La Lettre de l’Infectiologue - Tome XXII - n° 4 - juillet-août 2007
Compte-rendu de la littérature
Compte-rendu de la littérature
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Ecacité de la moxioxacine dans le traitement des sinusites
maxillaires aiguës en situation d’échec et dans les sinusites
aiguës à haut risque de complications : étude SCALA
Méthodologie. L’étude SCALA est une étude multicentrique
française prospective ayant inclus 258 patients adultes recrutés
par 52 médecins ORL de ville (8). Les patients présentaient soit
une sinusite maxillaire aiguë en situation d’échec, diagnostiquée
sur la persistance de la symptomatologie initiale malgré l’admi-
nistration d’un traitement antibiotique probabiliste de première
intention pendant au moins trois jours, soit une sinusite aiguë à
haut risque de complications, telle qu’une sinusite frontale, une
sinusite sphénoïdale ou une pansinusite. Pour tous les patients,
le diagnostic de sinusite et de sa localisation était conrmé par
radiologie lors de l’inclusion. Le protocole prévoyait également
la réalisation d’un prélèvement bactériologique au méat moyen
à l’inclusion, au 3e ou 4e jour de traitement et 7 à 10 jours après
la n du traitement en cas de persistance de pus. Conformément
au libellé d’AMM, la moxioxacine était administrée à raison d’un
comprimé par jour dosé à 400 mg pour une durée de 7 jours.
Le critère principal d’ecacité était la disparition de tous les
signes cliniques de la sinusite (guérison clinique), 7 à 10 jours
après la n du traitement (8).
Ecacité clinique. Dans la population per protocole (n = 216,
dont 175 cas de sinusite maxillaire aiguë en situation d’échec
et 41 cas de sinusite à haut risque de complications), 92,6 %
des patients (200/216) ont été considérés en guérison clinique
7 à 10 jours après la n du traitement (8).
Ecacité bactériologique. Chez les patients de la population
per protocole qui avaient à l’inclusion une sinusite bactériolo-
giquement documentée (n = 92), l’éradication bactériologique
(documentée ou présumée) a été obtenue dans 95,7 % des cas
(88/92) au 3e/4e jour de traitement. Sept à 10 jours après la n
du traitement, le succès bactériologique a été conrmé chez
97,2 % (69/71) des patients traités pour une sinusite maxillaire
aiguë en situation d’échec et chez 95,2 % (20/21) des patients
qui présentaient une sinusite à risque de complications. Aucun
échec bactériologique n’a été constaté lorsqu’une souche de
pneumocoque avait été initialement isolée (30 souches sur
102), y compris en cas de souche de sensibilité diminuée ou
résistante à la pénicilline (18 souches) [8].
Conclusion. L’étude SCALA a démontré que la moxioxacine, à
raison d’un comprimé à 400 mg par jour pendant 7 jours, constitue
un traitement ecace des sinusites maxillaires aiguës en situa-
tion d’échec d’une antibiothérapie antérieure et des sinusites à
haut risque de complications (sinusites frontales, sphénoïdales,
pansinusites). Elle a également documenté pour la première fois
l’ecacité clinique et bactériologique d’une uoroquinolone
antipneumococcique dans ces indications, conrmant ainsi les
recommandations actuelles d’utilisation (6, 8).
Efficacité de la moxifloxacine comparée à celle d’une
antibiothérapie classique dans les exacerbations aiguës
de bronchite chronique : étude MOSAIC
Méthodologie. L’étude MOSAIC est un essai multicentrique inter-
national randomisé en double aveugle et en groupes parallèles,
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ayant comparé les résultats à court et à long terme d’un traite-
ment des exacerbations de BPCO par la moxioxacine (400 mg/j)
pendant 5 jours ou par une antibiothérapie classique (amoxicilline
500 mg x 3/j, clarithromycine 500 mg x 2/jour, céfuroxime axetil
250 mg x 2/j) pendant 7 jours (9). La population incluse comportait
1 935 patients ambulatoires âgés d’au moins 45 ans, atteints d’une
BPCO d’origine tabagique (tabagisme ≥ 20 paquets-années) en
état stable, avec un VEMS inférieur à 85 % de la valeur théorique
et ayant présenté au cours de l’année précédente au moins deux
épisodes d’exacerbation. Parmi les patients inclus, 733 en ont
présenté un au cours des 12 mois suivant leur inclusion et ont été
randomisés à l’occasion de ce nouvel épisode pour recevoir soit la
moxioxacine (n = 357), soit l’antibiothérapie classique (n = 376).
Le protocole prévoyait une évaluation 7 à 10 jours après l’arrêt
du traitement et un suivi à long terme, jusqu’à la survenue d’un
nouvel épisode d’exacerbation ou jusqu’au 9
e
mois suivant la
randomisation. Ce suivi prolongé était destiné à évaluer le recours
éventuel à une antibiothérapie complémentaire après traitement
et le délai de survenue d’un nouvel épisode d’exacerbation. Le
critère principal d’ecacité était le taux de réponses cliniques
7 à 10 jours après la n du traitement (guérison clinique avec
retour à l’état clinique antérieur ou amélioration clinique avec
retour incomplet à l’état clinique antérieur, sans nécessité d’une
antibiothérapie complémentaire) [9].
Résultats à court terme. Les taux de réponses cliniques 7 à
10 jours après la n du traitement ont été comparables dans les
groupes moxioxacine et antibiothérapie classique, aussi bien
dans la population en intention de traiter (n = 730) que dans
celle per protocole (n = 572) : respectivement 87,6 % versus
83 % et 87,2 % versus 84,2 % (9).
Résultats à long terme. Au cours de la période de suivi, le
pourcentage de patients ayant nécessité une antibiothérapie
complémentaire a été signicativement plus faible dans le groupe
moxioxacine que dans le groupe antibiothérapie classique
(p = 0,006 dans la population en intention de traiter et p = 0,045
dans celle per protocole). Parallèlement, dans la population en
intention de traiter n’ayant pas nécessité d’antibiothérapie
complémentaire (n = 643), la durée moyenne de l’intervalle libre
sans nouvel épisode d’exacerbation a été signicativement plus
longue dans le groupe moxioxacine que dans le groupe anti-
biothérapie classique : 132,8 jours contre 118 jours (p = 0,03).
Enn, sur un critère d’analyse concernant le pourcentage de
patients n’ayant présenté ni un échec thérapeutique à l’issue du
traitement de l’exacerbation initiale, ni le besoin d’un recours à
une antibiothérapie complémentaire, ni la survenue d’un nouvel
épisode d’exacerbation au cours du suivi, la moxioxacine a été
signicativement supérieure à l’antibiothérapie classique chez
les patients dont la dernière exacerbation avant randomisation
remontait à six mois ou moins (p < 0,01) [gure 1] (9).
Conclusion. L’étude MOSAIC a démontré que la moxioxa-
cine utilisée dans le traitement des exacerbations de BPCO
apporte, avec une ecacité clinique comparable à court terme
à une antibiothérapie classique, un bénéce signicatif à long
terme, marqué par un allongement de l’intervalle libre jusqu’à
la survenue d’un nouvel épisode d’exacerbation (9).
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