Dossier thématique
III
mortalité hospitalière des
AAA et apparaît comme un
moyen rentable de réduire
les coûts liés à cette mortalité.
Des résultats comparables
ont été publiés récemment
au Royaume-Uni sur une
population plus réduite
(6 058 patients). Un point
important souligné dans
cette dernière étude était le
fait que le bénéfice du
dépistage était largement
dépendant de la compliance
des patients aux examens
avec près de 80 % des décès
du groupe contrôle attri-
buables au refus des patients
de passer la première écho-
graphie ou à leur inobser-
vance du suivi du protocole.
D’autres études ont souligné
l’intérêt de dépister les
patients de sexe masculin,
jumeaux d’un patient porteur
d’un AAA. En revanche, le
dépistage systématique des
AAA dans la population
féminine ne semble rentable
ni cliniquement ni économi-
quement.
Les facteurs de risque des
AAA ont longtemps été
source de controverses mul-
tiples. L’étude ADAM (Aneu-
rysm Detection and Mana-
gement) a permis de mieux
les préciser : parmi eux, le
tabagisme est le plus forte-
ment corrélé à un AAA de
plus de 40 mm de diamètre.
L’association entre AAA et
tabagisme croît avec le
nombre d’années d’intoxi-
cation. À l’opposé, le sexe
féminin, la race noire et la
présence d’un diabète sont
corrélés négativement avec
la présence d’un AAA. Les
facteurs familiaux sont for-
tement influents mais étaient
présents chez seulement 5 %
des participants ; ils ont donc
une influence individuelle
forte, mais une influence
réduite à l’échelle d’une
population. D’autres fac-
teurs, tels l’âge, la présence
d’une atteinte coronarienne,
d’une atteinte athéromateuse
de n’importe quel territoire,
d’une hypercholestérolémie
et d’une hypertension ont
été corrélés positivement
avec la présence d’un AAA,
mais de façon moins impor-
tante.
Quoi qu’il en soit, tous les
anévrismes dépistés ne doi-
vent pas systématiquement
être traités rapidement. En
effet, en dehors des compli-
cations évolutives, telles un
syndrome de compression
de voisinage ou des acci-
dents emboliques, la princi-
pale complication est la rup-
ture, et celle-ci survient
dans un délai très variable
en fonction de la taille ané-
vrismale. Le risque de rup-
ture a été évalué en fonction
de la taille depuis plusieurs
années : faible pour les AAA
inférieurs à 5 cm, atteignant
9 et 12,5 % par an respecti-
vement sur des modélisa-
tions pour des diamètres res-
pectifs de 6,5 et 7,5 cm. Les
études récentes sur les petits
anévrismes effectuées au
Royaume-Uni et dans les
Veterans Hospitals aux États-
Unis ont permis d’affiner
singulièrement ces modèles.
En effet, dans ces études, le
risque annuel de rupture des
AAA inférieurs à 5,5 cm de
diamètre était de l’ordre de
1%. À l’inverse, le suivi de
patients inopérables ou ayant
refusé l’intervention, récem-
ment rapporté par l’équipe
des “Veterans”, conclut de
façon formelle à un risque
de rupture évoluant expo-
nentiellement avec le dia-
mètre : 9,4 % par an pour
des diamètres compris entre
5,5 et 5,9 cm, 19 % par an
pour des diamètres compris
entre 6,5 et 6,9 cm et 32 %
par an si le diamètre est
supérieur ou égal à 7 cm.
L’étude anglaise sur les
petits anévrismes publiée en
1998 dans le Lancet a porté
sur plus de 1 000 patients
randomisés entre 1991 et
1995. Avec un suivi de plus
de 4 ans et une mortalité
opératoire de 5,8 %, cette
étude n’a pas mis en évidence
de différence de mortalité
entre le groupe des opérés et
le groupe suivi par échogra-
phie à tous les intervalles de
temps considérés. La conclu-
sion de cette étude fut l’ab-
sence de bénéfice apporté
par une chirurgie précoce
pour le groupe des ané-
vrismes compris entre 4 et
5,5 cm de diamètre. À noter
que parallèlement les auteurs
ont suivi des patients por-
teurs d’anévrismes plus larges
et n’ayant pas été opérés : leur
conclusion est clairement en
faveur d’une augmentation
considérable du risque de rup-
ture lorsque le diamètre ané-
vrismal dépasse 6 cm.
Au mois de mai 2002 sont
parus dans le même numéro
du New England Journal of
Medicine deux articles com-
plémentaires sur le même
thème. Le premier rapporte
les résultats de l’étude ADAM