
Leçon 6 – Les types de société industrielle
D'une part, l'esprit de profit peut être considéré en tant que mobile individuel du sujet économique.
En deuxième lieu, le profit peut 'etre considéré, dans le cadre d'une entreprise, en tant que
remplissant une fonction économique. Il existe une certaine proportionnalité entre le prestige d'un
métier et les revenus qu'il permet d'obtenir, mais attention de ne pas simplifier à l'excès. D'autre
part, dans une société industrielle capitaliste, la comptabilité des entreprises doit consigner, au bout
de l'année, un excédent des revenus sur les dépenses. En ce sens, il faut qu'il y ait un profit. Mais ce
fait n'est pas propre à la société capitaliste: dans tout régime économique, il faut que l'entreprise, au
bout de l'année, ait une comptabilité excédentaire.
Il est vrai qu'une entreprise publique a la possibilité d'accepter le déficit et de que celui-ci peut être
utile afin de réduire le prix d'un service ou d'une marchandise, et de favoriser ainsi le
développement industriel. Encore ne faut-il pas abuser de cette tolérance.
Que les entreprises soient privées ou publiques, le profit joue un rôle. Une fois de plus, il faut
déterminer si ce rôle est différent selon que les entreprises sont privées ou publiques, selon le mode
de fonctionnement du système.
Revenons au mobile individuel: dans une économie planifiée, il existe une monnaie (on ne peut
éviter une monnaie, on y reviendra) et le désir d'un revenu monétaire élevé continuera à jouer un
rôle. Dans une économie planifiée de type soviétique, les salaires, sauf certains salaires agricoles,
sont payés sous forme de quantité de monnaie, le désir d'obtenir le revenu monétaire le plus élevé
n'y semble pas moins vif que dans une économie capitaliste. Aussi longtemps qu'il y a une monnaie,
il y a les prix: les prix des différents objets sont inégaux, les revenus monétaires les plus élevés
permettent d'acquérir certaines bonnes choses de l’existence. De plus, des revenus monétaires
élevés apportent du prestige. Il serait souhaitable, à certains points de vue, moral ou religieux, qu'il
n'y ait aucune relation entre le montant des revenus et le prestige.
En ce qui concerne le mobile individuel, la différence est de degré plutôt que de nature. A l'intérieur
de l'entreprise, dans toutes les sociétés modernes, le calcul du profit doit intervenir en tant que
garantie du bon fonctionnement de l'entreprise. La différence, c'est que dans une économie planifiée
on peut consacrer de grandes ressources à une branche industrielle qui ne fait pas de bénéfices; dans
une société capitaliste, l'absence de bénéfices est le signe soit que l'entreprise est mal gérée, soit que
la demande diminue. Le profit remplit une fonction, il contribue à déterminer la répartition des
ressources nationales; dans une société planifiée, au contraire, la répartition des ressources
nationales est déterminée du centre, sans référence au profit que l'on peut obtenir. Mais, le jour où
l'on tiendra compte des désirs des consommateurs, la répartition planifiée des ressources nationales
sera influencée par la réponse des sujets économiques qui s'exprimera plus ou moins dans le
montant des profits.
Le troisième argument contre la société capitaliste est qu'elle comporte un large degré d'inégalité
dans la répartition des revenus. Lié à la propriété individuelle des moyens de prod, il existe une
inégalité dans la répartition du capital. Que cette inégalité soit constante ou non, tout système qui
laisse aux individus la propriété des moyens de production, qui accepte la concurrence des individus
en vue du profit maximum, ne peut pas ne pas comporter une inégalité substantielle d'abord du
capital et ensuite des revenus. Pour l'inégalité des revenus, l'essentiel est de savoir quelle part
représentent les revenus du capital dans l'ensemble des revenus. Ex: si les revenus du capital
représentent une part faible dans l'ensemble des revenus distribués, le facteur principal d'inégalité
devient l'inégalité des salaires et des traitements à l'intérieur du système industriel lui-même.