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Juillet 2014
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Le cannibalisme, un élément potentiel du succès
d’invasion de la coccinelle asiatique dans de
nouveaux habitats
Des chercheurs de l’Inra, en collaboration avec
des chercheurs européens et russes, ont étudié
le comportement de cannibalisme de populations
natives et invasives de la coccinelle Harmonia
axyridis. Ce comportement pourrait être, selon
l’étude, un réel atout pour la survie lors de la
colonisation de nouveaux habitats.
La coccinelle Harmonia axyridis est plus connue sous le nom
de « coccinelle asiatique ». Présente aujourd’hui sur tous les
continents, elle tient son nom de son aire d’origine, identiée
dans les pays d’Asie : Japon, Chine, Corée et Russie orientale.
Cette espèce de coccinelle est aujourd’hui tristement célèbre
pour les cas d’invasions massives largement rapportés par la presse. Initialement, cette coccinelle a été
utilisée dès les années 1910 en Amérique du Nord, puis en Europe et en Amérique du Sud, pour contrôler
les populations de pucerons dans les serres de production. A la n du XXe siècle, Harmonia axyridis est
soudainement devenue envahissante dans une grande partie du continent américain, et quelques années
après, dans l’ouest de l’Europe et une partie des continents sud-américain et africain. Dans les zones
envahies, elle se substitue aux espèces natives, perturbant ainsi les écosystèmes.
Pour essayer de comprendre ce brusque comportement invasif, des chercheurs français, belges, russes et
anglais ont étudié l’évolution du cannibalisme chez Harmonia axyridis au cours de son invasion. En effet le
cannibalisme, comportement largement répandu chez les insectes, est lié au prol génétique des individus.
L’ampleur du recours au cannibalisme est variable entre et au sein des espèces et dépend de la densité de
la population et du niveau de ressources disponibles.
Les chercheurs ont comparé trois échantillons de coccinelles, maintenus dans des environnements
expérimentaux similaires, mais présentant des caractéristiques génétiques différentes : un groupe d’individus
invasifs prélevés en France et au Royaume-Uni, un groupe composé d’individus natifs de Russie et du
Japon, et un troisième groupe composé de coccinelles élevées en laboratoire et utilisées en lutte biologique.
Dans les trois groupes étudiés, ils ont constaté que le taux de cannibalisme, qui consiste à manger des œufs,
était plus grand chez les larves que chez les adultes, et augmentait signicativement en même temps que
croissait la densité de population. Les scientiques suggèrent que les larves, à la différence des adultes, sont
incapables de quitter les feuilles sur lesquelles les œufs ont éclos et de partir à la recherche d’autres sources
de nourriture. Le cannibalisme semble alors une réponse spontanée à une situation de pauvreté nutritionnelle
pour laquelle les larves ne sont pas adaptées, à la différence d’adultes qui peuvent plus facilement jeûner ou
se disperser pour trouver de la nourriture.
Illustration du comportement cannibale sur les œufs par un adulte
d’Harmonia axyridis.
© Inra - Ashraf Tayeh