ONCOGÉRIATRIE MAO 2011 : du vieillissement à la maladie cancéreuse Mao 2011: from ageing to cancer disease E. Carola* M * Unité pilote de coordination en oncogériatrie, centre hospitalier de Senlis. AO 2011 (Monaco Âge Oncologie), c’est non seulement un échange de bonnes pratiques en oncogériatrie, mais aussi un temps de réflexion sur les problèmes existentiels de notre société. On peut décomposer l’ensemble de cette réunion en quatre parties : ➤➤ le problème du vieillissement et ses connexions avec la maladie cancéreuse ; ➤➤ l’organisation de la prise en charge des patients âgés atteints de cancer ; ➤➤ l’actualité thérapeutique oncogériatrique ; ➤➤ enfin, les particularités de l’association VIHcancer chez les patients âgés de demain. l’étude des cancers ovariens (GINECO) retrouvait la lymphopénie comme facteur prédictif de décès précoce des patientes âgées atteintes d’un cancer de l’ovaire avancé traitées par chimiothérapie. S’y associe un raccourcissement des télomères dans le complément d’analyse mené par le Dr C. Falandry. Au-delà de la sénescence, le Pr G. Freyer (hospices de Lyon) a abordé l’histoire du vécu de la mort à travers les siècles. On est passé de la fosse commune à la fausse sanctuarisation dans un lit d’hôpital à travers l’“euthanasie médicalement assistée”. La mort, initialement familière, a ensuite été redoutée puis déplorée, et elle est actuellement niée et travestie. Vieillissement et maladie cancéreuse : des connexions multiples Organisation de la prise en charge des patients âgés atteints de cancer Au cours de la cancérogenèse, l’apparition d’ano­ malies génétiques successives au fil du temps explique l’augmentation de l’incidence des cancers avec l’âge. Ce fardeau mutationnel, décrit par le Dr C. Falandry (hospices de Lyon), aboutira à l’apoptose ou à la sénescence cellulaire. Cette dernière peut s’accompagner d’un ralentissement du renouvellement cellulaire avec raccourcissement des télomères ou, au contraire, inhiber le phénomène d’apoptose et favoriser une prolifération tumorale avec propension à accumuler des mutations. Les cellules à taux de renouvellement élevé comme les lignées hématopoïétiques et les épithéliums sont sous la dépendance de cellules souches. Ces cellules souches expriment la télomérase, qui diminue le processus de raccourcissement des téIomères expliquant son autorenouvellement durable. Les données actuelles permettent de penser que cet autorenouvellement n’est pas infini en raison de perturbations des fonctions télomériques. La lymphopénie consécutive à cet épuisement médullaire rendrait compte de ces perturbations. L’étude FAG du Groupe d’investigateurs nationaux pour Le premier Plan cancer avait permis l’organisation d’unités pilotes de coordination en oncogériatrie et, après 5 ans de pratique, on mesure mieux l’impor­ tance de cette démarche et l’intérêt qu’elle a suscité : elle mérite d’être étendue à l’ensemble du territoire. Un nouvel appel à projet de l’Institut national du cancer (INCa) devrait donc prochainement permettre le financement de telles structures. 412 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 6 - juin 2011 Le binôme oncogériatrique des Drs E. Carola (CH de Senlis) et F. Woerth (CH de Senlis) a rappelé les actions régionales mises en place par l’Unité pilote de coordination en oncogériatrie (UPCOG) du sud de l’Oise sur le territoire picard : ➤➤ information pragmatique (fiche INFOCancer adressée aux patients de plus de 75 ans) ; ➤➤ formation médicale et paramédicale continue ; ➤➤ études de recherche clinique ciblées sur l’apport d’une évaluation gériatrique prédictive (étude OLD en cours ; étude IEGAC). Cette UPCOG a en outre permis la création d’un réseau ville-hôpital oncogériatrique : l’Oncageoise. ONCOGÉRIATRIE Importance de la prise en charge nutritionnelle chez le patient âgé Le Pr S. Schneider (CHU de Nice) a rappelé la gravité de la dénutrition observée dans l’évolution des cancers : ➤➤ elle empêche la réalisation des protocoles thérapeutiques ; ➤➤ elle accentue les complications des traitements ; ➤➤ elle réduit la survie ; ➤➤ elle affecte la qualité de vie ; ➤➤ enfin, elle accroît les coûts d’hospitalisation. Tableau. Seuils de dénutrition selon la HAS (1). Critères diagnostiques de dénutrition Le diagnostic de dénutrition repose sur la présence d’un ou de plusieurs des critères ci-dessous. Dénutrition • Perte de poids ≥ 5 % en 1 mois, ou ≥ 10 % en 6 mois • Perte de poids ≥ 10 % en 1 mois, ou ≥ 15 % en 6 mois • IMC < 21 • IMC < 18 • Albuminémie* < 35 g/l • Albuminémie < 3 g/l • MNA global < 17 * Interpréter le dosage de l’albuminémie en tenant compte de l’état inflammatoire du malade, évalué avec le dosage de la protéine C réactive. Les seuils de dénutrition selon la Haute Autorité de santé (HAS) reposent sur quatre critères (1) : la perte de poids, l’indice de masse corporelle (IMC), l’albuminémie et le Mini Nutritional Assessment (MNA) global (tableau). Plus la prise en charge nutritionnelle sera précoce, plus elle sera efficace. Ses objectifs sont : ➤➤ des apports énergétiques de 30 à 40 Kcal/kg/j ; ➤➤ des apports protéiques de 1,2 à 1,5 g/kg/j. La Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR), associée à la Société francophone nutrition clinique et métabolisme (SFNEP), propose un arbre décisionnel de suivi nutritionnel (figure 1). Syndrome confusionnel postopératoire : comment l’éviter ? Le syndrome confusionnel représente la complication postopératoire la plus fréquemment observée chez le sujet âgé. Son incidence est de l’ordre de 37 % et il constitue un facteur prédictif indépendant de mortalité dans les 12 mois qui suivent l’hospitalisation. Près de 30 % des patients qui présentent un syndrome confusionnel sont encore confus à 6 mois. Dans la littérature, les facteurs favorisant la survenue de ce syndrome en chirurgie oncologique du sujet âgé sont l’âge, la polymédication, les traitements antalgiques reçus, les comorbidités et le statut nutritionnel. Une étude menée au CHU Ambroise-Paré à Boulogne-Billancourt, présentée par le Dr T. Cudennec, a inclus 118 patients (103 atteints de cancers), d’un âge moyen de 81,3 ans, devant bénéficier d’une chirurgie digestive lourde programmée (2). En analyse multivariée, trois facteurs sont significativement associés à la survenue d’un syndrome confusionnel postopé- Dénutrition sévère Évaluation de l’état nutritionnel + évaluation des besoins protéino-énergétiques + évaluation des ingesta Pas de dénutrition Ingesta = besoins Dénutrition modérée Ingesta < 2/3 besoins Pesée 1 fois/semaine Ingesta > 2/3 besoins Prise de poids Ingesta = besoins Poursuite CNO Ingesta < 2/3 besoins Alimentation enrichie CNO Réévaluation 1 fois/semaine Dénutrition sévère Tube digestif fonctionnel OUI Perte de poids Ingesta < besoins Nutrition entérale NON Échec Nutrition parentérale Court terme terme Moyen/long terme (<Court (< 4 semaines) Gastro/jéjunostomie 2 semaines) SNG VVP Tous termes VVC CNO : compléments nutritionnels oraux ; SNG : sonde naso-gastrique ; VVC : voie veineuse centrale ; VVP : voie veineuse périphérique. Figure 1. Arbre décisionnel du soin nutritionnel selon la SFNEP et la SFAR. ratoire : l’autonomie pré­o pératoire à la marche (p = 0,009), un score ASA (ou “Physical Status Score”) de 3 ou 4 (p = 0,02) et le recours aux dérivés du tramadol en post­opératoire (p = 0,0009). La durée moyenne de séjour des patients confus était augmentée de 5 jours (p = 0,023). De plus, l’obser­ vation d’un syndrome confusionnel n’était pas le reflet d’une complication du geste chirurgical. Ces données permettent d’insister sur la nécessité d’évaluer les patients âgés en préopératoire lors de chirurgies programmées et d’identifier les facteurs La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 6 - juin 2011 | 413 ONCOGÉRIATRIE MAO 2011 : du vieillissement à la maladie cancéreuse connus de risque de survenue d’un syndrome confusionnel afin de limiter l’impact de ce dernier sur la morbidité et la mortalité périopératoires. Quoi qu’il en soit, la maladie d’Alzheimer reste un facteur de non-traitement d’un cancer après ajustement sur les comorbidités et l’âge (4). Alzheimer et cancer : risques cumulés ? Actualité thérapeutique oncogériatrique Le Dr L. Balardy (UPCOG de Toulouse), après avoir rappelé les chiffres alarmants mais authentiques de plus de 600 000 malades d’Alzheimer âgés de plus de 70 ans et de plus de 130 000 nouveaux cas annuels, a développé les rapports ou antagonismes existants entre la maladie d’Alzheimer et le cancer. La maladie d’Alzheimer évolue sur une durée moyenne de 8 à 12 ans et son diagnostic suspecté peut être formalisé grâce aux biomarqueurs du liquide céphalorachidien (LCR) et à la neuro-imagerie (variation du volume hippocampique). Selon des publications récentes, la prévalence de la maladie d’Alzheimer serait associée à une réduction du risque de développement d’un cancer, et vice versa, chez les personnes âgées de plus de 65 ans (3). Les hypothèses biologiques restent théoriques, et il faut se méfier des biais que peuvent constituer notamment : ➤➤ une évaluation superficielle des fonctions cognitives chez les patients atteints de cancer ; ➤➤ à l’inverse, l’absence de recherche diagnostique et, a fortiori, de dépistage des cancers chez des malades atteints d’Alzheimer. Monothérapie MST = 10,3 mois (IC95 : 8,3-13,3) Survie à 1 an : 45,1 % (IC95 : 38,2-51,8) 1,0 Doublet MST = 6,2 mois (IC95 : 5,3-7,4) Survie à 1 an : 26,9 % (IC95 : 21-33,1) Probabilité de survie 0,8 0,6 p = 0,00004 0,4 0,2 0,0 0 6 12 18 24 30 36 11 30 4 14 1 7 Mois Monothérapie 226 Doublet 225 112 150 45 78 24 46 Figure 2. Survie globale en intention de traiter. 414 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 6 - juin 2011 42 Dans le cancer broncho-pulmonaire Le Dr H. Lecaer (CH de Draguignan) a rapporté l’impor­tance des comorbidités chez 1 540 patients de 70 ans et plus présentant un cancer broncho-­ pulmonaire : 52,6 % avaient une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), 37,0 % une hypertension artérielle (HTA), 23,0 % une coronaropathie, 17,6 % une artérite, 14,2 % un diabète et, enfin, 7 % avaient fait un accident vasculaire cérébral (AVC). Les questions posées en 2011 dans ce domaine sont : ➤➤ Pouvons-nous utiliser le cisplatine chez les patients âgés ? ➤➤ Devons-nous utiliser une monothérapie ou une association ? ➤➤ Quelle est la place de l’évaluation gériatrique ? Dans le Journal of Clinical Oncology, C. Gridelli et al. avaient montré en 2007 la faisabilité du cisplatine (5). En 2008, Y.M. Chen et al. ne trouvaient pas de bénéfice en termes de survie globale d’une association versus une monothérapie, mais l’effectif était faible (65 patients) [6]. L’étude IFCT-0501 (7), présentée cette année à l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) ainsi que dans un précédent article paru dans La Lettre du Cancérologue, semble asseoir définitivement la supériorité de l’association carboplatine-paclitaxel sur la monothérapie chez le sujet âgé, mais au prix d’une toxicité plus importante (6,62 % de décès toxiques). Toutefois, les patients traités dans l’étude demeurent globalement des patients en bon état général “non vulnérables”. L’ampleur des résultats doit amener à traiter davantage de sujets âgés par une bithérapie à base de carboplatine, mais cela demeure difficilement extrapolable à l’ensemble de la population des sujets âgés, conclut le Dr H. Lecaer (figure 2). Dans les cancers des voies aérodigestives supérieures Les résultats présentés ces dernières années ne semblent pas retrouver de bénéfice avec les nouvelles associations chez les patients âgés comparativement aux plus jeunes. Effectivement, le Dr Ortholan a présenté la méta-analyse du MACH-NC (Meta- ONCOGÉRIATRIE Catégorie Nombre de décès LRT + CT Nombre d’entrées LRT Variance Moins de 50 803/1 296 860/1 288 386,9 9,8 ± 2,1 51-60 1 069/1 645 1 198/1 661 539,7 7,8 ± 1,8 61-70 972/1 368 988/1 330 457,8 3,0 ± 1,9 71 ou plus 273/356 260/336 114,7 – 0,7 ± 3,9 p trend = 0,003 0,5 1,0 LRT + CT meilleur Depuis 14 ans, le Groupe d’investigateurs nationaux pour l’étude des cancers ovariens (GINECO) œuvre dans la recherche oncogériatrique, ainsi que nous l’a rappelé le Dr C. Falandry. En 2005, dans Annals of Oncology, le Pr G. Freyer publiait les résultats de l’étude FAG 1 (10) étudiant la faisabilité de la chimio­ thérapie (carboplatine-cyclophosphamide) chez des patientes âgées. La dépression ressortait comme facteur pronostique gériatrique de la toxicité et de la survie globale. L’étude FAG 2 (carboplatine-taxol) avait une survie globale identique à celle de FAG 1, confirmait la dépression comme facteur pronostique de survie et faisait ressortir aussi la lymphopénie (11). Enfin, l’étude FAG 3 en cours avec le carboplatine en monothérapie étudiera l’impact des désordres émotionnels et de la taille des télomères sur la tolérance du traitement et sur la survie. 2,0 LRT meilleur Figure 3. Méta-analyse du MACH-NC (93 essais, 17 346 patients). 100 Baseline Dans le cancer du sein, avec GERICO Dans le cancer de l’ovaire, avec le groupe GINECO Différence absolue à 5 ans ± SD p inter = 0,02 90 80 FEVG (%) Chez les patientes de plus de 70 ans, le Dr E. Brain (Institut Curie, centre René-Huguenin, Saint-Cloud) a présenté les résultats de l’étude GERICO 6 (9). L’asso­ciation anthracyclines non pégylées liposomales et cyclophosphamide s’avère possible et tolérable dans une population à haut risque (RH−, N+) dont la moyenne d’âge était de 75 ans (70-85 ans). La question reste d’actualité pour les patientes RH+ (projet GERICO 11). Hazard-ratio Âge (ans) 70 PostPostchimio- trastuzumab 2 ans thérapie 100 n=7 80 n = 12 n = 11 0,06* 0,35* n = 12 0,46* 60 50 40 90 FEVG (%) Analysis of Chemotherapy in Head & Neck Cancer) collaborative Group (8), portant sur 93 essais et 17 346 patients, qui n’a pas montré, contrairement à ce qui était observé chez les patients plus jeunes, de bénéfice résultant de l’association radiothérapie-chimiothérapie versus radiothérapie seule après 70 ans chez les patients porteurs d’un cancer localement avancé en bon état général (figure 3). Il en est de même avec l’association cétuximab-radiothérapie. Le Groupe oncologie radiothérapie tête et cou (GORTEC) s’associe au groupe d’oncogériatrie GERICO pour plusieurs projets de recherche clinique dans ce domaine. L’un d’eux concerne les stades localement avancés chez des patients de 70 ans et plus et comparera la radiothérapie standard (70 Gy en 35 fractions) à une radiothérapie fractionnée (30 Gy en 10 fractions, repos 3 semaines, puis 25 Gy en 10 fractions) dans une population considérée comme vulnérable (grade II de Balducci). D’autres projets en situation avancée sont à l’étude. PostPostBaseline chimio- trastuzumab thérapie 2 ans 70 60 * * Comparaison des médianes de données appariées. * 50 40 Diminution significative de FEVG (< 50 %) Diminution de FEVG ≥ 10 % Stabilité de FEVG (– 10 à 10 %) Augmentation de FEVG ≥ 10 % Figure 4. Évolution de la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) chez les patients HER2+. Les thérapies ciblées Le trastuzumab confirme sa faisabilité dans le cancer du sein chez la femme âgée au travers de l’étude GERICO 6, pilotée et présentée par le Dr E. Brain (figure 4). Concernant les antiangiogéniques, le bévacizumab a prouvé son efficacité en termes de survie sans progression dans le cancer du sein, mais pas en termes de survie globale (12). Son indication en situation métastatique est maintenue en Europe en association avec le docétaxel. Les complications vasculaires restent rares, même si elles sont plus fréquentes chez les patients âgés et si elles justifient une surveillance rapprochée (13). La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 6 - juin 2011 | 415 ONCOGÉRIATRIE MAO 2011 : du vieillissement à la maladie cancéreuse Particularités de l’association VIH-cancer chez les patients âgés de demain La mise en œuvre de thérapies antirétrovirales (ARV) efficaces pour contrôler l’infection par le VIH (à défaut d’éradiquer le virus) et restaurer l’immunité du patient, d’une part, et l’augmentation de la durée de vie, donc le vieillissement, de la population séropositive, d’autre part, ont transformé les relations entre VIH et cancer, comme l’a souligné le Dr Le Loup (hôpital Saint-Antoine). Les cancers, en particulier ceux dits non classant sida (maladie de Hodgkin, cancer broncho-pulmonaire, hépatocarcinome, etc.), représentent une part croissante de la morbidité et de la mortalité du sujet infecté (14). Ces changements rendent indispensables des évolutions dans les stratégies de prévention et de traitement chez le patient infecté par le VIH. Des progrès ont d’ores et déjà été réalisés, comme en témoignent les dernières recommandations nationales concernant le VIH, qui invitent à traiter les patients plus tôt dans l’histoire naturelle immunologique (dès que les lymphocytes CD4 sont inférieurs à 500/­mm3) afin de mieux prévenir la survenue de cancers. Mais bien davantage qu’auparavant, oncologues et infectiologues devront coopérer demain pour définir des parcours de soins communs, élaborer ensemble des stratégies de dépistage, de prévention et de traitement des cancers chez le sujet infecté par le VIH, souvent co-infecté par le VHB ou le VHC, et de plus en plus âgé. La gestion des traitements, des interactions médicamenteuses et des toxicités associées ou additives des anticancéreux et des antirétroviraux figurent au premier rang des préoccupations à mesure que les classes d’ARV se diversifient (15). D’un point de vue plus fondamental, la compréhension des phénomènes de vieillissement biologique accéléré associés à l’inflammation chronique requiert une collaboration étroite entre oncologues et infectiologues. Conclusion Les perspectives de l’oncogériatrie ne cessent de s’étendre, de la recherche à des pathologies connexes. Le dépistage, dans ce contexte, des patients justifiant une évaluation gériatrique complète pour la décision thérapeutique oncologique prend toute sa dimension. Le Pr P. Soubeyran (Centre Bergonié, Bordeaux) présentera très prochainement les résultats ­d’ONCODAGE. Sur les 1 590 malades éligibles, 1 425 ont été évalués (moyenne d’âge : 78,2 ans). Soixantequinze pour cent de la population étudiée présentait un PS 0-1. Plus de la moitié des cas concernait des tumeurs du sein chez des femmes, témoignant de la prédominance féminine (70 %) dans cette étude. Pour ce qui est de l’évaluation, 43 % avaient un MNA inférieur à 23, 41 % une Cumulative Illness Rating Scale for Geriatrics (CIRSG) de grade 3-4, 37 % une Instrumental Activities of Daily Living (IADL) inférieure à 8, et 32 % une Geriatric Depression Scale (GDS) témoignant d’un syndrome anxiodépressif. Sur le plan thérapeutique, l’action pluridisciplinaire a abouti à des modifications du programme thérapeutique initial dans 24 % des cas. Le traitement a comporté dans 59 % des cas une radiothérapie, dans 20 % des cas une chirurgie, dans 35 % des cas une chimiothérapie, et enfin une thérapie ciblée dans seulement 5,8 % des cas. Les nouveaux traitements ne sont pas encore de pratique courante. La validation du G8 comme test de dépistage sera présentée à l’ASCO 2011. ■ Références bibliographiques 1. Raynaud-Simon A, Revel-Delhom C, Hébuterne X. Clinical practice guidelines from the French health high authority: nutritional support strategy in protein-energy malnutrition in the elderly. 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