Par ailleurs, les techniques de typage moléculaire ont permis
d’investiguer des épidémies de tuberculose nosocomiale, d’étu-
dier les facteurs de risque associés aux cas groupés de tuber-
culose (âge jeune, sexe masculin, précarité et atteinte pulmo-
naire), et de démontrer des contaminations de laboratoire ou
lors de fibroscopies bronchiques.
V. Jarlier (Paris) a exposé l’intérêt des marqueurs molécu-
laires dans l’identification des sources de contagion dans la
tuberculose. Les techniques sont diverses, mais la plus utili-
sée est l’analyse du polymorphisme de longueur des fragments
restreints (RFLP).
Ce typage moléculaire a permis de démontrer que dans des
situations où l’incidence de la tuberculose est faible, les réci-
dives de tuberculose sont, en général, des réactivations chez les
immunocompétents. En revanche, dans les situations de forte
incidence tuberculeuse, une récidive de tuberculose peut être
une réinfection.
Le typage moléculaire permet en outre, comme il a été dit plus
haut, de détecter les contaminations de laboratoire et d’inves-
tiguer des épidémies dans des communautés fermées.
Le dernier apport du typage moléculaire a été la contribution à
la compréhension de la transmission de la tuberculose dans la
population générale. En distinguant les cas liés (même profil
moléculaire) et les cas non liés, il est possible de différencier
ce qui se rapporte à une transmission récente et ce qui est dû à
une réactivation. C’est ainsi que, dans un quartier nord de New
York au cours de la décennie 1990-1999, 261 des 546 cas de
tuberculose étaient répartis dans 51 “grappes”. La proportion
de cas groupés est passée de 61 % en 1990 à 31 % en 1999. Il
a donc été possible de démontrer l’efficacité du programme de
lutte antituberculeuse dans la prévention de la transmission
récente de la tuberculose.
D. Abiteboul (Paris) a fait un exposé sur le choix des masques
de protection respiratoire. Bien qu’ils soient largement utili-
sés, leur apport dans la prévention de la transmission du bacille
tuberculeux n’est pas démontré dans les cas où les patients sont
isolés et mis au traitement précocement. Leur utilisation étant
néanmoins recommandée, il convient de connaître quelques
principes guidant leur choix. Il ne s’agit en aucun cas des
masques de soins (masques chirurgicaux) qui, eux, protègent
le patient et non l’utilisateur. Ces masques doivent, selon les
normes américaines, filtrer 95 % des particules de 1 micromètre
et plus, et laisser passer moins de 10 % de fuites d’air. Ce type
de masque dans la norme européenne EN149 correspond aux
appellations FP2 ou FFP3 (ce dernier étant recommandé pour
les situations à haut risque comme la tuberculose multirésis-
tante). En France, les recommandations de la Direction géné-
rale de la santé, datant de 1994, étaient en faveur des masques
FFP1, mais ces recommandations sont en cours d’actualisation.
Quelle que soit l’efficacité du matériel filtrant, il faut s’assurer
de l’étanchéité par un bon ajustement. Après mise en place du
masque, un test simple peut être réalisé : le filtre est obturé avec
les mains et on effectue une inhalation lente ; le masque doit
alors s’écraser. Si ce n’est pas le cas, cela signifie qu’il persiste
des fuites.
Z. Bessa (Bobigny) a rappelé le rôle joué par les hôpitaux
dans la lutte contre la tuberculose, bien qu’ils n’aient officiel-
lement pas de responsabilité dans cette lutte.
Le conseil général de la Seine-Saint-Denis (en charge de la lutte
antituberculeuse) a mis en place une coordination entre centres
de prévention et hôpitaux afin d’améliorer la lutte antitubercu-
leuse. Les objectifs de cette coordination sont les suivants :
recenser tous les cas de tuberculose diagnostiqués à l’hôpital,
définir le nombre de sujets contacts de ces cas, s’assurer qu’ils
entrent bien dans un protocole de prophylaxie et que ce dernier
est respecté.
Ce réseau s’avère efficace, puisqu’en 1999 les hôpitaux ont
signalé aux médecins coordinateurs 218 cas, qui correspon-
daient à 91 % des déclarations obligatoires reçues. Les enquêtes
menées ont permis de diagnostiquer trois tuberculoses maladie
et six primo-infections et de commencer vingt-deux chimio-
prophylaxies.
F. Antoun (Paris) a fait le point sur les missions et les moyens
des services de lutte antituberculeuse.
Le Conseil général doit assurer le traitement et le suivi médi-
cal des patients tuberculeux, ce service s’adressant préféren-
tiellement aux personnes en situation de précarité. Il organise
le dépistage autour d’un cas en coopération avec le médecin
traitant, le médecin du travail, le médecin scolaire ou la PMI
selon que l’enquête est en milieu familial, professionnel, sco-
laire ou dans une crèche. Le dépistage ciblé de groupes à risque
est relativement aisé pour les sujets séropositifs pour le VIH,
qui sont bien médicalisés. En revanche, il devient difficile lors-
qu’il s’agit de populations non médicalisées et mal insérées,
comme les personnes en situation de précarité ou les migrants.
Les centres d’hébergement et les foyers constituent alors une
bonne cible pour le dépistage orienté.
Les moyens à mettre en œuvre diffèrent selon l’incidence de la
tuberculose dans le département. Si elle est faible (moins de
50 cas par an), la lutte antituberculeuse peut être déléguée aux
hôpitaux. Si elle est élevée (plus de 150 cas par an), c’est au
Conseil général d’assumer la lutte antituberculeuse. Le service
de lutte antituberculeuse doit avoir un correspondant dans
chaque hôpital. Ce correspondant doit s’assurer de l’exhausti-
vité des déclarations dans son établissement, de la rapidité de
la transmission de l’information pour amorcer les enquêtes de
dépistage et du bon suivi des cas pris en charge par l’hôpital.
Par ailleurs, les services de lutte antituberculeuse doivent pou-
voir entrer en contact régulier avec les organismes s’occupant
des tuberculeux en situation difficile afin de leur assurer une
bonne prise en charge (SAMU social, organismes prenant en
charge les sujets VIH+…).
B. Dautzenberg (Paris) a exposé les nouvelles pratiques en
termes de traitement de l’infection tuberculeuse. La baisse
de l’incidence de la tuberculose en France conduit à l’exten-
sion des indications de traitement. Désormais sont aussi consi-
dérées comme des indications, les infections tuberculeuses de
l’enfant de moins de 15 ans et les primo-infections détectées
lors de l’enquête autour d’un cas.
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVIII - n° 2 - mars-avril 2003
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