Défi diagnostic
Le traitement
préhospitalier
Les patients dont l’anévrisme rompt
doivent être stabilisés. On doit absolu-
ment maintenir une voie respiratoire,
oxygéner le patient (O2100 %) et con-
trôler le choc. De grosses voies
veineuses (14 ou 16 G) sont ensuite
posées. On fait alors une surveillance
constante de l’électrocardiogramme.
Le diagnostic d’un anévrisme aorti-
que n’est pas facile et on doit se fier à
un diagnostic présomptif face à tout pa-
tient de plus de 50 ans souffrant d’une
douleur abdominale soudaine. Ces
patients doivent être transférés dans un
milieu qui puisse les investiguer et les
opérer. Ils doivent alors être accompa-
gnés d’un médecin capable de traiter
un choc hypovolémique pendant le
transport. Moins de 40 % des patients
souffrant d’un anévrisme rompu attei-
gnent vivants le centre hospitalier dans
lequel ils pourraient être opérés.
Une fois à l’urgence
À l’urgence, on fonctionne à nouveau
avec un diagnostic présomptif; tout
patient de plus de 50 ans qui présente
une douleur abdominale soudaine et
croissante doit être considéré comme
souffrant d’un AAA en voie de
rupture ou déjà rompu, surtout
si cette douleur est accompag-
née de syncope ou des symp-
tômes d’un choc hémorragique.
L’hypertension augmente de
façon significative la tension sur
la paroi artérielle et augmente,
par conséquent, le risque de
rupture.Tout patient hypertendu
chez qui on retrouve un AAA non
rompu doit recevoir un traitement anti-
hypertenseur agressif avec une tension
systolique visée de 100 à 120 mmHg.
Lorsqu’un AAA commence à rom-
pre, le phénomène est associé à une
douleur significative qui entraîne tachy-
cardie et hypertension. Dans ce cas, des
analgésiques narcotiques, telle la mor-
phine, peuvent aider à diminuer l’hy-
pertension, tout en ayant un effet cal-
mant sur le patient.
La consultation chirurgicale
L’urgence d’une consultation dépend
de la stabilité de l’état du patient. Lors-
que les patients sont à la fois hémody-
namiquement stables et asymptoma-
tiques, l’investigation prime. Le
patient doit alors consulter un chirur-
gien vasculaire si le diamètre de l’aorte
abdominale dépasse 3 cm ou si une
partie de l’aorte présente un diamètre
équivalant une fois et demi celui du
segment adjacent. Avant une chirurgie
élective, le patient doit rencontrer un
interniste, pour stabiliser l’ensemble de
ses conditions médicales.
Les anévrismes de moins de 4 cm
sont suivis avec des échographies
sériées, tous les six mois. Si le
diamètre de l’anévrisme augmente de
plus de 0,5 cm sur une période de
six mois, ou s’il dépasse 4 cm, une cor-
rection chirurgicale est nécessaire.
Les patients instables sont immé-
diatement évalués en chirurgie vascu-
laire et on prépare alors le bloc pour
une intervention immédiate. Si le
temps le permet, on peut procéder à
une échographie au chevet, pour éva-
luer l’anévrisme, en autant que ceci ne
retarde pas la chirurgie.
Retour sur le cas
de M. Skulehr
Vous soupçonnez – avec raison –
une embolie périphérique en raison
d’un anévrisme probable de l’aorte
abdominale.Vous traitez
l’hypertension du patient avec un
bloqueur calcique, vous appelez le
département de radiologie et vous
parlez au radiologiste de garde qui
accepte de lui faire une
échographie d’urgence. Celle-ci
confirme un AAA infrarénal d’un
diamètre de 4 cm. Le patient est
hospitalisé d’emblée, pour
réparation semi-urgente d’un
anévrisme de l’aorte abdominale
avec complications.
Le patient a finalement été vu par
un interniste puis il a été opéré.
Quoique son évolution post-
opératoire ait été un peu houleuse,
notamment en raison de son
tabagisme, M. Skulehr s’en est sorti.
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