Efficacité biologique
L'analyse du critère principal portant sur les propor-
tions de patients castrés au seuil de testostéronémie de
0,5 ng/ml (≤) à 1 mois, 3 mois et 6 mois, les résultats
obtenus respectivement dans les groupes leuproréline
et triptoréline ne mettent pas en évidence de différence
statistiquement significative (Figure 1).
Pour le seul patient du groupe leuproréline ayant au
cours de l'essai une valeur de testostéronémie supérieu-
re à 0,5 ng/ml, les taux de leuprorélinémie ont été indé-
tectables témoignant vraisemblablement d'un métabo-
lisme accéléré du produit, fait particulièrement excep-
tionnel. Dans le groupe triptoréline, 4 patients ont pré-
senté un taux sérique de testostérone supérieur au seuil
de castration, 3 à 1 mois et 1 à 6 mois de traitement. Le
dosage de triptorélinémie n'a pu être effectué par le pro-
moteur de l'essai, faute de commercialisation de l'anti-
corps nécessaire à cette mesure. Néanmoins,
I'évolution de la testostéronémie pour les 4 patients
concernés du groupe triptoréline, s'est avérée très diffé-
rente de celle du patient dont le métabolisme de la leu-
proréline était accéléré. En effet, après une désensibili-
sation initiale marquée, la testostéronémie de ce patient
s'est élevée progressivement malgré le renouvellement
des injections, aboutissant à la réalisation d'une pulpec-
tomie. En ce qui concerne les patients ayant reçu la
triptoréline, les valeurs de testostéronémie retrouvées
au-dessus du seuil de 0,5 ng/ml l'étaient de façon ponc-
tuelle (pour 3 patients: retard de désensibilisation,
T> 0,5 ng/ml à M1, celle-ci étant effective aux temps
suivants; pour 1 patient remontée modérée du taux de T
au-dessus de 0,5 ng/ml à M6 alors que la désensibilisa-
tion était effective aux temps de mesure précédents).
Dans l'analyse complémentaire prenant 0,3 ng/ml
comme seuil arbitraire, il existe au premier mois de
traitement une différence statistiquement significative
en faveur de la leuproréline (p=0,02) : 85% des patients
ont un taux strictement inférieur à 0,3 ng/ml sous leu-
proréline contre 60% dans le groupe traité par triptoré-
line (Figure 2).
L'analyse de la testostéronémie moyenne corrobore
parfaitement ces résultats avec une valeur moyenne
significativement inférieure dans le groupe leuproréli-
ne au premier mois de traitement (p=0,02) (Figure 3).
Comme attendu, l'évolution de la LH sérique moyenne
présente un profil similaire à celui de la testostéroné-
mie moyenne sans toutefois que les différences obser-
vées entre les groupes ne s'avèrent statistiquement
significatives (Figure 4).
Par ailleurs, la moyenne des PSA décroît franchement
au cours du traitement, témoignant de l'hormonosensi-
bilité de la majorité des tumeurs : elle passe ainsi de
1694 ± 5344 ng/ml (n = 68) à l'entrée dans l'essai à
118 ± 547 ng/ml (n = 58) à 6 mois (médiane chutant de
241 ng/ml à 3ng/ml), sans différence statistiquement
significative entre les deux groupes de traitement
(Figure 5). Au cours de la période thérapeutique, une
réélévation notable des PSA a été constatée chez 9
patients dont la testostéronémie était effondrée, évo-
quant un échappement hormonal (4 leuproréline et 5
triptoréline) et 1 patient a présenté une hormonorésis-
tance d'emblée (leuproréline).
En ce qui concerne l'analyse des variations entre les
testostéronémies mesurées avant et après injection dans
le sous-groupe de 12 patients, elles ont été générale-
ment faibles, ne dépassant 0,3 ng/ml que dans un cas,
chez un patient (triptoréline) non castré à 1 mois (tes-
tostéronémie avant injection = 1,5ng/ml; ∆= 0,5
ng/ml). Aucune différence significative entre les deux
groupes thérapeutiques n'a été mise en évidence pour
l'analyse de ces variations qui n'ont absolument pas
l'ampleur d'un flare-up avec des valeurs moyennes de
0,10 ± 0,16ng/ml à M1, de 0,09 ± 0,16ng/ml à M3 et de
-0,04 ± 0,07ng/ml à M6. A quatre reprises, la valeur
post-injection dépasse le seuil de castration de
0,5ng/ml (3 triptoréline, respectivement à M1, M3 et
M6 et 1 leuproréline à M3). A l'issue du premier mois
de traitement, la testostéronémie moyenne mesurée
après injection de triptoréline se situe au-dessus du
seuil de 0,5 ng/ml (0,56 ± 0,54ng/ml) alors que la
moyenne avant injection était de 0,38 ± 0,32 ng/ml.
Dans le groupe leuproréline, la testostéronémie moyen-
ne reste toujours en dessous du seuil de castration, que
ce soit avant ou après injection (Tableau 3).
Efficacité clinique
Sur le plan des signes urinaires, pollakiurie et dysurie,
I'évaluation n'a pas été standardisée mais laissée à l'ap-
préciation de l'investigateur. Quel que soit le groupe
thérapeutique, I'amélioration maximale semble acquise
dès le troisième mois de traitement comme l'indiquent
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Tableau 3. Valeurs de testostéronémie 24 h après injection
(sous-groupe de 12 patients).
Testostéronémie Groupe Groupe
après injection Leuproréline Triptoréline p
(ng/ml) n = 6 n = 6
0,19 ± 0,13 0,56 ± 0,54
M1 [0,08; 0,40] [0,20; 1,50] NS
n = 6 n = 5*
0,34 ± 0,20 0,24 ± 0,24
M3 [0,08; 0,60] [0,08; 0,70] NS
n = 5** n = 6
0,13 ± 0,07 0,22 ± 0,25
M6 [0,08; 0,20] [0,08; 0,70] NS
n = 5** n = 6
* Prélèvement non réalisé chez 1 patient.
** 1 patient sorti d’essai après 2 injections.