La Lettre du Cancérologue - Suppl. n°1 Les Actualités au vol. XV - n° 3 - juillet 2006
Éditorial
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les femmes ayant déjà une infection par HPV. L’objectif principal était soit l’identification d’une infection
persistante par HPV 6, 11, 16 ou 18, ou la survenue d’une maladie génitale causée par ces génotypes
d’HPV. Après un suivi de 30 mois à partir du début de la vaccination, l’incidence combinée d’une infection
par HPV 6, 11, 16 ou 18 ou la survenue d’une maladie génitale associée a été réduite significativement
de 90 % chez les femmes ayant reçu le vaccin par rapport à celles ayant reçu le placebo. De plus, quelle
que soit la dose de vaccin reçue, le niveau d’immunogénicité est resté excellent et les anticorps induits par
le vaccin avaient un titre significativement plus élevé que celui enregistré chez les femmes déjà infectées
par HPV et ayant reçu le placebo. Quant à la tolérance, elle reste acceptable, sachant que les effets
secondaires ont été davantage rapportés dans le bras “vaccin” que dans le bras placebo.
Les plus fréquents des effets secondaires rapportés ont été des douleurs au point d’injection et
des céphalées. Au total, cette étude a démontré pour la première fois qu’un vaccin prophylactique dirigé
contre quatre génotypes de HPV (HPV 6,11,16 et 18) pouvait non seulement être bien toléré, mais aussi
prévenir d’une infection par ces virus et, de ce fait, des complications génitales associées de manière
significative, en induisant des titres élevés d’anticorps, en tout cas à des niveaux supérieurs à ceux
constatés lors d’une immunogénicité naturelle. Une étude à plus long terme et à plus large échelle
s’impose afin de pouvoir évaluer de manière optimale la durée d’efficacité d’un tel vaccin.
Le deuxième vaccin produit à partir de trichoplusia ni est bivalent, dirigé contre les deux plus oncogènes
des génotypes, à savoir HPV 16 et HPV 18 (Cervarix®, GlaxoSmithKline). L’étude pivot publiée
en 2004 (3) vient d’être réactualisée après un suivi de 4,5 ans (suivi médian = 47,7 mois) et confirme à
long terme l’efficacité de ce vaccin (4). Cette étude pivot avait consisté à randomiser 1 113 femmes âgées
de 15 à 25 ans, qui pouvaient recevoir par voie I.M. soit trois doses du vaccin bivalent anti-HPV 16/18
(bivalent HPV 16, 18-L1 virus-like particle vaccine) soit trois doses du placebo. L’objectif principal
de cette étude était bien entendu d’évaluer l’efficacité de ce vaccin en matière de prévention contre
l’infection par HPV 16 et/ou 18 chez des jeunes filles initialement négatives à la fois par ELISA et PCR.
Les objectifs secondaires étaient d’évaluer l’efficacité de ce vaccin sur la persistance d’une infection
par HPV 16 et/ou 18 à long terme, mais aussi sur la prévention de lésions prénéoplasiques
(CIN 1 à 3), atypiques (ASCUS), ou invasives liées à HPV (carcinome épidermoïde ou adénocarcinome).
Les autres objectifs concernaient l’immunogénicité de ce vaccin, sa tolérance et ses paramètres
de sécurité. L’étude à 27 mois de suivi annonçait que l’efficacité significative de ce vaccin était évaluée
à 91,6 % contre le risque d’infection et à 100 % contre le risque d’infection persistante, associée
à une bonne tolérance, une bonne sécurité et une excellente immunogénicité ; l’étude récente à 4,5 ans
vient confirmer ces résultats à long terme.
Plus de 98 % des femmes restent séropositives pour HPV 16/18 après vaccination. L’efficacité
significative contre HPV 16 et/ou 18 se maintient à 96,9 % sur le risque d’infection et à 100 %
sur le risque d’infection persistante à 12 mois. Après une analyse combinée entre les résultats initiaux
et actualisés, ce vaccin reste efficace à 100 % contre le risque de survenue de lésions cervicales
prénéoplasiques associées à HPV 16 et/ou 18, mais semble aussi assurer une protection croisée
contre d’autres génotypes tels que HPV 45 et HPV 31. Quant à la tolérance, même à long terme,
elle garde un bon profil, et l’immunogénicité de ce vaccin (HPV 16/18-L1 virus-like particle AS04)
reste tout aussi excellente.
Au total, ces vaccins hautement protecteurs contre certains génotypes de HPV pourraient parfaitement
être recommandés en première intention pour des préadolescentes, que l’on pourrait ainsi vacciner
à l’occasion d’autres vaccins habituellement conseillés, mais aussi chez des adolescentes, voire des
jeunes femmes de plus de 18 ans, pour lesquelles un rattrapage est encore possible. Ces programmes
de vaccination resteront bien entendu totalement complémentaires du dépistage, d’autant qu’un grand
effort d’information sur cette infection et les pathologies qui lui sont associées est actuellement
à prévoir. En effet, de nombreuses femmes, et même certains membres du corps médical, méconnais-
sent l’infection par HPV, qui est pour le moins une infection sexuellement transmissible.
Du fond du handicap,
sauver le champ du désir d’être
La vaccination au service de la prévention du cancer du col utérin :
enfin des résultats pour une application clinique dans un futur très proche