Défi diagnostic - STA HealthCare Communications

Le cas de M. Skulehr
M. Skulehr, ventripotent notaire de
53 ans, vous consulte au sans rendez-
vous pour un orteil noirâtre au pied
gauche, associé à une douleur
significative dans cet orteil. La douleur
l’a réveillé la nuit passée, il a donc pris
de l’acétaminopne, en comptant les
heures, jusqu’à l’ouverture de votre
clinique.
À l’examen, l’orteil est effectivement
noir. Le patient est clairement obèse.
Les pouls fémoraux, dieux et poplités
sont bien peus.Vous entendez un
souffle abdominal mais ne palpez aucune
masse. La tension est notée à 210/95.
De quoi souffre M. Skulehr? Comment
l’investiguez-vous?
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le clinicien avril 2011
Lanévrisme de laorte abdominale :
une bombe à retardement
François Melançon, M.D.
Défi diagnostic
Condition relativement fréquente touchant entre 2 et 4 % de la population,
l’avrisme de l’aorte abdominale (AAA) affecte sept fois plus les hommes
que les femmes, particulrement ceux âs entre 65 et 75 ans. Il est secondaire à la
dégénérescence de la média de la paroi arrielle qui grossit sans art, causant la
mort d’un grand nombre de gens qui n’ont jamais pu être diagnostiqs. En effet, la
plupart des cas sont asymptomatiques et ne sont découverts que de façon acci-
dentelle au cours d’examens faits pour d’autres raisons.
LAAA, dans la vaste majorité des cas, est le à l’atroscrose. Moins de 5 %
des cas sont secondaires à une infection à Gram positifs d’origine hématogène, l’in-
vasion de lintima et de la média créant alors un abs et une dilatation anévrismale
secondaire du vaisseau. Des causes encore plus rares d’AAA sont les syndromes
de Marfan et Ehlers-Danlos, les maladies du collane et les anévrismes myco-
tiques. Les AAA sont fusiformes (et en général assez étendus) ou sacculaires,
auquel cas ils sont alors beaucoup plus localisés.
Les symptômes
Cette condition demeure longtemps asymptomatique, jusqu’à ce que la lésion
atteigne le point de rupture. Les patients peuvent alors ressentir un vague
inconfort dans le dos, le flanc ou l’aine, quelques temps avant la rupture. Ce
malaise inguinal particulièrement insidieux est dû à la pression de la masse en
expansion sur un des nerfs fémoraux. Cet inconfort peut être le seul symptôme
et présente un défi important pour le clinicien.
Une fois l’avrisme rompu, les patients peuvent se psenter en choc avec de la
cyanose, une atteinte de l’état mental, de la tachycardie et de lhypotension. Ce choc
est si brutal que 65 % des gens souffrant d’une rupture d’anévrisme abdominal dé-
dent en collapsus cardiovasculaire avant même d’arriver en centre hospitalier.
Cela dit, plusieurs patients présentent une augmentation rapide des symptômes
(apparition rapide et progressive de douleur abdominale ou dorsale, de vomisse-
ments, de claudication ou de syncope) et le clinicien devra pter une grande atten-
tion à cette progression, synonyme de rupture imminente.
Linvestigation
Examen physique
Jusquà la survenue de choc et de collapsus vasculaires, les signes physiques d’un
AAA sont souvent extmement discrets. Même lorsque l’anévrisme est rompu, la
tension et le pouls peuvent être nor-
maux, dune part parce que la masse
de sang est encapsulée dans le rétro-
péritoine, dune autre part parce que la
douleur peut entraîner une hyperten-
sion secondaire.
Une masse abdominale pulsatile
signe en général le diagnostic, mais se
retrouve malheureusement seulement
dans moins de la moitié des cas. De
fait, même en connaissant le diagnos-
tic et en se préparant à une chirurgie,
on ne détecte pas encore 25 % des
anévrismes abdominaux à la palpation.
Le diagnostic erroné le plus fquent
est la colique néphrétique, d’autant
plus quune dissection associée de l’ar-
tère rénale se présente avec de la
douleur grave au flanc et de l’hématu-
rie. Plus fréquents que la masse pul-
satile, un souffle (ou bruit) abdominal
ou une subtile progression latérale de
londe de pouls aortique ne doivent pas
être manqués.
Tests dimagerie
Il nexiste aucun test de laboratoire
spécifique afin de détecter l’AAA. Les
tests suivants servent surtout à écarter
la possibilité dautres conditions pou-
vant mimer lAAA.
Échographie
L’échographie a une sensibilité de
quasi 100 % et une spécificité au-de
de 95 %. Ce test permet, entre autres,
de mettre en évidence du sang dans le
péritoine. Il a cependant quelques limi-
tations : la qualité des images est
notamment diminuée en présence de
gaz intestinaux ou dobésité abdomi-
nale, un problème de plus en plus pré-
valent. Lultrason demeure le test de
dépistage par excellence, car il permet
dévaluer la taille de la masse et per-
met aussi de suivre lévolution des
anévrismes découverts.
Tomodensitométrie
La tomodensitométrie fournit plus
dinformations que léchographie et
nest pas affectée par la présence de
gaz abdominaux ou l’obésité du
patient. Ce test permet d’évaluer avec
précision la zone suprarénale – là où
une extension est possible –, alors que
l’échographie est très limitée dans
cette région.
Imagerie par résonance
magtique (IRM)
LIRM fournit des images d’une qua-
lité supérieure à celles des échogra-
phies et des tomodensitotries, puis,
tout comme léchographie, elle n’ex-
pose pas les patients aux radiations
ionisantes. Par contre, le test est
moins efficace pour l’évaluation des
extensions suprarénales et ne devrait
pas être utilisé chez les patients insta-
bles.
Angiographie
Langiographie est le test qui démontre
de la façon la plus précise lanatomie
aortique. Langiographie, utilisée en
préopératoire, demeure un test invasif
qui n’est pas sans complications
(saignement, perforation, embolisa-
tion, etc.). Il ne devrait pas être utili
comme examen de dépistage. Quoi-
qu’intéressante, l’angiographie par
soustraction digitale n’est pas dis-
ponible partout et ne présente pas d’a-
vantage particulier par rapport à la
tomodensitométrie.
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Défi diagnostic
le clinicien avril 2011
Le diagnostic
d’un anévrisme
aortique n’est
pas facile et on
doit se fier à
un diagnostic
présomptif face
à tout patient
de plus de
50 ans
souffrant d’une
douleur
abdominale
soudaine.
Dr Melaon est
omnipraticien et compte
29 années d’expérience
dont 18 en salle
d’urgence. Il a pratiq
en cabinet privé et en
CLSC. Il est cemment
revenu à ses premières amours,soit la
decine d’urgence, la traumatologie et la
psychiatrie.
Défi diagnostic
Le traitement
préhospitalier
Les patients dont l’avrisme rompt
doivent être stabilis. On doit absolu-
ment maintenir une voie respiratoire,
oxygéner le patient (O2100 %) et con-
trôler le choc. De grosses voies
veineuses (14 ou 16 G) sont ensuite
posées. On fait alors une surveillance
constante de lélectrocardiogramme.
Le diagnostic d’un anévrisme aorti-
que n’est pas facile et on doit se fier à
un diagnostic psomptif face à tout pa-
tient de plus de 50 ans souffrant dune
douleur abdominale soudaine. Ces
patients doivent être transférés dans un
milieu qui puisse les investiguer et les
orer. Ils doivent alors être accompa-
gs d’un médecin capable de traiter
un choc hypovolémique pendant le
transport. Moins de 40 % des patients
souffrant d’un avrisme rompu attei-
gnent vivants le centre hospitalier dans
lequel ils pourraient être os.
Une fois à lurgence
À lurgence, on fonctionne à nouveau
avec un diagnostic présomptif; tout
patient de plus de 50 ans qui présente
une douleur abdominale soudaine et
croissante doit être consiré comme
souffrant d’un AAA en voie de
rupture ou déjà rompu, surtout
si cette douleur est accompag-
née de syncope ou des symp-
tômes dun choc hémorragique.
Lhypertension augmente de
fon significative la tension sur
la paroi artérielle et augmente,
par conquent, le risque de
rupture.Tout patient hypertendu
chez qui on retrouve un AAA non
rompu doit recevoir un traitement anti-
hypertenseur agressif avec une tension
systolique vie de 100 à 120 mmHg.
Lorsqu’un AAA commence à rom-
pre, le phénomène est associé à une
douleur significative qui entraîne tachy-
cardie et hypertension. Dans ce cas, des
analgésiques narcotiques, telle la mor-
phine, peuvent aider à diminuer l’hy-
pertension, tout en ayant un effet cal-
mant sur le patient.
La consultation chirurgicale
Lurgence d’une consultation dépend
de la stabilité de létat du patient. Lors-
que les patients sont à la fois hémody-
namiquement stables et asymptoma-
tiques, l’investigation prime. Le
patient doit alors consulter un chirur-
gien vasculaire si le diamètre de l’aorte
abdominale dépasse 3 cm ou si une
partie de laorte présente un diatre
équivalant une fois et demi celui du
segment adjacent. Avant une chirurgie
élective, le patient doit rencontrer un
interniste, pour stabiliser lensemble de
ses conditions médicales.
Les anévrismes de moins de 4 cm
sont suivis avec des échographies
sériées, tous les six mois. Si le
diamètre de lanévrisme augmente de
plus de 0,5 cm sur une période de
six mois, ou sil dépasse 4 cm, une cor-
rection chirurgicale est nécessaire.
Les patients instables sont immé-
diatement évals en chirurgie vascu-
laire et on prépare alors le bloc pour
une intervention immédiate. Si le
temps le permet, on peut procéder à
une échographie au chevet, pour éva-
luer lanévrisme, en autant que ceci ne
retarde pas la chirurgie.
Retour sur le cas
de M. Skulehr
Vous soupçonnez – avec raison –
une embolie périphérique en raison
d’un anévrisme probable de l’aorte
abdominale.Vous traitez
l’hypertension du patient avec un
bloqueur calcique, vous appelez le
département de radiologie et vous
parlez au radiologiste de garde qui
accepte de lui faire une
échographie d’urgence. Celle-ci
confirme un AAA infrarénal d’un
diamètre de 4 cm. Le patient est
hospitalisé d’emblée, pour
réparation semi-urgente d’un
anévrisme de l’aorte abdominale
avec complications.
Le patient a finalement été vu par
un interniste puis il a été opéré.
Quoique son évolution post-
opératoire ait été un peu houleuse,
notamment en raison de son
tabagisme, M. Skulehr s’en est sorti.
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