avril 2015
N° 61
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ctualités
Actualités analyse
grandissantes des organismes à accueillir des stagiaires, le
stage n’est pas le modèle unique de professionnalisation.
Il cite, par exemple, la possibilité que les étudiants réalisent
plutôt des diagnostics de territoire ou des enquêtes.
Le vrai frein à la mobilité professionnelle est le manque de
passerelles entre le public et le privé pense, pour sa part,
l’Association nationale des assistants de service social
(Anas), qui estime que les propositions du rapport ne régle-
ront rien. « Le texte dit que les parcours optionnels seront
un moyen d’employabilité, remarque, dubitative, Annie
Pasquereau, de la commission formation de l’Anas. Si
l’option sert à trouver du travail, à quoi sert la refonte ?
Finalement, auprès de qui s’agit-il d’être plus lisible et dans
quel but? Il faut des métiers différents adaptés à différents
publics. En quoi cette volonté de simplification répondrait-
elle mieux aux besoins des publics?»
Risques d’uniformisation
La CFDT Santé-sociaux s’est récemment positionnée en
faveur d’une notion de tronc commun, mais « contre la dis-
parition des 14 diplômes d’État du travail social ». Avenir
éducs et l’Anas notent eux aussi que beaucoup de centres
de formation ont déjà mis en place des enseignements
communs aux différents cursus. « Mais ce socle ne devrait
pas aller au-delà des 30 % que réclame la circulaire sur la
mise en crédits européens, pense Annie Pasquereau. Sinon,
l’uniformisation des diplômes provoquera de la confusion
et une interchangeabilité des travailleurs sociaux, alors même
que nous tenons à travailler dans la complémentarité. »
De nombreux professionnels et étudiants, qui s’expriment
via des manifestations régulières d’opposition au projet, crai-
gnent que les spécificités propres à chaque profession se
voient confondues sous un titre creux de «travailleur social ».
Or pour eux, la pluralité des approches et des méthodes de
travail des différentes professions, ainsi que les équipes
multidisciplinaires, sont une réelle plus-value du secteur.
Ils redoutent l’avènement d’un travail social distributif de
dispositifs, laissant de côté l’accompagnement et l’aide à la
personne. « On ne réagit pas par corporatisme, déclare
Sylvère Cala, d’Avenir éducs, mais on défend une vision du
travail social dans le cadre d’une société solidaire. Si on
appauvrit les métiers, on sera moins efficaces auprès des
bénéficiaires. » L’Anas s’inquiète aussi du bouleversement
que provoqueraient ces réformes, qui nécessiteraient de
revoir complètement le code de l’action sociale et de la famille.
« Qu’adviendrait-il du statut de profession réglementée de
l’ASS et du secret professionnel, régulièrement perçu comme
un principe encombrant pour les politiques publiques?»
demande Annie Pasquereau. D’autres questions se posent,
comme celles des conséquences pour l’organisation de la for-
mation des travailleurs sociaux. Verra-t-on demain les centres
de formation se rapprocher en grands ensembles? Que
deviendront les centres de formation d’EJE, par exemple?
Des formations sur deux ans ?
L’Unaforis souligne que certaines compétences spécifiques
aux différents métiers « ne pourront pas seulement être
abordées sous forme d’options ». « Il est difficile de conce-
voir qu’un EJE n’entende parler de petite enfance que
pendant 15 % de sa formation, reconnaît Claude Noël.
Il va falloir tracer des parcours de formation qui amènent
les professionnels vers des compétences approfondies. »
Reste à savoir selon quels critères seront définis les différents
champs d’intervention qui constitueraient ces parcours
spécifiques, puisque le rapport ne souhaite les réfléchir ni
par secteur, ni par public. « Le débat s’éclaircira quand on
entrera dans le cœur de la définition du socle commun et
du reste », présume-t-il.
Pour le moment, un certain flou alimente les craintes des
professionnels, y compris celles de voir prévaloir des
logiques de rationalisation financière, d’économies sur la
formation ou de marchandisation, via la création d’un
professionnel transférable d’un poste à l’autre. Dans le
texte initial de la CPC, les employeurs avaient réussi à
introduire la possibilité d’avoir un cursus de deux ans
– éventuellement complété par une troisième année.
« Est-ce l’installation durable de personnels moins qualifiés
au contact des publics?, s’interroge le représentant de l’Anas.
Des techniciens appliquant des dispositifs de politique sociale
tandis que les plus diplômés joueraient un rôle de coordi-
nation, loin du terrain… » Finalement, le schéma a été retiré
du rapport final, mais le débat reste ouvert. n
Iris Briand
On va « concerter »…
Histoire de détendre l’atmosphère, le ministère des affaires
sociales a chargé la députée Brigitte Bourguignon (PS,
Pas-de-Calais) de conduire une concertation sur la ré-archi-
tecture des diplômes, pour établir un plan d’action au plus
tard fin octobre. « La concertation sera menée selon trois
axes, précise la parlementaire. Récapituler, d’abord, les
besoins et les contenus du travail social, du point de vue
des travailleurs sociaux, des usagers et des employeurs.
Nous allons porter une attention particulière aux éducateurs
de jeunes enfants, qui présentent des spécificités qu’on ne
peut ignorer. Réfléchir, ensuite, à l’architecture des diplômes.
Il y a sûrement un curseur à trouver entre 5 et 14 diplômes,
en s’inspirant de pays comme la Belgique. Nous nous pen-
cherons sur la fonction des experts, en rendant plus attractif
le niveau I. Enfin, nous ferons des préconisations sur la
refonte du travail social, en nous intéressant à l’apprentis-
sage du travail collectif, via par exemple les cellules ou les
missions de groupe. » Brigitte Bourguignon compte appuyer
la réflexion sur la base du rapport et « rencontrer très lar-
gement, y compris ceux qui se sont sentis insuffisamment
associés »: les syndicats, la CPC, les professionnels et les
jeunes en formation.