporte dans sa dernière
demeure les fabuleuses richesses qui resplendissaient, par exemple,
au fond de la tombe de Toutankhammon. L’Égypte ancienne nous
fournit le spectacle d’un peuple entier au service de son pharaon
et de ses dieux.
IV, - QRANDEUR ET DECADENCE DE L’ÉQYPTE
La grandeur et la puissance de l’Égypte ancienne s’expliquent
par l’union de ses tribus, jusqu’alors isolBes ou ennemies, sous une
même autorité : elle fut le premier &at. Progrès considérable
qu’elle doit Q l’influence du Nil, au travail en commun qu’il imposa
4 ses riverains; mais aussi aux qualités de sa population, (( soumise
et gaie, contente de peu, chantant ci la besogne, travaillant avec
goût et avec patience )) (A. MORET).
On peut remarquer cependant que la plupart des progrès dus aux
Égyptiens datent des débuts de leur histoire, jusqu’i la fin de
l’Ancien Empire. E t l’figypte finit par perdre, aprés 525, son indépendance, Les causes de ce déclin nous échappent pour la plupart.
Il est possible que les Égyptiens se soient habitués B vivre toujours
de la même façon, lorsque leur civilisation leur eut assuré un minimum de bien-être. Leur élan créateur se ralentit, pendant qu’à
leurs frontières croissaient d’autres grands Empires, qui finirent
par les dépasser et les conquérir.
RELIGION ET MONUMENTS DE L%GYPTE
-
39
-
1.
LA RELIGION ÉGYFTIENNE.
Les tribus adorèrent d’abord
chacune l’emblème de sa force. Dans l’Égypte unifiée prévalut le culte
de RA,le soleil, et d’Osiris, dieu du Nil, vainqueur de la mort. Cette
résurrection, qu’on considéra d’abord comme réservée au pharaon, fut
à la fin promise à tout homme juste et bon.
-
-
II.
LES MONUMENTS ÉGYPTIENS.
Ayant un but religieux,
ils comprennent surtout des Pyramides, tombeaux des pharaons, comme
celles de Khéops, Khéphren et Mycérinos; et des temples, demeures
des dieux. Tous ces monuments sont remarquables par leurs dimensions gigantesques.
-
-
III.
LA SOCIÉTl2 EGYPTIENNE. Elle se compose d’une majorité de paysans, qui ne possèdent pas le sol, et mènent une vie
rude; d’artisans; de soldats; d’une minorité de scribes et de prêtres plus
heureux. Tout ce peuple est au service du pharaon.
IV.
- GRA~DEURET DÉCADENCE DE L’ÉGYPTE.- Le Nil et les
qualités de la population égyptienne ont favorisé la naissance en
Égypte du premier grand État et d’une brillante civilisation. Mais eiie
cesse assez tôt de progresser; après 525, l’Égypte perd son indépendance.
Q U E S T I O N S E T EXERCICES
inondations du Nil 7 la succession
des saisons ? la renaissance de la
vegBtation au printemps Les anciens Égyptiens pouvaient-ils connaître ces explications ?
2.
Qu’est-ce qu’un sphinx? Connaissez-vous d’autres animaux fan-
-
3.
-
Que veut-on dire lorsqu’on
parle de la valeur morale de la
est son rôle dans la civilisation de
l’Égypte 7
4.
D’aprks ce qui a étb dit dans le
chapitre I I I du raie du pharaon,
essayez d’expliquer pourquoi les
Égyptiens le considéraient comme
un dieu.
__
san français moderne. Ont-ils les
mêmes droits sur la terre 7 les
L'ORIENT
CHAPITRE V
LES GRANDS EMPIRES
DE L’ASIE ANTERIEURE
1.
- EN MÉSOPOTAMIE : ASSYRIENS ET CHALDÉENS
Entourée de vastes plateaux et de hautes montagnes, la plaine
de Mésopofamie (c’est-à-dire, en grec, (( le pays entre les deux
fleuves v ) offrait aux hommes des conditions comparables A celles
de l’Égypte : les crues de printemps du Tigre e t de l’Euphrate,
dues à la fonte des neiges, pouvaient, retenues par des digues,
rendre les mêmes services que celles du Nil. Très tôt, des hommes
commencèrent A y cultiver e t bâtir.
On n’y a cependant pas retrouvé de grands monuments bien
conservés comme en Égypte. C’est qu’ils étaient construits non en
pierre, introuvable dans le pays, mais en briques crues séchées au
soleil, beaucoup moins solides. Une ville de briques était-elle en
ruines, on les pilonnait en y mêlant de la terre, et sur cette plateforme on édifiait une cité nouvelle. Lorsque plusieurs villes s’étaient
ainsi succédé sur le même emplacement, les débris formaient une
colline pouvant atteindre jusqu’à 30 mètres et qu’on appelle un
(( tell ». E n fouillant ces tells, qui parsèment l a Mésopotamie, on
découvrit des vestiges des anciennes civilisations.
De nombreux morceaux de briques étaient couverts de signes en
forme de coins : d’où le nom de cunéiforme qui fut donné à cette
écriture. Un Allemand, Grotefend, la déchiffra le premier, et montra
que, parmi ces signes, les uns représentaient des objets, les autres
des sons, comme en Égypte. Mais, écrivant sur des briques molles 4
l’aide de stylets, on ne pouvait tracer que des sortes de coins; ainsi
toutes les figures furent déformées. Après Grotefend, de nombreux
savants français étudièrent les civilisations de la Mésopotamie. Mais
il reste impossible de dater avec certitude les principaux événements de son histoire.
E
L ’ A R M É E ASSYRIENNE.
En haut, siège d’une ville bordée par un fleuve: noter les divers corps de troupes, le char
d’assaut. Pleine de vie, la scène manque de perspective rt de proportion. Au-dessous, cavalier
et char (bas-relief d u Louvre) :l’anatomie des hommes et des animaux, leurs attitudes son?
admirablement observées et rendues.
ÉVOLUTION
DE
L’ÉCRITURE
CUNÉIFORME.
L
4
-
.Q(
E<
I
apparaît retourné et déformé par les caractères; à droite, la déformation est achevée.
44
ORIENT
Les prerniere habitants de la Mésopotamie 60nnus de nous, les
comineiieérenh A ouitivër le plaine, inventèrent i’écrituï-e
eiitra $860 et 3000 W . J.-C# environ, Puis, A partir
I furent vaincùs par &s patiplrrs de pasteurs nomades
venus du Sud-Oiie$t, atlmpds ils tPaIisrnirant
Les nouveauft venus étaient dés Sémitee, ti fi&$
téristique (itwritë tiptiisees, fiez $quifin, ‘cheve
de grands ropùtnes aOmitiqueB st! sÙecddérent aiors en Mésopotamie* Assour fut fbnd$e ver# 70û0, Bgtbyloi~e~ è r 2600.
s
Vers 1100 ddbùt8rent les giiander, canqtidtes des Assyriens,
is dans une region monlagheuss e t pauvre au Nord de la
potamie, et qui cherchdfent dane la gdewe, véritable n industrié nationale jJ, des ressotifves supplémentaires. Leur supériorité
militaire vint de leur courage, mais aussi de progrès introduits
par les Hittites (pl 4Q)!eb d m t il$ shrebt tirer parti :l’utilisation du
fei-, qui permit de f&bï.iqüeFde5 airines solides et légères; la domestication du chaval, itwoflflù jusqu’alers en Asie antérieure. Aux
infanteries cuir‘assde et
de combat
et une eauaierie g
ité e t puisdes outres gonsancti de 8hah &i
nées e t des ctih~tdf
ient les villes h l’aide de bêliers
inait les murailles.
et de tours m a b i b
Dêjà mattrtl de la h&3eugbttiIhi8 et de la Phéhicie, le plus célèbre
dè leur‘s rois, A$sauPbttnîpffl, envahit l’figypte, saccagea Thdbes
(668), en rapporta deux obélisques h Ninive, sa capitale. Vainqueurs,
les Assyriens furent de terribles tyrans : ils pillaient et brûlaient les
villee; massaoraien€ les vaincus, ou Ics torturaient en leur coupaat
les membres, en les écorchant vifs; emmenaient des populations
entières en esclavage à des milliers de kilomètres de leur pays. Aussi
étaient-ils détestés; des révoltes continuelles éclataient contre eux
e t leur domination finit par s’effondrer.
A l’Empirc! aesyrkn succeda celui cfue fonderent les Chaldéens,
Sémites installés dttpdis peu en Mésbpotamie : le plus célèbre de
lbülfs rois, Nabuchodonosor, s’empara de Jérusalem e t de Tyr; il
releva et embellit Babylone, sa capitale, dont l’historien grec Hérodote nous a laissé une description enthousiaste : c’est une ville c si
magnifique que nous n’en vonnaissons pas une qu’on puisse lui
comparer D, dit-il. Elle était construite en briques, parfois colorées
OU décorées de bas-reliefs. Ses principaux ornements étaient la
,
D aprt!s Boldeney. Ras wleder ersteltende BoPqioq, HJnPiSCh, Bd.
BABYLONE
: LA
PORTE
D'ISWTAR.
Les fouilles ornt dégagé ces murailles de briques, sur lesquelles se dbtuchent des altimaun
sacrés (daureawx, lhns, gri@ons), et qui datent de Nabuchodonosor.
46
ORIENT
grande a ziggourat n, tour de sept étages de plus en plus étroits, et
les terrasses couvertes de jardins, les célèbres u jardins suspendus n.
Profitant de progrès accomplis avant eux, les Chaldéens en
tirèrent les premiers éléments de plusieurs de nos sciences : de
l’astronomie, par leurs observations des astres, sous l’influence
magique desquels ils croyaient vivre, et leur division du temps en
années, jours et heures; des mathématiques, par le perfectionnement du système décimal que représentait l’introduction d’un
signe équivalent à notre zéro, etc.
II. - EN ASIE MINEURE : HITTITES ET LYDIENS
Isolé de la mer au Nord et au Sud par des chaînes de montagnes,
le plateau d’Asie Mineure a un climat rude, qui ne permet que de
pauvres cultures ; des mines abondantes sont sa principale ressource.
Vers 2000, il fut envahi par un peuple aryen venu sans doute des
plaines russe9, les Hittites. Après de multiples conflits avec leurs
voisins Sémites, et un long effort d’unification, ils créèrent un
Empire autour de leur capitale de Hattous (aujourd’hui BoghazKeuï), e t leurs rois entrèrent en lutte avec l’Empire égyptien.
A la bataille de Kadesch se heurtèrent Moutallou et Ramsès II;
imprudemment avancé avec une partie de ses troupes, celui-ci sauva
la situation par son courage, et donna au gros de ses forces le temps
d’accourir (1295). Peu après, la paix fut conclue, et Ramsès II
épousa une princesse hittite.
On connaît mal encore la civilisation hittite ; les fouilles entreprises, à Hattous en particulier, ne sont pas achevées. On a pu y
dégager les ruines de grands palais et de temples. Les Hittites imitèrent souvent les peuples de l’Asie antérieure ; leur religion est
typique : elle accueille pêle-mêle les dieux des pays soumis par eux,
et ceux des régions voisines. Ils furent aussi des novateurs : ils
introduisirent l’usage du cheval, inconnu avant eux en Asie antérieure. Sachant travailler le fer, ils purent en généraliser l’emploi
grAce à l’abondance des mines de leur pays. Vers 1200, attaqué
par des peuples venus par la mer figée, leur Empire s’écroula, et
se divisa en plusieurs petits royaumes.
Parmi eux, le royaume de
joua un rôle important. Sa
position favorable, à un débouché de l’Asie Mineure sur la mer
-
LES GRANDS EMPIRES D E L’ASIE A N T ~ I E U R E
47
figée, lui permit de se livrer à un très grand commerce. Les métaux
précieux abondaient dans le pays : les fleuves lydiens, comme le
Pactole, charriaient des paillettes d’or. Aussi le pays s’enrichit;
ses rois eurent la réputation de posséder des fortunes inouïes : ainsi
Crésus, qui éblouit par son luxe les Grecs venani à sa cour; aujourd’hui encore, on dit : (( riche comme Crésus D. Forteresse établie sur
une colline escarpée, grand marché sur la principale route vers
l’intérieur de l’Asie, sa capitale, Sardes, était une ville brillante,
oii se coudoyaient des marchands des pays les plus divers.
Cette richesse et ce rôle commercial expliquent que les Anciens
aient attribué aux rois lydiens une invention considérable : celle de
la monnaie. Jusqu’alors, le commerce se faisait par échange d’objets
d’égale valeur : c’est le système du froc. Mais ce n’était pas cornmode : on ne disposait pas toujours d’objets ayalta, la même valeur;
le transport en était encombrant. Les métaux fournissaient des
instruments d’échange recherchés, sous forme d’armes, de chaudrons,
ou même de simples morceaux ou lingots de cuivre et de bronze,
En fait, le rôle des rois lydiens se borna à généraliser l’emploi des
lingots d’or et d’argent, A leur donner un poids fixe, et à le garantir
par une marque. 11 restait encore à diviser ces lingots en rondelles
plus maniables, ce qui ne fut fait que plus tard, dans les cités grecques voisines de la Lydie. C’est par l’intermédiaire des Hittites,
puis des Lydiens, que les Grecs furent en partie les héritiers des
sciences et des arts orientaux.
III.
- EN IRAN : MÈDES ET PERSES
Le plateau de l’Iran, bordé de hautes montagnes, domine les
plaines voisines de plusieurs milliers de mètres : c’est un vrai bastion, dificile à attaquer. Mais c’est un désert caillouteux, sauf au
\ voisinage des montagnes, où la fonte des neiges fait épanouir au
1 printemps une merveilleuse végétation. Sur ce plateau s’établirent
’ des peuples de pasteurs nomades, les Mèdes et les Perses. Les
premiers, les Mèdes formèrent un royaume uni, et ce sont eux qui
renversèrent la domination assyrienne. Puis les Perses prirent le
dessus. Leur roi Cyrus fut un grand conquérant. Ses actions nous
le montrent tenace et réfléchi, préparant avec soin ses expéditions;
habile, sachant improviser d’utiles ruses de guerre; surtout géné-
-
-
-
48
ORIENT
reux :lain de torturer les vaincus wmrns l u Assyriensi, il les traitait
humainement, et leur,laissait leurp dieux. Cette attitude étonna ses
contemporains, et fit de lui un0 sorte de hérap légendaire. Plus
que par désir de glaire, il fut conquérant pour Basurer aux Perses
la possession des r’égions les plus riches de l’Asie antérieure, et. pour
protéger ses frontières contre de dangereux vchilis,
C’est ainsi qu’il se heurta 21 Crésus, dont la cavalerie f u t mise
en déroute par les chameaux de l’armée perse, Sardes f u t prise
en 546. Crésus.eut la vie sauve, mai4 il véeut dès lws en captif.
A l’Est, Cyrus fit aussi de grandeci cqqquête-, jusqu’aux chaînes
de l’Himalaya. Enfis, ayant dévié le cour@de l’Euphreate, il fit
entrer ses troupes dans Babylone par le lit asséché du fleuve e t il
annexa la Palestine et la Syrie.
Après sa mort (529)’ un seul pays important échappait aux
Perses :l’agypte, dont son fils fit la conqy3be. Mais l’Empire perse,
trop vaste, habité par des peuple6 trop divers, manquait de solidité,
Son organisation fut l’œuvre, de Dariw, qui sut y réprimer plusieurs révoltes, le diviser en satrapies administrées en son nom par
des satrapes. Pour y faciliter les déplacemeqts de ses soldats et de
$es envoyés, il fitconstruire de Sardes à Suse upe route de 2 400 kilomètres, jalonnée de forteresses, d’hôtelleries, de relais de chevaux.
Il encouragea le commerce, développa les relatians avec l’Inde,
e t les belles monnaies d’or e t d’argent qw’il fit frapper, les udariques u,
furent un signe de son immense riches~e,
La civilisation de ce riche Empire n’est originale que par sa
religion. Celle-ci voit dans la succession des jours et des nuits, des
étés e t des hivers, les manifestations d’un gigantesque combat
entre Ahoura-Mazda, créateur du monde, dieu de la pureté et de la
justice, e t Ahriman, dieu du mal, créateur de la mort, deS.maladies,
des animaux nuisibles. A la fin, Ahaura-hfazda anéantira son ennemi.
Le culte est simple : ni statues, ni temples, ni Sacrifices. Un feu,
image de la purcté, est entretenu dans les maisons e t sur les montagnes. Surtout, l’homme doit, par tous se8 actes, prendre part au
combat du bien contre le mal : Celui qui rend prospères sa maison,
son bétail, sa femme, ses enfants, qui cultive la terre, contribue h la
victoire. Celui qui sème du pain, sème de la saintete. )I
A sa mort, le corps de l’homme ne doit pas souiller la terre;
il est exposé dans une (( tour du silence )), où les oiseaux le dépècent.
Son âme se rend ’aw*ciel: sur le mince pont qui, par-dessus I’wb‘lme
-
’
((
AR* RXTTITO : LA PORTE BES LIORNESDE HATTOUS(vers 1800 dt. J.4.)
Art assez grossier; les blocs énormes solzt posés les uns sur les autres, sans ciment.
ART PERSE : LA
FRISE DES
IMMORTELS.
Palais die Dariue, a Sus@.
Les Immortels (ailzsi nommés par ce que tout soldat disparu était immédiatement remfilacé) formaient la garde royale. Les figwres, légéremelzt e n relief, se détachent en jaune
ocre et bleu sur un folzd vert de brzques émaillées. Comparer cet art a celui des murs de
Babylone, p . 45.
50
OAIEN ï
iuferiial, conduit au Paradis, le juste passe aisément : le méchant
tombe en enfer. A la victoire finale d’Ahoura-Mazda, tous devront
traverser un fleuve de métal fondu; les justes n’en souffriront
pas; les autres, au prix de cruelles brûlures, seront purifiés. Religion tolérante, qui eut le mérite de donner un sens aux travaux les
plus humbles, mais ne parvint jamais A l’idée d’un Dieu unique e t
tout puissant.
RESUME
-
-
1.
&MfAOPOTAMIE
l
: ASSYRIENS ET CHALDÉENS.
Plahle
irrigable, la Mésopotamie attira de nombreux peuples, dont les monuments de briques se sont moins bien conservés que ceux d’Égypte ; on a
pu, cependant, déchiffrer leur écriture, dite << cunéiforme ».Ayant créé
une redoutable armée, les Assyriens, dont le plus célèbre roi fut Assourbanipal, furent, depuis environ 1100,de redoutables et cruels conquérants.
Après leur chute, les Chaldéens fondèrent autour de Babylone, reievée
et embellie, un nouvel Empire, où se développèrent les premiers éléments de plusieurs de nos sciences.
-
-
II.
El? ASIE MINEURE : HITTITES ET LYDIENS. Les Hittites
fondèrent en Asie Mineure un Empire, qui se heurta à celui d’Égypte,
et 5nit par se diviser. On connaît mal leur civilisation, qui imita souvent
celles des peuples voisins. Ils introduisirent l’usage du cheval, et répandirent le travail du fer. Parmi les royaumes successeurs de leur Empire,
celui de Lydie dut à sa position et à l’abondance de ses mines une exceptionnelle richesse, qui rendit célèbre son roi Crésus, et valut aux rois
Lydiens la réputation d’avoir inventé la monnaie.
-
-
III. EN I m : ?&DES ET PERSES. Après que les Mèdes eurent
vaincu les Assyriens, le Perse Cyrus réalisa, de l’Asie Mineure à la
Phénicie et à l’Asie centrale, d’immenses conquêtes, auxquelles son fils
joignit l’Égypte. Darius organisa et enrichit ce vaste Empire. La religion
perse enseigne que le monde est le théiltre d’un combat entre AhouraMazda, dieu du bien, et Ahriman,dieu du mal. L’homme doit contribuer
au triomphe &lal du bien.
LES G R A N D S E M P I R E S OE L'MIE
1.
2.
3.
-
Qu'appelfe-t-on vie nomade et
vie sédentairg ? Ces deux genres de
vie existent-ih encore aujourd'hui?
A quelles conditions naturelles correspondent-ils ?
1'Ég pte,? Sinon,.pourquoi ? Quelle
grande différence entre le
est
peuplement de ces deux régions ?
k
- Peut-on
parlet d' a une civilisation Y de la Mésopotamie comme
on parle d' e une civilisation D de
-
4.
Qu'est-ce que la monnaie?
Essayez de vous représenter ses
divers usages ? Comment pourraiton faire du commerce sans monnaie ?
5.
Pour quelles raisons la succession des jours et des nuits, celle des
saisons, peuvent-elles ap araître
mal ?
comme une lutte du bien et
A quelle autre religion de l'orient
peut-on comparer cet aspect de la
religion perse ?
-
Citez quelques sciences modernes. Quel r81e y jouent les
chiffres ? Qu'est-ce que le systhme
décimal ? Quelle est l'origine de la
division du temps que nous employons ? Qu'appelfe-t-on systéme
duodécimal ?
51
ANT~SRIEURE
-
81
CHAPITRE VI
LES HfiBREUX ET LA BIBLE
1.
- HISTOIRE DES vÉBREU;II.
10 Jwqu’à l’instaiiatios en Palestine : les Hébreux étaiept des
Séqites r&f,&’nomades dans les déserts séparant l’Arabie de la
Syrie. Au cours de ces déplacements apparut chez eux l’idée toute
nouvelle d’un dieu unique dirigeant l’univers, Iaveh.
A la faveur de l’invasion des Hyksôs, ils pénétrèrent en figypte,
où l’un d’eux fut même ministre d’un pharaon; vers 1450 av.
J.-C., las des rudes travaux qui leur étaient imposés, ils reprirent
leur vie nomade et se fixèrent enfin en Palestine; cette région
comprend de pauvres plateaux, mais aussi une dépression où l’irrigation permettait les cultures.
20 La formation du royaume hébreu : les Hébreux durent conquérir
la Palestine sur les Philistins, peuple guerrier établi sur la côte, et
les Cananéens de l’intérieur. Plusieurs défaites leur montrèrent la
nécessité de grouper leurs tribus en un seul royaume : ce fut l’œuvre
de Saül, puis de David, qui s’empara de Jérusalem et en fit sa capitale vers 1100; au milieu de grandes cérémonies, il y fit transporter
l’arche sainte, coffret de cèdre dans lequel était conservé le texte
de la loi religieuse. Les tribus errantes des Hébreux étaient maintenant bien fixées, en un véritable royaume, que le sage Salomon,
fils de David, acheva d’organiser. Il comprit les avantages de sa
situation, à mi-chemin entre figypte et Mésopotamie, sur la route
de la Méditerranée à la mer Rouge, et y développa beaucoup le
commerce : création de (( villes de magasins D où s’amassaient les
marchandises, de ports sur la mer Rouge; relations suivies avec
l’€?gypte, Tyr, et des pays plus lointains, comme ce Saba dont la
reine visita Jérusalem; envoi d’expéditions maritimes jusqu’au
mystérieux pays d’0phir (I’&hiopie, ou l’Inde?). Enrichi, il se fit
construire un palais Q J&usalem, et, avec l’aide d’architectes de
Phot. Iiist. de Geographie de Paris
LA VIE
N O M A D E D E S HÉBREUX.
Photographie d’un campement moderne dc Bédouins dans la vallée du Jourdain : elle
nous permet d’imaginer la vie nomade des ancieas Hébreux.
,
1
,
LA V
l’hot. Ro)er
~ E&DENTAIRE DES HÉBREux.
Panorccw dc N w & h .-les hautews déwdées s’opposent à la vallée verdoyante, où
ids #n&solts sakt & % s s M ~ & s au milzezC des jatdink.
54
ORIENT
Tyr, il éleva un temple à Iaveh. Construit sur une vaste terrasse,
le sanctuaire était précédé de deux cours, dont la plus proche
de lui, appelée le paruis, était interdite aux infidèles et comprenait la mer de bronze, immense vasque destinée aux ablutions,
e t l’autel des holocaustes. Lui-même consistait en un petit rectangle
(30m. x 10 m.) fermé d’une haute muraille (15 m.) et divisé en
deux parties :le sainf, éclairé par dix chandeliers d’or massif a sept
branches, et accessible aux prêtres chaque jour; le saint des sainis,
où le grand-prêtre ne pouvait pénétrer qu’un jour par an et seul,
pou; y contempler l’arche d’alliance. Dénuée d’ornements à figure
humaine, sa richesse était faite de celle de ses matériaux, bois de
cèdre et métaux précieux. En fondant le temple, Salomon concentra
Q Jérusalem le culte des Hébreux; mais, pour l’achever, il dut les
assujettir A de lourds impôts et, par ailleurs, sa vie luxueuse leur
fut d’un mauvais exemple.
30 La décadence : après la mort de Salomon, le royaume hébreu se
divisa. Vers 725, les Assyriens l’envahirent, et emmenèrent une
partie de la population. Seul subsista le petit royaume de Juda
(d’où le nom de juif, u judæus )) en latin), autour de Jérusalem. Pilais
Nabuchodonosor s’en empara en 587, et les Juifs restdrent captifs
à Babylone jusqu’à leur libération par Cyrus, roi des Perses, en
l’an 539.
Les Hébreux n’étaient que quelques dizaines de milliers (contre
plusieurs millions d’Égyptiens). Ils occupent cependant une place
’
part dans l’histoire grfice la Bible, e t h leur rcligion.
II.
- LA BIBLE
Les Hébreux se transmettaient fidèlement des récits sur l’origine du monde et l’histoire de leur peuple. Au ve siècle av. J.-C.,
après leur retour A Jérusalem, des prêtres les réunirent dans un
livre pour montrer comment les Hébreux étaient devenus le u peuple
élu u de leur Dieu a Iaveh D, et comment il les punit lorsqu’ils cessérent de l’adorer. A condition de lui rester fidèle, le peuple hébreu
serait supkrieur aux autres peuples, et leur enseignerait la vraie
religion : telle ktait sa K mission D. L’ouvrage se compose de trois
grandes parties :
10 Les Cinq livres de la loi : le premier, la Genèse, raconte la
LES HÉBREWX
55
ET LA BIBLE
crkation du monde et de l’homme; la péché d’Adam et eve, qui
mangent le fruit défendu ;les crimes de leurs successeurs, que Iaveh
fait tous périr par le Déluge, sauf le fidèle Noé et ses fils; l’alliance
conclue par Iaveh avec un descendant de Noé, Abraham, dont
sort le peuple hébreu, appelé (( Israël )) (c’est-A-dire u celui qui lutte
avec Dieu n).
Le second livre, l’Escode, expose les malheurs des Hébreux en
ggypte. Iaveh inspire A Moïse de se mettre a leur tête; punit le
pharaon, qui s’opposait à leur départ, par les a dix plaies n (l’eau
changée en sang, la pluie de sauterelles, la mort des premiers nés,
etc.) ; ouvre pour eux un passage à travers la mer Rouge, dont les
eaux se referment sur les Égyptiens lancés A leur poursuite. Puis,
sur le mont Sinaï, au milieu du tonnerre et des éclairs, Iaveh
dicte à Moïse les dix grandes lois ou Décalogue; il déclare aux
Hébreux : Si vous écoutez ma voix et si vous gardez mon alliance,
vous serez mon peuple particulier parmi tous les peuples I)
Les trois livres suivants expliquent ces lois en détail, et décrivent
la marche des Hébreux jusqu’en Palestine, à l’entrée de laquelle
meurt Moïse.
20 Les livres édillants (Hagiographes), destinés A manifester la
gloire de Dieu par des histoires comme celle de Job.
30 Les livres des Prophètes, contenant l’histoire des Hébreux en
Palestine, leurs luttes contre les Philistins, au cours desquelles
s’illustre Samson. Puis c’est la brillante période des rois, A laquelle
succède celle des épreuves : oublieux de Iaveh et de sa loi, les
Hébreux sont vaincus et emmenés en captivité. Alors se manifestent les (( prophètes D, c’est-A-dire (I ceux qui parlent au nom
de Dieu 1) : individus inspirés par Iaveh, comme autrefois Moïse,
ils vont parmi les Hébreux, leur reprochent leurs fautes, et
leur annoncent qu’après leur juste punition Dieu leur enverra
un (( Messie », 1’ (( oint du Seigneur »,pour les sauver (de là le sens
moderne de (( prophète )) : celui qui prédit l’avenir). Tels sont
David, Jérémie, Isaïe, qui proclame : (( O mon peuple, dit I’fiternel,
ne crains pas l’Assyrien 1 Bientôt le châtiment cessera; et ma
colère se tournera contre lui. Plus tard, un rameau sortira du tronc
de David,.. l’esprit de l’€?,terne1sera sur lui et le rejeton de
David sera une bannière pour tous les peuples,,,, n
Cet ensemble fut appelé l’Ancien Tesfameni, par opposition au
Nouveau Tesfament, qui .raconte les événements survenus aprés la
((
....
...
SB
ORIEflT
naissàhce de JBsus, le Méssie ou Christ, et renfermant le’s fivan@es. Les deux Testaments réunis fotmèrent trles ecritures SEiintes D,
que nous appelons la bible (du grec a biblos n : le livre),
La Bible est la base des priricipales religions du monde moderhe.
Elle décrit avec de fi-hiches coiilaurs la vie des nomades de l’orient;
elle exprime avec une puissante émotion les sentiments du peuple
hdbreu, sa douleur lors de sà captivité 4 Babylone, a sur une terre
6tranget.e D, sa confiance en sa (( mission n et ses immenses espoirs.
Retentissante comme l’airain, remplie d’itnages exquises ou splendides, elle a iûspiré des gédrations de poètes et d’artistes. Aucun
livre sans doute n’a été lu aûtant qu’elle.
III,
- LA
RELIGION DES HÉBREUX
Cbmme les auttes pèuplés de l’ürierit, lés Hébreux adurèrent
d’abord des plusieurs dieu$. Trbs tôt cependant, il’s conçurent l’idée
d’un dieu unique; Mais ils ne lui restêrent pas toujours fidbles :
tandis que Moïse écoutait Iaveh au Sinaï, ils dressaient encore une
statue au veau d’ot. Toutefoia lew Croyance ne cessa de s’affermir
avec le temps, de s’8purer â l’appel des prophètes; et dans la Bible
éclate la supériorité matale de leur religion sdr toutes les autres
de l’ûrient d’dots.
10 Ils croyaieiit eri un deulDieu, dont ils êtaient le peuple élu,
mais qui, maftre de tout l’univers, devait s’imposer tI tous les
pétiples, - alors que, jusqu’iei, Chaque peupla avait ses dieux,
et admettait que le pays voisin pin eût d’autres.
20 Ils croyaient en un Dieu /Liste, qu’on devait servir par de
bonnes actions; alors que les dieux des autres peùples étaient souvent
mauvais, et qu’’on ne cherchait tI les fléchir que par des sacrifices.
30 Enfin, si Iaveh avait été pour eux le rude (( dieu des batailles n,
ils parvinrent peu 3 peu t3i la conception d’un Dieu bon, plein de
pitié pou? le pécheur repentant, et dont le prophète Osée rapporte
ainsi les paroles : a J e guérirai leur infidélité [des Hébreux], je les
aimerai de bon cceur.... Je serai comme la rosée pour Israël. ))
Le Décalogue, erlsemble des commandements auxquels doit
obéir le fidéle, reprds6lite un idda1 de oivilisation d’urle hauteur
eiicote i n ~ ~ i f i u ce~iii~ih
~+,
rndd8 slir iequei s’est élevé celui Be la
ahretientê :
LES
HBBREUX
ET LA BIBLE
57
1. Tu n'auras pas d'aUtPm dieux devant wia face.
II. Tu ne feras pas d'image taillee ..., Tu ne te prosterneras psiut
devant elles. Car moi, Iaveh, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux....
III. Tu ne prendpas point le nom de Iaveh, ton Dieu, en vain ...,
IV. Souviens-toi du jour du sabbat pour le oanctifier, Pendant six
iours tu travailleras .... mais le
septième jour est un sabbat con=
sacré à Iaveh, ton nieu ; t u ne
feras aucun ouvrage....
17. Honore ton pkre et ta mkre,
afin que tes jours @oientp r o l m
gés
*...
VI. Tu ne tueras point.
VII. Tu ne commettras point
d'adultère.
VIII. Tu ne déroberas point.
IX. Tu ne portepas point de
faux témoignage contre tQn prochain.
X. Tu ng convoiteras.point la
maison de ton prochain ...,ni rien
de ce qui appartient à ton proChain.
(Trad. CRAMPON.)
Phot B i o p
CANDÉLA3RE A
SEPT B R A N C H E S .
Bas-nelief de l'Arc de Titus, à Rome.
Les Hébreux ne créérent pas
Dans le sanctuaire se trouvaient dix canà sept branches, que les Romains
seulement une religion qui an- délabres
emportèrent comme butin lorsqu'ils prirent
Jérusalem en 70 après J.4.
nonçait le christianisme. S'étant
rkpandus dans les pays méditerranéens a u cours des premiers siècles avant e t après J.-C., ils en
préparèrent le succès par leur dispersion volontaire ou forcée.
RÉSUMÉ
-
-
1.
HISTOIREDES HÉBREUX. Sémites longtemps restés nomades,
ils séjournèrent en Égypte, puis gagnèrent la Palestine. Ils durent
la conquérir sur les Philistins, et s'organisèrent en royaume; leurs
principaux rois furent Saül, David, Salomon. Après la mort de ce dernier, ils se divisèrent, et furent emmenés en captivité par ,les Assyriens et
les Chaldéens.
-
-
II. LA BIBLE. Écrite pour montrer l'alliance conclue entre le
peuple hébreu et son Dieu, Iaveh, eiie se compose surtout des C i q
58
ORIENT
Livres de la Loi, qui racontent la création du monde, l’origine des
Hébreux, leurs malheurs en Égypte et leur voyage jusqu’en Palestine;
et des Livres des Prophètes, qui contiennent leur histoire depuis leur
installation en Palestine, et les avertissements des prophètes,
-
-
III.
LA RELIGION DES HÉBREUX. La croyance en un seul Dieu,
tout-puissant et miséricordieux, A laquelle les Hébreux se sont élevés,
et les lois réunies dans le Décalogue confèrent leur religion, annonciatrice du christianisme, une place d’exception dans l’histoire universelle.
Q U E S T I O N S E T EXERCICES
-
En quoi l’idée d’un Dieu
unique est-elle supérieure 8 la
croyance en plusieurs dieux?
2.
Citez des œuvres inspirées par
la Bible. De quels livres sont tirés
les événements qu’elles décrivent 7
Quels sentiments expriment-elles ?
3.
Ne constatez-vous pas chez le
peuple hébreu l’existence de sentiments que nous n’avons as trouvés
l’Orient ?
chez les autres peuples
1.
-
-
8,
Lesquels 1 Songez, en particulier, au
passage oh ils parlent de la a terre
étrangère n.
4.
D’après les passages de la
Bible cités dans cette leçon, essayez
de montrer ce qui en fait la beauté
poétique.Qu’appelle-t-onune image?
5.
Quelle est pour l’art hébreu
l’importance du 2e comrnande-
-
ment?
CHAPITRE VI1
’
LES PEUPLES DE LA MER
1.
- LES CRÉTOIS
La Crète est une petite île admirablement située, presque au
centre de la Méditerranée orientale. Depuis quelques dizaines
d’années, les fouilles de l’Anglais Evans, puis celles des membres
de l’École Française d’Athènes et de la mission itdienne y ont
remis à jour les ruines de grandes villes et de somptueux palais;
d’autres ont permis de retrouver des objets crétois en Grèce, en
Asie Mineure, ailleurs même. Toutefois, nous ne savons pas encore
lire les hiéroglyphes crétois.
Dès l’âge de la pierre polie, les Crétois durent chercher h I’extérieur une partie de leur nourriture. Avec ingéniosité, ils perfectionnèrent peu à peu la barque creusée dans un tronc d’arbre, qui fut
le premier navire; ils choisirent des bois légers e t résistants, relevèrent l’avant en pointe, fixèrent plusieurs mâts, utilisèrent comme
gouvernail deux avirons renforcés A l’arrière. Même ainsi, la navigation restait périlleuse; on s’éloignait peu des côtes, on passait la
nuit à terre.
Grâce à une flotte très nombreuse, les Crétois purent dominer
les premiers grands courants commerciaux : celui du cuivre, venu de
Chypre et Rhodes; celui de l’étain, veau d’Europe occidentale;
la Crète fut grande fabricante du bronze. Elle importa des K matières
premières N pour son industrie, des aliments pour sa population;
elle exporta de l’huile, du vin, des vases peints, des armes et des
bijoux fabriqués dans l’île. Pour disposer de relais et d’entrepôts
sûrs, les Crétois fondèrent, au long des voies suivies par leurs
navires, de petites colonies dans les îles de la mer agée. Cet Empire
de la mer f u t B son apogée de 1700 à 1500 av. J.4. environ. Protégée par sa flotte mieux que paf de8 armées, la Crète connut une
bienfaisante sécurité.
-
MORAZ$-WOLFF, L’Antiquité (ci. de 6%
a
~
LES PEUPLES DE LA M E R
E
U
R
O
P
E
Indes
Ivoire
rr
L
I
B
Y
E
LES PEUPLES DE LA MER
61
Ainsi p u t s’y développer une brillanfe ciuilisafion. Les Crétois
eurent des habitations largement aérées, avec des toits en terrasses;
les murs des plus riches étaient couverts de peintures éclatantes;
des salles de bains, des égouts, etc..., y assuraient confort et hygiène.
Les arts n’eurent pas seulement, comme en Orient, un but religieux.
Ils naquirent aussi de l’industrie : il fallait orner les objets destinés
à l’exportation. Ainsi les plus développés furent les arts d’ornementation : peintures murales, fabrication de poteries peintes (céramique), de bijoux ciselés, de petites statuettes de bronze e t de
faïence. L’amour de la nature, le sens de l’observation, le plaisir
de reproduire de beaux sujets s’y manifestent.
Les Crétois eurent à l’extérieur une remarquable influence, qui
s’étendit sans doute jusqu’en Gaule e t en Afrique Centrale. A ces
régions encore à l’âge de la pierre, ils firent connaître le bronze,
Mais, vers 1450, des Grecs civilisés Q leur contact débarquèrent
dans l’fle. Amollis par la longue sécurité dont iIs avaient joui, les
Crétois furent vaincus. Ainsi se trouvèrent-ils, jusqu’aux fouilles
d’Evans, rayés de l’histoire.
II..
- LES PHÉNICIENS
De l’une à l’autre des petites plaines de Phénicie, serrées entre la
Méditerranée e t les monts du Liban, la mer était la seule voie de communication ; elle devint aussi la principale ressource des Phéniciens
qui, après les Crétois, furent les grands marins de la Méditerranée,
Leur pays était réuni A la Mésopotamie par des pistes traversie
désert; les relations par mer avec l’figypte étaient faciles. Ainsi
les Phéniciens purent-ils travailler pour le compte des autres peuples.
Plusieurs de leurs ports connurent tour à tour la prospérité. Byblos,
qui fut le grand marché du papyrus égyptien, sorte de fibre servant
de papier; puis Sidon, qui transporta messagers e t marchandises
des pharaons; enfin Tyr, jusqu’b sa prise par les Assyriens vers 600,
après un siége de treize ans.
Avec ses îles, ses ports bien abrités, la Méditerranée se prêtait
admirablement la navigation rudimentaire de cette époque. Mais
les Phéniciens eurent aussi l’audace d’affronter les hautes vagues
de l’Océan : iIs vinrent chercher I’étaia jusque dans les fies Scilly,
près de l’Angleterre actuelle; ils longèrent les côtes d’Afrique, en
L’ART CRÊTOIS
Phot. Boissonnas.
LE
PALAIS D E
CNOSSOS :
C O U R ET E S C A L I E R RESTAURÉS.
On a pu reconstituer en partie le décor dans lequel ont vécu les souverains crétois il y a
environ 3 500 ans. L e palah comprenait plusieurs étages auxquels on accédait par des
escaliers prenant jour sur des courettes ou a puits de lumièrt a .
LE PALAIS
D E CNOSSOS
: COULOIR DES
MAGASIKS.
S u r ce couloir dallé débouchent de profonds magasins, où l’on gardait des vivves et des
objets précieux. On aperçoit deux énormes vases, utilisés pour la conservation des denrées.
L’ART CRÊTOIÇ
DaprBs Ch. Picai d, L’art crdto-mgcdnien, Laurens. Bd
FRESQUE DU
PAYSAGE AFRICAIN.
Panneau retrouvé en I923 dans une modeste maison de Clzossos. U n singe du Soudan
évolue au milieu d’un Paysage tropical. Une telle fresque est la preuve de la pénétration
crétoise en A jrique.
Piioî. Ciraiidon
FAIENCE.
Admirables sont la vivacité et la souplesse des mouvements de cette chèvre sauvage et de
ses chevreaux; et, par ces mouvements, ce sont: (les sentiments put soltt exprimés.
G4
ORIENT
firent même peut-être le tour en trois ans pour le compte du pharaon égyptien Néchao. Chargés d’objets fabriqués en Ggypte et en
Mésopotamie, ou en Phénicie même (bijoux, étoffes teintes en
pourpre rouge ou violette à l’aide d’un coquillage, le murex), leurs
navires abordaient sur les côtes de pays sauvages, dont les habitants émerveillés leur proposaient en échange des rnatériauk dont
ils ne savaient tirer parti : métaux, marbre, ivoire.
Pour garder le secret de leurs routes, les Phéniciens n’hésitaient
pas, dit-on, à couler leurs navires, s’ils étaient suivis par un
concurrent étranger.
Pour rendre ce commerce plus régulier e t profitable, les Phéniciens fondèrent des comptoirs où l’on pouvait accumuler des produits et négocier d’un bout de l’année à l’autre. Palerme en Sicile,
C,arthage près de l’actuelle Tunis, peut-être Monaco, Cadix en Espagne furent des comptoirs de Tyr. A leur contact, les populations
voisines se civilisaient peu à peu.
Nous connaissons mal la civilisation des Phéniciens, leurs villes
ayant été détruites au cours de guerres. Un grand progrés leur est
certainement dû : l’invention de l’alphabet. Les gros marchands
qui, de Tyr ou de Sidon, voulaient correspondre avec leurs agents
établis dans les divers comptoirs, trouvaient les écritures égyptienne
et cunéiforme bien compliquées. Un premier progrès fut réalisé
lorsque les signes ne représentèrent plus que des sons : dans plusieurs
îles de la mer Égée, on a retrouvé de tels systèmes, comprenant
encore une centaine de caractéres. Le pas décisif fut franchi lorsqu’on décomposa le son correspondant à une de nos syllabes (« ba »,
par exemple), en sons plus simples, exprimés par nos lettres b e t a ;
cette opération, qui nous semble naturelle, exigea en réalité de longs
efforts. Ce ne fut plus qu’un jeu ensuite de représenter chacune de ces
lettres, peu nombreuses (une vingtaine) par un signe. Les Phéniciens écrivaient de droite à gauche. Leur commerce fit connaître cet
alphabet partout : les Grecs l’adoptèrent en le renversant, car ils
écrivaient comme nous de gauche à droite; ils le transmirent aux
Latins, qui l’enseignèrent aux Gaulois. Notre mot (( alphabet D vient
des deux premières lettres phéniciennes, aleph e t beth (alpha,
bêta, en grec).
Les hommes purent désormais s’exprimer par écrit avec beaucoup plus de facilité.
LES PHÉNICIENS
Navires 9ltktiCks fournis d u n roi assyrien (d’après un bas-relief de Ninive) : les
plus grands sont des vaisseaux de huule mer, les autres, des bateaux de rivière. -Décrire
la disposition des rames, des ponis, la voilure. Comment ces navires se dirigeaient-ils ?
Vue aérienne, prise d& Sud, de l’flot principal de Tyr, aujourd’hui réuni à la terre
ferme par un banc de sable.
L A GRÈCE
I
o
-J
50
100 Km.
LES PEUPLES DE LA MER
nr, - LA GRÈCE ET LES ACHÉENS
Après les Crétois e t les Phéniciens, les Grecs devinrent les grands
marins de la Méditerranée. Décrivons leur pays, petit par sa surface
(un cinquième de celle de la France), grand par son rôle dans I’histoire, admiré aujourd’hui encore par les voyageurs.
Les montagnes couvrent plus des trois quarts de la Grèce, et n’y
laissent place que pour de rares petites plaines. Elles ne sont pas
très hautes : l’Olympe, la plus élevée, mesure 2900 mètres. Mais
leurs pentes sont souvent assez raides, et gênent la circulation, qui se
faisait d’une plaine à l’autre par de petits sentiers abrupts. Les
Grecs s’habituaient à considérer comme étrangères les villes ainsi
séparées de la leur. Leur petite patrie, par contre, ils l’aimaient à
la fois‘ comme nous aimons la ville ou le village où nous sommes
nés, et le pays auquel nous appartenons.
La Grèce a un climat doux et sec. Le plus souvent, le ciel est bleu.
Grâce au soleil, l’hiver n’est pas trop rude, et, presque tout au
long de l’année, il fait bon vivre dehors. Mais la rareté des pluies,
surtout en été, où deux mois peuvent s’écouler sans que tombe une
goutte d’eau, rend dificiles les cultures, qui ne sont d’ailleurs possibles que dans les petites plaines : blé, vigne, olivier sont les principales. Moutons et chèvres se sussent de l’herbe maigre des
maquis, sur les pentes. De leur sol, les Grecs pouvaient tirer de quoi
vivre, mais à condition de travailler ferme, et de se contenter d’une
nourriture frugale.
Heureusement, la mer est partout en Grèce. Sans l’isthme étroit
de Corinthe, le Péloponèse serait une Ple (son nom signifie en grec :
l’fle de Pélops); l’Eubée en est une. Pas un point de la Grèce n’est
à plus de 90 kilomètres de la mer. On la découvre, brillant sous le
soleil, de la plupart des sommets. Aux Grecs elle rendait de grands
services : la pêche leur fournissait une partie de leur alimentation;
la navigation leur permettait d’éviter des chemins de terre souvent
pénibles. Très tôt, les Grecs ont eu intérêt à être de bons marins.
Cette mer les conduisait vers d’autres pays. Grâce aux Cyclades
et aux Sporades, ils gagnaient, sans jamais perdre la terre de vue,
l’Asie Mineure semblable à leur pays, avec ses caps éIevés, ses
golfes profonds. Plus que les mers de l’Ouest, moins riches d’fles,
Phot. comm. par M. A. Petre.
LES METÉORES.
Vue prise dans le Nord de kz Grèce. Vallée étroite limitée par des montagnes abruptes.
Bien que les pentes ne so{eNt pas toujours aussi vaides qu'elles te sont ici, le relief g h e
k w w p ia circulaiion.
OLIVETTES.
Type de végétation d t plaint :oliviers trapus, aux feuilles grises et verbes: parmi eux, quelques cyprès
sombres et élalancés. - Cette photographie a été prise à Corfou.
-
..
.
.
-.
Phot. Boissonnas.
LA TERRE
ET LA MER,
Ccttt vue de l
a c6te d t Leucade, l’une des Iles bordant le rivage Ouest de la Grèce, fourltit un excellent
exemple d t la phétration des terres par la mer. Noter le grand mmbre des Ilots.
.
70
ORIENT ET CrRhCE
la mer Ggée fut le vrai domaine des Grecs. Ils durent cependant y
faire le rude apprentissage d’une navigation qui n’y était pas toujours aisée, en particulier en hiver, lorsque le vent du Nord couvrait la mer de petites vagues pressées, ou lors des périodes de
calme sans vent.
Ce fut l’œuvre des premiers habitants de la Grèce, venus des
grandes plaines européennes au long de plusieurs sikcles, depuis
environ 2000 av. J.-C. Ils arrivaient par petits groupes, dont les
noms (Achéens, Ioniens, Éoliens) et la langue variaient. Ils se civiiisérent lentement sous l’influence des Crétois. Vers 1450, ils s’emparèrent de la Crète. Dès lors, ils purent parcourir toute la mer Ggée.
Ils furent d’abord des pirates : ils créèrent un royaume sur les côtes
d’Asie Mineure, pénétrèrent en Égypte e t provoquèrent la chute du
nouvel Empire thébain. Parfois ils s’unissaient pour de grandes
expéditions; le plus souvent, ils se querellaient entre eux, e t ils
restèrent divisés en plusieurs royaumes, dont les villes étaient des
forteresses juchées sur des collines escarpées.
Vers 1100, l’invasion dorienne ruina la civilisation achéenne.
RESUM~E
-
-
1.
LES CRÉTOIS.
Très bien située au centre de la Méàiterranée orientale, la Crète fut, dès l’âge de la pierre polie, un pays demarins,
qui perfectionnèrent les premiers navires primitifs. Cette flotte procura
aux Crétois la richesse commerciale et ieur permit de fonder un Empire
maritime. Leurs arts furent surtout des arts d’ornementation, répondant aux besoins du commerce. Vers 1450, des Grecs débarquèrent en
Crète et ruinèrent sa civilisation.
-
-
II.
LES PHÉNIcIWS.
Favorisés par la position de leur pays,
les Phéniciens continuèrent le rôle maritime des Crétois. Tour A tour,
Byblos, Sidon, Tyr connurent la prospérité. Les Phéniciens firent des
voyages jusque dans l’Atlantique. Contre les produits d’Égypte, de Mésopotamie, de leur pays, ils se procuraient des matières premières. Ce sont
eux qui, décomposant les sons en un petit nombre, de lettres, créèrent
I’dphabet,
III.
- LA QF@CE
ET
LES AcaÉENs.
- La surface de la Grèce,
LES
murus
DE LA MER
71
cinq fois plus petite que celle de la France, est couverte aux trois quarts
par des montagnes, qui isolent l’une de l’autre les petites plaines. Le
c h a t y est ensoleillé, mais la sécheresse rend difficiles les cultures
(blé, vigne, olivier). La mer, partout présente, permit aux Grecs de circuler et de gagner d’autres pays. Les peuples qui envahirent la Grèce
depuis 2 000’ (Achéens, Doriens, etc.), firent l’apprentissage de la mer,
et s’y lancèrent en pirates,
QUESTIONS E T E X E R C I C E S
1.
- Qu’est-ce qu’une a matière
premiére U ? Que veulent dire ces
mots 1
commerce, des guerres, des traités.
Pour bien les situer respectivement,
il faut faire un tableau chronologique :
Divisez une page de votre cahier
en sept colonnes, consacrées aux
Egyptiens, aux peuples de la Mésopotamie, aux Hébreux, aux Crétois,
aux Phéniciens, aux Hittites et
Lydiens, enfin aux Mèdes e t Perses.
Portez dans chaque colonne les
dates citées dans le cours, plus ou
moins haut selon leur ancienneté.
2. - Qu’est-ce qu’un a comptoir N ?
Quelles sont pour les sauvages voisins les conséquences de l’établissement d’un comptoir ? Que veuton dire lorsqu’on déclare qu’ils
subissent l’influence d’une civilisation supérieure ?
3.
4.
-
uels sont les inconvénients des
systtmes d’écriture antérieurs à
l’alphabet phénicien ? Montrez
l’importance de cette découverte.
- Quelle sorte de pays habitezvous ? Réfléchissez à l’influence
qu’il exerce sur vous,
par son
relief -, son climat, - sa richesse.
-
5.
-
Pour plus de clarté, nous avons
été amenés à étudier les peuples de
l’Orient les uns aprés les autres.
En réalité, ces peuples n’ont pas
vécu isoiés : entre eux, il y eut du
6.
-
De l’entrée des Égyptiens dans
l’histoire au V I siècle
~
av. J.-C.,
bien des progrès ont été réalisés
dans l’Orient. Indiquez-les dans
un tableau de deux colonnes, la
première contenant les progres matériels (agriculture, armement, etc.),
l’autre les progrès intellectuels
(connaissances, arts, religions, etc.).
Soulignez chacun d’entre eux d’une
couleur différente, selon le peuple
auquel il est dû.
CHAPITRE VI11
LES POnMES HOMERIQUES
1.
- ILIADE ET ODYSSÉE
Deux longs et chlèbres poèmes nous font connaftre les Achéens.
Le premier, l’Iliade, a pour sujet (( la colère d’Achille )) : depuis
neuf ans, les rois grecs et leurs armées, SOUS la direction d’Agamemnon, roi de Mycènes, font le siège de Troie ou Ilion, pour
venger Ménélas, roi de Sparte, dont un Troyen a enlevé la femme,
Héléne. Agamemnon et Achille, roi en Thessalie, s’ktant disputés
pour le partage du butin, Achille se retire de la lutte, et n’y rentre
que pour venger son ami Patrocle, tué par le chef troyen Hector;
l’Iliade s’achève sur les funérailles d’Hector. Par un passage de
l’odyssée, nous savons que Troie fut prise finalement grâce â une
ruse d’Ulysse, roi d’Ithaque : une feinte de retraite des Grecs,
laissant un cheval de bois rempli de guerriers, que les Troyens
introduisirent imprudemment dans leur ville,
L’Odyssée raconte le retour d’Ulysse (Odysseus en grec) : parti de
Troie avec ses compagnons, il arrive A l’île des Cyclopes, géants
farouches n’ayant qu’un œil au milieu du front; l’un d’eux, Polyphème, ayant tué plusieurs Grecs, Ulysse l’aveugle et s’enfuit. Mais
Polyphème est fils de Poseidon, dieu d’e la mer, qui poursuit Ulysse
de sa colère. Après de terribles aventures, ayant perdu tous ses
compagnons dans une tempête, Ulysse séjourne plusieurs années
dans un pays lointain, chez la nymphe Calypso. Il en revient enfin,
par le pays des Phéaciens, auxquels il raconte ses malheurs. A
Ithaque, il doit encore se dbbarrasser des (( prétendants N, qui
avaient envahi son palais, et pressaient sa femme, la fidèle Pénélone. d’épouser l’un d’eux.
LES POÈMES
II.
-
HOMBRIQUES
73
ORICCnPE E$ nITBRi1ÉT DES POEMES HOH~RIQUES
Ces po&m&connurent un immense succès. On les récitait lors des
fêtes; ils furent le principal livre de classe des jeunes Grecs, auxquels
on proposait leurs hdros pour modbies. Ils furent traduits, lus,
imités, en ggypte, en Asie Miheure, plus tard à Rome. Aujourd’hui
enoore, on les considbre comme un des plus grands chefs-d’œuvre
de la littérature. Mai$ plueieurs questions se posent A leur sujet :
qui les écrivit 3 quelle part de ldgende et quelle part de vérité contiennent-ils ?
Selon les Grecs, leur auteur, H O M ~ Ravait
E , vécu en Gréce d’Asie
au I X siécle
~
av. J,-C.; ils l’appelaient simplement n le Podte D,
si grande était sa célébrité. En fait, rien ne nous prouve qu’il ait
existd; en tout cas, il n’a pas écrit lui-même toute l’lliade et toute
I’Odpsde, dont la beautis est trds indgale. Sans doute ,furent-elles
l’œuvre d’une &rie de poétes QU R aédes n7 qui les savaient par cœur,
et y ajoutaient chacun quelques vers; Homère aurait été le principal
d’entre eux, Elles ne furent rédigées que plus tard.
L’Iliade est le r&it enjolivé d’une expédition, comme les Achbens
en faisaient autour de la mer @de; celle4, qui visqit Q les inataller
sur ia route de la mer Nuire, eut lieu 5ans doute vers 1190. C’est ce
que montrèrent les fouilles dirigées Q Troie par l’Allemand Schliemann, qui permirent d’y retrouver les ruines superposées de neuf
villes.
En dépit de ses extraordinaires légendes, l’ûdyssde contient aussi
un fond de véritd :elle rapporte les récits terrifiants qu’imaginaient
marins crétois et phdniciens, pour écarter des pays lointains les
concurrents étrangers. Mals lea pays parcourus par Ulysse sont
ddcrits avec assez de prècision pQur qu‘un savant français, Victor
Bérard, ait pu essayer de reconrtituer ses voyages.
~
Tous ces événement8 $6 d8rauldent 8ans doute vers le X I I siAcle
av. J.4. L’iliade et i’ûdyssdt? ne furent rddigées que trois ou
quatre siècles plus tard. A de vieux souvenirs elles mêlent la
description d’un monde plus récent. Sur le caractère et la vie dee
premiers Greus, elles nous fournissent cependant des renseignements nombreux et pr$cieux,‘
,
L’ILIADE
LES A D I E U X D’HECTOR.
Peinture d’une Amphore de Nola.
L’Iliade et l’Odyssée ont inspiré de nombreux peintres de vases; ils se sont souvent
attachés a u thème émouvant des adieux d u guerrier. -Décrire la scène; noter le soin avec
lequel Priam, le père d’Hector, cherche à dissimuler sa douleur.
-
Eypl. arch. de Délos, X, de Boccard, éd.
ACHILLE
rr
LE CADAVRE
D’HECTOR.
Peinture d’un vase attique.
Achille, qui vie& de tralner autour des rdmparts de Troie le cadavre d’Hector attaché à
soii char, s’arrête devant la tombe de son a m i Patrocle, qu’il a ainsz vengé; l’âme de celui-ci
lui apparalt, sous la forme d’un petit guerrier a‘ilé. - Décrire les armes et le char d’Achille.
76
’
GRÈCE
-
III.
CARACTÉRE ET VIE DE8 GRECS
D’APRÈS LES POÈMES HOMgRIQUES
En dépit du fait que ces poémes nous présentent des héros meilleurs qu’en réalité, les Grecs nous y apparais$ent encore comme des
hommes rudes, guerriers,
pillards. Ulysse lui-même se
vante d’actes de piraterie :
u Au pays des Kikones, ..,
je pillai la ville et tuai les
guerriers et lorsque, sous les,
murs, on partagea ... le tas
des richesses, je fis si bien
les lots que personne en
partant n’eut pour moi de
reproches))(trad.V. Bérard).
Ils sont superstitieux : un
oiseau s’envole-t-il à leur
droite, ils s’en réjouissent
comme d’un présage favorable ; à leur gauche, ils s’inquihtent. Entre eux éclatent
de frhquentee querelles, accompagnées de violentes in: ainsi entre Agarnernnon e t Achille, entre UIys~le
et les pr6tendant.s.
Mais leurs qualitcls nuns
frappent au moins autant.
11s Mnt courageux; ils estiment Achille p a r sa vaillance; Ulysee eert le E( héros
d’mdurance n, qui sait, au
milieu des tempêtes et des périls, ras surer ses compagnons. .Plus
encore que la vaillance, ils aiment et respectent la sagesse : leur
idéal est Ulysse, 1’ x homme aux mille tours Y, rusé parfois jusqu’à
l‘hypocrisie, mais raisonnable, s’efforçant de ramener la paix entre
t
LES POÈMES H O M ~ ~ R I Q U E S
77
Grecs, sachant s’exprimer avec éloquence. Ils ont un golit tr6s vif
pour les jeux sportifs, la danse, la musique et la poésie; ils considèrent les aèdes. comme inspirés par les dieux. Ils ont l’amour du
foyer et de la famille; sentiment qu’exprime Ulysse en remerciant
une jeune Phdacienne par ce vœu : (( que les faveurs des dieux
comblent tous tes désirs ! qu’ils te donnent l’époux, un foyer, l’union
des cœurs, Ia belle chose i Il n’est rien de meilleur ni de plus précieux que l’accord, au
1
foyer, de tous les sentiments entre mari e t
..
femme,,. D, A ce foyer,
l’hospitalité est un devoir :
le voyageur errant, le
mendiant sont envoyés
par les dieux; on doit les
recevoir, leur offrir nourriture et boisson; après
seulement, on leur demande qui ils sont. Enfin,
les Grecs ont un vif
Moniirnenti ...,ï l l ï .
amour de leur u chère
ULYSSEA V E U G L E L E CYCLOPE.
patrie n; voici en quels
Cette fresqzle, retrouvée dans une tombe étrusque,
termes Ulysse décrit la e7t Italie centrale (tomba dell’orco, Tarquinies),
témoigne dzd succès que connut l’Odyss6e chez des
sienne : (( Ma demeure
peuples étrangers aux Grecs.
d’Ithaque est perchée ...
sous leNérite a l x bois tremblants, au beau profil. Des fles habitées
se pressent tout autour, Doulichion, Samè, Zante la forestière;
mais, au fond du noroit, sur la mer, mon Ithaque apparaft la plus
basse ,... Elle n’est que rochers, mais nourrit de beaux gars; cette
terre I il n’est rien & mes yeux de plus doux. ))
C’est la vie des héros, des Grecs les plus fortunés, que nous décrivent Iliade et Odyssée; mais cette vie est simple. L’agriculture fournit la ressource principale; un serviteur d’Ulysse décrit ainsi la
fortune de son maftre : (( Sache que notre maître avait la vie très
large..,. En terre ferme, il a douze troupeaux de vaches, tout autant
de moutons .... Ici, dans notre Ithaque, est son armée de chèvres,
---
onze hardes en tout, qu’à l’autre bout de l’lle gardent d’honnêtes
....
gens E t t u me vois garder et défendre ses porcs. n Les plus grands
personnages, les rois eux-mêmes, travaillent la terre; Ulysse se
78
GRÈCE
vante de son habiieté : (( Eurymaque, veux-tu qu’on nous mette au
concours? Par un jour de printemps, quand les journées sont longues,
qu’on nous conduise au pré, que j’aie ma bonne faux et toi pareillement : tout le jour, sans manger, nous abattrons l’ouvrage, jusqu’à la nuit venue et jusqu’au bout du foin !.,. Quant à pousser les
bœufs ..., donne-moi quatre arpents où le soc entre aux mottes, et
tu verras si mon sillon est coupé droit .... D
Cependant, les Grecs commencent aussi à vivre du commerce, qui
leur fournit métaux et objets de luxe, Ils les rassemblent dans des
trésors, précieusement conservés dans les caves de leurs palais.
Ceux-ci sont ornés d’objets d’art, vases peints, belles étoffes, que
ces poèmes nous décrivent longuement. A c6té de ces Grecs, les
peuplades primitives font piètre figure; Ulysse raille ainsi les Gyclopes : (( C’est que, chez les Cyclopes, il n’est pas un navire aux
joues de vermillon et pas un charpentier pour construire une flotte.
Car si ces gens avaient de bons vaisseaux 4 rames pour aller, à
travers les mers, de ville en ville, chercher tant de produits qu’échangent les humains, ah ! la belle cité uue Dorterait leur fle ! 1)
Telle était la vie simple, mais large, des Grecs les plus fortunés
avant l’invasion dorienne ; après celle-ci, la renaissance du commerce permit B la Grèce de la connaître B nouveau.
RESUME
-
- -
1.
ILIADE ET ODYSSÉE.
L’Iiiade a pour sujet la dispute
survenue entre Agamemnon et Achille au cours du siège de Troie;
Achille se retire du combat, puis tue le Troyen Hector pour venger son
ami Patrocle. Au bout de dix ans, les Grecs s’emparent de Troie.
L’Odyssée raconte le retour d’Ulysse & Ithaque, après de longues
aventures, et la lutte qu’il y soutient contre les << prétendants ».
-
-
-
II.
ORIC~INEET INTÉRÊT DES POÈMES HOMÉRIQUES.
Ces
poèmes, qui eurent un très vif succès, furent composés par une série
d’aèdes, dont le principal fut sans doute Homère, et rédigés seulement
très tard. Ils contiennent, mêlé Zt des légendes, le souvenir d’événements
véridiques.
m.- CARACTÈRE ET VIE DES GRECS D’APRÈS LES POBMES EOMe-
RIQUES.
- Les Grecs nous y appmaissent avec des défauts :brutalité,
LES P O ~ M R SH O M ~ R I Q U E S
79
superstition, querelles; mais aussi avec de grandes quaiites : vaiIlance,
goût de la sagesse et des arts, amour de la vie familiale et de la patrie,
Leur vie, basée sur l’agriculture, est simple; mais le commerce y introduit de l’aisance et même du luxe.
Q U E S T I O N S E T EXERCICES
1.
- Expliquerles
passages de l’ûdys5 I I I . ctudier en parti-
sée cités au
culier ce qu’ils nous révhlent du
caractère d Ulysse.
2.
-
Pourquoi Ulysse dit-il que les
Cyclopes auraient une ville s’ils se
livraient au commerce 7
CHAPITRE IX
LA CITG GRECQUE ET SON EXPANSION
1. - FAMILLE ET CITÉ
’
Dans les poèmes homériques, et dans les légendes concernant la
Grèce primitive, la société nous apparaît comme divisée en génè.
Imaginons que les fils d’un homme, au lieu de se disperser, restent
groupés autour de lui, et de même leurs enfants : au bout de trois
ou quatre générations, la famille forme un groupe important. C’est
le génos (pluriel : génè),ensemble des descendants d’un même aïeul.
Tous ensemble fournissent aux morts de la famille les aliments et
le culte, qui permettaient à ceux-ci, croyait-on. de mener sous terre
une existence paisible. Les terres, les bâtiments, Ies troupeaux, etc.,
appartiennent en commun au génos, où tout le travail se fait, en
commun. Le génas est un petit monde aux habitudes laborieuses,
qui doit se sufire à peu près. L’ancêtre Ie plus âgé célébre Ie culte
envers les morts, dirige le travail, punit, souvent par I’expulsion,
les crimes commis ii l’intérieur du génos. Si un crime survient entre
@né, les parents de la victime doivent la venger par 1s mort du meurtrier, que son génos defend : ainsi éclatent de vraies petites guerres.
Au-dessus des génè, il existait des groupements plus larges, phratries et tribus. Les tribus pouvaient avoir elles-mêmes intérêt Q
s’assembler pour se défendre, ou pour échanger des produits; un
point favorable naissait une ville, où se fixaient aussi des individus
isolé$, petits marchands, artisans, etc. Les premiéres villes furent
peu de chosé. : des murailles sur une hauteur, une place publique ou
agora, un gros village en contre-bas.
a2
GRÈCE
Le groupement des habitants d’une même ville s’appelait une
cité. Les poèmes homériques nous en donnent des exemples : ainsi
celle des Phéaciens. Plusieurs rois y dirigent chacun une tribu; à
leur tête est le roi principal : il les réunit dans son palais pour
prendre les décisions importantes ; parfois aussi, il convoque le
peuple à l’agora. Comme le génos, la cité a son culte particulier;
elle adore certains dieux, dont elle porte parfois le nom : ainsi
Athènes. Sanctuaire d’un dieu, la ville a un caractère sacré; aussi la
fondation d’une ville nouvelle donne-t-elle lieu à d’importantes
cérémonies religieuses. De ce culte, le roi principal est le grandprêtre; il arbitre aussi les querelles entre génb.
Le développement du commerce amena une lente transformation
de ces villes. Le nombre des marchands et des artisans y augmenta;
les génè perdirent de nombreux membres, attirés par le commerce
et la colonisation. Les villes grandissaient, mais la société s’y divisait de plus en plus : d’un côté, les vieilles familles propriétaires du
sol, fières de leurs ancêtres, méprisant les individus isolés; de
l’autre, la foule de ceux-ci, petits paysans, artisans, marchands
enrichis. Entre les deux catégories, des luttes éclatèrent souvent.
Leur résultat varia. Les génè gardèrent leur puissance dans les
pays grecs où l’agriculture resta la ressource principale : ainsi
l’Arcadie, I’Êtolie, la Béotie. Au contraire, dans les régions de
grand commerce, les génè se divisèrent en petites familles semblables aux nôtres, possédant chacune ses biens, entre lesquelles
subsistait seulement un lien religieux, Tel fut le cas à Athènes.
Même alors, la religion des ancêtres et du foyer garda une place
considérable dans la vie de la famille grecque. Tous les actesimportants y avaient un caractère religieux : la naissance, où l’enfant
était présenté par le père aux dieux de la famille; le mariage, où
la jeune fille demandait aux dieux de son père la permission de les
quitter, pour ceux de son mari; les funérailles, qui devaient apaiser
le mort, paré de bandelettes, escorté de ses parents et de pleureuses.
.
II.
- L’EXPANSION GRECQUE
De la Grèce, des Grecs partirent pour fonder sur les côtes de la
Méditerranée e t des mers voisines de nombreuses colonies. Cette expansion dura plusieurs siècles. m i coiirs desquels ses causesvarièrent :
*
Phot. du fliis6e.
Peinture d'une amphore. (Musée du Louvre.)
Précédée de flambeau.%,accompagnée de son fiancé, la jeune fille se rend à la maison de
C O R T È G E NUPTIAL.
celui-ci.
Phot. Oiraudon.
F U X ~ R A I L LPeinture
ES.
d'un
vase attique (Bibl. Nat.).
Pciwture en figures woircs m r fond rouge: le mort est transporte'swr ~n char léger, entour4
de ses parsnts, aw son des pûtes.
a4
’
GRÈCE
10 Au début, les Grecs 88 bornèrent à de grandes explorations,
comme le u périple d’Ulysse a; leur but était commercial, mais la
curiosité et le désir des aventures les y poussaient également. Après
de longues absencas, ila revenaient jouir chez eux de leurs richesses,
et leurs récits merveilleux incitaient leurs compatriotes à les imiter.
20 L’invasion des Doriens, la surpopulation de la Grèce, les luttes
politiques qui déchiraient les villes amenèrent le départ de nombreux Grecs, à la recherche de pays tranquilles et de terres fertiles,
Ce fut surtout une colonisation de ro peuplement u, ou u agricole n.
30 Enfin, de grandes vitles commerçantes de Grèce, comme Corinthe, Mégare, ayant besoin de matières premières et de clients,
créerant des aomptoirs. De grandes colonies, fondées précédemment,
participersnt 4 cette u colonisation commerciale D,
L’expansion grecque eut donc des aspects très divers : tantôt un
groupe de pauvres gens quittait une ville pour chercher fortune;
tantth la cite organisait une expédition officielle. Les u colonies
agricolee n, qui prenaient aux indigènes leurs meilleures terres,
étaient souvent en guerre avec eux; les u colonies commerciales B
avaient au contraire intérbt à faire avec eux des dchsnges pacifiques.
Entre une cité et sa colonie, il y avait un lien religieux : à leur
départ, les colons allumaient un feu sacré, auquel leur premier
soin, en fondant la colonie, était de trouver un emplacement. La
cité envoyait des prêtres pour présider aux fêtes de la colonie; une
délégation de la colonie, avec des offrandes, participait 4 celles de la
oit& Celle-ci était la u métropole u, c’est-8-dire en grec la u citémère 8 ; une guerre entre colonie et métropole apparaissait aussi
monstrueuse que le geste d’un enfant frappant sa mhre. Mais la
colonie &ait en géneral indépendante; elle avait ses magistrats et ses
lois à elle.
III.
- LA GRÈCE D’ASIE,
REFUGE DE LA CIVILISATION GRECQUE
Chase& par l’invasion dorienne, de nombreux Grecs se réfugiérent
sur la faeade égéenne de l’Asie Mineure : Éoliens au Nord, Ioniens
au Centre; au Sud se fixhrent des Doriens qui les avaient suivis.
La plus brillante de ces régions fut l’Ionie, grâce a son doux climat, A sa situation favorable de (( porte de l’orient sur la Méditerranée n, 4 l’intelligence des Ioniens, 4 leurs bonnes relations avec les
t4
CITÉ GRECQUÉ E r
SON EXPANSION
8;
indigènes, les Cariens. Sur un espace restreint (200 km. sur quelque
20 km.) s’y pressaient une douzaine de villes florissantes, ainsi
aphèse, Phocée, Samos, et surtout Milet.
Milet, (( ornement de l’Ionie »,était un point d’arrivée des caravanes de Perse, descendues par la vallée du Méandre; ses quatre
ports bien abrités, bordés de magasins et de portiques, étaient
dominés par un très beau temple d’Apo,llon. L’industrie des étoffes
et des tapis y florissait : on y tissait, par exemple, des manteaux
de tapisserie ornés de fleurs et de figures. Sa flotte, longtemps la
première de Grèce, faisait un considérable commerce; grâce Q elle,
Milet créa un important Empire, de la mer Noire, o t ~se pressaient
plus de 80 comptoirs, comme Sinope, Olbia, Tanaïs sur la mer
d’Azov, Q l’ggypte, où Milet et neuf autres cités fondèrent Naucratis. Fiérement, Milet se proclamait le centre du monde.
L’Ionie fut le refuge de la civilisation achéenne; celle-ci se perfectionna encore au contact des royaumes orientaux et de la Lydie.
Alors que la Grèce d’Europe était plongée dans une semi-barbarie,
l’Ionie connut une vie luxueuse et raffinée. La monnaie y fut employée. Des architectes y créèrent le style ionique (voir p. 141),
les sculpteurs apprirent A travailler le marbre, à reproduire les plis
du vêtement. Les poémes d’Homère y furent composds. Les sciences
y progressérent aussi : le plus célèbre savant fut ”+hal&8 de Milet;
astranome, il observa les astres, sut prévoir les éclipses et le temps
(ayant ainsi prévu une récolte exceptionnelle d’olives, il aurait loué
d’avance tous les pressoirs à huile, et réaiisé un gros bénéfice);
mais il s’intéressait aussi Q la science pour elle-même, et s’efforpa
d’expliquer l’origine du monde. Ce même souci d’explication se
retrouve chez le géographe Hécatée, de Milet, qui rechercha les
causes de l’inondation du Nil.
Intelligents et civilisés, les Ioniens avaient aussi de graves
défauts; leurs villes étaient le théâtre de luttes entre les riches
marchands et la masse turbulente des marins et des artisans; ils
étaient mauvais soldats, sans endurance ni courage. Ils acceptdrent
la protection et l’autorité de Crésus, mais ne firent rien pour le
défendre contre les Perses. Cyrus fit alors la conquête de l’Ionie,
dont les artistes et les savants se dispersdrent. La Grèce d’Europe,
qui entre temps avait progressd, redevint le grand centre de la civisation grecque.
IV. - LES GRECS EN MÉDITERRANÉE OCCIDENTALE
En Italie du Sud et Sicile, les Grêcs trouvèrent de grandes plaines
fertiles, où le blé venait bien, où l’agriculture permettait l’essor
d’industries comme le travail des peaux et de la laine. Des cités
comme Sparte (Tarente), Corinthe (Corcyre, Syracuse...), etc.,
Bien que peu importante, la ville de Poseidonia, en Grande Grèce, possédait d’admirables
temples :celui-ci, dédié à Poseidon, mesure 60 m . de long. Construit en pierre ordinaire,
d’ordre dorique (voir p . 1411, il donne une impression de puissance et de simplicité.
purent y fonder de prospères colonies de peuplement. Les villes y
naissaient et se développaient avec une rapidité comparable à
celle de certaines cités américaines du X I X ~siècle. Tarente eut
rapidement 80 O00 habitants, 240 O00 avec sa banlieue, soit autant
qu’Ath8nes A son apogée. amigrants enrichis, les Grecs d’Italie et
de Sicile étaient devenus assez différents de ceux de Grèce. Ils se
faisaient remarquer par leur sens pratique, leur art de la réclame;
ils aimaient étaler leur luxe; leurs temples étaient trois à quatre
fois plus vastes que ceux de Gréce. Cette ampleur du pays, des
villes, des monuments, fit donner 4 ce pays -le nom de Grande
Qrèce; pour les Grecs anciens, c’&taitun peu ce que sont pour nous
-
-
LA CITh-GRECQUE ET SON EXPANSION
’
871
ies gtats-Unis, avec leurs immenses espaces, leurs gratte-ciel et
leurs millionnaires.
Mais la Grande Grèce fut aussi un pays où se développa la philosophie, c’est-à-dire 1’u effort vers la sagesse ». Pythagore, né à
Samos, se fixa à Crotone, et y groupa ses nombreux disciples en une
sorte d’ordre monastique; chaque soir, ils y faisaient leur examen
de conscience : (( En quoi ai-je failli ? Qu’ai-je fait de bon ? De ce
qu’il me fallait faire, que n’ai-je pas accompli ? )) Pour eux, l’étude
des sciences était un moyen de purifier leurs âmes en les rapprochant de Dieu ; ils accomplirent d’importants travaux de géométrie,
de médecine, etc. Ils aimaient s’entourer de mystère : le maître parlait caché derrière un rideau; ils lui juraient le secret. Quelque
temps, Pythagore imposa son idéal à Crotone : le luxe en fut banni,
tous les biens mis en commun, le même régime frugal prescrit à
tous les citoyens. D’autres villes suivirent cet exemple. Puis une
révolution chassa Pythagore et ses disciples. La Grande Grèce était
un milieu favorable aux plus curieuses expériences.
AU delh, des marins de Phocée fondèrent vers 600 la colonie de
Massalia (Marseille). D’abord bien accueillis par les indigènes, les
Grecs, par leur richesse, provoquèrent bientôt des convoitises, qui
les obligèrent à garder leur ville avec vigilance. Depuis la fin du
ve siècle, Marseille put fonder à son tour une série de colonies,
comme Ampourias (de Emporion : (( le marché P), Agde (de Agathè :
(( la bonne fortune n), Nice (de Nikè : (( la victoire n),
Antibes (de
Antipolis : ,la ville opposée 1) aux Barbares). Aux Gaulois, elle
achetait le fer e t l’étain, le bois, le blé; elle leur vendait des objets
fabriqués en Grèce e t en Grande Grèce, vases, coupes, trépieds,
que les chefs gaulois appréciaient comme leur plus beau trésor,
e t avec lesquels ils se faisaient enterrer. Par elle, les Gaulois
connurent l’alphabet, la monnaie, tandis que les marchands marseillais faisaient la découverte de la Gaule..
L’expansion grecque eut de nombreuses conséquences : elle assura
la sauvegarde et le progrès de la civilisation grecque, elle eut une
bienfaisante influence sur les peuples voisins, elle amena un développement du commerce qui transforma la Grèce elle-même.
((
88
GHECE
-
-
RfiSUMfi
1. FAMILLEET .CITE. L’unité sociale de la Grèce primitive était
le génos, ensemble des descendants d’un même aïeul, adorant les mbmes
mork, travaiilant en commun sur les terres. Mais des villes, d’abord
très petites, se développèrent avec le commerce; entre les individus
isolés, de plus en plus nombreux, et leu génè, y éclatèrent des luttes,
dont ceux-ci sortirent souvent divisés. Cependant le culte des ancêtres
et du foyer garda un gratid rôle dans la famille grecque,
II.
L’EXPANSION
GRECQUE.
Ses causes furent, chez les premiers Grecs, le goût des aventures;puis 1’invasion dorienne et la surpopulation de la Grèoe; enfin, la recherche de matières premières et de
clients pour les grandes filles commerçastes, Entre a métropole N et
colonie, il y avait un lien religieux, ai&, en générai, la colonie était
indépendante.
III. LA GRÈCE D’ASIE,REFUGE DE LA CIVILISATIobT GRECQUE.De cette région, où de nombreux arecs se réfugièrent lors de l’invasion dorienne, la partie la plus brillante fut l’Ionie, la ville la plus riche
Milet. Les arts et les sciences, avec Thalès et Hécatde de Milet, y firent de
gros progras. M&iS les Ioniens ne surent pas anpêcher la conquéte
de leur pays p w Cyrus.
N. LES GRECS EN MgDITERRANÉE OCCXDENTALE.
En Italie
du Sud et en Sicile prospérèrent des colonies agricoles vastes et
peuplées; ce fut la << Grande Grèce », remarquable par ses amples monuments, et le développement de la phiiosophie, surtout avec Pythagore.
Au-delà, Marseille, avant-poste au milieu des Barbares, fonda elle-même
des colonies côtières, introditisit parmi les Gaulois les produits et les
connaissances des Grecs, découvrit la üauie.
-
-
-
-
-
Qu’appelons-nous une famille ?
Ce mot n’a-t-il pas chez nous deux
sens, l’un restreint, l’autre plus
vaste? Quelle différence y a-t-il
entre notre famille au sens large
e t le génos?
2.
.Comment est rendue aujourd’hui la justice 7 Le droit de ven1.
-
-
eance privée e t I’autoritb du roi de
ka cité ne s’opposaient-ils pas for&
ment ?
3.
e ~ , , ” n , ~ ~ ~~~ p ~$p & $
Quelle influence a sur elle le développement du commerce ?
~
CHAPITRE X
LA RELIGION GRECQUE
I.
- ’LES DIEUX
Très tôt, les Grecs furent frappés par les forces qu’ils sentaient
se manifester dails la nature, ainsi dana la succession des jours et
des nuits, la naissance et la mort de la vkgbtation, les tempêtes, etc. 11s se les représentérent comme autant de disux, auxquels ils prêtdrent deo formes humaines : c’est ce qu’on appelle
l’ant~ropomorphisms(du grec anthropos :homme ; et rnorphè :forme).
Ce fut en partie l’muvre des poétes et des artistes : Homère arrêta
la liste des principaux dieux, et leur attribua des surnoms rappelant les forces naturelles qu’ils personnifiaient. Plus tard, Phidias
donna à sa statue de Zeus B Olympie une telle ,expression da
majesté et de justice, qu’à sa suite les Grecs s’imaginèrent le roi
des dieux doue de ce8 qualités,
Les principaux dieux forment chez Homère une sorte de génos :
Zeus et sa femme Héra y sont entourés de leurs nombreux enfants.
Ils habitent l’ûlympe, au-dessus des vents et der nuages. Ils s’y
nourrissent d’ambroisie, boivent le nectar, Ils p e vieillissent pas.
Ils peuvent être blessés, c m m e Aphrodite par un Grec au sihge de
Troie, mais ils ne meurent pas. Ils sont plus grands, plus beaux, plus
forts que les hommes; mais ils ont les mêmes défauts : Zeus et H é ~ a
se disputent fréquemment; Arès est un dieu brutal, detesth de tous
les autres. Leur puissance même est limitée : ils doivent obéir 21
une force supérieure, le Destin.
Ils se mêlent souvent aux hommes. Lors du siège de Troie, ils
se divisent en partisans des Grecs et partisans des Troyens, et
prennent part au combat. Athéna, protectrice d’Ulysse, lui apparaît, sous divers aspects, pour le conseiller. Ils font connaître leurs
volontés par les songes et les présages qu’ils envoient auz hommes,
Ces dieux principaux ne sont pas les seuls. Chaque source a pour
déesse une nymphe, les neuf Muses présidePt aux arts, les firinnyerr
90
GHÈCE
poursuivent les meurtriers. Toute force, toute forme de la nature
peuvent se transformer en dieux. Leur nombre est infini.
II. - LA MYTHOLOGIE
Non seulement les Grecs représentaient les forces de la nature
par des dieux à forme humaine, mais ils racontaient l~ leur sujet
une série de légendes ou mythes, dont l’ensemble constitue la mylhologie. On les trouve surtout chez le poète HESIODE.
10 Mythes sur l’origine du monde et de l’homme. - Zeus était le
fils d’un des dieux créateurs du monde, le cruel Cronos, qui forçait sa femme tI lui livrer ses enfants pour les manger; tI la place de
Zeus, elle lui remit une pierre emmaillotée. Devenu grand, Zeus
détrôna Cronos. Il entra en lutte contre des géants, les Titans :
assiégeant l’Olympe, ceux-ci entassèrent le Pélion sur 1’Qssa; vaincus, ils furent enfermés sous la terre, où parfois encore ils s’agitent
(les tremblements de terre étaient fréquents en Grèce). De leur race
sortit celle des hommes, pour laquelle Prométhée déroba le feu aux
dieux; Zeus l’en punit en le faisant attacher un rocher, où un
aigle dévorait son foie sans cesse renaissant. Puis il chercha B
détruire les hommes par un déluge. Mais Deucalion, fils de Prométhée,
obtint son pardon : les pierres qu’il lançait par-dessus son épaule se
transformaient en hommes, qui repeuplèrent la terre.
20 Mythes sur les phénomènes actuels de la nature. -La mort et la
renaissance de la végétation suscitèrent de nombreux mythes. Sa
fille Corè lui ayant été enlevée par Hadès, Déméter, déesse des moissons, désespérée, parcourut la terre à sa recherche; toutes les plantes
se flétrissaient. Elle obtint enfin que Corè lui fût rendue une partie
de l’année (l’été); durant l’autre (l’hiver), Corè régnait aux Enfers
sous le nom de Perséphone. Du même genre était le mythe de Dionysos, dieu de la végétation e t fils de Zeus, tué par les Titans, puis
ressuscité par son père.
30 Mythes ’sur les héros. - Les Grecs croyaient que certains
hommes s’étaient jadis, par leur courage et leur endurance, élevés
au-dessus du reste de l’humanit6, et que les dieux les avaient accueillis parmi eux. Les héros étaient donc des êtres intermédiaires entre
les hommes et les dieux. Chaque ville avait le sien, et lui consacrait
un culte comparable à celui des ancêtres dans la famille : 4 Athènes,
LES PRINCIPAUX DIEUX
~~
FORCE D E LA NATURE
AEPRÉSENTBE
NOM D U DIEU
(SURNOMS)
I D B E ou AÇTIVITO
REPRÉSENTÉE
PRINCIPAUX
LIEUX
D U CULTE
~~
Le ciel, le tonnerre La forcedelanature, Péloponbse :
Sparte,
la majesté. ia jusDodone,
tice; roi des dieux.
Olympie.
Argos.
Déesse aux bras
Le ciel
blancs D, modèle
de l’épouse e t de
la mère.
Zeus
sa femme :
Héra
ses enfants:
Athéna
Apollon
Aphrodite
L’éclair ( a deesse au La guerre, i’inteiiiregard étincelantn)
gence.
La force bienfaiLe soleil
(Phoïbos: lebrillant)
sante du soleildieu guérisseur et
purificateur
la
musique, la poésie.
La pureté,
La lune
(PhœbB : la bril- La nature sauvage,
lante)
La chasse.
Messager des dieux.
Le vent
Les voyages, l e commerce,
Les voleurs.
Le feu, les volcans Le travail des métaux.
L’Orage ( 1 )
La guerre, la brutalité.
La nature ( 1 )
La beautbi, l’amour.
ses frères:
Poséidon
Les eaux, la mer
Athhes.
Delphes, Délos.
-
Artémis
Hermès
Héphaestos
Arès
Éphèse.
~emnos.
Aucun.
Arèsest peuaimc
Corinthe, Ath(
nes, la Sicile
Dieu des tempetes, Corinthe, 1’Ionic
dieu nourricier
des plantes.
Le monde souter- Roi des Enfers.
- -
Hadès
rain
Dieux ddveloppés après Homère:
La Terre
Déméter
Dionysos
1
La vigne, la végétation
-
moissons
le Bieusis.
mariage, l’amour
maternel.
LCS
La victoire sur la Athénes,
mort, l’éternité.
&eusis.
92
G
*
c’était Thdsée, vainqueur du Minotaure; son père Ggée, ayant par
erreur cru à sa mort, se jeta dans la mer qui depuis porte son nom.
A Thèbes, on gardait le souvenir d’mdipe : il délivra la ville du
Sphinx, monstre qui dévorait les passants incapables de résoudre
ses devinettes ; devenu involontairement le meurtrier de son père
et l’époux de sa mère, il se creva les yeux de désespoir, et vécut
en mendiant jusqu’h ce que les dieux lui eussent accordé le repos.
Dans toute la Grèce, on adorait Héraklès, fils de Zeus et d’une
mortelle : poursuivi par la haine d’Héra, il dut accomplir une série
de travaux prodigieux : il triompha du lion de Némée, puis de l’hydre
de Lerne, monstre à sept têtes; nettoya les écuries du roi Augias
en y faisant passer les eaux d’un fleuve; cueillit les pommes d’or
du jardin des Hespérides après avoir tué le monstre qui les gardait, etc. 11 fut le protecteur des faibles et des malheureux. Victime
de la haine d’une femme, il périt dans d’atroces souffrances, mais
Zeus l’admit A l’Olympe.
L’exemple de ces héros rapprochait encore les dieux des hommes.
III. - LE CULTE
La religion grecque présentait l’avantage de donner des phénomènes naturels une explication rassurante : un orage éclatait-il,
c’était Zeus qui tonnait; une tempête s’élevait-elle sur la mer,
c’était Poséidon qui était en colère. Pour calmer l’orage ou la tempête et pour en éviter le retour, il fallait calmer le dieu par des
cadeaux, et deviner ses désirs pour s’y conformer. Tels étaient les
buts du culte grec.
La principale cérémonie en était le sacrifice : on y offrait au dieu
le cadeau qu’il préférait; le plus souvent, c’était un animal. Homère
nous montre le roi Nestor sacrifiant une vache à Athéna : les cornes
de la bête sont garnies d’or (( pour que ce bel ouvrage trouve gr%ce
devant les yeux de la déesse 1); on prononce une prière, puis I’animal est assommé et égorgé. Consacré au dieu, il prend un caractère
divin : celui qui en mange est comblé de bienfaits. Aussi Nestor
fait-il détacher et griller les quatre membres; et le sacrifice s’achève
par un banquet.
On cherchait aussi B deviner les volontés des dieux, en étudiant
les songes, le vol des oiseaux, en examinant les entrailles des vic-
HÉRAKLÈS
: LA
V I C T O I R E S U R LE LION D E N É M É E .
Peinture de vase.
I
Héraklès a terrassé le lion qui infestait l'Argolide; il achève la béte d coups de massue.
Pour ce combat, il a deposé ses armes. A droite, Athéna, qui le protège, manifeste sa joie.
A gauche, une spectatrice moins e&aousiaste, peut-être la divinité protectrice du lion ?
Daprcs Furt!r&igler et Reichhold, Griechisthe i'aseiimalcrti, Bruckinanii Pa
LE
RETOUR D E THÉsÉE.
Peinture du Vase François (Musée archéologique de Florence).
Thésée a tué un ntottstre crétois d tdte de taureau, azlquel Athènes dniait envoyer tous tes
ans un tribut de quatorze jeunes gens. Il rentre en Attique; noter la forme du navire, les
nzanifcstations da joie de ses compagmns.
94
GRÈCE
times sacrifiées, en consultant des personnage8 qu’on croyait inspirés par eux : c’est la divination.
Enfin, certains cultes, comme ceux de Déméter et de Dionysos,
donnaient lieu à des mystères, ainsi appelés parce qu’ils se déroulaient devant un petit nombre de fidèles seulement, les initiés. A
Éleusis, en Attique, un drame sacré représentait le mythe de Déméter et de Corè; on donnait des formules magiques assurant un
bonheur éternel à l’âme après la mort.
La religion grecque n’avait pas une grande valeur morale; on
cherchait surtout à ne pas mécontenter les dieux, afin de vivre
heureux, et de réussir dans ses projets. Mais cette religion utilitaire fut sauvée de la grossièreté par le génie des penseurs et des
artistes grecs : les dieux représentant les forces de la nature, les
légendes souvent gracieuses de la mythologie ont inspiré des
sculpteurs, des poétes, etc., en Grèce d’abord, chez de nombreux
autres peuples plus tard, L’idée d’un Destin supérieur à Zeus, la
conception de Zeus maftre de l’Olympe permirent de bonne heure
( V I ~siècle av. J.-C.) aux penseurs de la Grèce d’entrevoir la Divinité unique à travers la diversité des dieux.
IV. - JEUX ET SANCTUAIRES
Certaines cérémonies du culte donnaient h tous les Grecs l’occasion de se rencontrer. Ainsi les Jeux panhell‘éniques (de pan : tout),
que l’on croyait créés par les dieux, e t dont les plus célèbres étaient
les J e u x Olympiques, célébrés tous les quatre ans dans une vallée
verdoyante de’ l’glide. Annoncés h l’avance par des hérauts qui
proclamaient une trêve sacrée, ils rassemblaient des athlètes et de
nombreux spectateurs venus de tout le monde grec. Après avoir
prêté serment de combattre loyalement, les athletes prenaient
part aux épreuves : courses pied et en char, àvec e t sans armes,
lutte h mains plates, pugilat e t pancrace (combinaison de la lutte
e t du pugilat), pentathle comprenant course, saut, lutte, lancement
du disque e t du javelot. Les vainqueurs étaient couronnés des
rameaux d’un olivier sacré; ils avaient le droit de se faire élever
une statue sur une colline voisine d’Olympie, e t de faire composer
un poème à leur gloire. Leurs cités leur réservaient de nombreuses
faveurs : un triomphe à leur retour, une place d’honneur au théâtre,
une rente, des funérailles nationales.
Phot. Alinari.
Phot. Alinari.
LE DISCOBOLE.
L’AURIGE.
(Musée de Delphes.)
(Musée du Vatican.)
L’intérêt se concentre sur le bras de
cc u conducteur de char n tenant fermement les rênes et sur le visage attentif
et serein.
Copie du chef-d’œuvre d u sculpteur grec
Myron. Concentré pour le brusque e#ort,
l’athlète s’apprête à pivoter sur lui-même
pour lancer le disque.
Phot. F. Robeii.
O
DELPHES
: LE
RAVIS.
Au premier plan, quelques-unes des ruines de Delphes. A droite, le Trésor des Athéntens.
96
GRÈCE
Les Grecs croyaieat au& que les dieux d
qu’on leur posait, en certains lieux où 8’6
présence. Ils appelaient orucles & la fois ces li
interrogeait, les régonsetl qu’ils donnaient. L
étaient Dodone (Zeus), @pidaure (Asclépios)
Perché sur les flancs du Parnasse, au-deesus d
montaient des vapeurs volcaniques, le site de û
les Grecs : ils y placèrent la victoire remportée par Apoiton sur le seri e n t Python. Le dieu yrevenait inspirer la Pythie :c%tait une femme
assise sur UA trépied, a u p r b du gouffre dont ies vapeurs la mettaient
en extase; les yeux brillants, la bouche kurnahte, elle proférait
der, sons rauques, que les prêtres transrivaieiit en vers plus ou
moins compréhensiblefi, C’&aient les conseils du dieu; si le pèlerin
s’en trouvait mal, on pouvait lui dire qu’il les; avait mal compris.
On consultait l’oracle en de nombreuses occasions : les particuliers, avant de SB marier, d’entreprendre un voyage, de prêter de
l’argent; ies villes, avant de déclarer une guerre, d’établir des lois,
de fonder une colonie.
Ainsi l’oracle pouvait jouer un rôle important Bans le monde grec.
Le long de la voie sacrée montant au temple du dieu se dressaient
les Trésors, où les villes reconnaissantes entassaient leurs offrandes,
Ayant entre eux de nombreuses ressemblances, dont ces réunions
leur permettaient de prendre conscience, les Grecs désignaient du
m m de t( Barbares n les populafions étrangères : à l’origine, ce mot,
compost5 d’une syllabe répktRe, traduisait seulement l’impression
curiewe, un peu celle d’un bégaiement, pue produisaient sur eux ces
langues inconnues; h u barbare 2, c’était celui qui ne parlait pas grec.
Au fur et h mesure que properasait ieur civilisation, les Grecs se
jugkrent supérieurs h tous b s autres peuples; le mot de c barbares ))
prit le s n s rni5ppPiaant qu’il a gmd&.
Cependant, ind6genndanb, quemlleurs, les Grecs ne parvinrent
à s’unir qu’en de brhves oceasbns.
R&WM$
-
1. ZES 3nm.-&&3
()siece
l%8fm?e8delana%me
par des dià forme htnm-,
pius k a = et plus puissants que les
hommes, mais ayant les &es
défaut, et se mêlant souvent à eux.
,
LA RELIGïON GRECQUE
97
Zeus, sa femme Héra, et leurs enfants (Athéna, Apollcm, m
i
s
,
Hermès, Héphaestos, Arès et Aphrodite) étaient ies principaux. Mais
leur nombre était Mni.
-
-
II. LA ~ H o L W I E . C’est une série de légendes, dont les
unes expliquent l’origine du monde et de l‘homme (les Titans, Prométhée, etc.), d’autres, des phénomènes naturels, comme la naissance
et la mort de la végétation (Déméter, Dionysos); d’autres concernent
les héros, êtres intermédiaires entre dieux et hommes (Thésée, aidipe,
Héraklès.,,).
III.
- LE CULTE. - Il comprenait
surtout : 10 des sacrifices;
20 la divination, qui &ait pour but de canndtre les volontés des
dieux; 30 des a mystères D comme ceux d’Éleusis. La religion grecque
avait surtout une grande valeur artistique.
-
-
IV. JEUX ET SANCTUAIRES. D’origine religieuse, les Jeux rassemblaient des foules venues de tout le monde grec; les principaux
étaient les Jeux Olympiques, célébrés tous les quatre a s , et dont les
vainqueurs recevaient de grands honneurs. A Delphes se trouvait le
principd oracle de la Grèce : on y consultait la Pythie, qu’inspirait,
croyait-on, Appollon.
-
QUESTIONS ET EXERCICES
1.
-
D’aprBs le tableau des dieux de
la page 91, montrez comment les
surnoms qu’ils portent, les idées
qu’ils representent, s’expliquent par
les forces d3 la nature qu’ils personnifient.
2.
- Quels événements de l’histoire
crétoise vous rappelle le mythe
de Thésée ?
3.
- Connaissez-vous, en dehors de
la Grèce, des poètes e t des artistes
qui ont été inspirés par la mythologie grecque 7 Lesquels ?
I
CHAPITRE XI
SPARTE ET ATHGNES
1.
- SPARTE, VILLE DE SOLDATS
Grosse bourgade née dans la petite plaine de l’Eurotas, serrée
entre les montagnes, Sparte révéla très tôt sa vocation militaire.
Dès la fin du V I I I ~siécle, ses habitants, des Doriens, s’emparaient
de la Messénie. Le jeune fitat spartiate (on dit aussi : lacédémonien)
était l’un des premiers de Grèce; l’orfèvrerie, la céramique, la
musique, la poésie y fleurissaient; ses guerriers triomphaient souvent aux Jeux Olympiques. De nombreux Grecs venaient & Sparte
vendre leurs produits.
Cet essor fut interrompu par une grave crise : la révolte de la Messénie, qui entraîna celle d’autres régions du Péloponèse (VII* siècle).
D’abord battue, Sparte dut faire appel Q toute son énergie. Alors se
forma son idéal militaire, chanté par le poète Tyrtée; dans ses
œuvres, il exaltait le sacrifice du soldat qui combat et meurt pour
sa patrie. Sparte réussit & réprimer la révolte, e t à grouper tous les
Gtats du Péloponèse en une ligue dirigée par elle. Elle devenait
la plus puissante cité de Grèce. Pour conserver cette suprématie,
pour empêcher toute nouvelle révolte, elle consacra tous ses soins
son armée ; l’organisation militaire qu’elle se donna fut attribuée
à un héros légendaire du nom de Lycurgue, ce qui lui conférait un
caractère sacré.
Le Spartiate est un soldat, qui ne s’appartient pas; il doit ses
services e t sa vie à son pays.
10 Le Spartiate enfant. - A peine né, il est présenté Q un
conseil de vieillards, qui le fait jeter dans un gouffre s’il est mal
constitué. Enlevé b sa mère Q sept ans, il appartient dès lors à une
bande d’enfants, et, mal vêtu, couché sur des roseaux, & peine nourri,
souvent fouetté, il s’endurcit. Vers seize ans, il se livre à des exercices
1O0
GRÈCE
militaires : manœuvres en groupe au son de la musique, épreuves
d'endurance. Par ailleurs, il n'apprend guère qu'A lire, et à s'exprimer en termes aussi clairs et brefs que possible. Dernière épreuve :
la cryptie; lâché plusieurs jours dans la campagne, il doit dérober
sa nourriture, et peut, à ses risques, tuer les Hilotes qu'il rencontre.
Phot. Boissonnas.
LE TAYGÈTE ET LA V A L L ~ ED E L'EIJROTAS.
Au foiid,iu cime neigeuse du Taygète L'Ezirotas, q i i i parcouri la vallée oli grandita Sparts
h creuse n, est un torrent peu profond, rapide d trrégtilier, bordé de lauriers-roses, qu'on
aperçoit au premier plaz.
20 Le Spartiate adulte. - De 20 Q 60 ans il mène la vie de caserne.
Avec ses 14 compagnons d'escouade, il forme une tablée, A laquelle
il fournit sa part de nourriture. Le brouet noir, sorte de ragoût
de porc, relevé de vinaigre et de sel, y est souvent servi. Il doit se
marier et avoir des enfants, mais il ne jouit guère de la vie de
famille.
30 Le Vieillard spartiate. - Dégagé de ses obligations militaires,
il garde un rôle moral, entretient le'courage des jeunes par des
récits, e t peut participer au gouvernement de la &té.
SPARTE ET ATHÈNES
II.
101
- LE QOUVEMEMEHT DZ SPABTE
Les citoyens spartiates ($000 & 1ûûûO au V I ~siécle) ont seuls
des droits politiqqes, En principe, ils sont égaux : chacun a son
ciéros, parcelle de la u terre civique II, qu’il ne peut vendre; tous les
ans, il en reçoit une quantite fixée d’orge, d’olives et de raisin.
E n fait, il peut posséder d’autres domaines en dehors de la terre
civique. Mais, soldat de métier, il n’a ni le temps ni le goût de cultiver; d’autres doivent le faire pour lui.
Les Hilotes, descendants des populations soumises, travaillent
sur les cléroi. Une fois fourni le contingent fixé par les lois, ils disposent du reste de la récolte et peuvent parvenir A une certaine
aisance. Mais ils ne sont pas libres, ne peuvent quitter les cléroi,
et sont maltraités par les citoyens, qui craignent cette masse beaucoup plus nombreuse qu’eux.
Vivant en dehors de la terre civique, les Périèques sont libres,
servent comme auxiliaires dans l’armée ; mais ils n’ont aucun droit
a Sparte. Les uns cultivent la terre; d’autres sont armuriers, tisserands, boutiquiers, etc.
Ainsi la majorité de la population travaille pour permettre A une
minorité de se consacrer aux armes, Celle-ci est elle-même gouvernée,
comme une armée, par quelques hommes. C’est ce que les Grecs
appelaient 1’ a aristocradie n : gouvernement (eratos) des meilleurs
(aristoi). Il est exercé par :
10 Les deux rois, obligatoirement pris dans deux grandes familles,
e t réduits au rôle de chefs de l’armée e t de grands-prêtres de Zeus.
20 Les cinq éphores, élus pour un an par Ies citoyens : ils contrôlent, tous les actes des Spartiates, et punissent toute désobéissance aux lois, quel que soit le coupable et même un roi.
30 L’apeila, ou assemblée des citoyens, qui se borne à formuler
des souhaits, à répondre par des acclamations aux paroles des rois,
éphores et anciens.
40 La grousia, ou conseil des anciens, qui comprend 28 membres
de plus de 60 ans, élus par l’apella à vie. C’est, elle qui prend toutes
les décisions importantes, déclare la guerre ou la paix, surveille
l’élection des éphores par l’apefiu. Sparte est dirigée par des
-
-
vieillards.
DaprBs Gerhaid, Auserl. griech. VOStiibtldEr, Berlin, i U 7 .
HOPLITES.
Voica, d’après une peinture de vase grec, des hoplites louvdement armés, tels qw’e»
comprenait l’armée spartiate. Décrire leurs attitudes, la façon dont ils tiennent leurs armes.
D aprds Pîuhl, ilal. und Z der Grlechen, Munich,
19%.
ENTERREMENT
D E GUERRIERS. Peinture de vase.
Les artzstes spartiates ne furent pas toujours incapables d’œuvres originales, comme
le prouve cette peinture de vase. La tdte renversée et la large blessure des morts, la
démarche pesante et vigoureuse de 16um compagnons évoquent le même idéal que le chant
de Tyrtée : a Celui qui meurt, tombant a u premier rang, illustre sa vilte, son peuple
et son père. De notnbnetq coups l’ont frappé par dniant à travers sa poitrine, son bouCliC7 arromii d sa et&asss. Gel&&%, la jeunes eî ks viewe Is Pleureilf égalmrmt et la
ville entière est afligée d‘un owlent regret
Sa gloire excellente ne disparatt jama
ni son nom, mais, bien que sous la terre, il devient iminortel. B
....
SPARTE ET
ATHENES
103
A la fin du V I siècle,
~
Sparte mène en Grèce une existence à part :
elle ne participe plus aux Jeux Olympiques; elIe renonce au grand
commerce, et conserve une lourde et grossière monnaie de fer; seule
de tous les arts y subsiste la musique, qui rythme les mouvements
d’ensemble et accompagne les danses d’entrafnement, telle la
pyrrhique, Du moins est-elle la première ville de Grèce : c’est B elle
que s’adresse Crésus lorsqu’il cherche des alliés contre Cyrus. Sa
force ne lui vient pas que de son armée bien équipée et entraînée,
mais aussi de son idéal de simplicité et de courage.
III.
- L’HUMBLE
SANCE D’ATHgNES
-
A l’époque achéenne, le Péloponèse éta
lisée de la Grèce. L’Attique dut à sa situa
près épargnée par l’invasion dorienne.
e connut pas à ses
débuts les rudes guerres du Peloponèse. Elle f u t même une terre de
refuge pour Ioniens et Achéens. Mais sa position u en pointe u dans
la mer favorisa, par la suite, ses relations avec la riche Ionie.
L’Attique est petite : la moitié à peine d’un département français
moyen. Elle comprend cependant des régions assez diverses, dont
les populations ne menaient pas la même vie : les plaines fertiles
du Pédion furent le domaine des génè, dont les membres, gros
propriétaires fiers de leur richesse et de leur naissance, s’appelaient
les Eupatrides (les bien-nés). Sur les montagnes (Diacrie) vivaient
chichement des bergers, des bûcherons, des carriers, quelques
paysans peinant sur ce sol pauvre; ils enviaient les Eupatrides.
Les premières bourgades, fileusis, Marathon, etc., furent bientôt
éclipsées’ par Athènes, née non loin de la mer, autour de collines
faciles B dkfendre, et qui unifia l’Attique sans violence. Dans le
nouvel Qtat, le pouvoir était exercé par des archontes choisis
parmi les Eupatrides. Les anciens archontes formaient l‘Aréopage, qui rendait la justice, et profitait de l’absence de toute loi
écrite pour désavantager systématiquement les pauvres. ‘Lorsque
la récolte était mauvaise, les petits cultivateurs étaient forces
d’emprunter de l’argent aux Eupatrides, qui se remboursaient en
prenant en gage leurs terres, et en les forçant 4 y travailler et 4
livrer cinq sixièmes de la récolte.
Aussi le mécontentement: grondait-il contre les Eupatrides. A la
Phot. Baissonnas.
LE
PÉDION.
Oliviers et pâturages i moutons. L’olivier était pour Athénes d’un tel rapport qu’il
passait pour lui avoir été donné par la déesse Athéna. - Aujourd’hui encore, h viande
des moutons et le lait des brebis sont d pet4 prés les seuls utilisés à Athènes.
SPARTE ET ATHÈNES
105
fin du ~ 1 1 9si&ie, l’Attique semblait à la veille d’une guerre civile.
Celle-ci fut évitee grâce B Solon, que les deux partis nommèrent
seul archonte en 59413 : Eupatride, il aimait cependant avant tout
la justice ; chef militaire victorieux, poète éloquent, il jouissait
d’un grand prestige.
Il résolut le problême des dettes, en interdisant aux créanciers
de vendre leurs débiteurs comme esclaves et de saisir leurs terres.
Il affaiblit les génè, en autorisant certains de leurs membres B vendre
ou à donner une part de leurs domaines. Il divisa la société en caté-.
gories distinguées suivant la fortune, et répartit entre elles les droits
à proportion des charges pesant sur elles. 11 réforma le gouvernement : à côM de l’Aréopage trop puissant, il créa un conseil de
400 membres, la Boulè, qui en recueillit toutes les attributions,
sauf la justice. Une partie de celle-ci fut confiée au tribunal de
l’Hèliée, auquel tous les citoyens eurent accès, ainsi qu’à l’Assemblée
du peuple.
Enfin, il encouragea le travail, frappa les mendiants d’amendes,
favorisa le commerce avec la Grèce d’Asie en faisant adopter les
monnaies e t les mesures qui y avaient cours. Ainsi Athènes s’orientait vew un destin nouveau.
-
IV,
- ATHÈNES, CITÉ DE MARCHANDS
Toutefois, les futtes y continuèrent après Solon. Appuyé sur la
population pauvre de la Diacrie, un ambitieux, Pisistrate, se fit
donner une garde, s’empara de l’Acropole, et gouverna en ((tyran11,
c’est-à-dire en maPtre absolu. Son principal souci fut d’enrichir
l’Attique :par des prêts de l’atat aux paysans, par la distribution de
terres confisquées B des Eupatrides, il développa une classe de
petits propriétaires.
Plus encore, il vit ,l’importance du commerce pour Athènes. Il
fit occuper des positions sur les routes de la Thrace, d’où venait l’or,
et du Pont-Euxin, d’où venait le bl6. Sur la côte de l’Attique (Paralie) croissait une population de marins, de boutiquiers, de petits
artisans, .que leurs voyages et leur pratique des affaires rendaient
4 la fois audacieux et réfléchis.
Du gros village qu’était encore Athènes, il fit une vraie ville, avec
un aqueduc, un système d’égouts, des murailles autour de la ville
1OG
*
GRÈCE
basse, des monuments sur l’Acropole. Il y créa de brillantes fêtes :
Panathénées e t Grandes Dionysies. Il fit rédiger les poèmes homériques, en y glissant quelques vers à la louange d’Athènes. Après sa
mort, son fils Hippias fut chassé.
A la faveur de l’enrichissement général, les querelles entre Athéniens perdirent beaucoup de leur gravité. Un Eupatride intelligent, Clisthènes, p u t achever de briser la force des génè (507) :
10 Il divisa l’Attique en cent dèmes ou communes : chaque
citoyen devait s’inscrire dans le dème où se trouvait son logement.
Dix dèmes pris dans le Pédion, la Diacrie et la Paralie formaient
une tribu. La Boulè fut portéo A 500 membres, 50 par tribu. Les
membres d’un même génos appartenaient à des dèmes et à des
tribus différents; ils étaient coupés les uns des autres, e t mêlés aux
autres citoyens. Les géné ne faisaient plus bande à part.
20 Il institua dix stratèges, élus, e t non tirés au sort comme les
archontes, h raison d’un par tribu, et chargés de commander en
temps de guerre.
30 Ii créa l’ostracisme, mesure plus douce que l’exil et la confiscation des biens, pour écarter les hommes dangereux (partisans d’Hippias, candidats à la tyrannie). Tout citoyen, désigné par au moins
6000 voix (il y en avait en tout 12000 environ) devait quitter
l’Attique pour dix ans; h. son retour, il retrouvait ses biens. Le vote
avait, lieu une fois par an, à l’Assemblée du peuple.
A la fin du V I ~siècle, Athènes n’était encore qu’une ville très
moyenne, avec peu de monuments. Elle commençait cependant A
compter parmi les cités commerçantes de Grèce, telles que Corinthe,
Chalcis, agine. Peu à peu, un gouvernement maintenant la paix
civile s’y était constitu6. Les guerres médiques allaient permettre à
Athènes’de montrer sa force neuve.
-
-
1.
SPARTE, VILLE DE SOLDATS.
Au cours du VIIe siècle,
Sparte fut amenée, par la révolte de la Messénie, & forger un idéal
militaire, qui lui assura la première place en Grèce. Ses citoyens restèrent des soldats, endurcis par une rude éducation, astreints à la vie de
caserne le 20 & 60 ans.
SPARTE ET
ATHENES
-
107
-
11.
LE QOWERNEMENT DE SPARTE.
POUr pem&tre aUX
citoyens de se consacrer aux armes, les Hilotes, traités rudement, cultivent leurs u cléroi n ;les Périèques, habitant hors de la terre civique, sont
agriculteurs, artisans, boutiquiers. Sparte est dirigée comme une armée,
par.quelques hommes : les deux rois, chefs militaires; les cinq éphores,
gardiens de la discipline, élus pour un an; et surtout la gérousia, ou
conseil des anciens.
-
-
III.
L’HUMBLENAISSANCE D’ATHÈNES.
En Attique, épargnée
par l’invasion dorienne, naquit autour d’Athènes un État, où la
puissance appartenait aux Eupatrides, maîtres des irieilleures terres.
La guerre civile fut évitée par Solon (594/3), qui atlaiblit, les Euprab
trides, et donna des droits à tous les citoyens, tout en favorisantle travaii
et le commerce.
IV. - ATHÈNES, CITE DE MARCHANDS, - Sous le tyran Pisistrate,
Athènes devint une vraie ville, enrichie par le commerce. Les luttelr
y devinrent moins graves. L’Eupatride Ciisthènes acheva en 507 de
briser la puissance des génè, en divisant l’Attique en dèmes et tribus, en
faisant écarter par l’ostracisme tout citoyen dangereux. Les institutions
athéniennes ont été créées une à une pour ramener la paix entre citoyen$.
Q U E S T I O N S E T EXERCICES
1.
-terre
Qu’entendez-vous
civique D ?
2.
- Cherchez d’après l’éducation et
par les mots
la vie du S artiate, quelles étaient
les principafee qualités de l’armée
spartiate.
Comparez l’évolution de Sparte
et celle d’Athènes. uelle influence
a pu avoir sur elles a situation des
deux villes 7
6,
Comparez les idées de Solon sut
le travail t~celles qui avaient cours
Sparte. - Qu’est-ce qu’une dette ?
un créancier? un débiteur?
Pourquoi.sa qualité de poéte donnait-elle un grand prestige à Solon ?
-
3.
Pourquoi les enfants mal constitués étaient-ils jetés dans un
gouffre ?
4.
Pour uoi les Spartiates ne
peuvent-ils entrer à la gérousia
qu’aprés 60 ans ? Indiquer pour
quelles raisons Sparte évitait de se
lancer dans de t o p laintaines expéditions.
-
-
5.
P
-
-
7.
- Quels avantages Athènes avaitelle à se tourner vers la Grbce
d’Asie ? Quels faits favorisaient ces
relations? En quoi Solon les rendit-il plus faciles?
,
CHAPITRE XII
LES GUERRES MEDIQUES
1.
- CAUSES DES GUERRES MÉDIQUES
De toutes les luttes que-les Grecs eurent Q soutenir sur ies rives
de la Méditerranée, aucune ne fut aussi rude que wIIe gui les opposa
au puissant Empire perse. La première phase de ce conflit (490-479),
que nous coqnaissons bien grâce à l’historien Hérodote, porte le
nom de I( guerres médiques B.
Eiitye Perses et Grecs, les relations furént bonnes tout d’abord :
des ârtistes grecs vivaient à la cour du Grand Roi; Hippias s’y réfugia. Mais les villes d’Ionie sujettes de Darius regrettaient leur libertS, et s’inquiétaient de la faveur témoignée par les Perses à leurs
grands rivaux commerciaux, les Phéniciens. Elles se révoltèrent en
499. La mobilisation des forces perses fut trBs lente, et les Ioniens
semblèrent l’emporter; avec 2000 soldats d’Ath4nes et d’Érétrie
accourus 4i leur secoure, ils prirent et brûlèrent Bardes. Mais Darius
rkprima la révolte d’autant plus facilement que les Ioniens se disputaient, et que leurs marins refusaient de se plier à un sévère
entraînement. Milet fut prise et rasée. En 493, tout était fini. Les
Ioniens servirent même en 481 contre les Grecs d’Europe. Il en
restait chez Darius le désir de se venger d’Athènes et d’firétrie.
Par ailleurs, voulant se montrer digne de ses prédécesseurs, il
lança une grande expédition en Thrace et Macédoine, pour étendre
l’Empire jusqu’au Danube (492). En 491, il en prépara une nouvelle,
et demanda aux Grecs de se soumettre Q lui; ceux des !les e t de la
Grèce du Nord s’inclinèrent pour la plupart; Athènes et Sparte
refusèrent et tuèrent ses émissaires. C’était la guerre.
E n apparence, les ‘forces étaient très inégales. D’un &té, I’immense Empire, bien organisé, avec ses innombrables armées, sa
puissante flotte phénicienne et ionienne. De l’autre, la Grèce si
petite, divisde en cités encore médiocres. Comment Sparte et
Athènes ont-elles osé résister ?’ C’est que leur mépris des Barbares
leur donnait confiance; c’est surtout que l’exemple de l’Ionie leur
avait montré la valeur de la liberté. L’héroïsme avec lequel elles
ont défendu leur indépendance fait la grandeur des guerres mbdiques.
PLAND E
LA BATAILLE D E
MARATHOV.
E n haut, le camp et la flotte des Perses avant la batazlle, plus bas, les lipnes des deux
arrnks a u moment ad elle s'engagea.
Phot. Chamonard.
LA P L A I N E
DE
MARATHOW,
Prise à@$&es du Pantéliqua,crUI pkotograpkic lloud m t r i Ir paysage d m o qu'aptw
ornait Miïtindr, kragzc'l donna Poràtr d ' W q u r ' ku tond, r t l d d'oubds.
110
GRÈCE
II,
- LA PREMIÈRE CIUERRE MÉDIQUE
Forte d’environ 50 O00 hommes, accompagnée d’Hippias, sur les
partisans duquel elle comptait pour lui ouvrir les portes d’Athènes,
l’armée perse traversa la mer $gée sous le commandement d’un
neveu de Darius, brûla Érétrie, et débarqua dans la petite plaine
de Marathon (voir page précédente). Tout en faisant appel a
Sparte, Athènes se décida à envoyer 10000 hoplites, qui se postèrent sur les flancs du Pentélique. De là, ils virent une partie des
Perses se rembarquer pour gagner Athènes par mer, tandis que le
reste se mettait en route par terre. Que faire?
Parmi les stratèges d’Athènes se trouvait Miltiade, ancien tyran
de Chersonèse, qui avait combattu au service des Perses. Il savait
que leur infanterie légère, avec son arc et son petit bouclier, ne
pouvait résister aux lourds hoplites bardés de fer, pour qui la seule
difficulté serait de franchir le barrage des flèches ennemies. Il persuada les autres stratèges d’attaquer : les Perses stupéfaits virent
les hoplites sortir des rochers, se disposer en ligne avec des ailes renforcées, et franchir au pas de course les 1500 mètres qui les séparaient d’eux. Lorsque les ailes athéniennes les eurent enveloppés, ils
se débandèrent, et cherchèrent à s’embarquer. Ce fut un carnage :
6000 Perses y périrent, contre moins de 200 Athéniens (13 septembre 490).
A marches forcées, les hoplites revinrent à Athènes. A la vue de
la flotte perse, quelques traîtres avaient hissé un bouclier sur le
rempart, signal convenu; mais ils ne furent pas suivis. Après l’armée,
le gouvernement athénien venait de montrer sa force. Les Perses
irrdsolus repartirent pour l’Asie. Les Spartiates, qui, par scrupule
religieux, avaient attendu la pleine lune pour se mettre en route,
arrivèrent le lendemain.
Le seul patriotisme d’Athènes avait gagné la première guerre
médique. Mais ce n
IiI.
- LA SECONDE GUERRE NÉDIQUE
Quel contraste entre Perses et Grecs après Marathon ! D’un côté,
Xerxès, successeur de Darius, prépare minutieusement la revanche ;
LES GUERRES
MODIQUES
111
il s’allie à, Carthage, se gagne des partisans en Grèce, réunit une
armée considérable (5 millions d’hommes d’après Hérodote, en
réalité 200000 environ) et une flotte de 500 navires; un pont de
bateaux sur l’Hellespont, des magasins de viyres bien placés permettront aux troupes de gagner la Gréce par terre. - De l’autre,
c’est l’inaction ; un brillant citoyen athénien, Thémistocle, stratége
à 33 ans, comprend heureusement que la lutte n’est pas finie; il
fait consacrer à la construction d’une flotte de 100 trières l’argent
des mines du Laurion récemment découvertes. En 481, à la veille
de la guerre, un Congrès réunit tout de même les délégués de nombreuses cités : ils proclament une réconciliation générale, e t forment une armée et une flotte sous le commandement de Sparte.
Ggoïstement, celle-ci veut retrancher les troupes sur l’isthme de
Corinthe, e t ne renonce son plan que sur les protestations de ses
alliés. Mais les troupes postées en Thessalie reculent par crainte de
l’encerclement. On décide alors de résister aux Thermopyles, étroit
passage où les Perses ne pourront profiter de l’avantage du nombre;
Sparte envoie 300 hoplites, sous les ordres de Léonidas. Grâce à
une trahison, les Perses peuvent tourner la position par un chemin
de montagne. Léonidas et les Spartiates sauvent l’honneur en se
faisant tuer sur place : mais la Grèce ne s’en trouve pas moins
ouverte à l’invasion. Athènes, évacuée en hâte par ses habitants,
est prise et détruite.
La flotte grecque est tout auprès, dans le détroit de Salamine.
Cette fois encore, l’amiral spartiate veut faire retraite. Mais Thémistocle a vu l’avantage de la lutte dans ces passes resserrées, où les
Perses ne peuvent déployer leurs escadres; il avertit Xerxès que les
Grecs veulent s’enfuir. Le Grand Roi fait occuper les passes, e t
gagne le trône d’argent d’où il compte contempler l’écrasement final
de ses ennemis. Au matin du 29 septembre 480, la flotte perse se
présente en colanne dans le détroit de Salamine :
... Quand le jour âux blancs coursiers épand sa clarté sur la terre,
voici que, sonore, une clameur s’éléve du côté des Grecs.... Et la
terreur alors saisit tous les barbares, déçus dans leur attente; car ce
n’était pas pour fuir que les Grecs entonnaient ce péan solennel, mais
bien pour marcher au combat, pleins de valeureuse assurance; et les
appels de la trompette embrasaient toute leur ligne. Aussitôt les
rames... frappent l’eau profonde en cadence, et tous bientôt appa.
raissent en pleine vue... et l’on pouvait alors entendre, tout proche,
un immense appel : a Allez, enfants des Grecs, délivrez la patrie,
112
GR&E
délivrez vos enfants et vos femmes, les sanctuaires des djeux de vos
pères e t les tombeaux de vos aleux : c’est la lutte suprême ! B...
... L’afflux des vaisseaux perses d’abord résistait ; mais, leur
multitude s’amassant dans une passe étroite..,, ils voient se briser.,.
leurs rames, et aiors les trières grecques adroitement les enveloppent,
les frappent; les coques se renversent; la mer disparaît toute sous un
amas d’épaves, de cadavres sanglagts et une fuite désordonnée
emporte à toutes rames ce qui reste des vaisseaux barbares,
tandis
que les Grecs, comme s’il s’agissait de thons, de poissons vidés du
filet, frappent, assomment, avec des débris de rames, des fragments
d’épaves ! Une plainte mêlée de sanglots régne seule sur la mer au
large, jusqu’à l’heure où la nuit au sombre visage vient tout arrêter !
(Eschyle, Les Perses, trad. Mazon.)
...
-
Les Grecs ont perdu une quarantaine de vaisseaux, les Perses plus
de 200 : la maftrise des mers leur échappe, et avec elle la possibilité
de ravitailler leur armée, qui doit regagner le Nord de la Grèce. E n
août 479, bien que renforcée par des Thébains et d’autres Grecs, elle
est écrasée à. Platées. Quelques milliers d’hommes seulement regagnent l’Asie.
Prenant l’offensive, les Grecs battent une autre armée perse 4
Mycale, près de Milet. Peu avant, les Grecs de Sicile ont remporte
sur Carthage la victoire d’Himère (480). Les Barbares sont vaincus
sur toits les fronts.
IV. - CONSÉQUENCES DES GUERRES MÉDIQUES
Autant que par l a supériorité de leur armement, et la confiance
excessive de leurs ennemis, la victoire des Grecs s’explique par leur
audace, leur volonté de défendre leur liberté et leur sol; face A une
armée luttant par obéissance, c’est une victoire du patriotisme.
Bien que n’ayant pas causé aux deux adversaires des pertes trks
graves (les Perses pouvaient facilement remplacer leurs armées
détruites), les guerres médiques ont eu d’importantes conséquences :
les Grecs ont sauvé leur indépendance; ils en manifestent leur joie
de façon éclatante. Après Platées, la Pythie ordonne d’éteindre
tous les feux sacrés, souillés par l’invasion, et de les rallumer & des
flambeaux envoyés de Delphes. Partout, on se remet au travail
avec ardeur et confiance; pour remercier les Dieux de la victoire,
on leur &lèvede nombreux monuments. C’est un essor générai-de la
civilisation grecque.
PLANDE
LA
LA BATAILLE D E
BAIE DE
SALAMINE.
SALAMINE.
La uwe est prise de la côte a t t w w , d’oh Xerxès assista au combat. %I aperçoit & port
moderne de Salamine et, dans te loidain, les montagnes de l’drgolule. Noter l’ariditd du
paysage.
114
GRÈCE
De toutes les cités, Athénes a le plus contribué la victoire. Les
guerres mhdiques lui ont permis de se hisser à la premihre place en
Gréce. Par contre, la jalousie qu’éveillent ces progrCs prépare de
nouveaux conflits entre Grecs.
-
-
1.
CAUSES DES GUERRES MÉDIQUES.
La lutte soutenue par
les Grecs contre l’Empire perse de 490 à 479 porte le nom de guerres
médiques. Elles eurent pour causes la révolte de l’Ionie, soutenue par
Athènes et Érétrie (499-493)’ et les désirs de conquêtes de Darius en
direction de YEurope. Athènes et Sparte dirigèrent la résistance poûr
sauver leur liberté.
II.
LA PREMIÈRE GUERRE MÉDIQUE.
Le stratège athénièn
Miltiade profita de la division des forces perses (50 O00 hommes venus
par mer) pour remporter sur elles la victoire de Marathon (septembre
490). Les partisans d’Hippia8 n’ayant pzk livré Athènes aux Perses,
ceux-ci repartirent.
III,
LA SECONDE GUERRE MÉDIQUE.
Tandis que Xerxès
préparait minutieusement sa revanche, Thémistocle dotait Athènes
d’une bonne flotte; mais les Grecs ne s’unirent qu’au dernier moment.
Ouverte par la défaite des Thermopyles à une armée perse d’au moins
200 O00 hommes, la Grèce fut sauvée par la victoire navale de Salamine
(septembre 480)’ que suivirent celles de Platées et Mycale. Les ürecs
passaient à l’offensive.
W . CONSÉQUENCES DES GUERRES MÉDIQUES.
Victoire du .
patriotisme grec, elles ont amené un merveilleux essor de la civilisation en Grèce. Elles ont permis à, Athènes de s’élever au premier
rang, provoquant ainsi la jalousie des autres cités,
-
-
-
-
-
-
Q U E S T I O N S ET E X E R C I C E S
1.
-
Comparez l’Empire perse et
la Grèce B la veille des puerres
médiques (étendue, organisation,
mœurs, religion). Les Grecs avaientils raison de mépriser les
a
Bar-
2.
3.
-
Quelles qualités et quels défauts se sont révélés chez les Grecs
au cours des guerres médiques 1
- Comparez les rôles joués par
Athènes et Sparte dans les guerres
CHAPITRE XII1
GRANDEUR D’ATHGNES SOUS PBRICLBS
1.
- RENAISSANCE D’ATHÈNES
En 479, Athènes était un monceau
de ruines, l’Attique un désert. Loin de
perdre courage, les Athéniens relevèrent leur ville, e t prirent la direction
de la lutte contre les Perses. Après
Mycale, il fallait compléter la libération
des Grecs des fles e t d’Asie, empêcher
les Perses de prendre leur revanche,
réprimer la piraterie qui sévissait en
mer Égée. Sparte étant mal placée pour
mener cette lutte, c’est à Athènes que
firent appel Samos, Lesbos, etc
Sur leur demande, un Athénien réputé
pour sa justice, Aristide, les groupa
1’1101. Yansell.
dans la Ligue de Délos : chaque allié
BUSTED E PÉRICLES?
British Museum, Londres.
fournissait des navires, des troupes,’ ou
Les bustes de graltds hommes
à défaut un tribut, qui alimentait le
grecs sont en général postérieurs ;
trésor placé A Délos; tous les ans s’y les Grecs représentaiertt de préférence
leurs dieux. Ce buste est parréunissait le Conseil de la Ligue, formé fois considéré
comme celui de Péd’un délégué par allié. Athènes com- riclès :zl fiorte le casque de stratège
son air grave et réfléchi
mandait la flotte e t l’armée, mais les athéwen;
correspond à ce que nous savons dic
caractère de 1’ u Olympien n.
membres de la Ligue étaient égaux et
libres (476).
A la tète de ces forces, Athènes remporta une série de victoires,
qui lui valurent la jalousie de cités comme Sparte e t Corinthe,
inquiètes pour leur indépendance; attaquée par celles-ci, elle
... -
prbféra signer avec le grand Roi la paix dite de Callias (450-449),
En 446, ce fut la paix de Trente Ans avec Sparte.
Cette politique de sagesse &ait, due pour une grande part à
GRANDEUR D’ATHÈNES
sous PORICLES
117
Périclès. Né en 495, neveu de Clisthènes, il avait appris à mépriser
la superstition. Un jour, raconte l’historien Plutarque, une éclipse
de soleil ayant terrifié ses voisins, il mit son manteau sur les yeux
de l’un d’eux, e t lui demanda s’il en était effrayé. u Non »,répondit
l’autre.
(( E h bien, répliqua-t-il, quelle différence y a-t-il entre
mon manteau et ce qui cause l’éclipse, sinon que ce qui produit c.es
ténèbres est plus grand que mon manteau ? n Il s’efforçait d’agir
Q l’Assemblée du peuple par son intelligence, parlant calmement,
expliquant clairement les questions. Grave et modeste, il portait
des vêtements simples, n’intervenait que dans les grandes occasions, gardait toujours son calme, même après la perte d’un fils.
Pendant les quinze ans o ù il fut stratège (443-429)’il fut le maître Q
Athènes.
Ardent patriote, il voulait faire d’Athènes la vraie capitale de
la Grèce, réaliser autour d’elle l’unité de ce pays. Il encouragea le
travail, fit élever sur l’Acropole des monuments qui l’embellissaient, en même temps qu’ils occupaient une foule d’ouvriers. Son
œuvre fut possible grâce aux ressources fournies 4 Athènes par la
guerre : un Empire, une armée d’esclaves, la maîtrise du grand
commerce.
-
II.
- L’EMPIRE ET LA T’LOTTE
A l’origine. la Ligue de Délos était une alliance entre cités égales
et indépendantes. En fait, Athènes ne tarda pas à y exercer une
forte autosité. En 465, elle empêcha Thasos de se retirer de la
Ligue, et lui fit livrer ses navires et ses mines de Thrace. Un peu
plus tard, le trésor fut transporté de Délos A Athènes, sous prétexte
de le mettre B l’abri d’un coup de main; les Athéniens purent en
faire ce qu’ils voulaient. A la paix de Callias, la Ligue ne disparut
pas; elle acheva de se transformer en Empire au service d’Athènes,
Toute désobéissance y était rudement punie : pour avoir refusé de
faire juger par Athénes sa querelle avec Milet, Samos fut assiégée
par Périclès; elle dut raser ses murailles, livrer sa flotte et des otages.
Les (( alliés n sont en fait les sujets d’Athènes. Ils prêtent serment :
(( J e me porterai au secours du peuple athénien et le défendrai contre
quiconque lui fera tort. )) Le plus souvent, ils fournissent, non plus
des navires et des troupes, mais une somme d’argent, qu’Athènes
fixe chaque année et dépense B son gré. Leurs gouvernements mt
118
GRÈCE
copiés sur le sien. Leurs procès les plus importants sont jugés Q
Athènes, où amuent continuellement des plaideurs venus de tout
l’Empire. Des citoyens athéniens sont établis chez eux, pourvus
des meilleures terres; ou près d’eux, dans des colonies destinées li
les surveiller. On les appelle clérouques, du nom des lots de terre
(cléroi) qui leur sont distribués;
Certes, les (( alliés 1) connaissent grâce à Athènes la paix e t la sécurit& Mais c’est elle surtout qui en profite : l’Empire lui verse assez
d’argent, pour que seuls les citoyens riches aient à payer des impôts;
il lui envoie nourriture et matières premières; il fournit des terres
à ses citoyens pauvres. Pour maintenir les alliés D dans l’obéissance
e t conserver ces avantages, .\thènes doit avoir une puissante flotte,
Le navire de guerre habituel est la trière, qui doit son nom à ses
trois rangs de rameurs. Ceux-ci, au nombre de 174, lui donnent une
vitesse de 20 kilomètres à l’heure; bien entraînés, ils peuvent
l’arrêter ou la faire tourner brusquement, e t la jeter contre les
vaisseaux ennemis, qu’elle brise de son éperon d’airain, ou sur le
pont desquels sautent les hoplites qu’elle transporte. Au milieu
du ve siécle, Athènes possède environ 300 trières, construites avec
l’argent de l’Empire e t de riches citoyens, les triémrques, montées
par des citoyens pauvres ou des esclaves, qu’on paie bien. Elle a
aussi plusieurs centaines de navires marchands plus lourds, jaugeant jusqu’à 350 tonnes (un peu plus que nos modernes vedettes
lance-torpille), capables de voyager de nuit ou même l’hiver.
((
-
III. - L’ESCLAVAGE
’
Pour s’acquitter des travaux pénibles et permettre aux citoyens
de s’occuper des affaires de la Cité, Athènes dispose d’une véritable
armée de 200000 esclaves, répartis dans toute l’.Attique. Ce sont
les vaincus des guerres : aprés l’Eurymédon, Cimon en fit vendre
20000. Des razzias procurent aussi des Barbares, que les marchands
athéniens vont chercher it Byzance, Gphèse, etc. Le plus souvent,
les esclaves sont donc des Barbares: Thraces, Syriens, Scythes, etc.
- Tous les mois en a lieu le marché sur l’agora : on évalue leur âge,
leur force, tout comme pour acheter un animal, Le coût varie d’une
A deux mines’, ce qui met cinq hommes au prix d’un cheval
1. A AthBnes, le falent valait 60 mines; l a mine, 100 drachmes; ladrachme, 6 oboles
(environ un franc-or),
Phot. Giraudoii.
NAVIRES
DE
G U E R R E ET DE COMMERCE.
Peinture d’un vase du British Museum, Londres.
A drozte, un z’azsseau de guerre, avec un éperon ornd d’une téte d’animal. Le navire de
commerce, à gmiche, est plu? lourd et plu3 haut de bord. Le vent fait claquer les voiles.
LA TRIÈRE
Relme du Ct
ATHÉXIENXE
~ailiniLES gaiertea aiittpues
Sur le mu? d’une d s o n de Délos a été découvert ce dessm ott 11 grafite n ! c’est w e des
rares refirkentattolts de tnève quc nous posséd.tons. Les rames, sur trots rangs, sont a u
nombre de 87 de chaque bord. A drozte, l’bperon dc bronze. A gauche, la poupe, par laquelle
on accostntt Ù terre :lioter lYckelle, qu’on abawsatt pour desceizdre; à l’arrlere lgaiewzeiit, la
longide rame quz servait de gouvernatl.
i 24.3
GRkCE:
a appris un métier 4 l’esch
journée, au mois. La main-d
L’esclave n’est
trument vivant n,
s’enrichir. Le sort des esclaves domestiques (cuisiniers, nourrices,
pédagogues, etc.) dépend de l’humeur de leur martre. La Cité en
emploie aussi : çantonniers, agents de police, secrétaires, souvent
bien payés et estimés.
Cette situation relativement favorisée semble avoir empêché les
penseurs grecs de sentir l’injustice que constitue l’esclavage. Aristote déclare : (( On ne saurait ... concevoir de ménage sans certains instruments, L’esclave est un instrument vivant. Si chaque
instrument pouvait, par un ordre donné ..., exécuter de lui-même
son travail ..., si les navettes tissaient toutes seules, ... alors les
chefs de famille se passeraient d’esclaves ))
Parfois I’affranchissement récompense les bons services d’un esclave : il est alors
considéré comme un étranger libre (météque).
...
... -
IV. - LE OBAND COàinEVIERCE
Sur une surface égale au plus à la moitié d’un de nos départements, et d’ailleurs. en partie stérile ou couverte de bois, l’Attique
est très peuplée : 400 O00 habitants, dont 200 O 0 0 vivent à la campagne. Sur leurs domaines en général trés petits, les paysans de
l’Attique mènent une vie simple, pêle-mêle avec brebis et chèvres
dans leurs cabanea enfumées. Ils cultivent des céréales, quelques
légumes, font un peu d’élevage, LW cultures d’arbres ou d’arbustes
ATELIERDE
POTIBR.
Peinture d'un v&se
du Musée de Munich.
Tandis que des ouvrjers, d gawhe, polissent des a m p h e s , un autre m apporte une à
cuire; d droite, te four, surmont/ d'un masque grotesque, pour écarter les génies qui font
manquer la cuisson; un ouvrier attise le feu, %nautre apporte u n sac de chcarbon. Aw centre
le patron, canne en mais, sunieidle ces travaux.
RÉCOLTE
DES OLIVES.
Peinture d'une amphore (British Museum, Londres).
o'aprés Jacques Leon-Heuzey, La vie publlque etprrale des anciens Grecs, Les Belles-Lettres, kd.,
Y, Cloche, Les classes, les mdtters, le trapc,
.
sont la grande spécialité :vigne ; oliviers, dont l’huile pure est renommée; figuiers, dont le fruit est le régal des Athéniens. Mais l’Attique
ne produit qu’un quart du blé nécessaire à sa population.
On trouve en Attique deux sortes d’industries :
10 Les mines et carrières : les principales sont les mines d’argent
du Laurion, mises en valeur depuis 484; on les exploite en creusant d’étroites galeries, où l’on travaille au pic, couché ou
accroupi, dans la chaleur, sans air : rude labeur, fourni surtout
par des esclaves. Les grands marchands d’esclaves sont aussi
exploitants de mines : Nicias, qui en possède plus de 1000, complète au Laurion une fortune s’élevant 4
millions de francs actuels). Il y a aussi des c
20 Les ateliers d’Athènes, où le patron travaille avec sa famille
e t cinq ou six esclaves. Le labeur y débute dès le chant du coq, aux
heures frafches de la matinée; accompagné de chants, il se fait
sous les yeux des badauds. Avant tout, on veut fournir du travail
soigné. Le patron d’un atelier de poterie est à la fois un artisan et
un artiste. C’est qu’il s’agit de satisfaire non seulement le client
athénien, mais aussi ceux de l’étranger.
LeFanci commerce sur mer est une nécessité pour Athènes : il lui
faut importer une partie de sa nourriture (blé et viande surtout),
du bois pour sa flotte, des matières premières pour son industrie;
elle vend l’argent et le marbre de ses carrières, les figues, l’huile et
le vin de ses champs, les poteries et armes de ses ateliers, Partout,
ses marchands ou emporoi sont les plus respectés et les mieux
servis : ils l’emportent sur leurs rivaux de Corinthe, d’.&$ne, etc.,
grâce à leur puissante flotte, à la qualité des produits athéniens, à la
faveur dont jouit la monnaie d’Athènes, la tétradrachme à la
chouette, contenant toujours son juste poids d’argent du Laurion.
Athènes est la grande puissance commerciale du ve siècle.
Industrie et commerce sont en partie aux mains des méfèques,
étrangers privés de droits politiques, mais bien traités, e t qui en
guerre combattent bravement pour Athènes. Parmi eux comme
parmi les citoyens, il y a des riches. Mais peu de très riches et peu
de très pauvres. Une force d’Athènes au ve siècle est l’importance
de ses classes moyennes.
sous
G R A N D E U R D’ATHÈNES
123
PÉR~CLÈS
RBSUMB
-
-
1.
RENAISSANCE
D’ATHÈNES.
Après 479, elle dirige la lutte
contre les Perses, et groupe ses alliés dans la Ligue de Délos. Mais ses
succès provoquent la jalousie des autres cités grecques. Elle signe la
paix avec le Grand Roi, puis avec Sparte. Périclès, intelligent, grave et
modeste, cherche à faire d’elle la vraie capitale de la Grèce.
-
-
II.
L’EMPIREET LA FLOTTE.
D’abord alliance entre cités
égales, la Ligue de Délos se transforme peu à peu en Empire d’Athènes.
Ses alliés )) lui prêtent serment, lui paient un tribut, reçoivent ses colons
ou clérouques. Elle les domine et assure leur sécurité à l’aide de sa flotte
d’environ 300 trières.
-
-
III.
L’ESCLAVAGE. Athènes possède 200 O00 esclaves, maind’œuvre bon marché fournie par la guerre et les razzias chez les Barbares. <( Instruments vivants )> sans aucun droit, les esclaves ont un
sort variable selon qu’ils travaillent dans les mines ou les ateliers, chez
les particuliers ou pour l’État. L’esclavage est considéré comme une
chose naturelle.
-
-
IV.
LE GRAND COMMERCE.
Les cultures de l’Attique (surtout
les arbustes: vigne, olivier, et le figuier) ne fournissent qu’une petite
partie de la nourriture de sa nombreuse population. L’industrie comprend des mines (argent du Laurion), et de petits ateliers à la production
soignée. Pour vivre, Athènes doit importer et exporter. Grâce à sa flotte
et à sa monnaie, elle est la grande puissance commerciale du ve siècle.
Q U E S T I O N S ET E X E R C I C E S
1.
-
Connaissez-vous un grand Qtat
moderne, dont la puissance repose
avant tout sur son Empire et sa
flotte 7
2. - Comparez la situation d‘un ouvrier ou d’un domestique actuels
avec celle d‘un esclave.
3.
- Comparez les Hilotes de Sparte
-
et les esclaves d’hthhnes. Ressemblances et différenees 7
4.
Qu’appelle-Lon une bonne
monnaie 7 En quoi le fait pour un
pays de posséder une bonne monnaie favorise-t-il son commerce ?
5. - Qu’appelle-t-on a classes moyennes B ? Quelles sont habituellement
leurs qualités ?
-
MORAZ~-WOLFP.L’Anliquitd (ci. de 60).
a
Avec ses 200000 h a b f h t f ~ ,I’Akhbnes du ve siecle n’occupait
pas p l ~ i ,d’9%pât)etp’ütle %fillemodérne aussi peuplée; oependant
ses maisons n’airaimt t l t ~g~~~~~~ejtl’uh rez-de-chaussée et un étage.
La populatîoh était denei.trk s é ~ f i g ,les ruea étroites et tortueuses
Elles n’étaient pavvéés
Fafertient, avec de grosses pierres inégales. Les maisone ddpaas&ient souvent sur l’alignement. La nuit,
pas d’éclairage. Les ordures traînaient par terre, et les mouches
pullulaient. Les odeurs étaient infectes, et l’on évitait d’avoir
fenêtre sur rue. Ce dédale de ruelles malsaines constituait la première ville du monde grec.
Les maisona athéniennes étaient fort simples. La grande majorité,
celles des padvres, - se compasaient d’une seule pièce étroite
(souvent 1m. 60 sur 2), mal aérée, meublée sommairement, n avec la
litière et les nattes de jonc vkrmineuses, la grosse pierre servant de
traversin, et le fond de fourneau utilisé pour pétrir la farine n
(Ch. Picard). Les murs étaient de torchis.
Les demeures plus riches restaient assez modestes. Des murs
tres minces, que les voleurs perçaient plutôt que de forcer la porte.
Après un vestibule, une cour (auté), sur laquelle s’ouvraient plusieurs piéces; un bassin recueillait l’eau de pluie, qui était chose
rare; au fond, la salle de rdception (rnkyamn) et l’appartement des
femmes (ggnkcée). Il y avait souvent; Un Btage, dont on louait parfois
lei3 piéces.
Le costume, léger, se composait de pièces d’étoffes rectangulaires,
non cousues, dans lesquelles on se drapait. Les hommes portaient le
chitôa, tunique agrafée sur les épaules, et I’hirnation, long manteau
de laine, dont un pan était rejeté en arrière. A leur chitôn, plus long
que celui des hommes, les femmes ajoutaient le vaste péplos; pour
sartir, I’hirnatton se rabattait sur la tête. Les riches employaient
des tissus fins ou de couleur, combinaient da savants drapés. On
se chaussait de sandales,
-
ÉPHÈB E
n a y r k s Picard, La vie prlc’de dans
la Crvce cliwslyw, Rieder, éd.
LE P ~ P L O S .
Voici comment, à l’aide d e
deux agrafes placées aux épaules,
l’Athénienne se drapait dans la
grande pièce d’doge qui constituait le péplos.
.
Peinture d’une coupe du Musée du Louvre.
Une des plus célèbres coupes du grand céramistc
Euphronios. Remarquer la légèretd du cheval, l’allure
fière de l’éphèbe, sa plEerine Pottant au vent. Les
artistes grecs se sont maintes fois inspire’s du motif de
l’éphèbe à cheval, que l’on retrouve notamment sur des
monnaies, ainsi que dans la grande frise sculptée du
Parthénon représentant le cortège des Parzathénées.
I
D aprés Welsker, Antlhe Dcnhmàler. t86I
REPASGREC.
Peinture d’un vase du Musée du Louvre.
,
La scdne repvésente un festin offert par u n roi à Héraklès; à droite, des servants découpent
la viande; à gauche, couchés sur des lits, les convives ont chacun une petite table devant soi.
Cette peinture de vase corinthien montre que Corznthe aussi possédait de bons céramistes,
sachant observer les détails familiers,
Phot. Boissonnas
L’ACROPOLE
ET L’HYMETTE.
C’est ainsi qu’aperçoit Athènes le voyageur arrzvant par la route d’Éleusis. L a végétation
d’oliviers de la plaine s’oppose aux hauteurs dénudées.
Phot. Chamonard
LE P I R É E .
Cette photographie aérienne du Pirée moderne montre à droite la rade de Zéa, à gauche
celit d u Kantharos; celle de Mounychie est plus à droite encore. L a quadrillage des rues
évoque U N peu la régularité d u plan du Pirée mtique,
128
GRÈCE
La nourriture était frugale. Pour le pauvre, des galette- d’orge,
quelques olives, un peu d’ail, des oignons; de l’eau sucr6e de miel
comme boisson. Les gourmets plue aisés recherchaient les a fruits
le gibier : lièvres
de la mer D : coquillages, poissons frais ou salés,
e t cailles, - les fruits : myrtilles, figues et noix,
les vins de
l’Attique. Pour tous, la viande était un luxe exceptionnel.
Chez un peuple si délicat en art, cette simplicité et cette saleté
nous étonnent. Elles s’expliquent en partie par le climat : lehi
hommes vivaient beaucoup au dehm, laiseiant les femmes travailler
B la maison; en dépit du culte domestique, il y avait peu de vie de
famille. Mais aussi les Ath6niens savaient se contenter de peu;
l’art et le luxe étaient réservés eurtout aux dieux.
-
II,
’
- ASSEMBLÉES ET
UQMTRATS
-
‘D~ATH~E~
Le gouvernement d’Athènes est exercé en premier lieu par
l’assemblée du peuple ou Ecclésia, dont tous les citoyens (et eux
seuls) font partie, et qui se réunit environ quatre fois par mois.
Elle vote des lois, les traités avec les Villes et les pays étrangers;
elle élit certains magistrats; une fois par an, elle peut prononcer
des ostracismes.
Elle se réunit sur la Pnyx (p. 131). Les paysans de l’Attique y
viennent rarement; les citoyens d’Athènes eux-mêmes n’y sont pas
toujours empressés, e t des archers scythes doivent parfois.parcourir
les rues avec une corde tendue, enduite de peinture rouge, qui
désigne les retardataires pour une amende, Après un sacrifice aux
dieux, un héraut annonce les questions à débattre, et demande
qui veut prendre la parole; en fait, seuls les habitués s’y risquent.
Les discours achevés, on vote, en général en levant la main.
Mais il faut préparer le travail. Il faut aussi di,riger Athènes
pendant tout le temps qui sépare les rhnions. Tel est le rôle de la
Boulé, ou conseil des 500 Ces 500 Bouleutes sont tirés au sort
pour un an à raison de 60 par tribu ;ils siègent 50 à la fois pendant
un dixième de l’année, période que l’on appelle me prytanie.
Une fois les lois votées, il faut les appliquer : de ce soin sont
chargés les (( magistrats ».Tels les dix archontes, qui président des
tribunaux, des cérémonies religieuses ; et surtout les dix stratèges,
chefa de l’armée et de la marine, Les premiers sont désignés par le
’
LA
((
DBMOCRATTF;ATHBNIENNE
1)
‘
129
sept, puis aubissent un petit eXarnen; 19s seconds sant élu8 par
l’EeaZè8siai. Les uns st les ~ ~ q t r esopt
s surveillés de pr$s piw alle et
par la Boulè. Ils ne restent en fenctions que duwntr en QR,
11 faut enfisi jvger las harrimes qui ne respeetent pas lea lois, Le
principal tribunal eet eelui de I’HBliée, 11 aomprend 6000 citoyens
tirés au sort pou^ up an, mais dant 600 B 1500 @eulementsiégent $
la fois, TI juge la plupart dea erimas, llevt9nt cg tribunal pombraux, qui s’intéresie au prooès, n’drneut, I’aowpateur st I’acnysb
pariePt p9Pdar)t u4 terripa fixé : en gbnéral ils lisent un dismurs que
leur a prbparé UI-I u IogPgraphe n ; puis, chacun à SPD tour, ils proposent uns pains ou l’tibenlutis~l: le8 juges votent en plaeagt u~
caillou dans une urm diffépente selon leur avis.
Les citoyens jouissent de droits importants : ils sont libres, ils ne
peuvent être arrêt& que pour des fautes commises par eux, non par
leur8 pamnts. Riches et pauvres peuvent en prinaipe jouer UR rBle
aussi important dans la ville, et arriver aux mêmes fonctions : tous
font partie ds l’Eeol8siu; tous ont plwieurp €Dia daps leur vie
i’mcaeion d‘être jvgse B i’Hdli&e;tOU3, 8. oandikion d’ep wveir le
temps et le dasir, peuvent htre candidats aux @$mgesde magiptrat
ou de Bouleute, d’autant plus que, depuis PQrjolde, elles donnent
drait à une indemnité. Chaque jwr, la &ulS 8e @hobitau mrt u11
prdsident j si 1‘Ecclèsia Se rhusib oe marne jow, il la préBidei &Filament : il est le premier dans Athènes, une sorte de président de la
République pour un jour.
A Ce@droits correspondent bien entendu des devoirg. Lorsqu’il
devient‘citoyen, le jeune Athénien jure da lea acaomplir ;
,
..
a J e ne déshonorerai pas ces armes sacrées. je comlwttrai popr mes
dieux et pour mon foyer, seul ou avec d’autres. J e ne laisserai pas
la patrie diminuée, mais je la laisFerai plus grande et plus forte que
je ne i’aurai reçue. J’obéirai aux ordres que la sagesse des hommes
saura me donner. w (Trad. L. RobePt.)
Tout aitoyen doit danc rasipecter les loi%votbee paf I’Ecaldsis, En
cas de guerpe, il doié defendre 8a patrie; il fournit même uns partie
de son équipement :riche, il sert coiprm cavalier QU cornmg beplitcs;
130 .
1
GRÈCE
pauvre, il est archer ou marin. Les riches doivent, de plus, fournir
de l’argent en temps de paix, pour payer des chœurs dans les fêtes,
équiper des trières pour la flotte, etc.
Ainsi les riches sont ceux qui ont le plus de temps pour s’occuper,
du gouvernement de la ville; mais les charges les plus lourdes pèsent
sur eux. Les devoirs sont proportionnés aux avantages.
L’éducation a surtout pour but de former les citoyens. De sept
à treize. ans, l‘enfant se rend B la (( palestre 1) de son quartier, école
très simple dirigée par un particulier : il y apprend à lire, écrire,
compter; il récite par cœur des passages d’Homère ou d’Hésiode;
il chante en chœur, fait un peu de gymnastique. Puis les fils de riches
fréquentent les gymnases, où, dans de grands enclos ombragés,
ils courent, lancent disque et javelot, montent à cheval. A dixhuit ans, le jeune Athénien devient (( éphèbe )) : il s’exerce un an au
métier d’hoplite ou d’archer, puis tient garnison un an dans les
forts de l’Attique. A vingt ans, il est citoyen.
IV.
- QUALITÉS ET INCONVÉNIENTS DU SYSTÈME ATHÉNIEN
Les Athéniens appellent ce système de gouvernement la (( démocratie n : ce terme est formé de deux mots grecs, dèrnos : le peuple;
et crafos : le pouvoir. Par là, on veut donc dire que le pouvoir
appartient au peuple, réuni à l’Ecclèsia, [représenté par la Boulè,
les magistrats et l’Héliée. Les Athéniens sont très fiers de leur
démocratie; Thucydide nous rapporte ainsi l’éloge qu’en fait
Périclès :
a La constitution qui nous régit n’a rien à envier aux autres peuples : elle leur sert de modèle et ne les imite point. Elle a reçu le nom
de démocratie, parce que son but est l’intérêt du plus grand nombre,
et non d’une minorité. J’ose le dire, Athènes est l’école de la Grèce. 3
(Trad. Bétant.)
En fait, la loi étant l’œuvre de tous, les riches ne peuvent imposer
des lois qui les favoriseraient aux,dépens des pauvres. La paix et la
confiance en sont accrues entre leu citoyens. D’autre part, les Athé-
niens aiment le pays dans lequel ils jouissent de tant d’avantages;
ils combattent courageusement pour le défendre. On le vit lors des
guerres médimies.
x*
z
pi
,
132
GRÈCE
Le gouvernement d’Athénes a’&eepefidrrnd pas que des qualitAs.
Les citoyens ne sont en Attique qtr’um minorité : 42000 (130000
avec leurs familles), sur 400000, %uni# f’Eccl&~z’id,
ils se laissent
parfois entraîner par i’éloquefiae d ’ u ~cmttelir et suivent ses conseils, même mauvais. En certdiieei ocm’&ians, ils perdent leur sang:
froid, et prennent des décidoria qtr’flâ regrettent ensuite. En 427,
Mitylène s’étant rkvoltbe, i h déuid8rÉwit d’an faire mettre A mort
tous les habitants masculins, et dë vmtfidttt)if35 autres comme esclaves.
Le lendemain, ils eurent hafite de edk cttirtut6, et se contentèrent
de la condamnation d’un rûillthtr dé# pfüs coapables; il fallut envoyer
un autre navire pour p a r t a le fiüuvel ufdre. E t l’on n’avait pas
toujours la possibilité de rt$par&fahrii ~ 8 setreurs. Enfin le tirage
au sort, que le&Athéniens êon$idéfPiar;tt e m m e une désignation par
les dieux, p o w a i t b
faire d’hommeie mgdiocres des bouleutes et
des magistrats,
Le gotttreraement d’Âthhes d t t t 06 que valaient les citoyens et
leurs COnei~Ii1~6f~i.
LofsgUei PQfiolbrr{ut Bart, lorsque les Athéniens
laissérent Ieer oudeunin et k a fltttiettn w n i r seuls A ji’Ecclésia, leur
cité ton&& dan# let d&ad&ice,
& la Mile sont étroites, torI riches,
sont simples. Le
elles on se drape. La
-
ES.
Le pouvoir
citsyens. Son travail
toyens tirés au sort. Ses
élus ou tirés au SOI% :
fendue par le tribunal
impôts. G’éducatXon a surtout pour but de former de bons oitoyens.
oA
((
DÉMOCRATIE ATHfiNIENNE
))
133
m.- QUALITESET INCONVÉNIENTS DU SYSTÈME ATHÉNIEN. - Les
Athéniens sont fiers de leur système, qu’ils appellent démocratie ».
En fait, seule une minorité jouissait en Attique des droits politiques. Et
le gouvernement n’y fut bon que tast que les citoyens furent bons euxmêmes, et écoutèrent de sages conseillers.
QVESTIQN8 ET EXLROIOES
1.
- Qu’est-ce que la loi? A quoi
sert-elle ? Prenez un exemple de loi.
Représentez-vous tout le travail
nécessaire pour la créer, surveiller
son application, punir ceux qui ne
lui obéissent pas.
3.
-
Que fautvil pour qu’une loi sait
bonne ? Qu’arrive-t-il lorsque les
lois sont mauvaises, ou qu’elles ne
sant pas observées 3 Ge5 cas ne 6e
2.
sont-ils pas déjà produits dans I’histoire d’Athènes?
4.
-
Pourquoi appelle-t-on le $y+
téme athénien’ un gouvernement
direot ? Un tel gouvernement e@t-il
possible partout 1 Qu’appelle-t-on
un gouvernement reprdsentatlf 4
- Comparez l’dducation spartiate
et ;L‘Bduoatian atMnienne.
‘
’
CHAPITRE XV
CHEFS-D’mUVRE DES GCRIVAINS
ET ARTISTES ATHENIENS
1.
-
TRAGÉDIE ET COMEDIE
Au vie siècle, lors des fêtes de Dionysos, des chœurs figurant les
suivants du dieu exprimaient leur douleur par des gémissements,
puis leur joie par des chants et des danses, tandis qu’un récitant
racontait sa mort et sa résurrection. Ces spectacles, qui jouissaient à
Athènes d’une grande faveur, s’y transformèrent peu à peu : le
récitant devint un acteur, qui représentait tour à tour divers personnages; on mit en action des épisodes variés de la vie des dieux
e t des héros. De cette cérémonie religieuse naquit la tragédie.
Au début du ve siècle, ESCHYLE
fut son véritable créateur : à
l’acteur jusqu’ici isolé, il en ajouta un second, parfois même un
troisième. Son œuvre la plus célèbre est la u trilogie n, ou série de
trois pièces, qu’il consacra à la famille d’Agamemnon, maudite par
les dieux depuis que son ancêtre Atrée avait commis un crime
aff reux.
Après Eschyle, SOPHOCLE perfectionna la tragédie; il employa
régulièrement un troisième acteur. Son chef-d’œuvre est Edipe-roi :
la peste ravage Thèbes, e t ne cessera qu’après l’expulsion d’un
meurtrier qui souille la ville. Le roi, (Edipe, mène l’enquête : elle
lui apprend que sans le savoir il a tué son pére e t épousé sa mère.
C’est lui qui porte malheur A Thèbes. Désespéré, il se crève les
yeux, et s’éloigne gémissant, accompagné de sa fille.
Enfin, EURIPIDE
composa également de très belles tragédies, où
s’exprime sa pitié pour les êtres malheureux, comme Iphigénie,
et qui ont inspiré plusieurs de ses tragédies à notre Racine.
De la joyeuse procession qui suivait les Dionysies est n8e la
cornedie. Dans ses œuvres, ARISTOPHANE
décrit la vie et les mœura
I ~ C R I V A I N SET ARTISTES ATHÉNIENS
135
des Athéniens ; il s’intéresse particuliérement aux paysans Iaborieux et pacifiques, e t proteste contre les guerres que livre Athénes.
Une pièce de théâtre est une cérémonie religieuse. Sur un sujet
proposé, un concours est ouvert, e t trois auteurs sont choisis. De
riches citoyens tirés au sort, les chorèges, paient tous les frais. Les
Phot. Almari
THÉATRED E D i O N Y S û S , A ATHhNEB.
ON voit ici le théatre tel qu’il fut aménagé au IV0 siècle. Aw cefltrc, C’orchestre ou (I plact
de la danse n, entouré des gradins; à gauche, la scène, sur hqwcllc des charpentes et des
panlteaux de toile peints constituaient les décors. A« fond, la colline de la Pnyx.
acteurs portent des masques, qui leur permettent de représenter
plus dignement héros et dieux. Dans l’orchestre évolue le chœur,
formé de quatre groupes de douze à quinze choristes chacun; il
danse, chante; son chef, le coryphée, échange des paroles avec les
acteurs. Chaque matinée est consacrée à l’œuvre d’un concurrent;
le soir, une comédie délasse les auditeurs. Puis un jury de dix
citoyens tirés au sort décerne le prix. Pour les Afhéniens, le théâtre
est une véritable école,
136
GWBCE
II,
- HISTOIRE
ET PHn16~0PJ3fE
Deux autres genres littéraires se développent beaucoup B AthAnes
au ve siècle.
10 L’histoire.
HBRODOTEd’Halicarnasse, longtemps fixé à
Athknes, décrit dans ses Histoires le monde barbare dans lequel il a
beaucoup circulé : Égypte, Phénicie, Mésopotamie, etc. ; puis les
guerres médiques. Il est le type du vayageur désireux de s’instruire;
s’il commet souvent des exagérations, il s’informe avec application,
et retient tout avec une étonnante mémoire.
Mais le vrai créateur de l’histoire est THUCYDIDE,
stratbge
d‘hthbnes, qui prit part à la guerre du PBlopQnése: un échec le
fmga B s’exiler, et il utilisa ses loisirs pour rédiger l’histoire de ce
confiit, Il s’e#!force avee le plue grand min de parvenir Q la v$ritB,
et d’expliquer les &Anements, en prrticulier par le4 ciiraotdres des
mes. Voici @améthode ;
-
Pour ce qui est des, faits, je ne m’en suis pas rapports a4 dire du
premier venu ou à mes impreesians personnelles, j e n‘ai racantb que
eeqa dont j’avais moi-même été apeotataur ou sur leequele Je m’&ais
procuré des renseignements précis et d’une entibre exactitude, Qr
j’avais de la pehe b y parvenir, arce que Iso témaini oculaires
n’étaient pas toujours d’accord SUP e même &$nement et variaient
suivant leurs sympathies ou la fldélité de IeuP rn&wire, Peut-Btre
mes récits, dénués du prestige des fable@,percIsont.ils dfb leur t
il me suffit qu’ils soient trouvbs utile6 par quiconque vaudra
une juste idée des temps passés (Trad. Bétant.)
P
....
2. La pbilwphis, QU a effort vers la sages~e9, est reprhsentée
suhout par SOCRATS.L’hpmmg doit reeharcher le bonheur, dieait-il.
Mais comme on se trompe sur le vrai bonheur! Il ne vient ni de
l’argent, ni de la puissance, ni deS.plaisirs physiques, mais de la
vertu et des bonnes aotions. Sc~cratsaimait SB mêler la foule,
allait sur l’agora, entrait dans les boutiques; on faisait silence
autour de lui. Par d’habiles questions, il amenait ses auditeurs b.
expliquer leurs idées, Q se contredire, B reemnaltre l$urs erreurs.
N X ~ Q B H OddcriN
Entretiens familiers, que ses disciples P L ~ T Q et
vent dans leurs œuvres,
Parlant si librement, Socrate se faisait dea ennemis. T1 fut eccusé
par eux de ne pas respecter les dieux; fièrmegt, il réelalrra pour
&CRîVAiNS ]ET ARTISTES ATHkN‘IENS
137
peine d’être loge et nourri aux ftais de la Cité. Condamné A boire
la ciguë (poison violent), il mourut calmement, en consoIant ses
disciples en larmes (3%)‘
Athérnes eut bien d’autres derivains encore. Les discoud prononcés
Q 1’Ecchia étaient gltrfaie des chefs-d’aeu~fed’hloquence ; mais ils
ne nous sont pgs paWênua,
k p r b lee guar~esrntidiquee, les Athkniens voulurent remercier les
dieux eti leur Bl&vant temple6 @f, s t es. Pendant près de cinquante ans, l’Acropole fat ufi @and ohmntiet. d’architecture et de
soülptwe ! elms Ia direction du eoatlpteur PHID~AS
y fut édi86 le
plus bel ensemble de monuments du monde ancien.
11 frappait d’autant plus qu’il Se dressait au milieu d’une ville
sale et mal camtruite, Par une rampe un acdédait au majestueux
portique des Propylées; en face se dressait Ia statue d’Athéna Promachos (qui combat au premier rang), œuvre de Phidias, haute de
pras de huit mètres, dont les marins au large apercevaient la Iance
brillante dépassant de la muraille de l’Acropole. Casquée, armée de
la lince e t du bouclier, elle semblait une n sentinelle au repos ))
protégeant la ville. D’autres statues l’entouraient, et bordaient
les chemins conduiiorant aux divers monuments.
A gauche, c’&ait I’&~t?chthdian,sorte de musée rassemblant des
reriques de I ’ h i ~ h i fd’Ath&@
~
f Ia murce que Poséidon avait fait
jaillir d’un coup de mh tffd$Ptt;.f’&fSYiwsacré planté par Athéna;
une vieille stettue de le d$e&e m h i e d’olivier. Non loin se dressait
trne &&ré auvr6 dë midie$, t’Atkktf hrnnta, déesse de la paix,
-<
rbpréaentée sans armë,
piédestal de trois marches, se détachait Ie‘ParA droite, sur
fkdnon, ISa dédarzltian rappelait Iri gloire de fa déesse : les frontons,
#a naiefeance et c)li quereIle &Ved Pa&idon ;les métopes, des combats
auxquels elle avait pria pal%, $Ur une langue frise se déroulait
te our&ge de 88 @riade fbte, les fidndihkreler. Les dimensions du
temple étaient csfcul&ee,pour coaterrlt. la gigantesque statue d’Athéna
Purihknnod, haute de 12 métrea, autre cettto’re de Phidian.
Le génie d’Athènes fut de prendre dans chaque style ce que chacun avait de meilleur : les chapiteaux du Parthénon sont doriques,
Phot. Marteau
A T ~ È N EET
S L'ACROPOLE.
Le rocher de I'Acrapole, haut ds 80 mdtres, est à pic ds tous cdtbs, sauf à l'ouest. A u
Pied, on voit le portique éievt au IF s&ie au. J.4.par le roi Eumène de Pergame.
A u second plan, à droite, le Lycabettc; à l'horizon, l'Hymette.
Monlcnionts anttgues, Yassin, éd.
RECONSTITUTION
DE L'ACROPOLE
D'ATHÈNES,
par N I C O D1909.
,
Le Parthénon domine l'ensemble. A droite, les Prophylks, puis le petit temple d'Athéna Niké.
A gauche, 1'ÉrrchthWn. A u cmtre, la statue d'Athéna Promachos.
~
~
Phot. Inst. de gbogr., Paris
'
L'ÉRECHTH~ION
: T R I B U N E DES CARYATIDES.
Ce Portique fut rajoutb assez tard à l'Érechthéion: il est d'inspiration ionique. L e mouvement des jambes hvite la monotonie, et rend aisé l'effort de ces jeunes filles supportant le
toit d u portique.
LE PARTHÉNON.
Phot. Alinari
Long de 6 0 mktres sur 30 de large, haut de 21, le Parthénon est de dimensions modestes;
m i s elles sont admirablement calculées pour produire une impression d'équilibre et d'harmonie. L e marbre a perdu les couleurs dont il a été peint, mais il a pris sous le soleil une
belle patine dork.
Phot. Manseil.
g P H $ B E S A U CORTÈGE
DES PANATH$N$ES.
(British Museum, Londres.)
La frise du ParMnon se trouve en
grimdc pardis à Londres, au British Musmm. Ell0 cornprimat prls de 406 personw
c
r
g
a
p et ris 205 animaux. CL j r a g m w
clbn#r un%&#.ress.lon de force et de fougue.
Phot. A h a r i .
&CRIVAINS ET ARTISTES A T H ~ I E N S
141
mais la richesse des frontons e t des frises rappelle les monuments
ioniques.
Ses architectes, comme Ictinos, auteur du Parthénon, construisent
des temples de dimensions modestes, mais admirablement calculées
I
Ch
Fût
pour produire un effet artistique. Ses sculpteurs, dont le plus grand
fut sans doute Phidias, adoucissaient la force e t la aimplicité
doriques par la grâce de l’attitude et du sourire. Leurs ceuvres
expriment la sérénité que donne la confiance en soi et dans les
dieux. L’art athénien du ve siècle est un art de vainqueurs.
142
GRÈCE
IV.
- PEINTURE ET CÉRAMIQUE
Monuments e t statues étaient souvent peints : le haut du Parthénon était coloré en rouge e t bleu. Les fresques murales étaient
fréquentes dans les maisons ; l’aile; Nord des Propylées contenait
un musée de peinture, décoré par Polygnote, métèque de Thasos,
devenu citoyen athénien, Presque toutes ces Ceuvres sont malheureusement perdues.
Par contre, nous avons conservé d’innombrables peintures sur
vases; très tôt, les figures géométriques qui les ornaient firent place
à des sujets animés, qui se détachaient en noir sur la poterie rouge.
Au ve siècle, on préféra lies figures rouges sur fond noir : elles étaient
plus détaillées; et le vernis noir qui recouvrait la poterie la rendait
plus étanche.
La céramique eut une très grande importance à Athènes. On
utilisait beaucoup de poteries dans le ménage (grandes amphores
pour conserver les liquides, vases, coupes A boire), et pour l’exportation de l’huile et du vin, Ces usages permirent à la céramique de
jouer chez les Grecs à peu près le même rôle que le livre et le journal
illustrés de nos jours, car le papyrus était alors très peu utilisé. Ainsi
se répandaient dans les demeures les plus modestes des copies des
grandes œuvres d’art, des illustrations de la mythologie et des
poèmes homériques : plaisir pour les grands, instruction pour les
petits.
Sous les sujets mythologiques, d’ailleurs, les Grecs pouvaient
reconnaître des scènes de leur propre vie, traitées avec émotion :tel
le theme du soldat partant pour la guerre (voir p. 74).
Les riches avaient aussi des coupes et des vases signés des grands
maîtres, comme Euphronios (voir p. 126). On les suspendait aux
murs,comme nous faisons aujourd’hui des tableaux.
GrAce à Athènes, aux chefs-d’œuvre de sa littérature. e t de ses
arts, le ve siècle av. J.-C. apparaft comme l’un des plus brillants
d e l’histoire. Athènes elle-même devait alors sa puissance et sa
splendeur pour une bonne part à Périclès. C’est ce qu’on exprime
en nommant ce siècle i le (( siècle de Périclès 1).
CRIVA VAINS
143
ET ARTISTES ATH&NIENS
RÉSUMÉ
-
-
1.
TRAG~DIE
ET COMÉDIE. Née des chœurs célébrant les fêtes
de Dionysos, la tragédie fut fondée par Eschyle, qui y introduisit
plusieurs acteurs. Perfectionnée par Sophocle (ndipe-roi) et Euripide,
eiie perdit une partie de son caractère religieux. Aristophane fut le
principai auteur comique. Les fêtes étaient marquées par des concours
entre auteurs, dont le meilleur était couronné par un jury de citoyens.
-
-
II.
HISTOIRE ET PHILOSOPHIE.
L’histoire fut représentée par
Hérodote, et surtout par Thucydide, historien impartial et bien informé
de la guerre du Péloponèse; la philosophie par Socrate, qui enseignait
Ta sagesse en des entretiens familiers, et fut condamné à mort en 399.
-
111. LES MONUMENTS DE L’ACROPOLE,
Les Athéniens y élevèrent,
après les guerres médiques, et pour remercier les dieux, de nombreux
monuments : Portique des Propylées, Érechtheion, Parthénon (temple
d’Athéna). Leurs artistes, comme Phidias, créèrent des œuvres bien
proportionnées, exprimant la sérénité et la majesté.
-
-
IV. PEINTURE ET C É R U Q U E . De la peinture, cependant importante à Athènes, nous n’avons presque rien conservé. Par contre,
nous avons beaucoup de vaes peints :outre leur utiiité domestique, ils
jouaient le r61e de nos livres illustrés, et d’ornements.
Le Ve siècle,
où la civilisation d’Athènes fut si brillante, porte le nom de G siècle de
Périclès ».
-
QUESTIONS ET EXERCICES
-
Qu’est-ce que la tragédie? la
comédie 9 en quoi s’opposent-elles ?
quels genres de personnages y meton habituellement en scène ? Quand
e t oh sont données des pièces de
théâtre ?
2.
Expliquez le passage de Thucydide cité dans le 5 II. Quel est pour
lui le but de l’histoire? N’avait-il
pas d u mérite t~être impartial 7
1.
-
3.
- D’aprbs les reproductions de
statues grecques qui se trouvent
dans ce manuel, étudiez par quels
détails physiques un sculpteur peut
donner l’impression de force majestueuse, ou celle de douceur et d e
grâce.
4.
Notez dans les chapitres XII
XV les principaux faits montrant
l’importance du sentiment religieux
à Athènes au ve siècle.
5.
Tous les siècles portent-ils le
-
-
nom d’un homme 1 Citoz ceux que
vous connaissez dans ce cas.
144
GR~CE
L'ALPHABET GREC
1
L'alphabet grec comprend vingtqualm lettres :
I
-.
I
,.
.
>
.
1
1
1
1
1
Alpha
A
a
Nu
Bêta1
R
b
Gamma
Delta
1'
A
g
d
Epsilonn
Daêta
Eta
Thêta
Iôta
E
Z
H
O
I
d
ds
Xi
Omicronn
Pi
R$B
Sigma'
Tau
Upsilonn
Phi
Kappa
K
Lambda
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A
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(P
X
x
1
Chi
Psi
m
Opéga
P
w
+
Ph
ch(du~)
1. On se sert de @ au commencement des mots ; ailleurs on emploie 6.
2. A la Rn des mots an se sert da ç ; ailleurs an ampiaie u.
PS
6
CHAPITRE XVtf
LUTTES ENTRE LES CITSS GRECQUES
I, - SPARTE CONTRE ATHbTEB
Périclès chercha en Vain à Péaliser l’unité de la Gr&e autour
d’Athènes. Au contraire, la pfospérité dé celle-ci excita l’inquiétude e t la jalousb dé8 autre$ cites, qui craignaient pour leur indépendance. De plus en plus, Athènes s’intéressait à la Grande Grèce
et B la Sioile, gr&Rdes fournisseuses de blé : elle y concurrençait
la seconde cité cdfimerqhnte de Grèce, Corinthe, qui fit appel à
l’alliance de Sparte. En 431 débuta entre elles et Athènes la guerre
dite du Péloponèse, qui coupa le monde grec en deux.
Sagement, Périclès conseilla aux Athéniens de ne pas se heurter
aux Spartiates tif tefie, et de se réfugier dans leurs murailles,
tandis que la flotte les ravitaillerait et ravagerait les côtes de l’ennemi. Tristement, les paysans abandonnérent leurs maisons e t
1wrg champs, e t vinrent s’entasser Q Athéhes. Tous les ans, a,u
prihtempe, les Spartiates déVaBtaiebt l’Attique, e t restaient jusqu’h
l’automne en vcle des aurailles trop fartes qu’ils fi’ubaient attaquer,
Au coum de I’&é 430,la pestte 6e ddclara dans Athéaes surpsuplée, et
en deairna les habitants. DeveaQ impopulaire, Périclês f u t condamné
A une amende, e t mourut peu après. Finalement, en 421, après
s’être $puisées sane profit, Athènes e t Sparte se rendirent leurs
conquêtes.
Cependant la phi# flé dura pas longtemps. Corinthe reprochait
Sparte da l’tiVt~iFtrahie, e t refusait de depose? les armes. Athènes
était poiis~éé 14 gilerfë par A.h%i&36; neveu de Périclès, élève
de Socrate, il btaié beau, riche, intelligent, éloquent, mai8 tous
ces dons étaient au semice d’une ambition insatiable e t sans scruptiI6s. Sur ses Conseils, Athènes lança en 415 une expédition en
Sidilê,
Il s’agissait d’y secourir des alliés et d’y conquérir des débouchés
146
GREÇD
commerciaux. Somptueusement équipée, mais mal commandée par
Nicias, l’expédition aboutit à un désastre : les Athéniens furent
encerclés près de Syracuse, e t les débris de leur armée périrent
de faim dans des carrières. Athènes avait perdu 40 O00 hommes e t
160 trières (413).Compromis dans un scandale, Alcibiade s’enfuyait
à Sparte.
Du moins Athènes conservait l’essentiel de sa force : son empire,
une bonne partie de sa flotte, son argent qui lui permettait de
réparer rapidement ses pertes. Sur les conseils d’Alcibiade, Sparte
installa une garnison près du Laurion, qui dut cesser son travail,
e t construisit rapidement une flotte, qui provoqua contre Athènes
la révolte de ses principaux alliés n. Avec de l’or obtenu des
Perses, les Spartiates purent débaucher une partie des rameurs
de la flotte athénienne, e t ils anéantirent celle-ci à l’embouchure
de 1’Aigos Poiamos en août 405.
Athènes d u t capituler en 404 : elle livrait tous ses navires sauf
douze, abandonnait son empire, promettait à Sparte de lui obéir
sur terre e t sur mer n.
((
((
II.
- LE GRAND ROI ARBITRE DE LA
GRECE
Au début du I V ~siècle, l’Empire perse avait perdu beaucoup de
sa force : des luttes fréquentes y opposaient les prétendants au
trône; les satrapes se rendaient de plus en plus indépendants. Une
armée de 10000 Grecs, embauchée par un prétendant, Cyrus le
Jeune, put, après la mort de celui-ci, faire, sans être trop inquiétée,
de Babylone en Grèce une retraite que Xénophon a racontée
. (401-399).
Mais les divisions entre Grecs permirent au Grand Roi de pratiquer une politique de bascule, qui lui valut des succès.
Victorieuse d’Athènes et maîtresse de son empire, Sparte voulut
reprendre la lutte contre les Perses : elle soutint contre eux les cités
grecques d’Asie Mineure, auxquelles ils réclamaient le tribut; Agésilas, excellent guerrier, bien que boiteux, remporta une série de
succès en Phrygie e t Lydie. Alors les Perses s’allièrent à Athènes
et Thebes, et leur fournirent de l’or; un amiral athénien, Conon, à la
tête d’une flotte perse, vainquit les Spartiates, Sparte dut rappeler
Agésilas.
LUTTE ENTRE LES C I T 8 S GRECQUES
147
Athènes avait profité de ces événements pour se libhrer, recondtituer sa flotte, regrouper autour d’elle plusieurs de ses anciens
alli&. Le Grand Roi finit par s’inquiéter : en 386, il signa avec Sparte
un traité, qui lui rendait la Grèce
d’Asie; à ce prix, il convoqua les ambassadeurs des cités grecques, et leur
ordonna de ne pas se coaliser contre
Sparte. C’était une revanche des
guerres médiques.
Par la suite, un général thébairi,
Gpaminondas, ébranla la domination
de Sparte en Grèce, en particulier par
sa victoire de Leuctres (371). Le Grand
Roi fournit à Thèbes de l’or, qui lui
permit de se construire une flotte, et
d’apparaftre à son tour comme la première cité de Grèce. A Mantinée (362),
elle vainquit Sparte et Athènes coalisées contre elle, mais Épaminondas
périt.
Phot. Giraudon.
Au milieu du I V ~siècle, la Grèce
L’HERMÈSD E PRAXITÉLE.
était épuisée. Sparte enrichie par ses
(Musée d’Olympie.)
victoires avait oublié l’idéal de simpliCette statue est peut-btre une
cité qui avait fait sa force, tandis que ouvre originale de Praxitèle, le
atlzéwèn du
principal
les pertes de la guerre, le manque IV0 siècle scdpteur
: Hermès, qui transd’enfants, y faisaient dangereusement porte Dionysos enfant, s’est arrêté,
et l’amuse en lui terzdant une
diminuer le nombre des citoyens. grappe
de raisin. C’est ainsi du
Athènes souffrait de l’affaiblissement moins que des copies nous ont perde reconstitut?r l’œuvre mutide ses classes moyennes : de grandes mis
lée. Noter l’attitude nonchalante
du
dieu,
le poids du corps pesant
fortunes s’y constituaient, tandis que
sur une hanche, et SOS visage rênombre de paysans ruinés par la guerre veur et souriant, - et comparer
des personnages
venaient former à Athènes une popula- avec l’expression
de Phidias.
tion désœuvrée, vivant de la charité
publique. L’Ecclèsia était de moins
en moins fréquentée, le patriotisme en plein déclin. Un écrivain
grec, Isocrate; suppliait en vain ses compatriotes de s’unir pour
reprendre la lutte contre les Perses. En fait, la Grèce était à la
merci d’un maître étranger-
148
GRBCE
pendgnt, des siècles, Grèce et Macédoine n’eurent que pev d e
rapporta, Lee G w ~ gméprisaient les habitants de cg pays aux vastes
plainea, a ~ hiver8
g
froids : cultivateurs et éleveurs soumis B de
grandw proprihtaires, dont la guerre, la chawe, les festins étaient
atiens, Mèpris dangereux, qui leur dissdimula les
qualitési de leur@ ennemis : l’endurance, la discipline,
GeJleg
memes qui leur faislaient de plus en plus défaut.
Rai depub 5&9,E a ! e II avait, ay murs d’un séjour en GrBce,
senti b faibleses ds 6 1 pays. Rude Gavalier comme ses campatpiotes,
mais ayant auhi~ila culture e t la finesse d’un Grec, il sut créer
deux grande# fornss : upe armée Rolide, dont l’élbmené egsentiel
était les phelangehi, composées de Beize rangs d’hoplites peeamment
armés; il@partaient u& lance longue de 6 m. 30, la aarisse, de
telle fiorte que les lances du siyième rang dépasBajeut encore le
premier. C‘htafb un formidable L( h é r k o n de fer D, qui s’enfoqçait
ÇQPIWJ
un coin dans les troupi% ennemies. D’autre part, UQS diplam a t h alimentde par les mines d’or du Parrgée lui permit, de rocruter
des partisans d a m toutes les cit& grecques.
Philippe commença par conquérir lea villes de Chalcidique, afin
d’avoir de bons ports sur la mer $gée : @insiOlynthe BR 348, Or eeg
villes étaient les alliées d’hthdnes: un Athénien 80 dreaiia POUF reclamer la lutte cqntre Philippe :. détait Démeathbe. Fila d’un induer
triel, ruiné par ses tuteursi, faible et malardif, il &nit 4 forçe de volonté
devenu un grapd orateur : il sarrigsait $on bégaiement, raconte
Plutarque, en parlant la bouoka pleine ds petita milloux, et faieaft
de longues courses en récitant des vers, aPn d’acquéfir une, Bonne
respiration.
Très patriote, il rappelait à sgs concitoyen%Iça gloire d’Athdnes
au v e siècle. II leur reprochait legr ipaçtion et leur faiblessi :
Ce qui est le plus irritant actuellement, e’est que votre volonté
s’est détournée de l’action. Vous n’êtes attentifs à vos affaires qujau
moment même où vous écouta !es déhatg, ou I Q P S ~ Uyous
’ Q ~annQno&
quelque chose de muveav; aprds cela, chacun de YQUS s’en va et,,. ne
s’en souvient même pas .... Quand il [Philippe] prend les armes et
marche, prêt B risquer tout ce qu’il a..., nous, ici, nous restons inactifs, satisfaits, les un8 d’avoir dit ce qui était juste, les autre8 de l‘avoir
entendu dire,,..
-
149
LUTTE ENTRE LES CfTkS GRECQUES
11 faut, ajoutait-il, avoir une armée et une flotte bien organisées,
et peut-être alors, Athéniens, de même que vous, aujourd’hui, vous
êtes préoceupés de savoir ce qu’il fait et où il se porte, peut-être
aura-t-il lui aussi à se demander anxieusement vers quel point vos
flottes ont mis le cap et où elles vont appmaître ( I V * Philippique).
Les avertiseements de DémosthQna, d’ailleurs combattu par
Eschine, furent vains. AthBaee n’envoya que de faibIes expéditions,
Phot. Anderaon.
DAIMOSTHÊME.
(MU& du Vatican.)
Phbt. ûrogi.
EBCBIR~L
(Musée de h p l e i .
e t tardives. A la faveuf d’und P guerfe rJ&crtSe8 , app& par DeIphes h
son secours, Philippe s’installa & $latcSpr. Au dernier moment, Ath&
nes e t Thèbes s’unirent contre liai;
leur &ié@ fut; tl;or&iëbeb
OMM& (838).Veinqueur, Philippe forga ler Grecs k B’unir dane la
Corinthe, et ~e fit fioiflmw ~
~
~de leurs
~ traupea
r
~
pour lutter contre les Perses. Mais il füt assassiné par un noble
macédonien (336).
i
~
Phot. A. Ogilvie.
UNE PLAINE
DE M A C É D O I N E .
Entre de hautesmontagnes, la large plaine de I'Émtia, avffiseschamfisbien irriguéset fertiles.
LE
LION DE C H ~ O N É E .
A l'endroit où les Thébains ensevelivent les morts d6 lcur I bataillon sacré a , iki dressèrmt
cc lion pour commémorer le courage malhewreux.Dans le tertre, on a retrouvé a54 squelettes.
LUTTE ENTRE LES CITÉS GRECQUES
151
Par la suite, en 330, Démosthène gIorifia, dans son Discours sur.
la Couronne, l’héroïsme des Athéniens. A la lutte d’Athènes pour
son indépendance, l’éloquence de cet orateur a donné une réelle
grandeur.
-
RESUME
-
-
1.
SPARTE CONTRE ATHÈNES.
En 431 éclata la guerre dite
du Péloponèse, opposant Sparte et Corinthe à Athènes. Athènes fut
décimée par la peste en 430. La paix signée en 421 ne dura pas longtemps : sur les conseils d’un ambitieux, Alcibiade, Athènes envoya
en Sicile une expédition qui finit tragiquement (413). L’écrasement de
sa flotte à Aigos Potamos la força enfin à capituler (404).
-
-
111.
LE GRAND ROI ARBITRE DE LA GRÈCE. Bien que l’Empire
perse fGt très afFaibli, le Grand Roi put intervenir en Grèce à la
faveur des divisions entre Hellènes : il soutint d’abord Athènes et
Thèbes contre Sparte, puis signa avec celie-ci une paix avantageuse en
386, enfb favorisa les succès de Thèbes. La Grèce était à la merci d’un
mdtre étranger.
-
-
III.
PHILIPPE ET DÉMOSTHÈNE, Roi de Macédoine, Philippe II
sut créer une solide armée, avec les phalanges, et utiliser une habile
dipiomatie pour conquérir peu à peu la Grèce affaiblie. Son principal adversaire fut Démosthène, énergique orateur qui poussa les
Athéniens à la résistance. Mais ils suivirent ses conseils trop tard, et
furent battus à Chéronée (338). Peu après, Philippe fut tué, à la veille
d’attaquer les Perses à la tête des Macédoniens et des Grecs (336).
QUESTIONS E T EXERCICES
1.
-
Rappelez les diverses causes
d’opposition entre Sparte et Athènes
(race, mœurs, événements, etc.).
-
2.
Ëtudiez en détail, dans le § 1
de ce chapitre, les causes de la
défaite d‘Athènes.
3.
-
Essayez d’analyser, d’aprks la
citation du 5 III, quelques qualités
de Démosthène comme orateur.
CHAPITRE XVII
ALEXANDRE
1.
- LA GUERRE DE REVANCHE
A la mort de Philippe, son fils Alexandre, jeune homme de
vingt ahs, monta dur le trône. Enfant, il s’&taitfait remarquer par
son ardeur et son amour de la gloire : il se désolait 4 la pensée
que les Victoires de son père ne lui laisseraient rien de grand à
accomplir; él&e d'Aristote, il se passionnait pour I'IEiade, et Voulait imiter Achille.
Dès son ayénement, il dut faire preuve d'énergie pour réprirwr
les ~ i t é grecquss
s
rdvdtéas; B titre d'exemple, il fit raesr Thbbee.
Puis, 4 la tete de la ligue de Corinthe, il reprit le projet de Philippe : la lutte contre les Perses, qu'il présentait comme une
revanehe des attaques psrses cmtre la Gréce.
Son armée et fia flatte, peu nsmbreuses, t$ébranlèrent au début
de 334; il n'avait que 40000 hommes, surtout des Macédoniens,
peu de Grecs; mais il asvait leur communiquer sa fougue, et combiner les mouvements de se8 phalanges e t de sa çavalerie. A peine
dkbarqué, il se heurta A une s r m & perse, qui l'attendait retrmchée derrière le fleuve du Granique : malgré le courant rapide du
fleuve et un talus escarpé A franchir, il mena contre elle une
GRLCE
154
terrible charge de cavaleric, au cours de laquelle il faillit périr, mais
qui la disloqua. Rapidement, la Grèce d’Asie fut libérée. En 333, il
se retrouva devant une autre armée perse, menée par le Grand Roi
Darius III : écrasé A Issos, celui-ci dut s’enfuir, laissant aux mains
d’Alexandre sa famille e t ses bagages.
Jusqu’ici, Alexandre avait paru mener une guerre de revanche ;
après le Granique, il prit soin d’envoyer 4 Athènes 300 panoplies
perses. Mais ses ambitions se révélèrent à Gordion, peu avant
Issos : un oracle promettait l’empire de l’Asie A qui saurait y
dénouer un nœud trhs compliqué; Alexandre le trancha d’un coup
d’épée. Issos lui permettait de se lancer A la conquête de l’Empire
perse.
II.
- LA CONQUÉTE DE L’EMPIRE PERSE
Alexandre jugea prudent de se rendre d’abord maître des rives
de la Méditerranée.
En Phénicie, Tyr lui résista sept mois; par contre, l’Égypte
l’accueillit bien, e t i’oracle d’Amon-Râ, à l’oasis de Siouah, déclara
qu’il était fils du dieu.
Il s’enfonça alors dans les déserts, qui terrifièrent ses troupes :
Une éclipse de lune se produisit. D’abord l’éclat de l’astre se ternit; puis il prit la teinte du sang...; les esprits, inquiets à l’approche
d’un si grand péril, furent saisis d’une émotion religieuse, qui d6généra en frayeur. C’était contre la volonté des dieux, disaient-ils,
qu’on les entraînait aux extrémités de la terre; déjà les cours d’eau
étaient inaccessibles, les astres ne conservaient plus [leur] éclat ...,
ils ne rencontraient que des terres dévastées, le désert partout
(Quinte-Curce, trad. Crépin.)
....
Alexandre dut rassurer ses troupes en leur disant que la lune
était une divinité des Perses, e t que son éclipse était donc un présage favorable.
Entre lui et Darius III, le choc décisif eut lieu 4 Gaugamèle :
l’armée perse était une immense cohue, encombrée de bagages et de
bêtes de somme. Alexandre mena la charge, cherchant à atteindre
le Grand Roi, qui dut s’enfuir (331). Grâce à cette victoire, il p u t
s’emparer des vieilles capitales, Babylone, Suse, Persépolis. Puis, A
la tête de quelques cavaliers, il poursuivit Darius vers l’Est; au
dernier moment, un traître tua le Grand Roi. Alexandre fit rendre à
,
I
155
ALEXANDRE
In victimc des Iionncurs funhbres. Une nouvelle campagne lui permit de punir le meurtrier et d’achever la conquête de l’Empire.
Devenu lui-même Grand Roi, Alexandre revêtit la tiare et la
tunique blanche, se fit adorer comme un dieu, s’entoura de serviteurs perses. Cette attitude A t éclater la colére de ses généraux,
déjà mécontents de la prolongation de la guerre. 11 dut en faire
exécuter plusieurs; la fin d’un banquet, où tous deux s’étaient
Phot. Andersoii.
BATAILLED E
GAUGAMÈLE.
MosaIque de Pompéi (MusBe de Naples).
Alexandre, à gauche, cherche à atteindre Darius, armé seulement d’un arc, debout sui
son char. Comparer l’attitude et l’armement des deux hommes et de leurs soldats.
enivrés, il tua même son compagnon Clitos, qui lui avait sauvé la
vie au Granique.
Cependant, Alexandre n’était pas encore satisfait; il voulait maintenant dominer le monde entier.
III. - LA CONQUÊTE DU MONDE
A l’Est de l’Empire perse s’ktendait l’Inde : envahie plusieurs
siécles auparavant par un peuple aryen, c’était un pays fabuleux
par ses richesses, mais divisé en nombreux royaumes, dont plusieurs
-
~ ~ O R A Z ~ - W O L FL’Antiquité
P.
(ci. de Ge),
6
156
GRÇCE
payaient tribut au Grand Roi. Alexandre y entra en 327:il y soutint
de rudes batailles, en particulier contre le roi Poros, dont l’armée
s’abritait derriére 200 kléphants. Par les pays du Gange, il voulait
atteindre le grand Océan qui, croyait-on alors, entddrait tous les
continents; mais les supplications de ses soldats le forchrent $ y
renoncer, et il fit demi-tour, aprhs avoir élevé une colonne qui port,ait ces mots : (( Ici s’est arrkté Alexandre n.
Par l’Indus, il gagna l’Océan, où le phénomène de la marée épouvanta ses hommes :
C’était vers la 3 e heure; l’Océan ... commenQa à revenir en enflant
ses vagues, et à faire reculer les eaux du fleuve,.., La multitude ignorait les mouvements de la mer, et croyait y voir des prodiges et des
signes de la colère divine. Mais l’Océan ne cessait de monter, et venait
inonder les plaines tout & l’heure Çr. seci Déjh les navire8 avaient été
soulevés par les flots, e t la flatte dbpersBe tout entibre; cetut[ qui
avaient débarqué accoururefit de toutes parts tremblante et adolée
par ce malheur imprévu,,.. Mais adildain, une frayeur ndirvetie, plus
grande que ILI précédente, 8’tfMpara des esprits. La mer commença A
se retirer; les eaux puissamment entrainees rentraient dans leur lit,
laissant Q découvert les terre8 que, peu d’instants avant, elles avaient
recouvertes t~une telle hauteur,,,, Les hommes n’osaient ni sauter
terre, ni rester t~ bord, (QuintehCurce,)
...
Une partie de l’armée revint par mer: un Gretois, Néarque;, cornmandait la flotte. La rencontre de baleines, souMant de l’eau, provoqua une nouvelle émotion; Néarque sut l’apaiser en faisant pousser des clameurs, qui mirent les bêtes en fuite.
Mais l’armée de terre, traversant les horribles, déserts de la
Gédrosie, connut des souffrances pires, où succombèrent des milliers d’hommes; Alexandre donnait l’exemple, marchant ii pied,
refusant pour lui l’eau qui manquait ii ses soldats. Il opéra enfin
sa jonction avec Néarque, et regagna Babylone. Il y projetait peutêtre de soumettre le monde occidental, lorsqu’une crise de malaria
l’enleva, à trente-trois ans (323).
IV. - L’CEWRE D’ALEXANDRE
Alexandre ne fut pas seulement u d étonnant conqukrarit, mais
aussi un excellent organisateur, Pour çbn$éwer la rnattfise des
ALEXANDRE
,
157
pays dont il s’était emparé, il installa, aux points les plus impore
tants, des gouverneurs sûrs e t des
garnisons macédoniennes. Sur son
chemin, il fonda de nombreuses
villes portant son nom, des Alexandries d’figypte, de Sogdiane, du Caucase, etc. Il voulut aussi effacer
la vieille distinction entre Grecs e t
Barbares, favoriser dans son empire
le rapprochement entre vainqueurs
Phot. Giraudon
et vaincus : en 324,au cours d’une
~ ~ w A I D’ALEXAXDRE.
E
grande fête donnée à Suse, il épousa
MBdaillesl
la fille aînée de Darius III, tandis
Phis qva l a bustes, s~wvatttdisque 80 de ses g é n h u x et 10000 de cutables, tes monnazes nous fournisdes @rtf@éts aut]oe?tWeS. de
ses soldats se mariaient avec des se*f
grands personnages :z ’ o m un vzsage
Peraes. 11 s’efforça enfin de fonder puimant, sans dozlte a s s a e$act,
d’Alexandre.
son pouvoir sur les religions : en
Égypte, il se fit proclamer fils
d’Amon-Râ; en Perse, il ~e fit adorer A la manière du Grand Roi; en
Grèce même, il prétendit descendre de Zeus et réclama des honneurs
divins (324). Ainsi voulait-il unifier e t dominer son empire.
Mais il se heurta à de vives résistances : les Grecs ne voulaient pas
que les Barbares fussent considérés comme leurs égaux; ils refusaient d’adorer un homme. Surtout, Alexandre n’eut pas le temps
d’tfahever Bon œuvre. AprLs sa mort, son empire se disloqua.
Cependant, son influenos fut considérable, Ses conquêtes constituent un grand progrès dans l’exploration du monde. Beaucoup de
pays encore inconnus furent alors découverts, e t étudiés par les
savants dont il s’entourait, géographes, botanistes, etc. Ihinsi, dans
l’Inde, ils observèrent le phénomène des moussons, qui leur permit d’expliquer les iriondations du Nil par les pluies tropicales.
Alexandre fut également un (( champion a de la civilisation grecque, qu’il contribua à répandre dans l’Empire perse. Il fit élever
à la grecque 30000 jeunes Perses de familles nobles, destinés A
former le corps d’élite des apigones. Des artistes et des écrivains
grecs l’accompagnaient, et s’établirent dans les grandes villes de
l’Empire. Ainsi naquit un monde nouveau, le monde (( hellénistique n.
158
GHÈCE
RÉSUMB
-
-
1,
LA GUERRE DE REVANCHE.
h
é très jeUne d’un vif
amour de la gloire, Alexandre succéda à son père & vingt ans;
après avoir réprimé une révolte de la Grèce, il mena, à la tête de
40000 hommes, une campagne qu’il présentait comme une guerre de
revanche grecque contre les Perses. Ii remporta les victoires du
Granique (334) et d’Issos (333).
-
II.
LA CONQUÉTE DE L’EMPIREPERSE. - Après avoir conquis
la Phénicie, et occupé l’Égypte sans résistance, Alexandre battit
Darius III à Gaugamèle (331), et lui succéda après sa mort. Ses
allures nouvelles provoquèrent le mécontentement de ses généraux.
III.
LA CONQUÊTE DU MONDE.
En 327, Alexandre pénétra
dans l’Inde; ses soldats le forcèrent à faire demi-tour. Une partie
de l’armée revint par les déserts de Gédrosie; l’autre, par mer sous
le commandement de Néarque. Alexandre songeait peut-être à
conquérir l’occident lorsqu’il mourut O Babylone en 323.
IV. L’EWRE D’ALEXANDRE. - Par la création de villes portant son nom, par le rapprochement qu’il tenta entre Grecs et Perses,
par le caractère religieux qu’il donna à son pouvoir, Alexandre
s’efforça de créer un empire unifié et soumis; mais celui-ci se disloqua après sa mort. Du moins, il a beaucoup étendu le monde connu,
et répandu la civilisation grecque dans tout l’orient.
-
-
-
Q U E S T I O N S E T EXERCICES
1.
-
D’après les traits épars dans la
leçon, et les images qui en composent l’illustration, faites un portrait
physique, moral et i n t e l l e c t u e l
d’Alexandre.
2.
- Montrez quelles difficultés de
toute nature Alexandre eut à
vaincre au cours de sa conquête.
ACROPOLE
D E PERGAME
(RECONSTITUTION
DE
PONTREMOIJ)
.
L’Acropole comprenait une série de terrasses étaEées : en bas, l’agora et un peiit temple de Dionysos; plus haut, à gauche, le théûtre,
à droite, l’autel de Zeus et d’Athéna; au sommet, la Biblzothèque, le Musée, le Palais IZoyal. - Comparer à l’Acropole d’Athènes, p. 138
, ,
CHAPITRE XVIII
L’ORIENT APRÈS ALEXANDRE
1.
- LA DISLOCATIOEI DE L’EXPIRE
Lorsque Alexandre mourut, sans laisser de fils, ses généraux se
disputèrent sa succession. Après une quarantaine d’années de luttes,
au cours desquelles aucun d’entre eux ni de leurs descendants ne
put l’emporter, l’Empire resta définitivement disloqué : Macédoine et Grèce appartinrent aux Antigonides (descendants d’Antigone) ; les Lagides (descendants de Lagos) régnèrent en Égypte sous
le nom de Ptolémée; l’Asie fut la part desi Séleucides (descendants de
Séleucos), trop vaste encore pour eux. Malgré des expéditions inces-
santes, il$ ne putent empêcher des provindes orientales, ni des
royaumes d’Asie Minétire, eQ phrticulier celdi dè Pergame, de s’en
détacher. Par la sdite, les lütted coritiriùi?itent èritre le$ trois dynasties; l’histoire de l’Orient au% fie ë€ I I siélcles
~
av. J.-C. est uhe
longue succession de gderres.
La Gréce e l l e - m h e rie connut guère la paix. ik la mort
d’Alexandre, Athèhes d o m a le signal de la révolte, rappela Démosthène ekilé qlielques ailnées auparavant, mobilisa une hotte et une
armée ; plüsletifé cites grecques répondirent c1 Sun appel, mais Sparte
ne boligea pas. En moihs d’un an, le solilbvement filt réprimé :
Athènes dut recevoir une garnison rtlecédonienhe, et livrer D&miosthéne, qui s’ëmpoisonnst pour ne pas tomber aux mains de $es ennemis. De nauvelles gtierres entre cités affaiblireht eficofe 1â Qt.é&.
La paix fie fdt établie en Orient que par la conquête rorriaine :
apres Woif rêalisé l’unit6 de l’Italie e t vaincu Carthage, RoMe s’empara de la Grèce (146), du royaume séleucide (ûaj, dë l’Égypte (30).
Entre temps, elle avait hérite du royaume de Pergame (129).
162
GRÈCE
II.
- TABLEAU DE
L’ORIEW AU IIIe SIÈCLE
Malgré ces guerres, l’orient eut une vie e t une civilisation communes. Le commerce s’y développa énormément. Les produits des
pays ouverts par la conquête d’Alexandre, Inde et Arabie, y amuérent ; certains étaient encore peu connus : ainsi le poivre et le sucre,
qui servirent d’abord de médicaments, les épices, les perles précieuses.
Ce trafic empruntait deux routes principales : l’une, par le golfe
Persique e t le Tigre, aboutissait à Antioche e t gphèse; l’autre,
par la mer Rouge, débouchait Q Alexandrie. Entre les diverses
parties de l’orient, les échanges augmentèrent aussi. Pour répondre
aux besoins accrus du trafic, on construisit des navires-géants,
dont certains atteignaient les dimensions de nos actuels contretorpilleurs.
Mais ce progrès du commerce ne profita pas, également Q toutes
les régions.
La Grèce d’Asie connut une grande prospérité. Éphèse, Milef,
grand centre mondial de la laine, furent encore éclipsées par Rhodes,
dont la flotte défendait la liberté de la navigation contre les nombreux pirates; action si bienfaisante que le monde hellénique se
cotisa, lorsqu’un tremblement de terre la ddtruisit (225); la ville
était dominée par la statue colossale du dieu-soleil. - Délos, dans
les Cyclades, fut un important marché d’esclaves.
Pergame, en Asie Mineure, se composait d’une série de terrasses
étagées sur une colline, décorées par une profusion de monuments
et de statues (voir pp. 159 e t 163). On y avait grand souci de I’hygiène : des lois fixaient B 10 métres au moins la largeur des rues
principales; l’eau était distribuée dans toute la ville par un ingénieux système de pompes è t de tuyaux. Une population variée de
Grecs. Phrygiens, Lydiens, Phéniciens, etc., y grouillait.
Les Séleucides créèrent également de nombreuses villes dans leurs
États. Ils y faisaient venir des Grecs et des indigènes, auxquels ils
concédaient des faveurs particulières ; ils répandaient ainsi la civilisation grecque. Les principales de ces villes furent Antioche,
Séleucie e t Doura-Europos.
En Égypte, les Lagides reprirent les méthodes des pharaons :
‘
L’AUTEL
DE ZEUS ET D’ATHÉNA,
A PERGAME.
Au Musé8 de Pergame, à Berlin, a été reconstituée la façade d u grand autel de Zezcs et
d’dthéw, auquel on accédait par une série de marches; tout autour court la frzse de la
a Gigantomachie
(voir le fragment ci-dessous).
))
Phot. Giraudon.
FRAGXENT
DE
LA
GIGANTOMACHIE.
(Musée de Berlin.)
La Gtgantomachie, ou colrzbat des Géants, reprisente la lwtte des Titans contre les dieux
molitrc la déesse Athéna saisissant par les cheveux un jeuw Titan
qui se d/bat en vain et lève un rrgard angoissé. En bas, à droite, la Terre, mère des Titans,
semble supplier la déesse, à laquelle une Victoire apporte une couronne. 5 u v r e remarquable
par la façon dont sont rendtls les corps et les plissés des vétements,ainsi que par le mouvement fougueux de la scène.
(vozr fi. 90). Ce groufie
164
WÈCE
toute la population
ptienqe travailla pour eux; ils se faisaient
livrer la plus grand
rtie des récoltes, et devinrent les premiers
marchands de blé du mande; an ne pouvait se déplacer ni faire de
commerce sans leur autorisation. Les champs, les maisons, les
animaux de chacun étaient inscrits sur des registres. Les pêcheurs
étaient suivis par des agents qui notaient leur prise. Ce contrôle
étroit de tout le travail exigeait une armée de fonctionnaires; mais
le roi se défiait d’eux, st les faisait syrveiller eulç-mêmes palr des
contrôleurs. La populatipn éitait malheureuse, Parfois, des grévistes
se réfugiaient dans les templee, ah les protégeait le droit d’asile; ils
n’en sortaient qu’après ayoir obtenu
ues concessions.
ait celle des Grecs, peu
A cette rude vie des Qgyptiens s’o
nombreux d’ailleurs, établis 4 Nayc
PtolémaIs, e t surtout
Altvandrie : c’était une ville rrlerveilleuse, avec ses deu
avenues perpendiculaires, larges de 30 rnbtres, son plan
trique, les vastes jardins oh les palais du roi se trauvaie
minés. Un môle long de sept stades (près de 1250 rn.) reliait au
continent l’île de Pharos, et partageait le port en deux grancles
rades; sur l’fle se dressait la tour de 120 métres, &uwe de Sostrate
de Cnide, au sommet de laquelle brûlait un feu réfléchi par des
miroirs convexes. C’est le premier exemple de phare, et il permettajt
au mouvement du part de continuer durant la nuit. Ale%andpie
passédait aussi le Musée, immense édifiae oh Vivchnt des savants
et des écrivains, avec sa bibliothéque de 4BQ0€@ Valumes, son
Jardin zoologique et botanique, son akaervakoire ; des milliers
d’étudiants y suivaient des cours.
Auprbs de ces hrillants foyers de eiuilieation, la
faisait modeste figure. Son commerce reposait Fiur
navires de Corinthe, d’Bthénes, etc., trampartai
les marchandises de l’orient, et réoiproquemapt. Mais, n’ayant
guère de produits à exporter, elle pe pauvàit acheter beaucoup de
vivres; le problème du ravitaillement &ait, grave; il y eut des
famines, et la Grèce connut les cartes da rationnement. Beaucoup
de Grecs émigraient; on avait peu d‘enfants, on abandosnait même
les nouveau-nés, surtout les filles : la population ne cessait de diminuer. Athènes restait honorée : on y venait étudier la philosophie et
l’éloquence; des rois de Pergame y dressaient des statues et des
portiques.
Mais la Grèce n’étqit plus le ceptre du mopde.
165
L’ORIENT APRÈS ALEXANDRE
III.
- LA
CIVILISATION a HEUÉNISTIQUE
)>
La conquête d’Alexandre étendit prodigieusement le domaine de
la civilisation grecque : le vaste Empire perse s’ouvrait aux écrivains, aux artistes, aux savants grecs; ils pénétrèrent peu dans les
LA VICTOIRE
D E SAMOTHRACE.
(Musée du Louvre.)
’
Sans doute œuvre d’un sculfiteur rhoàeen, destiwée à commémorer une uzctoire maritime.
La Victoire &ad représentée debout sur l’avant d’une trière, sonnant d e la trompe. La
dvaap’erae donne l’impression d’un grand vent du large: l’hamation est yeté m paquet contre
la jambe droite; à l’arrière pottent des pans du vêtepnent; la tunaque, mouillée par les cm. bruns, est plaquée contre le corps. Chef-d’auvre, d’un admirable mouvement.
campagnes, mais ils dominèrent dans les villes. Jusque dans l’Inde,
l’influence grecque se fit sentir : des Grecs y sculptèrent les premières
images du dieu Bouddha, qu’ils représentèrent semblable & Apollon.
Mais, en se répandant ainsi,
la civilisation grecque, qui avait
déj4 évolué au I V ~siècle, acteva
de se transformer; en particulier, elle subit quelques influences orientales. C’est ce qp’on
exprime en lui donnant le bom
d’hellénistique, c’est-à-dire di.rivée de l’hellénique. On peut
noter au I I I ~siècle :
10 Un progrès des sciences :
Alexandrie en fut le cqntre
principal, Des savants y rdunirent les œuvres des écrivains
passés, comme Homère 1 ils
cherchèrent & en reconstktuer
le texte original et 4 l’expliquer. D’autres décrivirent plantes et animaux. Un médecin,
Hérophilos, étudia les nerfs, et
reconnut que les artères coptePhot. Alinari.
PUGILISTE
A U REPOS,
naient du sang, non de l’air. Des
(Musée National de Rome.)
géographes affirmèrent que la
Les poignets recouverts d u ceste, le front
Terre était une sphère; ÉIratoset l’oreille tuméfiés, la lèvre supérzeure et le
thène s’efforça d’en calculer la
nez aplatis Bar les coups de poing, l’athlète
professionnel regarde d’un air hazitazn le
circonférence et d’en dresser des
public, dont il semble réclamer les applaudissements. Born exemple de u réalisme n : cartes. Avant de faire ses cél’œuvre a sans doute été conçue pour le
lèbres découvertes sur les poids
public d’Alexandrie, qui héritait des traditions d’exactitude des artistes égvptiens.
des liquides et des solides, Archimède de Syracuse fut éiéve
au Musée. Avec les sciences, l’instruction générale progressait.
Cependant, le manque d’instruments empêchait les savants de
pousser leurs recherches.
20 Un recul de la religion : Les vieilles religions des cités grecques
cessaient de satisfaire les masses. - Les philosophes d’Ath4nes
tenaient peu compte des dieux : accueillant et souriant, epiyure
1
~-
~~
L’ORIENT APRÈS ALEXANDRE
167
enseignait dans son Jardin que les dieux ne s’occupent pas des
hommes, et que la sagesse consiste A (( vivre doucement )), sans
désirs exagérés; au Portique, les stoïciens conseillaient de mépriser
la douleur, de mener une vie austère et de s’abandonner A la
volonté qui mène le monde. - Il existait un désir vague encore
d’un dieu unique : le dieu Sérapis, combinaison d’Osiris, Zeus et
Hadès, dont le premier des Ptolémées créa le culte, eut un grand
succès.
Cette atmosphère favorisa plus tard le développement du christianisme.
30 Une transformation des arts : L’architecture fut trés importante, en raison des nombreuses villes qui étaient fondées. De grandes
écoles de sculpture prospérèrent 4 Pergame, oh le grand autel de
Zeus et d’Athéna fut orné d’une admirable frise (p. 163), et A
Rhodes : un artiste rhodien fut sans doute l’auteur de la Victoire
de Samothrace (p. 165). Les sculpteurs ne cherchaient plus tant A
plaire aux dieux qu’aux hommes, auxqueIs ils vendaient leurs
œuvres; plus tant h exprimer la sérénité et la majesté, que ((la
douleur qui crispe et déforme les traits, la mélancolie qui les enveloppe d’un voile léger, la gaieté qui éclate dans le rire d’une bouche
largement ouverte )) (P. Roussel). Loin d’idéaliser leurs personnages, de les faire plus beaux que nature, ils copiaient scrupuleusement la réalité, même laide : c’est ce qu’on appelle le réalisme
(fig. p. 166). Comparée A la civilisation du siècle de Périclès, la
civilisation hellénistique a une allure plus (( moderne D, avec ses
grandes villes régulières, ses puissants navires, les progrès de ses
sciences. Mais elle n’a plus le même enthousiasme patriotique; le
luxe des riches s’oppose brutalement A la misère des masses; et les
esprits, que ne satisfont plus les vieilles religions, cherchent un
idéal nouveau.
RESUM.E
-
-
1.
LA DISLOCATION DE L’EMPIRE. Après la mort d’Alexandre,
ses généraux entrèrent en lutte : l’Empire finit par être partagé entre les
dynasties des htigonides (Macédoine et Grèce), des Séleucides (Asie),
des Lagides (Égypte), qui continuèrent il se faire la guerre. La Grèce
d’Europe, dont une révolte fut réprimée peu après la mort d’Alexandre,
ne cessa de décliner.
GRECE
168
II.
--
TABLEAU DE L’ORIENT AU
me SfeCLE.
- Le commerce
Se
développe entre les diverses r6gionns de l’Orient, ainsi qu’avec l’Inde e t
l’Arabie. 11 enrichit les villes grecques d’Asie Mineure (flphèse, Milet,
Rhodes, etc.) et Pergame. Les Séleucides créent aussi de grandes villes,
foyers de civilisation grecque : Antioche, Séleucie, etc. En ggypte, à la
rude vie des indigènes, travaillant tous pour le roi, s’oppose le luxe
d’Alexandrie, avec ses larges rues, ses palais, son port et son phare, son
Musée. La Grèce d’Europe reste honorée; mais eiie s’appauvrit et se
dépeuple.
III.
LA CNILISATION a HELLÉNISTLQUE B.
En s’bndsat, la
civilisation grecque se transforma. Les sciences progressèrent, en
particulier à Alexandrie; la religion recula dévant la philosophie (Épicure, les stoïciens) et des cuites nouveaux; l’art devint plus réaliste.
D’allure plus G moderne », cette civilisation << hellénistique D n’avait
plus le même enthousiasme que celle du siècle de Périclès.
-
-
QUESTIONS ET EXERCICES
1.
-
Qu’appelle-bon commerce de
transit ? Pourquoi, dans des circonstances normales, est-il indispensable d’exporter des produits,
pour pouvoir en importer?
2.
-
Par des comparaisons entre lecc
œuvres reproduites dans ce manuel
montrez les différences entre l’art
athétiien du vb sibcle et l’art hell6.
nistique.
EXERCICES DE RÉCAPITULATION
-
Portez sur une feuille les dates
d’histoire grecque données dans ce
manuel, en les groupant par s1é;cles.
Indiquez en face de chaque date le
fait auquel elle se rapporte.
2.
Notre langue comprend de
nombreux mots dérivés du grec,
Notez ceux q u i ont été cités dans le
cours. Indiquez des noms propres
ou communs français Venus des
mots grecs suivants : agdihbs bon),
amphi (autour de), anthrdpoe [hom1.
-
me), g& (tsrre), grdphô (j’écris),
fhéos (dieu), hippos (cheval), logos
(diseours), mégas (gpand), mldros
(petit), melas (noir), orthoh (juste),
para (contre), polis (ville), philos
(ami de).
3., - Indiquez, dans les arts ou les
lettres, des œuvres françaises insgrecs.
pirées par des sujets
.
4,
Rappelez q u e l q u e s
soientinques importants réaiE@P$
des Grecs.
-
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