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particulier à l'application des méthodes nouvelles de la géologie structurale et
de la géochronologie, en même temps que de la géochimie, venues s'ajouter
aux méthodes classiques mais restées essentielles du lever de terrain et de
l'identification pétrographique et stratigraphique des roches et des séries : la
carte géologique plus que jamais est une entreprise liée directement à la
recherche scientifique la plus élaborée.
A travers ces problèmes nouveaux et la recherche de leur solution, au niveau
de la feuille Saint-Cast à 1/50 000, ont pu être affinés tout particulièrement les
caractères permettant de distinguer les domaines domnonéen et mancellien,
dont la juxtaposition se fait justement au niveau de cette feuille. Il s'agit là en
effet de notions fondamentales pour la compréhension de la structure nord-
armoricaine depuis la paléogéographie pré-cadomienne jusqu'aux modes
d'activation thermo-dynamique cadomienne, calédonienne ou hercynienne.
Si l'existence du socle pentévrien est devenue improbable sur le territoire de
cette feuille, celui-ci n'en reste pas moins le fondement du domaine
domnonéen dans son ensemble, dont il constitue le soubassement reconnu et
daté à 2 milliards d'années, fondement sur lequel s'est édifié ensuite la « marge
active » cadomienne qui est la caractéristique propre de ce domaine.
Si le Briovérien inférieur a perdu ici son stratotype, il n'en constitue pas
moins la plus grande partie du territoire de cette feuille, conduisant à
différencier derrière les faciès métamorphiques qui en voilent la lithologie
primitive :
— une couverture volcanique basique et acide (amphibolites et leptynites)
dans une série sédimentaire réduite (micaschistes ou gneiss) qui s'étend sur le
socle des régions actives domnonéehnes, vers l'Ouest;
— un épais manteau de sédiments clastiques et grauwackeux (schistes,
micaschistes et gneiss) qui s'accumule dans la région marginale mancellienne,
vers l'Est.
A ces caractéristiques paléogéographiques initiales, qui définissent dès
l'abord deux régions principales sur la feuille Saint-Cast, se superposent
ensuite de sensibles différenciations structurales et magmatiques cadomiennes.
Celles-ci contribuent, le long du flanc ouest de la baie de la Fresnaye, à
développer un hiatus remarquable entre :
— au Nord-Ouest, le bloc domnonéen, dont on touche ici la frange sud-
orientale et qui s'étend au-delà depuis la région trégorroise jusqu'aux îles
anglo-normandes et le nord-Cotentin, caractérisé, outre le métamorphisme de
type intermédiaire, par une suite de magmatismes calco-alcalins cadomiens
s'achevant avec les intrusions granodioritiques, dioritiques et gabbroïques
datées en moyenne vers 670 puis 600 M.A.;
— vers l'Est, le domaine mancellien qui depuis la région de Saint-Cast et le
massif de Saint-Malo étend les épaisses séries briovériennes normandes et
mancelles, atteintes ici par les métamorphismes de haute température qui
aboutissent à la migmatisation et percées plus loin par le vaste pluton
granitique mancellien dont les intrusions s'étendent entre 580 et 550 M.A.
Les caractères de la sédimentation paléozoïque qui recouvre imparfaitement
ces régions soulignent encore la différence entre ces deux domaines :
— très originale sur la feuille Saint-Cast, dans le domaine domnonéen, où
elle s'apparente beaucoup à certains faciès volcaniques et sédimentaires
connus dans les régions péri-calédoniennes de la mer d'Irlande ou de Terre-
Neuve (volcanismes spilitiques et séries détritiques rouges d'âge paléozoïque
inférieur) ;
— non présente sur cette feuille du côté mancellien, mais bien connue vers