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La Lettre du Sénologue - n° 26 - octobre/novembre/décembre 2004
REVUE DE PRESSE
du GS pour le repérage de la lésion. Cela permet d’avoir aussi
une opacification du GS. Ils ont ainsi traité 20 patientes, avec
de bons résultats autant sur la qualité de l’exérèse que le gan-
glion sentinelle (18 marges saines à 5 mm au moins et deux
réinterventions seulement pour marges insuffisantes en in situ.
Pas d’échec de détection du GS).
Commentaire. Les techniques de repérage puis d’excision de
ces carcinomes infracliniques varient beaucoup d’une équipe à
l’autre et constituent toujours un problème délicat pour les radio-
logues et les chirurgiens, avec de multiples pièges. L’absence de
technique standardisée illustre bien ces difficultés.
La technique la plus répandue, utilisant un repère métallique
(le “harpon”) est légèrement douloureuse et imparfaite.
Plusieurs centres français comme le centre J. Perrin à Cler-
mont-Ferrand ou l’Institut Curie à Paris ont déjà une bonne
expérience de la technique décrite ici, avec des cas beaucoup
plus nombreux, mais ils ne l’ont pas encore publiée. Cela
illustre au passage le décalage entre ceux qui travaillent beau-
coup et sont souvent en retard dans leurs publications scienti-
fiques et ceux qui savent publier vite sur peu de cas.
Pour revenir au sujet, cette technique est très prometteuse et
mériterait clairement une étude comparative avec le classique
harpon, autant en termes de qualité d’exérèse que sur le plan
confort et naturellement médico-économique.
J.R. Garbay, département de chirurgie, IGR, Villejuif
LES COMPLICATIONS CARDIAQUES DE LA RADIOTHÉRAPIE
Van de Steene J, Vinh-Hung V, Cutuli B, Storme G. Adju-
vant radiotherapy for breast cancer: effects of longer follow-
up. Radiotherapy and Oncology 2004;72:35-43.
Plusieurs mises à jour de la méta-analyse sur le cancer du sein
ont été publiées sous la responsabilité du groupe d’Oxford
(Overviews of the Early Breast Cancer Trialist’ Collaborative
Group) en 1987, 1990, 1995 et 2000. L’analyse des résultats,
et plus particulièrement de l’utilisation de la radiothérapie
adjuvante avait fait craindre un effet délétère sur la survie du
fait de l’irradiation cardiaque alors qu’il existait clairement un
bénéfice en survie spécifique. Cela a été décrit pour la pre-
mière fois par Cuzick en 1987.
Depuis, plusieurs auteurs ont avancé l’hypothèse que l’effet délé-
tère de la radiothérapie n’existait que sur les séries anciennes uti-
lisant des techniques et des fractionnements inadaptés. Cet article
montre que tant pour les résultats précoces qu’à long terme, les
odds-ratios demeurent stables pour la survie globale. Autrement
dit, en ne considérant dans les méta-analyses que les études
récentes de plus de 600 patientes, le bénéfice de la radiothérapie
sur la survie globale est toujours retrouvé. Cela permet de penser
qu’il n’y a pas d’effet cardiaque délétère de la radiothérapie avec
les techniques modernes d’irradiation.
Pedersen AN, Korreman S, Nystrom H, Specht L. Breathing
adapted radiotherapy of breast cancer: reduction of cardiac
and pulmonary doses using voluntary inspiration breath-
hold. Radiother Oncol 2004;72(1):53-60.
Bien que la radiothérapie moderne du sein n’altère pas la sur-
vie par effets cardiaques délétères, il paraît important d’essayer
de protéger le cœur le plus possible en apportant des améliora-
tions techniques.
Cet article évoque une technique en cours d’expérimentation
dans de nombreux centres de radiothérapie : le gating ou tech-
nique d’irradiation “fenêtrée” ne délivrant la dose de radiothéra-
pie que lorsque la patiente est en inspiration forcée, et ce dans ce
cas particulier, pour éloigner le cœur et le pumon du volume
mammaire irradié (dans le but de protéger les parenchymes car-
diaque et pulmonaire). Cette étude confirme que le volume car-
diaque irradié avec la technique du gating est nettement diminué
lors de l’irradiation du sein gauche. Ce procédé permet égale-
ment de diminuer le volume pulmonaire irradié lors du traitement
radiothérapique du sein droit comme du sein gauche.
B. de Lafontan, Institut Claudius-Regaud, Toulouse
DENSITÉ MAMMOGRAPHIQUE : MARQUEUR OU FACTEUR
DE RISQUE D’UN SECOND CANCER MAMMAIRE APRÈS CCIS ?
Habel LA, Dignam JJ, Land SR et al. Mammographic den-
sity and breast cancer after ductal carcinoma in situ. J Natl
Cancer Inst 2004;96:1467-72.
Les patientes ayant présenté un carcinome canalaire in situ
(CCIS) ont une augmentation importante du risque de second
cancer mammaire. À partir de 392 patientes pour lesquelles la
densité mammographique a pu être évaluée, à la fois de façon
subjective selon les critères de Wolfe et objective par planimé-
trie, les auteurs montrent que chez les patientes (6,6 %) aux seins
quantitativement les plus denses (le tissu dense occupe ≥75 % de
la surface mammaire), comparées à celles dont le tissu dense
occupe moins de 25 % de la surface mammaire, le risque relatif
de voir apparaître un cancer du sein ultérieur, in situ ou invasif,
après traitement d’un CCIS est de 2,8 (1,3-6,1), un cancer invasif
de 3,2 (1,2-8,5) et un cancer ipsilatéral de 3 (1,2-7,5). Les auteurs
concluent que leurs résultats mettent pour la première fois en évi-
dence un risque de second cancer plus important, parmi les
patientes qui ont déjà eu un CCIS, chez celles dont les seins sont
quantitativement les plus denses. Les résultats selon la classifica-
tion de Wolfe ne montrent pas de différence significative.
Commentaire. Il s’agit de la première étude à analyser le rôle
de la densité mammographique comme marqueur de risque de
l’apparition secondaire d’un cancer mammaire, invasif ou non,
après traitement d’un CCIS. Les résultats ont été ajustés sur l’âge,
l’indice de masse corporelle et la mise en œuvre d’une radiothéra-
pie et s’inscrivent dans la tendance actuelle à privilégier la mesure