L’astronomie dans le monde Rayons cosmiques L’analyse de quatre années de données

148 - Le Ciel, avril 2013
L’astronomie dans le monde
Rayons cosmiques
L’analyse de quatre années de données
du télescope spatial gamma Fermi con rme
que les supernovæ sont d’importantes sources
de rayons cosmiques. Les scienti ques ont
identi é deux anciennes supernovæ dont les
ondes de choc ont accéléré des protons jusqu’à
pratiquement la vitesse de la lumière, les trans-
formant ainsi en rayons cosmiques.
Depuis longtemps, les théoriciens ont
soupçonné que les sources de protons étaient
les explosions de supernova dans la Galaxie,
ou les puissants jets de trous noirs d’autres
Image composite en plusieurs longueurs
d’onde du reste de supernova IC 443 (la
nébuleuse de la Méduse). Les observations
gamma de Fermi sont en magenta et le
domaine visible est en jaune. Les données
infrarouges de l’observatoire spatial WISE
sont représentées respectivement en bleu
(3,4 microns), cyan (4,6 microns), vert (12
microns) et rouge (22 microns). Les boucles
cyan indiquent où le reste de supernova
interagit avec un nuage dense de gaz
interstellaire. (NASA/DOE/Fermi LAT
Collaboration, NOAO/AURA/NSF, JPL-
Caltech/UCLA)
avril 2013, Le Ciel - 149
Prouver l’accélération des protons était la
clé de l’explication de l’origine des rayons
cosmiques. Ces deux spectres de restes de
supernovæ sont les « smoking guns » que
cherchaient les astronomes. Les observations
du Fermi Large Area Telescope coïncident
avec les prédictions de la désintégration
du pion neutre. (NASA/DOE/Fermi LAT
Collaboration, Chandra X-ray Observatory,
ESA Herschel/XMM-Newton)
galaxies, mais aucun de ces objets n’avaient
encore été pris en agrant délit. Au cours de
leur voyage dans la Galaxie, les champs ma-
gnétiques dévient les particules chargées de
leur trajectoire et nous empêchent d’en situer
l’origine. Cependant divers mécanismes d’in-
teraction peuvent créer des photons gamma
de haute énergie à partir des protons, et ces
rayons gamma voyagent, eux, en ligne droite.
Les données de Fermi concernent essen-
tiellement les deux restes de supernovæ IC443
et W44. Ces nébuleuses sont en expansion au
cœur de vastes nuages interstellaires froids et
denses. Les protons qui s’échappent des restes
des supernovæ peuvent frapper des atomes
dans les nuages froids et créer des rayons
gamma.
Jusqu’à présent les scientiques ne pou-
vaient dire quelles particules étaient à l’origine
des émissions gamma observées dans les
nuages interstellaires car les électrons donnent
des émissions similaires à celles des protons.
Mais quatre années d’observations minutieuses
ont révélé une différence essentielle, due à
150 - Le Ciel, avril 2013
brillante à son maximum qu’elle projetait des
ombres et était visible au cours de la journée.
Plus récemment, les astronomes ont localisé
cette supernova et l’ont baptisée SN 1006. Ils
ont également découvert un anneau de matière
lumineuse en expansion dans la constellation
du Loup, dans l’hémisphère austral, qui corres-
pond aux restes de la gigantesque explosion.
Les astronomes ont voulu étudier ce qui se
passe à l’endroit où de la matière éjectée à
grande vitesse par la supernova rencontre de
la matière interstellaire stationnaire – l’onde
de choc. Cette onde de choc en expansion à
grande vitesse est semblable à la détonation
produite par un avion se déplaçant à vitesse
supersonique et constitue un candidat naturel
pour un accélérateur de particules cosmiques.
Pour la première fois, les astronomes
n’ont pas simplement obtenu des informations
concernant la matière en un point de l’onde de
choc. Ils ont également dressé une carte re-
censant les propriétés du gaz et leur évolution
à mesure que l’onde de choc se déplace. Le
tout a fourni de précieux indices nécessaires à
élucider le mystère.
une particule éphémère, un
« pion » neutre, créé par les
protons. Ces pions se dé-
sintègrent spontanément en
une paire de rayons gamma,
en produisant un spectre
caractéristique – un « cu-
toff » – aux basses énergies.
L’observation de ce cutoff
par Fermi a permis de dé-
signer les protons comme
responsables des émissions
de IC 443 et W44. Une
première suspicion de la
formation de ces pions avait
déjà été soulevée récem-
ment par le satellite italien
AGILE.
Les protons em-
prisonnés dans le champ
magnétique des restes de
supernovæ subissent de
légères accélérations lors des passages à répé-
tition au travers des ondes de choc, jusqu’à ce
qu’ils acquièrent une énergie capable de les
éjecter de la nébuleuse comme rayons cosmi-
ques.
Le reste de supernova IC 443, parfois
appelé Nébuleuse de la Méduse, est situé à
5 000 années-lumière dans la constellation des
Gémeaux et est âgé d’environ 10 000 ans.
W44 est deux fois plus lointain, à environ
9 500 années-lumière dans l’Aigle et il est
aussi deux fois plus vieux.
Des observations au sol ont également
levé le voile sur l’origine des rayons cosmi-
ques. Elles concernent un reste de supernova
âgé, celui-ci, d’un millier d’années. Les obser-
vations ont été effectuées à l’aide du VLT de
l’ESO. Pour la toute première fois, les obser-
vations indiquent la présence de particules se
déplaçant à grande vitesse dans les restes de la
supernova, qui pourraient être les précurseurs
de ces rayons cosmiques. Au cours de l’année
1006, une nouvelle étoile est apparue dans le
ciel austral et a été répertoriée dans le monde
entier. Sa brillance était largement supérieure à
celle de la planète Vénus et rivalisait sans dou-
te même avec l’éclat de la Lune. Elle était si
avril 2013, Le Ciel - 151
De nouvelles observations très détaillées des
restes d’une supernova datée d’un millier
d’années ont levé le voile sur les origines des
rayons cosmiques. Ces observations ont été
effectuées à l’aide du VLT de l’ESO.
L’image de gauche montre l’intégralité
des restes de la supernova SN 1006 dans
les domaines radio (rouge), X (bleu) et
visible (jaune). Le second panneau, qui
correspond à la petite région de forme carrée
dessinée à gauche, est une vue rapprochée
de l’étroite zone entourant l’onde de choc
prise par le Télescope spatial Hubble du
consortium NASA/ESA, où la matière issue
de la supernova entre en collision avec le
milieu interstellaire. Le troisième panneau
montre comment l’unité intégrale de champ
de l’instrument VIMOS divise l’image
en plusieurs petites régions, la lumière
provenant de chacune d’elles gurant
sous l’aspect d’un spectre constitué de ses
différentes composantes de couleurs. Lorsque
ces spectres sont analysés, des cartes de
propriétés de l’objet sous-jacent peuvent
être obtenues. L’exemple guré ici à droite
est une carte de l’une des propriétés du
gaz (la largeur d’une raie spectrale) dont
la variabilité suggère, à l’instar d’autres
éléments, la présence de protons animés
d’une très grande vitesse.
(ESO, Radio : NRAO/AUI/NSF/GBT/
VLA/Dyer, Maddalena & Cornwell, X-ray:
Chandra X-ray Observatory; NASA/CXC/
Rutgers/G. Cassam-Chenaï, J. Hughes et
al., Visible light : 0,9-metre Curtis Schmidt
optical telescope ; NOAO/AURA/NSF/CTIO/
Middlebury College/F. Winkler and Digitized
Sky Survey.
Les résultats obtenus ont suscité la sur-
prise – ils suggèrent l’existence d’une forte
densité de protons se déplaçant à grande vi-
tesse dans le gaz traversé par l’onde de choc.
Bien qu’ils ne constituent pas eux-mêmes les
rayons cosmiques de haute énergie recherchés,
ces protons pourraient interagir avec l’onde
de choc jusqu’à atteindre les hautes énergies
requises et être éjectés dans l’espace sous la
forme de rayons cosmiques. C’est la première
fois que nous sommes en mesure d’observer,
dans le détail, ce qui se passe à l’intérieur et
en marge de l’onde de choc d’une supernova.
Il existe une région dont la température élevée
peut s’expliquer par le fait que des protons
emportent de l’énergie derrière l’onde de choc.
152 - Le Ciel, avril 2013
Le bolide de Chelyabinsk
Basé sur des communiqués de l’ESA,
de la NASA et de RIA Novosti
Les premiers résultats relevés après l’im-
pact de l’astéroïde en Russie le 15 février, le
plus grand depuis plus d’un siècle, deviennent
plus précis. Pour l’ESA, ces informations sont
d’une valeur cruciale pour le développement
de stratégies de détection et d’observation
d’astéroïdes.
Le 15 février à 03 h 20 GMT, un objet
naturel a pénétré l’atmosphère terrestre et
s’est désagrégé dans le ciel de Chelyabinsk en
Russie.
Les nombreux enregistrements vidéo
montrent une trajectoire allant du nord-est au
sud-ouest avec un angle plat de 20° au-dessus
de l’horizon. La vitesse d’entrée dans l’at-
mosphère est estimée à 18 km/s, donc plus de
64 000 km/h.
D’après les calculs de Peter Brown
(University of Western Ontario, Canada) basés
sur les relevés du réseau mondial CTBTO, les
fréquences des ondes sonores détectées étaient
extrêmement basses et l’objet avait une taille
d’environ 17 m pour une masse comprise entre
7 000 et 10 000 tonnes avant d’exploser dans
l’atmosphère.
Le rôle du réseau CTBTO (Compre-
hensive Test Ban Treaty Organization) est de
repérer d’éventuelles explosions nucléaires.
Les infrasons sont des ondes sonores de très
basses fréquences que peuvent entendre les
éléphants et quelques autres animaux. Les
météorites engendrent des trains d’onde de ce
genre dans l’atmosphère. En les analysant on
peut estimer la durée du trajet de la météorite
dans l’air, sa direction et son énergie. Le signal
enregistré pour l’objet de Chelyabinsk est le
plus puissant jamais détecté par le réseau. La
station CTBTO la plus éloignée qui l’ait enre-
gistré était en Antarctique, à 15 000 kilomètres.
La èche marque la position
de Chelyabinsk (Novosti)
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