Risques théoriques
de la laparoscopie
Ils sont en rapport avec les effets du
pneumopéritoine. Schématiquement,
celui-ci intervient selon deux méca-
nismes (2) : des perturbations hémody-
namiques, avec réduction du flux san-
guin utéro-placentaire, et un déséquilibre
acidobasique pouvant aboutir à une aci-
dose fœtale, avec une tachycardie et une
HTA. La transposition des études expé-
rimentales à la pratique n’est pas aisée,
car les conditions sont différentes.
Quelques précautions s’imposent chez
la femme enceinte sur le plan anesthé-
sique (correction de l’acidose respiratoire
en fonction du monitorage de la capnie,
surveillance de l’activité cardiaque fœ-
tale, et compression intermittente des
membres inférieurs pour favoriser le
retour veineux) (2).
Indications de la laparoscopie
Il est recommandé d’intervenir durant
le deuxième trimestre de la grossesse
(fin de l’organogenèse fœtale). L’indi-
cation opératoire est souvent posée en
urgence (1). La voie laparoscopique est
préférée à la laparotomie (1, 11, 12).
Du fait de la taille utérine, la voie “open-
coelio” est recommandée (4, 6, 10). La
cholécystectomie ainsi que l’appendicec-
tomie par voie laparoscopique semblent
être les interventions les plus réalisées en
chirurgie viscérale (1, 2, 4, 5, 8-11).
La cholécystectomie : la laparoscopie
est le traitement de choix de la lithiase
biliaire symptomatique pendant la gros-
sesse (4-6). La recherche d’un calcul de
la voie biliaire principale doit se faire
par écholaparoscopie (4) pour éviter la
cholangiographie et donc l’irradiation
fœtale.
L’appendicectomie : la cœlioscopie a
montré son intérêt dans le diagnostic dif-
férentiel des douleurs de la fosse iliaque
droite de la femme enceinte (7, 8, 9) ;
si nécessaire, on procède à une appendi-
cectomie.
La chirurgie des annexes : elle a lieu
en urgence, en cas de torsion, ou si le
kyste à une taille supérieure à 5 cm (1).
Résultats
Dans la majorité des séries, l’innocuité
de la laparoscopie à été démontrée chez
la femme enceinte (1). Le faible nombre
de patientes et le caractère souvent
rétrospectif des études et des enquêtes,
ainsi que l’absence d’études contrôlées
ou prospectives, font que la laparosco-
pie chez la femme enceinte ne peut être
considérée comme une chirurgie “fac-
tuelle”. La morbidité et la mortalité ne
sont pas augmentées après cholécys-
tectomie ou appendicectomie par lapa-
roscopie (4-9). Les données de l’étude
du registre suédois confirment ces cons-
tatations (3). La laparoscopie induit une
hospitalisation plus courte, un iléus
moins long, et une douleur postopéra-
toire moindre (3, 11).
Conclusion
La laparoscopie est devenue le traitement
de choix pendant la grossesse, mais il est
nécessaire de réaliser des études contrô-
lées, prospectives et multicentriques
pour pouvoir prouver son indication
dans le cadre de la médecine factuelle
(intérêt d’un registre national). ■
Références
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2. Reynolds JD, Booth JV, de la Fuente S
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tetric-related surgery during pregnancy.
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5. Glasgow RE, Visser BC, Harris HW et
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1998;12:241-6.
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tectomy in pregnancy: a review of publi-
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tions. Semin Laparosc Surg 1998;5:129-34.
Chirurgie
laparoscopique
E. Nini, K. Slim*
* Service de chirurgie digestive, Hôtel-Dieu,
Clermont-Ferrand.
D
epuis la fin des années 1990, la grossesse n’est plus considérée
comme une contre-indication à la chirurgie laparoscopique.
Plusieurs études ont évoqué la faisabilité de la chirurgie diges-
tive par laparoscopie dans ce contexte (1). Cette faisabilité est évaluée
en termes de risque maternel (avortement, accouchement prématuré)
et fœtal (malformations, maladies néonatales). Nous évoquerons ici les
risques théoriques de la laparoscopie, ses indications et ses résultats.
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Tube digestif
Supplément à La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 3 - vol. VIII - mai-juin 2005
et grossesse