Tolérance et réponses clinique et biologique au cours des 6

Progrès en Urologie (1997), 7, 984-995
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Tolérance et réponses clinique et biologique au cours des 6 premiers
mois de traitement par la leuproréline ou la triptoréline, agonistes de
la LHRH à libération prolongée sur 1 mois chez des patients
présentant un cancer de la prostate métastasé
Claude Clément ABBOU (1), Christel LUCAS (2), Véronique LEBLANC (2)
(1) Service d’Urologie, Hôpital Henri Mondor, Créteil, France, (2) Laboratoires Takeda, Puteaux, France
RESUME
Buts : Efficacité et tolérance comparées de 2 ago-
nistes de la LHRH dans l’adénocarcinome prosta-
tique métastasé.
Matériel et Méthodes : 68 patients ont reçu des injec-
tions mensuelles pendant 6 mois (randomisation) :
soit sous-cutanées de leuproréline 3,75 mg LP
(n=36), soit intramusculaires de triptoréline 3,75
mg LP (n=32) (Prévention flare-up : nilutamide).
Paramètres réévalués à 1,3 et 6 mois : dosages cen-
tralisés de testostéronémie (T), LH et PSA sériques;
symptomatologie.
Critère principal : proportions de patients dont
T 0,5 ng/ml.
R é s u l t a t s : Les pourcentages de patients ayant
T 0,50 ng/ml ne diffèrent pas significativement et
sont respectivement sous leuproréline et triptoréli-
ne aux 3 temps étudiés de 100 et 90%, 97 et 100%,
100 et 96%.La différence est significative à 1 mois
dans l’analyse complémentaire au seuil choisi T <
0,30 ng/ml : 86% sous leuproréline contre 60% sous
triptoréline (p=0,02) et pour la testostéro n é m i e
moyenne : respectivement 0,16 ± 0,10 ng/ml contre
0,33 ± 0,44 ng/ml (p=0,02).L’efficacité clinique sub-
jective ne diffère pas statistiquement.
Conclusion : Les 2 traitements sont efficaces, la tes-
tostéronémie chutant toutefois plus précocement
sous leuproréline. Aucune conclusion sur d’éven-
tuels bénéfices cliniques ou sur la survie ne peut être
formulée. La tolérance globale est satisfaisante.
Mots clés : Leuproréline, triptoréline, agoniste de la LHRH,
adénocarcinomes prostatiques.
Progrès en Urologie (1997), 7, 984-995.
Cancer le plus fréquent chez l'homme âgé de plus de 65
ans et deuxième cancer chez l'homme en France, l'adé-
nocarcinome prostatique est diagnostiqué dans plus de
25% des cas à un stade métastatique.
A cette phase déjà évoluée, le traitement s'oriente en
première ligne vers une suppression androgénique, la
croissance de ces cellules tumorales étant le plus géné-
ralement hormonodépendante. Parmi les modalités de
prise en charge, les analogues de la LHRH (luteinizing
hormone-releasing hormone), dotés d'une puissante
activité antigonadotrope, constituent une alternative
thérapeutique, non agressive et efficace, largement uti-
lisée dans cette indication [7, 12, 16, 18].
Les dérivés substitués de la LHRH naturelle, dont l'ac-
tivité biologique est 50 à 200 fois celle du peptide natu-
rel, réalisent, après une phase de stimulation initiale,
une désensibilisation des récepteurs hypophysaires à la
LHRH. Cette dernière induit une baisse notable des
sécrétions hypophysaires de FSH (folliculo stimulating
hormone) et surtout de LH (luteinizing hormone),
essentiellement à l'origine de l'effet suppressif sur la
sécrétion de testostérone gonadique [2].
Les différentes molécules commercialisées de cette
classe varient aussi selon leur galénique, leur profil
cinétique ainsi que par leur voie d'administration.
Toutefois, à notre connaissance, aucune étude prospec-
tive portant sur l'efficacité et la tolérance comparées
d'un produit par rapport à un autre, n'a été réalisée chez
des patients présentant un cancer de la prostate.
Il a donc été décidé de mener un essai, en évaluant l'ac-
tivité de deux agonistes de la LHRH dans le cancer de
la prostate métastatique : la leuproréline 3,75mg à libé-
ration prolongée, injectée par voie sous-cutanée tous
les 28 jours et la triptoréline 3,75mg à libération pro-
longée, injectée par voie intramusculaire tous les 28
jours.
Investigateurs de l’étude :
P. Ballanger (Bordeaux), J. Benchetrit (Montauban), T. Billebaud (Créteil),
B. Bouffier (Besançon), J.M.Casanova (Paris), P.Dufeuil (Montauban), B. Dufour
(Paris), J.Gazaigne (Bourges), D. Grasset (Montpellier), J.L. Jung (Colmar),
P. Lemaire (Reims), G. Nivard (Bastia), Y.Perraud (Saint-Etienne), A.Petiot (Le
Creusot), G. Pugeat (Valance), B. Samarcq (Charleville-Mézières), J.Y.Soret
(Angers).
Manuscrit reçu : mai 1997, accepté : juillet 1997.
Adresse pour correspondance : Dr.C. Lucas, Laboratoires Takeda, 15, quai de
Dion Bouton, 92816 Puteaux Cedex.
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MATERIEL ET METHODES
Patients et déroulement de l’étude
De septembre 1993 à novembre 1995, de façon confor-
me aux exigences de la Loi Huriet, 16 centres ont
inclus dans l'essai 68 patients ambulatoires présentant
un cancer de la prostate métastatique histologiquement
confirmé pour lequel ils n'avaient reçu aucun traite-
ment anti-cancéreux préalable. Ces patients devaient
avoir des sions secondaires évaluables, un
Performance Status selon l'OMS strictement inférieur à
4 et une espérance de vie supérieure à 6 mois; une
période de wash-out de 3 mois conditionnait aussi l'in-
clusion de patients ayant participé à une autre expéri-
mentation thérapeutique ou ayant reçu un traitement
par inhibiteur de la 5 alpha réductase.
Ces patients ont été randomisés pour recevoir pendant
6 mois, à des intervalles de 28 jours, soit des injections
sous-cutanées de leuproréline LP 3,75mg, soit des
injections intramusculaires de triptoréline LP 3,75mg.
De plus, afin de prévenir un éventuel "flare-up", un
antiandrogène périphérique, le nilutamide (300mg/j),
devait être systématiquement adjoint durant les 21 pre-
miers jours de traitement par l'un ou l'autre des ago-
nistes.
Ce traitement démarrait après réalisation d'un bilan
d'inclusion comprenant interrogatoire, examen clinique
et réalisation de dosages sériques hormonaux (testosté-
rone, LH) ainsi que d'un marqueur d'évolutivité de la
maladie, l'antigène spécifique prostatique (PSA). Cette
visite d'inclusion permettait de déterminer le profil du
patient et de s'assurer de la validité des critères d'inclu-
sion. Par la suite, les patients étaient évalués à trois
reprises (à 1 mois, 3 mois et 6 mois de traitement) sur
les plans clinique, hormonal rique (testosrone
mesurée juste avant injection) et sur celui du PSA.
Hormis le bilan d'extension initial de la maladie objec-
tivant les lésions métastatiques, les seuls examens
paracliniques demandés en cours d'essai correspon-
daient à des échographies transrectales permettant
d'évaluer le volume de la prostate à l'inclusion, puis à 3
mois et 6 mois de traitement.
Au total, 6 injections devaient être réalisées dans le
cadre de l'essai, hormis pour 12 patients (6 dans chaque
groupe), qui en recevaient une 7ème à l'issue du 6ème
mois de traitement. Pour ces patients, l'étude s'inter-
rompait après cette dernre injection puisqu'ils
avaient, en plus des prélèvements déjà cités, un prélè-
vement sanguin supplémentaire 24 heures après les
injections correspondant aux temps étudiés (1 mois, 3
mois et 6 mois de traitement) pour une détermination
plus complète du statut hormonal (testostéronémie
mais aussi LH sérique).
Lors des consultations, l'observance du traitement était
recherchée par l'interrogatoire des patients. A cette
occasion, tout élément nouveau intervenu depuis le
début du traitement devait aussi être indiqué, telles des
modifications éventuelles dans la prise de traitements
concomitants ou la survenue d'évènements indési-
rables.
La tolérance biologique était jugée sur les modifica-
tions des paramètres mesurés durant l'étude.
A la fin du traitement, le bilan final associait une
double évaluation globale de l'efficacité et de la tolé-
rance par le médecin et le patient.
Enfin, aucune thérapeutique anticoagulante (du fait de
l'administration intramusculaire de la triptoréline), hor-
monothérapie (hors insuline), chimiothérapie antican-
céreuse ou inhibiteur de la 5 αréductase, n'étaient
autorisées en cours d'étude, leur utilisation entraînant
une sortie d'essai.
CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES
ET STATISTIQUES
Cet essai multicentrique a dû être réalisé en ouvert en
raison des modes d'administration différents des deux
produits mais ces traitements étaient attribués selon
une randomisation par centre, équilibrée tous les 6
patients.
Le protocole prévoyait l'inclusion de 60 patients, nombre
e ffectivement atteint, majoré de 10% compte tenu des
interruptions prématurées de traitement prévisibles.
La testostéronémie devait atteindre un taux inférieur ou
égal à 0,5 ng/ml, seuil de castration généralement
admis sous traitement par agoniste de la LHRH et était
retenue comme critère dvaluation principal puis-
qu'étant le reflet du mode d'action des produits étudiés.
Son analyse a été réalisée comme initialement prévu,
en intention de traiter. De plus, une analyse complé-
mentaire non initialement prévue a été réalisée au seuil
choisi de 0,3ng/ml.
Le protocole prévoyait aussi une analyse particulière
de la LH sérique ainsi que de la testostéronémie avant
et après l'injection à 1 mois, 3 mois et 6 mois. Cette
analyse en sous-groupes, concernant 12 patients (6
dans chaque groupe) répartis dans deux centres, devait
permettre l'évaluation d'une éventuelle remontée de ces
deux paramètres après l'injection, en dehors de la
période prévisible de flare-up.
Les critères accessoires correspondaient à l'évaluation
de la maladie : taux sériques de PSA et évaluation cli-
nique aux mêmes temps de 1 mois, 3 mois et 6 mois de
traitement.
De plus, une double recherche de corrélation était envi-
sagée :
• entre diminution du volume prostatique et rapidité de
décroissance du taux de PSA [8, 14],
• entre grade histologique de départ et rapidité de
décroissance du taux de PSA [11],
Les dosages radioimmunologiques de testostérone, LH
et des PSA ont été centralisés.
Les trousses utilisées étaient respectivement pour la
mesure de testostéronémie et de PSA sérique, les kits
TESTO-CT et ELSA-PSA de CIS-BIO International et
en ce qui concerne la LH sérique, LHSp-lRMA de
MEDGENIX DIAGNOSTICS S.A. (Belgique).
Le contrôle de qualité des données et l'analyse statis-
tique ont été effectués au moyen du logiciel SAS ver-
sion 6.10.
Les variables qualitatives ont été analysées par un test
de Fischer, notamment la proportion de patients médi-
calement castrés (critère principal). Les variables quan-
titatives ont été analysées à l'aide de tests statistiques
appropriés, tests de Student ou de W
ilcoxon. Le seuil
de significativité a été fixé à 5% sachant que l'étude n'a
fait l'objet d'aucun test statistique préalable avant cette
analyse finale.
RESULTATS
Déviations / Sorties d’essai / Population analysée
Tous les patients inclus dans l'essai présentaient effec-
tivement un adénocarcinome prostatique histologique-
ment confirmé. Toutefois, trois d'entre eux (2 leuproré-
line, 1 triptoréline) ne présentaient pas de métastases
objectivées, la classification en stade métastatique
ayant été réalisée devant l'association d'arguments cli-
niques (en particulier douleurs osseuses) et d'arguments
biologiques avec élévation très importante des PSA
(616, 966 et 1167 ng/ml) ainsi que pour 2 d'entre eux
des phosphatases acides prostatiques (30 et 10,3
ng/ml), cette association étant fortement évocatrice de
la présence de métastases : il s'agissait de déviations
pour absence de réalisation du bilan d'extension, moti-
vées pour la plupart par des difficultés de déplacements
chez des patients pour lesquels l'investigateur était
convaincu de la présence de lésions secondaires (T3 ou
T4, Nx, Mx en réalité). Cette déviation est mineure car
ce paramètre n'interfère pas avec l'évaluation des résul-
tats dans la mesure où la réponse clinique objective au
traitement n'était pas prévue par le protocole.
Quelques autres déviations ont aussi été observées à
l'inclusion concernant l'espérance de vie qui était dans
quelques cas manifestement inférieure à 6 mois.
Certains patients présentaient en effet, outre leur âge
avancé, d'autres facteurs limitatifs telles une altération
importante de l'état général, la coexistence de patholo-
gies associées très lourdes, en particulier cardiovascu-
laires et/ou pulmonaires, voire la présence d'un reten-
tissement de l'obstacle prostatique sur le haut appareil
urinaire. Ce type d'évaluation étant à l'évidence parfai-
tement subjective, il serait arbitraire de déterminer à
posteriori les patients concernés par cette déviation.
Des déviations plus importantes ont aussi été authenti-
fiées : 3 patients avaient reçu un traitement antiandro-
génique préalable, par acétate de cyprotérone (1 leu-
proréline, 1 triptoréline) ou nilutanide (1 triptoréline);
un autre patient a prolongé la prévention du flare-up
plusieurs semaines au-delà des 21 jours prévus par le
protocole (1 leuproréline); enfin 2 patients (1 leuproré-
line, 1 triptoréline) présentaient à l'inclusion un dosage
de testostéronémie inférieur à 1 ng/ml (en l'absence de
traitement androgénique connu). Parmi ces 6 dévia-
tions majeures, 2 ont été mises en évidence et docu-
mentées avant que les patients ne terminent l'essai;
elles ont donc fait l'objet d'une sortie d'essai prématu-
rée (2 triptoréline) tandis que les autres patients ont été
maintenu dans l'analyse en intention de traitement.
Par ailleurs, tous les échappements hormonaux ayant
induit une modification de la prise en charge trapeu-
tique, ont entraîné une interruption de l'étude (2 leupro-
réline). Enfin, sur 5 évènements indésirables à l'origine
d'un arrêt thérapeutique, un seul a été considéré par l'in-
vestigateur comme possiblement lié au traitement : il
s'agissait d'une rétention aiguë d'urine ayant motivé une
résection transuréthrale et compatible sur le plan chrono-
logique avec la survenue d'un flare-up (1 leuproréline).
Au total, les arrêts prématurés de traitement ont donc
concerné 7 patients appartenant au groupe leuproréline
et 3 du groupe triptoréline (Tableau 1). Il n'existe pas
de différence statistiquement significative portant sur
le nombre de sorties d'essai enregistrées dans chacun
des deux groupes thérapeutiques.
Seuls les dosages sériques de testostérone ou PSA pro-
venant de prélèvements décalés d'au moins un mois par
rapport à la date prévue n'ont pas été pris en considéra-
tion : cela concerne 3 testostéronémies (2 leuproréline,
1 triptoréline), toutes à 0,3 ng/ml, ce qui ne modifie
donc pas les résultats.
Les délais moyens entre les visites ne diffèrent pas de
façon statistiquement significative entre les deux
groupes. Toutefois, il existe dans 6 cas un écart notable
de trois semaines à un mois par rapport aux dates pré-
vues de la consultation à M3 (après 3 mois de traite-
ment : 3 patients du groupe triptoréline) ou M6 (après
6 mois de traitement : 2 patients sous triptoréline et 1
patient sous leuproréline).
Caractéristiques de la population
La population était à 99% d'origine caucasienne, avec
un âge moyen de 75 ± 9 ans.
986
Le profil de la population est décrit dans le Tableau 2.
Aucune différence statistiquement significative n'était
observée entre les deux groupes sur les différents para-
mètres démographiques généraux : âge, poids, taille,
tension artérielle, ainsi que sur les antécédents patho-
logiques. Il en est de même pour les données relevant
de la pathologie elle-me, classification de
Whitmore & Jewett, grade de Gleason ainsi que pour la
symptomatologie.
La plupart des sujets a évoqué des antécédents chirur-
gicaux ou médicaux, notamment cardiovasculaires et
broncho-pulmonaires pour respectivement 58% et 25%
d'entre eux. En ce qui concerne les antécédents rénaux
et urinaires, ils étaient relevés chez 40% des patients
randomisés dans le groupe leuproréline contre 11% de
ceux inclus dans le groupe triptoréline.
Sur le plan symptomatique, un peu moins de la moitié
des hommes se plaignait à l'inclusion d'une dysurie
moyenne à forte (45%) et d'une pollakiurie nocturne
moyenne à forte (47%) (n=68). La libido était par
ailleurs inexistante dans 55% des cas et limitée dans
36% (n=67). Des douleurs osseuses, surtout rachi-
diennes, étaient présentes chez un tiers des patients,
d'intensité moyenne (gêne durable ou momentanée
mais importante) pour 59% des plaintes enregistrées
alors que des anomalies de la scintigraphie osseuse
étaient observées chez 86% des patients. Le score
international symptomatique de prostate (score IPSS) a
été demandé comme complément d'information peu de
temps après le démarrage de l'essai, il n'a donc été éva-
lué que sur une partie de la population (n=46). Il est
néanmoins intéressant de noter un score moyen de
14±9 dans le groupe leuproréline et de 12±8 dans le
groupe triptoréline à l'inclusion.
Une mesure échographique transrectale du volume
prostatique était disponible chez 38 patients, de
45,7±35,3 cc en moyenne dans le groupe leuproréline
et de 36,2±18,6 cc dans le groupe triptoréline.
Les données biologiques de base de testostéronémie
moyenne, de PSA sérique moyen et LH rique
moyenne ont été reportées dans les graphiques 2, 3 et 4
décrivant l'évolution de ces 3 paramètres.
987
Tableau 1. Arrêts prématurés.
GROUPE
MOTIF Leuproréline Triptoréline
Evénement non documenté ou 1* 0
possiblement lié au produit testé (2 injections)
Effet indésirable ou (selon l’investigateur)
événement intercurrent Evénement non lié au produit testé 3 1
(selon l’investigateur) (4,2 et 1 injections) (3 injections)
Echappement hormonal 2 0
(6 et 1 injections)
Déviation majeure/protocole 0 2
(6 et 1 injections)
Autre : probable métabolisme accéléré du produit 1 0
(5 injections)
( ) Nombre d’injections au moment de la sortie d’essai.
* Rétention aiguë d’urine en période de flare-up ayant motivé une RTUP (résection transurétrale de prostate).
Tableau 2. Profil de la population.
Groupe Groupe
Leuproréline Triptoréline
(n=36) (n=32)
Age (années) 75 ± 1176 ± 8
n=36 n=32
Poids (kg) 71 ± 14 68 ± 12
n=36 n=31
Taille (cm) 169 ± 6 167 ± 6
n=35 n=31
B.M.I.* (kg/m2)24,6 ± 4,0 24,4 ± 3,5
n=35 n=31
Classification de Whitmore n=36 n=32
& Jewett
D1 14% (5) 12% (4)
D2 86% (31) 88% (28)
WHO performance status n=36 n=32
044% (16) 53% (17)
144% (16) 25% (8)
28% (3) 16% (5)
33% (1) 6% (2)
40% (0) 0% (0)
Grade de Gleason n=35 n=31
Médiane 7 [2-10] 6 [1-9]
Volume prostatique n=17 n=21
Moyenne en cc 45,7 ± 35,3 36,2 ± 18,6
* Body Mass Index = Poids en kg (Taille en m)2
Efficacité biologique
L'analyse du critère principal portant sur les propor-
tions de patients castrés au seuil de testostéronémie de
0,5 ng/ml () à 1 mois, 3 mois et 6 mois, les résultats
obtenus respectivement dans les groupes leuproréline
et triptoréline ne mettent pas en évidence de différence
statistiquement significative (Figure 1).
Pour le seul patient du groupe leuproréline ayant au
cours de l'essai une valeur de testostéronémie supérieu-
re à 0,5 ng/ml, les taux de leuprorélinémie ont été indé-
tectables témoignant vraisemblablement d'un métabo-
lisme accéléré du produit, fait particulièrement excep-
tionnel. Dans le groupe triptoréline, 4 patients ont pré-
senté un taux sérique de testostérone supérieur au seuil
de castration, 3 à 1 mois et 1 à 6 mois de traitement. Le
dosage de triptorélinémie n'a pu être effectué par le pro-
moteur de l'essai, faute de commercialisation de l'anti-
corps cessaire à cette mesure. Néanmoins,
I'évolution de la testostéronémie pour les 4 patients
concernés du groupe triptoréline, s'est avérée très diffé-
rente de celle du patient dont le métabolisme de la leu-
proréline était accéléré. En effet, après une désensibili-
sation initiale marquée, la testostéronémie de ce patient
s'est élevée progressivement malgré le renouvellement
des injections, aboutissant à la réalisation d'une pulpec-
tomie. En ce qui concerne les patients ayant reçu la
triptoréline, les valeurs de testostéronémie retrouvées
au-dessus du seuil de 0,5 ng/ml l'étaient de façon ponc-
tuelle (pour 3 patients: retard de désensibilisation,
T> 0,5 ng/ml à M1, celle-ci étant effective aux temps
suivants; pour 1 patient remontée modérée du taux de T
au-dessus de 0,5 ng/ml à M6 alors que la désensibilisa-
tion était effective aux temps de mesure précédents).
Dans l'analyse compmentaire prenant 0,3 ng/ml
comme seuil arbitraire, il existe au premier mois de
traitement une différence statistiquement significative
en faveur de la leuproréline (p=0,02) : 85% des patients
ont un taux strictement inférieur à 0,3 ng/ml sous leu-
proréline contre 60% dans le groupe traité par triptoré-
line (Figure 2).
L'analyse de la testostéronémie moyenne corrobore
parfaitement ces résultats avec une valeur moyenne
significativement inférieure dans le groupe leuproréli-
ne au premier mois de traitement (p=0,02) (Figure 3).
Comme attendu, l'évolution de la LH sérique moyenne
présente un profil similaire à celui de la testostéroné-
mie moyenne sans toutefois que les différences obser-
vées entre les groupes ne s'avèrent statistiquement
significatives (Figure 4).
Par ailleurs, la moyenne des PSA décroît franchement
au cours du traitement, témoignant de l'hormonosensi-
bilité de la majorité des tumeurs : elle passe ainsi de
1694 ± 5344 ng/ml (n = 68) à l'entrée dans l'essai à
118 ± 547 ng/ml (n = 58) à 6 mois (médiane chutant de
241 ng/ml à 3ng/ml), sans différence statistiquement
significative entre les deux groupes de traitement
(Figure 5). Au cours de la période thérapeutique, une
réélévation notable des PSA a été constatée chez 9
patients dont la testostéronémie était effondrée, évo-
quant un échappement hormonal (4 leuproréline et 5
triptoréline) et 1 patient a présenté une hormonorésis-
tance d'emblée (leuproréline).
En ce qui concerne l'analyse des variations entre les
testostéronémies mesurées avant et après injection dans
le sous-groupe de 12 patients, elles ont été générale-
ment faibles, ne dépassant 0,3 ng/ml que dans un cas,
chez un patient (triptoréline) non castré à 1 mois (tes-
tostéronémie avant injection = 1,5ng/ml; = 0,5
ng/ml). Aucune différence significative entre les deux
groupes thérapeutiques n'a été mise en évidence pour
l'analyse de ces variations qui n'ont absolument pas
l'ampleur d'un flare-up avec des valeurs moyennes de
0,10 ± 0,16ng/ml à M1, de 0,09 ± 0,16ng/ml à M3 et de
-0,04 ± 0,07ng/ml à M6. A quatre reprises, la valeur
post-injection dépasse le seuil de castration de
0,5ng/ml (3 triptoréline, respectivement à M1, M3 et
M6 et 1 leuproréline à M3). A l'issue du premier mois
de traitement, la testostéronémie moyenne mesurée
après injection de triptoréline se situe au-dessus du
seuil de 0,5 ng/ml (0,56 ± 0,54ng/ml) alors que la
moyenne avant injection était de 0,38 ± 0,32 ng/ml.
Dans le groupe leuproréline, la testostéronémie moyen-
ne reste toujours en dessous du seuil de castration, que
ce soit avant ou après injection (Tableau 3).
Efficacité clinique
Sur le plan des signes urinaires, pollakiurie et dysurie,
I'évaluation n'a pas été standardisée mais laissée à l'ap-
préciation de l'investigateur. Quel que soit le groupe
thérapeutique, I'amélioration maximale semble acquise
dès le troisième mois de traitement comme l'indiquent
988
Tableau 3. Valeurs de testostéronémie 24 h après injection
(sous-groupe de 12 patients).
Testostéronémie Groupe Groupe
après injection Leuproréline Triptoréline p
(ng/ml) n = 6 n = 6
0,19 ± 0,13 0,56 ± 0,54
M1 [0,08; 0,40] [0,20; 1,50] NS
n = 6 n = 5*
0,34 ± 0,20 0,24 ± 0,24
M3 [0,08; 0,60] [0,08; 0,70] NS
n = 5** n = 6
0,13 ± 0,07 0,22 ± 0,25
M6 [0,08; 0,20] [0,08; 0,70] NS
n = 5** n = 6
* Prélèvement non réalisé chez 1 patient.
** 1 patient sorti d’essai après 2 injections.
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